Calendrier perpetuel 1820 1821Année 1821

- Levesque 
    Aperçu général et historique des principales sectes maçonniques
- Voltaire
   Correspondances avec d’Alembert - Lettre à d’Alembert du 22 octobre 1776

- Maistre
   Les Soirées de Saint-Petersbourg - Tome premier : Entretiens 1, 2, 4. - Tome second : Entretiens 10, 11

- Potter (De)
  L'esprit de l'église - Partie II : Dogmes, mœurs, disciplines et schismes. Livre X : Le Quiétisme. Les martinistes

 1821 - Levesque - Aperçu général et historique des principales Sectes Maçonniques

1821 voltaire dalembertAperçu général et historique des principales sectes maçonniques qui ont été les plus répandues sur les Ordres des Chevaliers du Désert et des Chevaliers Scandinaves.
De Jacques P. Levesque
Paris, chez le F. Caillot, libraire, rue Saint-André-des-Arts, n°57 – 1821

Chapitre XIV. Extraits, pages 112-113

Réflexions générales sur les sociétés Hermétiques, les Ordres des deux Aigles, de l' Apocalypse, du Système de Zinnendorf, des Frères initiés de l’Asie, de la Palestine, des Illuminés du zodiaque,  des Frères noirs, des Elus de Coëns, des sept Epées, des Invisibles et des Princes de la mort.

Je ne crois pas devoir appeler l'attention de mes lecteurs, sur une quantité de rites et sectes qui n'ont fait que paraître : tels sont ceux de l'Académie des vrais Maçons (société Hermétique), du Système de Zinnendorf, des deux Aigles, de l'Apocalypse, qui brillèrent pendant quelque temps dans le midi de l'Europe, des Frères initiés de l'Asie, de la Palestine, des Illuminés du zodiaque, des [page 113] Frères noirs, des Élus de Coëns [sic] (société cabalistique), des sept Épées, des Invisibles, contre lesquels s'éleva une indignation générale que devait faire naître leur abominable doctrine, puisqu'elle consacrait l'irréligion et l'abnégation totale de son être, au point de concevoir un tel dégoût de la vie, que chaque initié devait toujours être prêt à se suicider ; des Princes de la mort, qui furent toujours regardés comme des êtres dangereux, et dont les statuts exécrables ordonnaient aux initiés de mettre à mort celui que leur Souverain-Tribunal avait condamné, quel que soit son rang, et quel que soit le degré d'alliance ou de parenté qui pouvait exister entre le condamné et celui que le sort avait désigné pour être l'exécuteur de l'arrêt de mort rendu par le Tribunal.

bouton jaune   Chapitre XIV. Extraits, pages 112-113

Voltaire – Correspondances avec d’Alembert

1821 voltaire dalembertŒuvres complètes de Voltaire, avec des remarques et des notes historiques, scientifiques et littéraires
Correspondance avec d’Alembert
Deuxième édition
Paris. Baudouin frères, éditeurs, rue de Vaugirard, n° 17 - M DCCC XXVIII, https://books.google.fr/books?id=UGo_AQAAMAAJ

Lettre à d’Alembert du 22 octobre 1776 (pages 669-670)

Raton n'a plus ni pates [sic], ni griffes, ni barbe, ni dents. Le pauvre Raton est plus malingre que jamais; il est presque dans l'état d'un contrôleur général. C'est assez là le cas, comme vous dites, de se passer de la Providence. Madame Geoffrin est réellement une perte. Je ne crois pas qu'elle soit de mon âge; mais la mort consulte rarement les extraits baptistaires.

Si je suis encore en vie, mon cher philosophe, à votre retour de Berlin, n'oubliez pas, je vous en prie, votre vieux Raton.

Votre doyen m'avait vanté un livre intitulé les Erreurs et la Vérité ; je l'ai fait venir pour mon malheur. Je ne crois pas qu'on ait jamais rien imprimé de plus absurde, de plus obscur, de plus fou et de plus sot. Comment un tel ouvrage a-t-il pu réussir auprès de monsieur le doyen ? [p.686] vous me le direz. Dites-moi aussi, je vous prie, quel est le chrétien qui a fait trois volumes de lettres à moi adressées sous le nom de trois Juifs ; tâchez de vous en informer. Je viendrai à lui quand j'aurai achevé d'étriller Shakespeare. Je suis comme Beaumarchais : à vous monsieur Marin, à vous monsieur Baculard. Dieu merci, pour me consoler, j'ai lu Pascal Condorcet. Cela doit tenir lieu d'une bibliothèque entière. Rien n'est plus propre à instruire ceux qui veulent penser, à fortifier ceux qui pensent, et à raffermir ceux qui chancellent. On avait grand besoin de cet ouvrage.

