Calendrier perpetuel 1871Année 1871

- Decous de Lapeyrière 

    L'État de la question sociale

- Revue du monde catholique

    Sociétés secrètes - Franc-Maçonnerie (suite)
    I. Origine,
    par l'abbé Lecanu

- Lorenz - Catalogue général de la librairie française

    Saint-Martin (Louis Claude de), dit le Philosophe inconnu, mystique,
    né à Amboise en 1743 ; mort à Aunay, près Paris, en 1803

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1871 – Decous de Lapeyrière – L'État de la question sociale

1871 Decous CopieL'État de la question sociale en 1871

Par M. Prosper-Victor-Paul Decous de Lapeyrière,
ancien procureur général

E. Lachaud, éditeur.
À Paris,
place du Théâtre français, 4.

1871

VII. Domaine et limites de l’association. - Extrait, page 24

À l'époque des guerres de religion ou de classes, la liberté, l'égalité se réclamaient de la justice. Une fin aussi légitime pouvait rendre moins difficile sur le choix des moyens ; en outre, rien n'était alors possible sans une organisation mystérieuse. C'est ainsi que dut se développer dans l'ombre la franc-maçonnerie. Non seulement le libéralisme moderne en est sorti tout armé ; rien de mieux jusque-là ; mais que de systèmes bâtards n'en sont pas résultés : le mesmérisme, qui enfanta le somnambulisme artificiel; le martinisme, l'imposture de Joseph Balsamo (le prétendu comte de Cagliostro) ; puis l'illuminisme allemand, et enfin le communisme évangélique de Fauchet, que Babœuf matérialisa bientôt. — J'en passe et de non moins excentriques.

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1871 - Revue du monde catholique

1871 revue monde catholique1Revue du monde catholique
Recueil politique, scientifique, historique et littéraire
Dixième année
Tome trente-et-unième
(Tome XIe de la nouvelle série)
Paris
Librairie Victor Palmé, éditeur
25, rue de Grenelle Saint-Germain
1871

 n° 66, 1er et 15 août 1871

Sociétés secrètes - Franc-Maçonnerie (suite) I. Origine, par l'abbé Lecanu. Extraits, pages 610-

Lorsque Louis XVI offrit pour tout de bon aux utopistes la réalisation de ce projet, il était trop tard : les loges se sentaient en mesure d'en faire l'expérience sur l'Europe, en commençant par la France ; ce qui eut lieu.

Il y avait aussi des loges purement cabalistes, dont les mots de passe étaient Sizamoro et Senamira, Sollak et Sokak ; en lisant à rebours on a Kakos et Kallos, Arimanes et Oromazis, ce qui nous reporte en plein dans le dualisme persan, et indique suffisamment le sens religieux dans lequel elles marchaient. Si on y joint les cercles, les triangles, les chiffres, les armes, les miroirs magiques, les évocations, les paroles mirifiques à leur usage, on reconnait les disciples inconscients de Corneille Agrippa et autres professeurs en diablerie qui s'étaient moqués sciemment de leur siècle. Ils répudiaient Dieu et faisaient toutes les avances au diable. Ces loges se nommaient loges des Élus Coëns ; leur but ostensible était la régénération physique et morale de l'homme : sous-entendez, abruti par le christianisme. Après les Coëns venaient les invisibles, qui prêtaient serment de se suicider en certains cas ; les princes de la mort, qui juraient d'immoler au péril de leur vie quiconque leur serait désigné par le tribunal de l'ordre ; les illuminés de Swedemborg, les Adamites de Saint-Germain, les Égyptiens de Cagliostro. Au-dessus de ces maçonneries échevelées, débraillées, furieuses, vint s'imposer l'illuminisme Weishaupt, qui recruta leurs éléments les plus actifs et les asservit à des règles mieux combinées.

Emmanuel Swedemborg, né à Stokholm, en 1688, affilié à toutes les maçonneries, savant mathématicien et attribuant par là même une grande valeur à des combinaisons de chiffres, battant le monde pour trouver des secrets, eut une première hallucination dans une taverne de Londres, en dinant seul de son écot, afin de mieux réfléchir. Il la prit pour une révélation, la consigna avec amour par écrit, et de ce moment il se trouva en commerce régulier avec les esprits, qui lui apprirent mille nouveautés [page 611] curieuses sur le ciel et la terre, mille principes nouveaux sur les fins de l'homme et ses devoirs, sur le bien et le mal, le vice et la vertu. [...]

