Biographie nouvelle des contemporains

Article : Dupont de Nemours (pages 221-228)

Biographie nouvelle des contemporains, par A. Arnaud, 1822

Biographie nouvelle des contemporains

ou Dictionnaire historique et raisonné

de tous les hommes qui,

depuis la Révolution française,

ont acquis de la célébrité…

 

Par MM. A. Arnaud, A. Jay, E. Jouy, J. Norvins…

 

Tome sixième

DID-EZ

 

Paris, 1822.

 

DUPONT DE NEMOURS (Pierre-Samuel), l'un des plus honorables caractères de la révolution; il en fut aussi l'un des plus estimés. Quoique Dupont de Nemours n'ait attaché son nom à aucun des événements du temps, le rôle qu'il a joué pendant trente armées sur la scène politique n'a cependant pas été sans éclat. Il courut même plus d'une fois des dangers, auxquels il sut presque toujours échapper par sa fermeté ou par sa prudence. Dupont de Nemours naquit à Paris au mois de décembre 1739 [le 14 décembre]. Sa famille était estimée; son père avait une telle réputation de probité, que quelqu'un ayant entendu nommer le jeune Dupont dans une société distinguée, lui dit : « Ah! monsieur, puisque vous êtes le fils de Pierre Dupont, vous devez être un honnête homme ». Il fit d'excellentes études, et lorsqu'il remporta le prix de rhétorique, il était si jeune encore, que ses camarades ne crurent pas pouvoir lui témoigner leur amitié d'une manière plus conforme à son âge, qu'en lui offrant un panier de fruits. « Ce petit événement, disait toujours avec émotion Dupont de Nemours, a influé sûr le cours entier de nia vie. » A peine sorti du collège, il porta ses pensées sur les plus grands sujets de philosophie et de morale.. Il en était tellement pénétré, que dans le monde, où l'avaient fait accueillir de très bonne heure son caractère heureux, son esprit distingué, sa conversation aimable, il répandait ces principes avec cette conviction, cette franchise, cet abandon qui séduisent et entraînent. Cependant on le regardait comme un de ces créateurs de théories philanthropiques, que chacun admire, mais qu'on désespère de voir établir.

Parmi les rêveurs du bonheur public de ce temps, on comptait les Malesherbes, les Turgot et les La Rochefoucauld. Ces hommes, â la manière de Sully, méditaient le bonheur du peuple, et cherchaient à découvrir si les gouvernements ne pourraient pas, avec succès, donner plus de liberté plus d’extension au commerce et à l'agriculture, et diminuer les charges et les entraves qui arrêtaient leur [222] brillante prospérité. Au milieu de ces hommes illustres se faisait remarquer le docteur Quesnay, né agriculteur, devenu médecin et reconnu par tous les hommes d'état amis du peuple, comme le chef des économistes. Les membres de cette société, qui comptaient encore parmi eux des hommes que distinguaient leur naissance ou leurs talents, les Mirabeau père, l'abbé Baudeau de Gournay, Saint-Péravy, Le Trosne (dont le fils est aujourd'hui membre de l'institut), La Rivière, etc., se réunissaient chez le docteur Quesnay.

Un jour on s'y entretenait avec une espèce d'enthousiasme, d'un livre, sans nom d'auteur, où étalent présentées les réflexions les plus judicieuses sur l'écrit intitulé : Richesses de l'État (Réflexions sur l’écrit intitulé : Richesses de l’État, Londres 1763, et non 1743, comme on l'a imprimé par erreur), et où se trouvaient développées , avec beaucoup de talent, des connaissances positives, nouvelles et conformes au but de la société; M. de Meillan , intendant de Soissons, en fit connaître l'auteur :c'était le jeune Dupont, alors âgé de moins de vingt ans, qui lui était attaché, et qu'il avait chargé des travaux relatifs à sa généralité. Dupont fut admis dans la société de ces véritables philanthropes; et ce fut pour établir et défendre avec plus de succès leur doctrine, qu'il rédigea plusieurs mémoires d'un grand intérêt, et, qu'il travailla au Journal d'agriculture, de commerce et de finances, et aux Éphémérides, du Citoyen, ouvrage en 63 volumes, et dont l'entreprise, commencée par l'abbé Bandeau, fut presque abandonnée dès son origine aux soins de Dupont. A cette époque, l'Europe entière était tributaire des hommes de génie ou d'un mérite supérieur de la France, comme elle le fut vingt ans après de ses armes, et comme elle l'est aujourd'hui de ses manufactures et de son industrie. Dupont fut décoré de l'ordre de Vasa par le roi de Suède, Gustave III ; nommé conseiller aulique de légation du margrave de Bade, et secrétaire du conseil d'instruction publique du royaume de Pologne, par te roi Stanislas Poniatowski, lequel lui confia en outre l'éducation de son neveu, le prince Adam Zatoriski. Turgot venait d'être appelé au département des finances : en l'annonçant à Dupont de Nemours, il lui témoigna le désir de l'avoir au nombre de ses plus intimes collaborateurs. Dupont, qu'une tendre amitié attachait depuis longtemps à cet homme d'état célèbre, se hâta de répondre à son choix ; il revint à Paris. Mais, entouré d'ennemis sans nombre, Turgot, dans son court ministère, ne put faire tout le bien qu'il se proposait : sa démission lui fut demandée en même temps qu'on acceptait celle de M. de Malesherbes.

