1870 - Catalogue des livres de L.-C. de Saint-Martin
Ce catalogue des ouvrages de Louis-Claude de Saint-Martin se trouve dans l'ouvrage de Auguste Ladrague, Sciences secrètes, pages 18 à 22, n° 139-151.
Catalogue spécimen de la bibliothèque Ouvaroff, publié à Moscou en 1870,
Cette bibliographie des écrits de Louis-Claude de Saint-Martin a été également publié dans le Bulletin du Bibliophile belge (cinquième année - 1870), pages 24-27 sous le titre Miscellanées par M. Ladrague.
Ce catalogue des ouvrages du Philosophe inconnu est exceptionnel parce qu'il recense non seulement tous les écrits et traductions de l'auteur, mais aussi l'ensemble des éditions pour chaque livre. Il est complété par des réflexions, des ajouts ainsi que les ouvrages qui ont été publiés comme les livres de Caro, Moreau, Matter et Franck par exemple.
Les différents liens sur le Net ont été ajoutés pour permettre aux lecteurs de découvrir ces livres.
139. Des Erreurs et de la Vérité, ou les Hommes rappellés (sic) au principe universel dle la science. Ouvrage dans lequel, en faisant remarquer aux Observateurs l'incertitude de leurs recherches, et leurs méprises continuelles, on leur indique la route qu'ils auroient dû suivre, pour acquerir l'évidence physique sur l'origine du bien et du mal, sur l'homme, sur la nature matérielle, le nature immatérielle et la nature sacrée, sur la base des gouvernements politiques, sur l'autorité des souverains, sur la justice civile et criminelle, sur les sciences, les langues et les arts; par un Ph.... (philosophe) In.... (inconnu ; Louis Claude de Saint-Martin). Edimbourg 1782. 2 vol. ou parties in 8° de 230, et 236 pp
« C'est à Lyon que j'ai écrit ce livre. Je l'ai écrit par desoeuvrement et par colère contre les philosophes. Je fus indigné de lire dans Boulanger, que les religions n'avaient pris naissance que dans la frayeur occasionnée par les catastrophes de la Nature. Je composai cet ouvrage vers l'année 1774, en quatre mois de temps et auprès du feu de la cuisine, n'ayant pas de chambre où je pusse me chauffer. » (Saint-Martin : Œuvres posthumes).
- La 1ère édit. est d'Édimbourgère (Lyon), 1775, in 8° de VIII-546 pp.
- Réimprimé sous les mêmes titres, lieu et date, 2 vol. in 8°, avec une Table des matières où [page 19] l'on a négligé de changer la pagination faite pour une autre édit. (Matter).
- IIe édit. retouchée par le frère Circonspect. Salonionopolis, chez Androphile, à la Colonne inébranlable, 1781. in 8° de XII — 546 pp.
- Autre édit. Edimbourg, 1782. 2 vol. in 8°; la nôtre.
- Autre édit. Edimbourg, s. adr. (Lyon), 1782. 2 vol. in 12.
- Autre édit. Edimdourg, 1782. 2 tomes in 8° de XVI — 407, et 440 pp. (Edit. citée par Klosz. N° 3893).
- Autre édit. Salomonopolis, chez Androphile,.... 1784, 2 vol. in 8°, et 3 vol. en y joignant la Suite des Erreurs, publiée en même temps.
Cette dernière édit. a été représentée sous le titre: les Hommes rappelés au principe universel de la science. ... (avec la Suite des Erreurs. . .) et forme alors les tomes I — III des Œuvres philosophiques de m. de St.-Martin. Londres, de l'impr, de la société philosophique, 1808. 6 vol. in 80; les autres vol. de cette collection factice sont : l'Homme de désir, t. IV, et Tableau naturel, t. V et VI.
Total : sept édit. différentes.
- Trad. en allemand par Matthias Clodius, avec une bonne préface (Breslau, 1782) ; voy. Kloss, N° 3894.
Cet ouvrage a été frappé par l'Inquisition d'Espagne ; voici ce que dit de cette sentence, Saint-Martin lui-même :
« Le 18 janvier 1798, jour où j'ai atteint ma cinquante-cinquième année, j'ai appris que mon livre des Erreurs et de la Vérité avait été condamné en Espagne par l'Inquisition, comme étant attentatoire à la Divinité et au repos des gouvernements. » (Matter, 305-07).
« L'impératrice Catherine II chargea Platon, évêque de Moscou, de lui rendre compte du livre des Erreurs... qui était pour elle une pierre d'achoppement. Il lui en rendit le compte le plus avantageux et le plus tranquillisant. » (Saint-Martin, dans Matter, p. 138.).
Ayant eu l'occasion de procurer cet ouvrage, ainsi que les principaux écrits de Saint-Martin, à un grec orthodoxe adonné à la lecture des écrivains mystiques ; cette personne ne voulut pas en prendre connaissance avant d'avoir l'assentiment de mgr. Philarète, métropolitain de Moscou, mort tout récemment. Ce successeur de mgr. Platon fut également de l'avis de son prédécesseur. Nous prendrons de là, l'occasion de faire observer combien l'église d'Orient diffère de celle d'Occident, lorsqu'elle pense qu'un livre écrit par un dissident peut servir à l'édification des fidèles.
140. (SUZE). Suite des Erreurs et de la Vérité, ou Développement du livre des Hommes rappellés au principe universel de la science, par un Ph.... lnc.. . (le chevalier Charles de Suze). A Salomonopolis, chez Androphile, à la Colonne inébranlable, DCC. LXXXIV. in 80 de IV-435 pp.
