RichardRichard TOSTI (1952-2000) Le regard au delà de la vision

Richard TOSTI est né à Nice le 15 octobre 1952. Il fut élevé dans un milieu ouvrier; sa famille habitait à l'ouest de la ville, le quartier Saint Augustin. Ses parents se séparèrent lorsqu'il avait six ans. À cause de ses échecs scolaires, il fut orienté vers une carrière professionnelle dès l'âge de seize ans, et suivit trois ans de formation pour obtenir un C.A.P., puis des cours de dessin en bâtiment.


En 1972, il effectua son service militaire en Alsace, et rencontra sa future femme au cours d'une permission. Attiré dès l'enfance par le milieu de l'art, il s'essaya durant ses loisirs à la peinture sur toile( copies de tableaux célèbres et création personnelle ), mais abandonna au bout de quelque temps ces "expériences primaires", et cessa de peindre durant une quinzaine d'années.
Sa femme lui donna une belle enfant prénommée Laure, née en 1975. Employé en 1978 à la Mairie de Nice, il travaille actuellement au Muséum d'Histoire Naturelle. Il peint à nouveau, depuis 1994, et propose, issue d'une profonde expérience intérieure, sa nouvelle vision, devant laquelle, dit-il, Richard est décédé en 2000.

"La profondeur de vos regards ne demande qu'à parler"

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Exposition de Richard TOSTI à L'Authentic - Nice du 5 avril au 31 mai 1996

Texte de Jacques SIMONELLI
Reproduit avec l'autorisation de Jacques Simonelli, que je remercie chaleureusement.

L'art visionnaire de Richard Tosti révèle ce que montrent aussi le prisme- ou mieux le kaléidoscope en l'ordonnance indéfiniment variable de ses paillettes de verre coloré le songe cristallin d'une matière qui s'imprègne de clarté et prend forme.

Metamorphose1Métamorphose 99 x 65
Peinture de Richard Tosti

Comme l'obscur chaos minéral s'éveille à la conscience de ses potentialités et s'organise en pointes, arêtes, rosaces, pour se faire gemme ouverte aux milles jeux imprévisibles et féconds de la lumière, la matière devient ici lieu de germinations, d'éclosions, monde vierge d'au sortir des genèses où les formes foisonnantes s'apaisent dans la sphère ( Équilibre ), foyer de l'expansion subtile des cuivres et des sels ( Éclat, Évasion )

Equilibre

Cet univers libre des morsures du temps semble baigner encore dans la luminosité laiteuse des grands fonds, où s'aventure au ras des coraux et des madrépores une faune sensible et rétractile que voilent et dérobent les mauves, les sépias, la tendre gamme nacrée des gris inépuisables.

De ces compositions de prime abord abstraites se dégage peu à peu une foule de silhouettes animales ou humaines, d'origine strictement automatique, au sens que le surréalisme donna à ce mot, mais à l'affleurement desquelles vient participer un travail de lecture du peintre sur l'image obtenue.

Evasion

La dialectique abstraction/figuration trouve ainsi sa résolution, les formes libérées tendant spontanément à assumer ou refuser la représentation, qui n'est parfois lisible qu'au terme d'une sorte d'anamorphose ( Perception, Le Papillon, Expérience).

C'est il y a deux ans qu'après une douloureuse épreuve personnelle, Richard Tosti ressentit une irrésistible nécessité de peindre, et d'utiliser, en guise de spatules et de couteaux, des cartes à jouer.

Ces cartes, outils sensibles et magnétiques chargés des espoirs des joueurs et de l'attente des devins, tendirent très vite, par l'empreinte répétée, arrondie ou rectiligne, de leurs contours, et par leur flexibilité qui favorise la prolongation du geste, à faire naître des arcs, des gerbes, des faisceaux, pour déployer sur la surface glissante du bristol ou la trame grenue de la toile un espace parcouru de grandes bourrasques, d'éclaboussures d'écume ou d'écroulements de braises ( Crépuscule, Élévation ).

Richard Tosti n'emploie pour appliquer ses huiles longuement diluées et mêlées que les cartes les plus banales ou des tarots à jouer, jamais les lames du tarot de Marseille ou de jeux analogues, trop précisément orientées pour laisser place à l'aléa du geste créateur.

Mais, tels ceux qu'une longue pratique des cartes divinatoires pousse à dessiner leur propre tarot , le peintre, lui-même habile joueur, a créé un nouveau jeu, où le dos de chaque carte porte une composition qui intègre le motif imprimé préexistant ( quadrillage, rayures. ), et où, du coté face, les piques, cœurs, carreaux et trèfles sont englobés dans un réseau complexe qui évoque les replis chatoyants de la soie, des aurores flamboyantes ou d'inextricables mêlées.

Reverie

Les performances publiques de Richard Tosti permettent d'assister à la cristallisation progressive de ces images qu'il découvre et interprète tandis que s'élabore la toile.

Vertigo, œuvre exécutée par exception à l'acrylique, débuta par la superposition de deux stricts rectangles monochromes, le plus bas noir, l'autre rouge, peints à la brosse et réunis ensuite par l'application réitérée des cartes enduites de couleur.
Richard Tosti, qui la réalisa face au couchant par une belle après-midi de printemps, déclara énigmatiquement l'avoir peinte "dans la procession du soleil" troublante rencontre inconsciente avec le très ancien savoir des alchimistes, dont l'ouvrage progresse, comme Vertigo, du noir au rouge par la "procession des couleurs" chère à Nicolas Flamel, et qui n'est autre que la succession des phases colorées au sein de leur matière, dans l'ordre des couleurs du prisme et de l'arc-en-ciel.

Vertigo

Dans Élévation, les marques arrondies de l'angle des cartes, que dédouble la fluidité de l'huile, définissent un centre où les noirs et les gris font place à un rougeoiement où vient s'inscrire l'inquiétante figure de la Mort, treizième arcane de ces tarots de Marseille que le peintre n'utilise pas mais dont il retrouve l'inspiration.

Elevation

Tout autour, des formes humaines se dégagent d'un amas de corps enchevêtrés, et s'élancent vers l'éclaircie qui les attire du haut, de la toile. Comme dans la lame majeure, la Mort n'est pas ici fixation mais changement d'état, dissolution nécessaire à la sublimation, seconde naissance.

Avec Procession, le fond préparé par l'application, à la spatule, d'un enduit blanc, accueille de part et d'autre d'une forte diagonale les touches légères et superposées qui font apparaître un monde translucide, qu'illumine ce vert d'émeraude qui, de la feuille d'or amincie à l'extrême à la cellule végétale, signe la fécondation des règnes naturels par la lumière.

Qu'il peigne au grand jour des places de Nice ou dans l'intimité de son atelier, et que les figures s'imposant à lui soient issues de la mémoire collective - bestiaires, zodiaques, légendes - ou de réminiscences plus intimes, c'est, au-delà de l'exubérance des formes et de la féerie des couleurs, à l'art spirituel de la méditation que la démarche de Richard Tosti s'apparente.

"Le regard", acte volontaire d'ouverture à cette contemplation lucide dans laquelle pourtant le vouloir s'abolit, conduit "au-delà de la vision", en un espace surréel où s'offre le champ illimité du possible.

Papillon

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