Dupont de Nemours fut exilé verbalement par M. de Maurepas. Il se retira dans une terre du Gâtinais, où il s'occupa de l'agriculture, qui lui dut d'importantes améliorations. Ce fut pendant son exil qu'il traduisit en vers plusieurs chants du Roland furieux de l'Arioste. « Lorsque le premier chant parut, dit Dupont de Nemours dans sa préface, j'étais [223] exilé pour avoir eu l'honneur d'être l'ami d'un grand homme (M. Turgot), et par la grâce de M. de Maurepas : c'est le bon temps pour faire des vers. Si ceux qui croyaient affliger de pauvres écrivains en les envoyant à la campagne avaient connu le prix du doux loisir qu'ils leur procuraient, ils les auraient laissés dans le tourbillon de Paris. » A peu près à la même époque, il envoyait à Voltaire des vers et des plans de finance, bien assuré qu'ils devaient enrichir le gouvernement et faire diminuer les charges du peuple. Voltaire lui répondait : « Vous m'envoyez de fort jolis vers avec des calculs de 740 millions : une pareille finance ne ressemble pas à la poésie ; c'est une très noble fiction ; il faut que l'auteur avance la somme pour achever la beauté du projet. » M. de Vergennes le retira de son heureuse obscurité pour lui confier deux commissions diplomatiques d'un haut intérêt : la première, ce fût de correspondre avec le docteur James Hutton agent confidentiel du gouvernement anglais, et de poser, de concert avec lui, les bases du traité de 1783, qui reconnut l'indépendance des États-Unis d'Amérique; la seconde fut de préparer avec cet agent, alors à Paris, le traité de commerce avec la Grande-Bretagne.

Dupont de Nemours publia, en 1788, le travail important qu'il avait fait à l'occasion de ce traité, sous le titre de Lettre à la chambre du commerce de Normandie, sur le Mémoire qu'elle a publié relativement au traité de commerce avec l'Angleterre, Rouen, in-8°, 1788. Cet ouvrage renferme des considérations du plus haut intérêt sur les circonstances qui ont préparé, motivé, accompagné ou suivi le traité. Quelque temps après, il fut nommé conseiller d'état, et attaché à M M.de Calonne et d'Ormesson, successivement contrôleurs-généraux des finances. Lors de l'assemblée des notables, il en fut nominé secrétaire ; et lors de la convocation des états généraux, il fut député du bailliage de Nemours. Les matières d'administration et de finances lui étaient si familières, qu'il était prêt à traiter sur-le-champ toutes les questions de ce genre. Il fut presque exclusivement chargé de tout le travail du comité des finances ; fut élu plusieurs fois secrétaire et deux fois président. Dupont de Nemours prit toujours la balance des pouvoirs pour règle de sa conduite. Lors de la discussion qui eut lieu dans la séance du 4 septembre 1789, sur la sanction royale, il se prononça en faveur d'un veto suspensif, et pressentit dès ce moment les avantages qu'offriraient deux chambres législatives. Cette idée, à laquelle on ne s'arrêta point alors, devint, six ans après, la base sur laquelle on fonda le conseil des cinq-cents et celui des anciens. Ami de la tolérance, et redoutant les graves inconvénients de la suprématie d'un pouvoir religieux sur les autres croyances, il s'opposa avec force, dans la séance du 13 février 1790, à ce que la religion catholique fût déclarée religion nationale. Il ne fut pas moins énergique lorsque, pour conserver l'indépendance de [224] sa patrie, il proposa d'armer dans les ports pour surveiller les opérations du gouvernement anglais contre la France ; enfin il s'éleva aux plus hautes considérations, lorsque après avoir discuté la question du droit de paix et de guerre, il demanda que le roi ne pût user de ce droit sans le concours du corps législatif. Quelque temps après, sortant d'une séance où il avait combattu le projet de création d'assignats, une multitude menaçante l'entoura et l'avait déjà enlevé pour le précipiter dans la Seine, lorsque la garde nationale accourut, le dégagea des mains de ces forcenés, et le protégea dans sa retraite. Dans la discussion sur les colonies il développa des opinions dont son cœur ne pouvait être coupable. Il demanda qu'on ne reconnût que deux principes, la liberté et l’esclavage.

Quelques biographes se trompent quand ils disent qu'à cette occasion il prononça ces mots devenus fameux: « Si la scission des colonies doit être le résultat de cet ordre de choses, il vaut mieux les perdre que de sacrifier un principe. » On a également et par erreur attribué cette phrase à Barnave ; elle appartient à Robespierre dont elle est digne. La dissolution de l'assemblée constituante ayant rendu ses membres à la vie privée, Dupont de Nemours acheta une imprimerie et rédigea un journal constitutionnel. Son adresse contre les événements du 20 juin 1792, et sa correspondance avec Péthion relativement à la fête donnée aux Suisses du régiment de Château-vieux, augmentèrent le nombre d. ses ennemis. Sa conduite au 10 août suivant acheva d’indisposer contre lui les hommes qui ne voulaient la révolution que pour parvenir à l'anarchie. Le matin de cette journée, il se rendit avec son fils au château des Tuileries pour défendra le roi ; il accompagna ce prince à l'assemblée, et en reçut ces paroles obligeantes : « M. Dupont, on vous trouve toujours partout où l'on a besoin de vous. »

Peu de temps après il fut proscrit. Un jeune astronome de ses amis, M. Harmand, aujourd'hui premier commis aux finances, le cacha dans le petit observatoire du collège Mazarin, où chaque jour il lui portait, de concert avec le célèbre de Lalande, une demi-livre de pain. Il passa vingt-un jours dans cette retraite : ce fut ainsi qu'il échappa aux massacres de septembre. Profitant d’une circonstance favorable, il parvint à se réfugier à la campagne, où il composa sa Philosophie de l'univers, qu'il adressait sous la forme d'une lettre à ses amis, M. et Mme Lavoisier. Dans cet ouvrage de la plus haute morale, embrassant tous les êtres qui composent l'univers, il lit leurs droits et leurs devoirs dans les divers degrés de leur intelligence ; considère la vie et la mort comme des êtres intermédiaires, et ramène toutes les conditions de tout ce qui existe à une espèce d'unité qu'il exprime par le mot aimer. Parmi les comparaisons ingénieuses qui abondent dans cet ouvrage, on remarque celle-ci, que « L'espérance, capitaliste opulente et généreuse, prête au malheur présent sur le bonheur à venir, et si noblement [225] et avec tant de grâce que l'on croit malgré soi l'hypothèse bonne. »

Quelque précaution qu'il prit pour échapper aux recherches de ses persécuteurs, il fut cependant arrêté; mais c'était peu de jours avant le 9 thermidor an 2, et la chute de Robespierre le sauva de l'échafaud. Au mois de septembre 1795, le département du Loiret nomma Dupont de Nemours membre du conseil des anciens, où il fit différents rapports sur les loteries, les maisons de jeu, les canaux, le de droit de passe, la contrainte par corps ; il parla en faveur des pères et mères des émigrés et des créanciers de l'état, et combattit l'esprit d'anarchie qui semblait devoir renaitre. Il publiait à cette époque un journal sous le titre de l’Historien. La franchise de l'auteur déplut: il fut arrêté. On brisa les planches de son imprimerie, et il eût été compris au nombre des condamnée à la déportation par suite de la révolution du 18 fructidor an 5 (4 septembre 1797), si Chénier, son collègue à l'institut, n'avait eu le bonheur de le faire passer pour octogénaire, quoiqu'il n'eût pas réellement plus de soixante ans. Il recouvra la liberté. Bien qu'il eût à craindre que le généreux mensonge de Chénier ne fût découvert, il résista cependant au désir de ses amis qui le pressaient de se rendre eu Amérique, parce qu'il voulait sauver M. Boissy d'Anglas (à qui l'on doit la connaissance de ce fait : voir le Moniteur du 15 octobre 1817), et les autres condamnés à la déportation. Il resta à Paris jusqu’à ce qu'ils eussent itérativement refusé de l'accompagner.