Saint-Martin a fortement désavoué cet ouvrage. Tout me porte à croire que cette Suite est du chevalier Ch. de Suze, l'auteur de la Clef....voici ce qu'il dit, en se plaignant de la critique de la Suite faite par l'Examen impartial du livre intitulé des Erreurs...; par un frère laïque en fait de science (J. Joachim Christoph Bode) (s. I. 1782, in 8° de 118 pp.).
« À travers le barbouillage moitié français, moitié tudesque de ce nouveau Don Quichote, on découvre... qu'il cherche à jeter du ridicule sur l'auteur de la Suite des Erreurs et de la vérité ; ouvrage capable de servir de contre-poison aux idées alambiquées qu'on trouve dans l'autre, et composé sur les notions d'une physique guidée par l'expérience, et une philosophie raisonnable; si tant est qu'une œuvre raisonnable puisse sortir de la main des hommes... " (Clef, p. 26).
Puis dans la Suite des Erreurs on lit :
« L'homme se trompant sans cesse sur les moyens qu'il emploie pour trouver la vérité, j'ai attribué ce penchant à se tromper, moins à l'ignorance de toute vérité, qu'à la faute de la méthode illusoire dont il fait usage... Pour découvrir cet état (la vérité), il faut encore se servir du ternaire sacré. Verité dans nos opinions.... Verité dans nos actes.... Vérité dans nos discours... » (p. 2-3). Voilà les trois grands marteaux du serrurier connu.
141. Clef des Erreurs et de la Vérité (de L. C. de Saint-Martin), ou les Hommes rappelés au principe universel de la raison ; par un serrurier connu (le chevalier Charles de Suze). Hersalaïm, s. adr. (Paris), 1789. in 8° de 128 pp.
Pamphlet violent contre l'ouvrage de St.-Martin et un peu contre Nic. de Bonneville, contre lequel il se propose d'écrire pour rectifier ses écrits contre les Francs-Maçons. Ch. de Suze ne manque ni de logique, ni d'énergie :
« Nous desirions que cette clef (une clef d'acier poli) put ouvrir les coffres où les hommes ont surement enfermés (sic) leur bon sens, depuis que des fripons hypocrites ont publié mille et un systèmes ridicules pour se les assujettir ; mais le mal est si enraciné, l'espèce humaine si crédule, l'erreur si douce, que nous serons forcés de faire retentir souvent notre enclume, sous les trois grands marteaux qui ouvrent et ferment le temple de vérité. »
Certes il y a du vrai pour tous les temps et pour tous les pays, dans cet aphorisme du serrurier.
142. (LOOS), Le Diadème des Sages, ou Démonstration de la nature inférieure, dans lequel on trouvera une analyse du livre des Erreurs et de la Vérité....; par Phylantropos (O. H de Loos - Onésime-Henri de Loos). Paris, 1781, in 12. Voyez les N° 1424-26 (p. 136) :
La [sic] Diadème des Sages, ou Démonstration de la nature inférieure ; dans le quel on trouvera une Analyse raisonnée (et critique en ce qui concerne l'Hermétisme) du Livre des Erreurs et de la Vérité (de C. L. de Saint-Martin) ; une Dissertation étendue sur la Médecine universelle (hermétique), avec une Allégorie sur cette matière, trad. (pour la première fois) de l'original anglais ; la fausseté du Système du Sr (Fréderic) Meyer sur l'Acidum Pingue, ainsi qu'un éclaircissement sur la Végétation, qui donnera des preuves suffisantes contre les erreurs qui se sont glissées à ce sujet ; par Phylantropos, citoyen du Monde (Onésime Henri de Loos). Paris, Merigot aîné ; Lesclapart, 1781. in 12 de 246 pp.
On trouve à partir de la p. 223, Allégorie sur la Médecine universelle (Recette de l'Ambroisie servie à la Table des Dieux, aux noces du Ciel et de la Terre), trad. sur l'original anglosaxon de la Bibliothèque du prince Anglo-Saxon, qui n'a jamais été traduit ni copié.[page 20]
143. L'Homme de désir ; par l'auteur des Erreurs et de la Vérité (Saint-Martin), Lyon, J. Sulpice Grabit, 1790. 1 vol. in 8° de IV-412 pp.
Reproduit comme : Nouv. édit. Londres, de l'impr. de la Société philosophique. 1808. 1 in 8°, de IV-412 pp. avec un faux-titre portant : Œuvres philosophiques de St.-Martin, tome IV.
Il résulte d'une lettre de Salzmann à Herbort que c'est à Strasbourg et sous la direction de Salzmann, que la première édition de cet ouvrage, a été imprimée. Elle s'est vendue à Lyon, chez Sulpice Grabit. Matter parle d'une édit. de Lyon, 1790, 2 petits vol. (voy. p. 183).
Quérard cite une édit. de Metz, an X. (1802). 2 vol. pet. in 8°. L'édition citée par Matter et cette dernière citée par Quérard, ne seraient-elles pas une seule et même.
Une note de feu Pétillot, libraire distingué à Lausanne, dit que cet ouvrage a été souvent réimprimé.
Il a été traduit en allemand par Wagner. Leipzig, 1813. 2 vol. Voyez Matter, chap. XIII.
144. Ecce homo (par Saint-Martin). Paris, imprimerie du Cercle social, an IV. (1796). I vol. in-12, de 166 pp.
M. Matter en cite une édition de Paris, même imprimerie, 1792. in 8°; il doit se tromper.
Voy. Matter, chap. XIII, p. 179 et suiv.; et Quérard, VIII, 353. Traduit en allemand par un anonyme. Leipz., 1819.
145. