La Vérité - Journal du Spiritisme - 1er article sur l'abbé FourniéDans la série Les précurseurs du spiritisme : L'abbé Fournié - 2e article

La Vérité - Journal du Spiritisme, paraissant tous les dimanches - Bureaux à Lyon, rue de la Charité, 48 - Troisième année – N° 8 – Dimanche 12 mars 1865

2e et dernier article sur l'abbé Fournié, pages 10-11. — Voir le dernier numéro).

[366-368]

» Enfin, un jour que j'étais prosterné dans ma chambre, criant, à Dieu de me secourir, vers les dix heures du soir, j'entendis tout-à-coup la voix de M. de Pasqualis, mon directeur, qui était corporellement mort, depuis plus de deux ans, et qui parlait distinctement en dehors de ma chambre dont la porte était fermée, ainsi que les fenêtres et les volets. Je regarde du côté d'où venait la voix, c'est-à-dire du côté d'un grand jardin attenant à la maison, et aussitôt je vois de mes yeux M. de Pasqualis qui se met à me parler, et avec lui, mon père et ma mère, qui étaient aussi tous les deux corporellement morts. Dieu sait quelle terrible nuit je passai ! Je fus, entre autres choses, légèrement frappé sur mon âme par une main qui la frappa au travers de mon corps, me laissant une impression de douleur que le langage humain ne peut exprimer, et qui me parut moins tenir au temps qu'à l'éternité. O mon Dieu ! si c'est votre volonté, faites que je ne sois plus frappé de la sorte ! Car ce coup a été si terrible que, quoique vingt-cinq ans se soient écoulés depuis, je donnerais de mon cœur tout l'univers, tous ses plaisirs et toute sa gloire, avec l'assurance d'en jouir pendant mille milliards d'années, pour éviter d'être ainsi frappé de nouveau seulement une seule fois.

 

» Je vis donc dans ma chambre M. de Pasqualis, mon directeur, avec mon père et ma mère, me parlant, et moi parlant à eux, comme les hommes se parlent entre eux à l'ordinaire. Il y avait de plus, une de mes sœurs, qui était aussi corporellement morte depuis vingt ans, et enfin un autre être qui n'est pas pas [sic] du genre des hommes.

 

» Peu de jours après, je vis passer distinctement devant moi et près de moi notre divin Maitre Jésus-Christ, crucifié sur l'arbre de la croix. Puis, au bout de quelques jours, ce divin Maitre m'apparut de nouveau et vint à moi dans l'état où il était lorsqu'il sortit tout vivant du tombeau où l'on avait enseveli son corps mort.

 

» Enfin, après un autre intervalle de peu de jours, notre divin Maitre Jésus-Christ m'apparut pour la troisième fois, tout glorieux et triomphant du monde, de Satan et de ses pompes, marchant devant moi avec la bienheureuse vierge Marie, sa mère, et suivi de différentes personnes.

 

» Voilà ce que j'ai vu de mes yeux corporels, il y a plus de vingt-cinq ans, et voilà ce que je publie maintenant comme étant véritable et certain. Cc fut immédiatement après que j'eus été favorisé de ces visions ou apparitions de notre divin Maitre Jésus-Christ dans ces trois différents états, que Dieu m'accorda la grâce d'écrire avec une vitesse extraordinaire, le traité dont on vient de lire la première partie. Conséquemment, je l'écrivis plusieurs années avant que l'on sût en France qu'il y avait un Swedenborg dans le monde et avant que l'on y connût l'existence du magnétisme. »

 

Voilà déjà l'abbé Fournié, qui, d'après son propre aveu, sans que nous décidions la question de savoir s'il a toujours été visité par de bons Esprits, se trouve médium voyant, comme on dirait de nos jours; nous allons le considérer sous les rapports de sa médiumnité d'écrivain pour revenir avec ses déclarations sur ce que sa médiumnité voyante a présenté de constant et de permanent durant des années entières. Nous continuons à citer.

 

Le degré sur lequel il donne le plus de détails après celui des apparitions, c'est celui de l'inspiration. « Il écrivit alors, par la grâce que Dieu lui accorda, la première partie de son traité avec une vivacité extrême. » Cette rapidité est l'effet d'un pouvoir supérieur qui, toutefois, ne dicte pas, mais suggère ce qu'il faut écrire, et avec une vivacité telle qu'il fait négliger la forme.

 

«  D'après ce que j'ai annnocé [sic] de ma complète ignorance des [11] sciences humaines, nous dit l'auteur, on jugera bien que le traité tout imparfait qu'il est encore par rapport à la tournure des phrases, était, lorsque je l'écrivis, bien différent, mais quant au style seulement, de cc qu'il est aujourd'hui. Pour le rendre intelligible, il m'a fallu trouver et j'ai trouvé, moyennant la grâce de Dieu, un homme qui s'est assujéti [sic] à rendre exactement le sens de mes paroles et les idées telles qu'elles sont énoncées dans mon premier écrit, ne changeant que certaines expressions absolument vicieuses et les tours de phrases qui choquaient trop ouvertement les règles du langage les plus usités parmi les hommes.

 

» J'ajoute ce que j'ai déjà dit concernant la première vision que j'eus de M. de Pasqualis, mon directeur, de mon père et de ma mère, que je ne les ai pas seulement vus une fois de la manière que j'ai rapportée, ou seulement une semaine, ou un mois, ou un an ; mais que depuis ce premier moment je les ai vus pendant des années entières et constamment, allant et venant ensemble avec eux, dans la maison, dehors, la nuit, le jour, seul et en compagnie, ainsi qu'avec un autre être qui n'est pas du genre des hommes, nous parlant tous mutuellement et comme les hommes se parlent entre eux.

 

» Je ne puis ni ne dois rien rapporter ici de ce qui s'est fait, dit et passé dans mes visions quelconques, depuis le premier moment jusqu'à aujourd’hui. Malheureusement on se moque dans le monde de toutes ces choses ; on en nie la réalité et on plaisante ou on veut bien avoir pitié de ceux qui les attestent, comme si c'étaient des fous absolument incurables. Il semblerait donc que d'après la manière dont les hommes ont reçu jadis et reçoivent encore ceux qui ont des visions, à commencer par les patriarches et les prophètes, j'aurais dû ne pas parler des miennes, mais la volonté et la vérité de Dieu doivent toujours l'emporter sur tout ce que les hommes pourront dire. »

A. P.

Note

Nous avons mis entre crochets le numéro des pages du livre de l'abbé Fournié

Extrait du livre de l’Abbé Fournié : Ce que nous avons été, ce que nous sommes et ce que nous deviendrons - de Pierre Fournié, Robert Amadou - 375 pages Édition OLMS 1986.

Disponible partiellement chez Google livres :http://books.google.com/books?id=GK1aKggUpfUC&hl=fr