Adieu, mon cher ami; si vous m'écrivez, n'oubliez pas de me dire des nouvelles de la santé de monsieur le contrôleur général de qui dépend, à ce que je crois, la faveur de vos quinze cents francs, pour encourager la jeunesse. Dites-moi aussi quelque chose de M. de Maurepas. Je suis honteux de paraître encore m'intéresser un peu à ce qui se passe dans le monde.

Je ne vous demande plus des nouvelles de la santé de M. de Clugny, attendu qu'il est mort; mais je vous prie de me dire le nom d'un ancien recteur du collège du Plessis, auteur des trois volumes de lettres sous le nom de quelques Juifs. Cet homme est un des plus mauvais chrétiens et des plus insolents qui soient dans l'Église de Dieu.

Vous savez que les troupes du docteur Franklin ont été battues par celles du roi d'Angleterre. Hélas! On bat les philosophes partout. La raison et la liberté sont mal reçues dans ce monde. Allons, courage, mon très cher philosophe.

Maistre - Les Soirées de Saint-Pétersbourg

1821 maistreLes soirées de Saint-Petersbourg ou entretiens sur le gouvernement temporel de la Providence suivis d'un traité sur les sacrifices: suivis d'un traité sur les sacrifices.
Par M. le comte Joseph Marie de Maistre, ancien ministre de S. M. le roi de Sardaigne à la cour de Russie, ministre d’État, régent de la grande Chancellerie, membre de l’Académie royale des sciences de Turin, Chevalier Grand-Croix de l’Ordre religieux et militaire de S. Maurice et de S. Lazare.

- Tome premier - Imprimerie de Cosson - Paris. Librairie grecque latine et française, rue de Seine, n° 12 – M DCCCXXI (1821) - http://books.google.fr/books?id=qjMUAAAAQAAJ avec un portrait - Entretiens 1, 2, 4
- Tome second - Imprimerie de Cosson - Paris. Librairie grecque latine et française, rue de Seine, n° 12 – M DCCCXXI (1821) - https://books.google.fr/books?id=Xi4UAAAAQAAJ - Tome second, Entretiens 10, 11

=> Voir sur le site le dossier Joseph de Maistre et Saint-Martin

Potter (De) - L'esprit de l'église

1821 PotterL'esprit de l'église ou considérations philosophiques et politiques sur l'histoire des conciles et des papes: depuis les apôtres jusqu'a nos jours
Par Louis Joseph Antoine De Potter
Tome sixième - Paris. A la librairie historique d’Émile Babeuf, rue Saint Honoré, n° 123 - Et chez Parmantier, libraire, quai des Augustins, n° 17 – 1821, http://books.google.fr/books?id=9RoPAAAAQAAJ

Partie II : Dogmes, mœurs, disciplines et schismes. Livre X : Le Quiétisme. Les martinistes (pages 455-457)

… Ainsi se termina une lutte où l'église eut à proscrire forcément ceux qui soutenaient un [p.456] sentiment que l'église elle-même avait sanctifié ; ce qui lui fit éprouver le même embarras que dans l'affaire des jansénistes, lorsqu'il avait fallu foudroyer les augustiniens, sans toucher à la doctrine de saint Augustin, qu'elle avait eu tort de canoniser autrefois, ou qu'elle eût dû respecter toujours également, si elle voulait conserver le caractère d'infaillibilité et de perpétuité dans la foi dont elle se vante si mal à propos : triste résultat de se croire au-dessus de l'humanité, alors même que l'on professe une doctrine que l'on pourrait appeler moins qu'humaine, à cause des variations et des contradictions qu'elle renferme, et qui étaient essentiellement inhérentes à un système composé de préceptes et de dogmes, créés en différents temps et en différents lieux, par des hommes dont souvent le caractère et les principes étaient diamétralement opposés !

A la fin du XVIIIe siècle, Martinez Paschalis et, après lui, Saint-Martin fondèrent une secte de théosophes ou martinistes, espèce de fous qui ne savent pas encore assez bien ce qu'ils sont eux-mêmes, pour que nous cherchions à le savoir. Martinez disserte sur ce qu'était l'homme avant d'exister, aussi savamment que bien d'autres ont disserté sur ce qu'il sera, lorsqu'il n'existera plus. Saint-Martin se déclara surtout l'ennemi des philosophes qui ne s'occupent ordinairement de l'homme que pendant qu'il existe ; [p.457] il soutint que les déistes, par exemple, s'ils étaient réunis, s'entredévoreraient comme des araignées ; c'est ce que Pie VI avait dit avant lui, en parlant de l'assemblée des constituants Français, qui, cependant, n'était pas toute composée de déistes. Nous jugerons plus charitablement des théosophes : seulement nous nous permettrons de croire qu'une société de ces mystiques ne serait pas fondée sur des principes bien cohérents et bien solides.