En même temps, un autre songe-creux, Martinez Pasqualis, dont l'histoire n'a recueilli que le nom, établissait sur les bases de l'illumination intérieure la maçonnerie cabalistique des Elus Coëns. Il l'introduisit dans quelques loges à Marseille, en 1754, à Toulouse, à Bordeaux et enfin à Paris, en 1767. Martinez avait été le jouet des apparitions fantasmagoriques qui passèrent devant ses yeux, lors de sa réception dans une loge cabalistique. Il fut père de nombreux disciples, connus sous le nom de Martinistes.

Le rite des Elus Coëns empruntait beaucoup de détails aux antiques [page 612] mystères des Isiades et même à ceux de Mitra ; il comprenait neuf grades, prenait l'homme à sa création, le conduisait de sa chute à la régénération, et l'élevait de degrés en degrés jusqu'au rang d'où le péché l'avait fait déchoir. [... page 613]

Et toutes ces prétendues réformes, sans rien corriger ou supprimer de ce qui existait, accumulaient plutôt de nouveaux éléments, de sorte que la marée franc-maçonnique montait sans cesse, montait toujours.

De son côté, la maçonnerie illuminée de Pasqualis faisait des progrès, et recevait un certain lustre des écrits du fameux Saint-Martin, surnommé le Philosophe inconnu, titre qu'il se donnait lui-même, et qu'il justifiait par l'obscurité impénétrable dans laquelle il voilait sa pensée. Le but qu'il se propose, autant qu'on peut l'entrevoir, est de débarrasser l'humanité des lois religieuses, et l'homme, des ennuis que lui crée sa propre conscience, en le ramenant à cet état de nature que la civilisation appelle, si mal à propos, du nom de sauvagerie. Il suivait d'ailleurs, en cela, les visions du célèbre rêveur Jacob Bœhm, cabaliste et visionnaire, pour qui il était rempli d'admiration.

C'est dans ce sens que Saint-Martin perfectionnait la doctrine de son maître, Martinez Pasqualis ; il conduisait ses adeptes au degré de Kadosch, c'est-à-dire homme saint, en les faisant passer par neuf degrés préalables de régénération physique et morale (1).

Le martinisme avait son centre à Lyon. Il se propagea rapidement dans les principales villes de France, en Allemagne, et jusqu'en Russie. Lorsque la mère-loge de Lyon cessa ses travaux, en 1774, il se fondit dans la franc-maçonnerie des philalèhes.

Celle-ci, composée d'un mélange des dogmes de Pasqualis et de Swedemborg, s'était formée à Paris en 1793. Le F... Savalette de Langes, le vicomte de Tavannes, Court de Gebelin, le président d'Héricourt, le F... Saint-James et le prince de Hesse en furent les inventeurs. A en juger par le très-savant Court de Gebelin, c'étaient des gens de bonne foi et fort crédules : celui-ci mourut au bord du baquet mesmérien, où il puisait la vie à sa source au moyen d'un long tube de verre. Rien n'est plus curieux

(1) Voy. pour l'Hermétisme Rose-Croix de l'époque, le Catéchisme des philosophes inconnus, ou Roses-Croix, publié par Tschoudy; et pour le Martinisme, les écrits de Saint-Martin: 1. Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l'homme et l'univers ; 2. De l'esprit des choses, ou coup d'œil philosophique sur la nature des êtres et sur l'objet de leur existence; 3. L'homme de désirs; 4. Des erreurs et de la vérité. Avec l'indication commune par un philosophe inconnu.

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1871 - Lorenz - Catalogue général de la librairie française 

1871 LorenzCatalogue général de la librairie française
pendant 25 ans (1840-1865)
rédigé par Otto Lorenz (1831-1895), libraire
Tome quatrième & dernier (P-Z)
Paris.
O. Lorenz, libraire éditeur et commissaire,
8 bis rue des beaux-arts.
1871.

Saint-Martin

Page 318

Saint-Martin (Louis Claude de), dit le Philosophe inconnu, mystique, né à Amboise en 1743 ; mort à Aunay, près Paris, en 1803

- Correspondance inédite de L. C. de Saint-Martin et Kirchberger, baron de Liebistorf, du 22 mai 1792 jusqu’au 7 novembre 1797. ouvrage recueilli et publié par L. Schauer et Alp. Chuquet. In-8° avec portraits. 1862. Dentu. 8 fr.

Quelques fragments de cette correspondance avaient été publiés en 1850 par M. Louis Ignace Moreau (voy ce nom) dans son ouvrage sur Saint-Martin.

- Des Nombres. Œuvre posthume, suivie de l’Éclair sur l’association humaine, orné du portrait inédit de l’auteur et d’une introduction par M. Matter. Ouvrages recueillis et publiés par L. Schauer. Gr. in-8°. 1861. Ibid. 5 fr.

- Poésies. In-12. 1860. Leipzig, Literarisches Institut. Cartonné, 2 fr.

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