Chapitre XXXII - Les Juifs dans la Franc-Maçonnerie. Extrait, page 443-445

Pendant longtemps, la qualité d'israélite a été un obstacle à l'initiation. C'est seulement au convent de Wilhelmsbad (juillet 1782) qu'il fut [page 444] décidé qu'une loge n'aurait pas le droit de refuser d'initier un juif pour le seul motif de son origine juive. La question avait été discutée, parce que jusqu'alors des ateliers recevaient des juifs et d'autres n'en voulaient à aucun prix ; il y avait des conflits à ce sujet, quand un maçon israélite se présentait en visiteur à une loge antisémite ; il fallait donc établir une règle, et le convent se prononça dans le sens du non-empêchement (nihil obstat). Déjà les juifs avaient commencé à s'introduire au sein de la franc-maçonnerie, bien accueillis par quelques loges ; un juif éminent, Martinez Pasqualis, avait créé un rite d'illuminés qui était adopté par de nombreux groupes maçons ; je vais en parler bientôt. Le convent de Wilhelmsbad éclaira la situation, fit cesser les conflits, imposa une règle, précisément parce que les hauts chefs de la secte savaient que les juifs seraient d'excellentes recrues pour leur œuvre maudite.

[Tout ceci n’a aucun sens : le convent de Wilhelmsbad qui s’est tenu du 16 juillet au 1er septembre 1782, n’a jamais traité cette question. Quant à Martines Pasqually, il n’a jamais créé de rite d’illuminés. D’ailleurs comme on le verra plus loin, Taxil mélange les « Illuminés » au sens où l’entend Joseph de Maistre dans le 11e entretien des Soirées de Saint-Pétersbourg et les « illuminés de Bavière » de Adam Weishaupt.

Pour aller plus loin :

Hammermayer Ludwig, Mondot Jean. La crise de la franc-maçonnerie européenne et le Convent de Wilhelmsbad (1782). In:
Dix-huitième Siècle, n°19, 1987. La franc-maçonnerie. pp. 73-95 ;

GLTSO - Cahier n°6 -Le convent de Wilhelmsbad - Loge de recherche Héritage n°2 Collection Héritage Willermoz 2022.]

 

1892 taxil t2 imageEnfin, M. Léo Taxil n'a vu que le rite de Misraïm comme ayant une origine juive. Cette erreur provient de ce qu'il n'a examiné que superficiellement l'histoire de la secte. Martinez Pasqualis, que je viens de citer, et les frères Bédarride ne sont pas les seuls inventeurs de rites maçonniques. Moïse Holbrook, dont les rituels ont servi à créer la seconde classe des OddFellows, était un juif; et le Rite Écossais Ancien et Accepté, tel qu'il est pratiqué aujourd'hui dans tous les pays du monde, a été organisé par des juifs ; je le démontrerai au courant de ce chapitre.

La question des juifs dans la franc-maçonnerie étant d'une très grande importance, je la traiterai avec ampleur. Jusqu'à présent, elle a été à peine effleurée par les auteurs antisémites.  [...]

Nous allons voir d'abord les juifs cabalistes francs-maçons ; ceci me permettra de parler de Martinez Pasqualis, de son rite et de l'introduction des fils d'Israël dans la secte ; je dirai, en passant, quelques mots de l'un de ses disciples, Fournié, prêtre apostat.

[L'image de Martines de Pasqually présentée ici et qui se trouve page 377 est un faux. Elle est mise sur Wikipédia mais aucune photo ou gravure de Martines n'existe. Martines Pasqually a bien fondé un Ordre maçonnique, l'Ordre des chevaliers-maçons Élus Coëns de l'Univers, en 1761 mais il n'a jamais existé de Rite des Illuminés martinistes qui est une invention de Léo Taxil.

On voit bien ici l’antimaçonnisme de Léo Taxil : Martines Pasqually, n'était pas juif. R. Amadou pense qu'il était d'origine marrane mais cette opinion est contestée. Martinez a présenté un certificat de catholicité lors de son mariage avec Marguerite-Angélique Collas. Voir l'acte de mariage, 27 août 1767.
Quant à l’abbé Pierre Fournié, il était clerc et n’a jamais été apostat ni prêtre. Voir infra.]

Pour en savoir plus : Voir le dossier que la revue L’Initiation leur a consacré :

- Introduction à Martines de Pasqually, par Robert Amadou - numéro spécial de 2017
- L'Abbé Fournié, dossier constitué et présenté par Robert Amadou - numéro 4 de 2020 et numéro 1 de 2021

 

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