La part qu'il avait prise au traité de 1783, et l’estime générale qui s’attachait à son nom, le firent bien accueillir, lui et ses deux fils, aux États-Unis ; il se fixa dans le Jersey près de New-York. « Ce ne sont point des affaires d'état que je viens traiter ici, disait-il, j'en ai bien donné ma démission....Mais les ambitieux, les cupides, les héros, les législateurs qui négligent d'apprendre leur métier, couvrent la terre de ruines ; des commerçants et les cultivateurs sont les seuls réparateurs de tant de maux : ils sont au monde ce que les pompiers sont dans les incendies, ou les infirmiers dans les hôpitaux.... Il nous convient de mourir en servant nos amis et l'humanité. »Au milieu de ses travaux agricoles, Dupont de Nemours s'occupait d'observations sur l'histoire naturelle et sur l'économie publique. En 1800 il rédigea, sur la demande du président Jefferson, un plan d’éducation nationale pour les états d'Amérique, et pour l'Espagne un projet d'après lequel le produit de ses mines remonterait par le Mississipi. Il proposa l'établissement des paquebots entre la France et l'Amérique, et fit parvenir à l'institut national, dont il était membre depuis la réorganisation des anciennes académies sous ce nom, différent mémoires sur plusieurs espèces d'animaux marins, sur la force des courants de l'Atlantique, sur la formation de l'eau dans les corps animés, sur la théorie des vents, sur la cause chimique des pluies, [226] sur la nature de la côte à l'est de l'Amérique septentrionale, etc.

Quelque temps après la révolution du 18 brumaire an 8 (9 novembre 1799), il revint en France, rentra à l'institut, fut admis à la société d’encouragement pour l'industrie nationale, et nommé, en 1805, secrétaire puis président de la chambre de commerce. Ses travaux dans ces diverses sociétés sont immenses. La littérature et l'histoire lui doivent des morceaux où l'éloquence et la sensibilité sont toujours réunies à la justesse de la pensée, à la finesse des aperçus. Il a concouru à la rédaction du Mercure, des Archives littéraires, de la Bibliothèque française, de la Revue philosophique, et de divers autres ouvrages de ce genre. On lui doit d'excellentes notices sur MM. Quesnay, Thouret, Toulongeon, Gibert, Barlow, ministre plénipotentiaire des États-Unis ; Lalande, à qui il portait autant de reconnaissance que d'amitié ; et Gadin, qui fut son plus ancien et son meilleur ami.

Dupont de Nemours a lu à l'institut plusieurs mémoires sur les sciences, les institutions sociales, le langage des animaux. Ce dernier ouvrage est un résumé d'observations dont les conséquences peuvent bien n'être pas adoptées par la raison. Mais, même en ne les adoptant pas, il est d'autant plus difficile de n'y pas sourire, qu'elles sont exposées dans un style aussi gracieux que spirituel. C'est au moins un rêve amusant. Dupont de Nemours, depuis son retour en France, avait repris exclusivement toutes les habitudes de la vie privée ; mais en 1814, malgré son âge avancé, il accepta les fonctions de secrétaire du gouvernement provisoire. Après la première restauration, il fut nommé conseiller d'état, le 29 juin, et membre de la légion d'honneur le 13 septembre de la même année.

Il suivit le mouvement imprimé au gouvernement royal par l'effet du retour de Napoléon au 20 mars 1815 ; il repartit pour l'Amérique, et se fixa près de ses deux fils qui avaient formé de grands établissements d'industrie dans la Delaware. Quoique après la seconde restauration le roi l'eût rétabli sur le tableau des conseillers d'état, et conservé parmi les membres de l'institut, il ne voulut point quitter ses enfants. Les fatigues qu'il avait éprouvées dans une traversée qui avait duré quatre-vingt-quinze jours, dont plus de moitié avec un drapeau de détresse, son grand âge (il avait près de 78 ans), la goutte dont il était attaqué, et les suites d'une chute qu'il fit au mois de décembre 1816, dans une rivière où il resta longtemps sans pouvoir gagner le bord à la nage, le ravirent à sa famille et à ses amis, le 6 août 1817. Pendant la courte maladie qui précéda sa mort, il fuit visité par le président des États-Unis, qui lui prodigua tous les soins et toutes les consolations de l'amitié. Dupont de Nemours avait été marié deux fois. Sa seconde épouse, qui lui survit, est la veuve du célèbre Poivre. Cette dame, par ses vertus, était digne d'être la compagne de deux hommes aussi distingués.

Dupont de Nemours a composé un grand nombre d'ouvrages; mais comme il ne les écrivait que lorsqu'il [227] les avait entièrement composés, beaucoup sont perdus. De ce nombre sont une tragédie de Clytemnestre, dont on l'a entendu réciter des morceaux très remarquables ; une Comédie héroïque également en vers, sur un beau trait de la vie de Joseph II ; un poème intitulé Deucalion et Pyrrha ; des Fragments traduits de Métastase, des contes en vers et des poésies légères. Il voulait, en suivant cette méthode, traduire tout l'Arioste, et de la même manière tous les morceaux que ce poète avait imités des anciens. En conséquence, il essaya de traduire des passages de l'Iliade et de l'Odyssée, de Sophocle, d'Euripide, des Métamorphoses d'Ovide, de Tibulle, etc. Il n'a publié qu'un petit nombre de morceaux de Catulle et que les trois premiers chants de Roland furieux, dont il conserva dans sa mémoire le second chant pendant quinze années, et sans en écrire un seul vers. Sa prédilection pour l'auteur de ce poème était telle, que lorsqu'il craignit d'être du nombre des condamnés à la déportation, après le 18 fructidor, son premier soin fut de mettre un Arioste dans sa poche.

Outre les ouvrages précédemment indiqués comme ayant été livrés à l'impression, il a encore donné :

  • De l'Exportation des grains, 1764, in-8°;
  • Lettre sur la cherté des blés en Guiennie, 1764, in-12;
  • De l’Administration des chemins, 1767, in-8°;
  • Du Commerce et de la compagnie des indes,1770, in-8°;
  • 5° Observations sur les effets de la liberté des grains, 1770, in-8°;
  • Mémoires sur la vie de Turgot, 1782, in-8°;
  • Procès-verbal de l'assemblée baillivale de Nemours pour la convocation des états-généraux, avec les cahiers des trois ordres, 2 vol. in-8°, 1789;
  • Tableau comparatif des demandes contenues dans les cahiers des trois ordres réunis, à MM. les députés aux états-généraux, 1789, in -8°;
  • Le Pacte de famille et les conventions subséquentes entre la France et l'Espagne, avec des observations sur chaque article, 1790 in-8°;
  • 10° Plaidoyer pour Lysias. C'est une espèce de factum contre les membres des comités de salut public et de sureté générale ; il parut en 1795, in-8° ;
  • 11° Philosophie de l'univers, 1796, in-8°;
  • 12° Mémoires sur différents sujets, la plupart d'histoire naturelle et de physique générale et particulière, 1807; 2e édition, in-8°, 1813;
  • 13° Essai de traduction en vers du Roland furieux de l'Arioste, 1813, in-8°. I1 avait été éditeur, en 1811, des Œuvres de Turgot, 9 vol. in-8°.

Beaucoup d'esprit, beaucoup d'imagination, des connaissances très variées et très étendues, une raison à la fois subtile et solide, un grand courage, une grande probité, une bonté infatigable, tels sont les principaux traits du caractère de Dupont de Nemours. Il exprimait avec concision des idées non moins originales par la forme que par la tournure. Citons-en quelques-unes avant de terminer cet article. « La paresse n'est pas un vice, c'est une rouille qui détruit toutes les vertus. — Contre la justice et la raison, l'esprit n'a que des armes de verre. » Il représentait le commerce sous la forme de Lazare, [228] et disait : « Otez-lui son lierre et laisser-le aller. » Il disait aussi : « Une loi universelle de la nature veut que tout attachement durable perfectionne le cœur qui l'éprouve. » Il regardait la femme comme l'être le plus parfait : « celui auquel le Créateur a donné un besoin, l'amour ; •une affaire, l'amour ; un devoir, l'amour ; une récompense, l'amour : ce don céleste (dit-il) et ses trois branches, l'amour filial, l'amour conjugal, l'amour maternel, dont les rameaux, les fleure et les fruits couvrent depuis l'enfance jusqu'à la caducité, et répandent un tel bonheur, que nul être, digne d'en savourer les délices, ne voudrait d'une vie dont ils seraient bannis. »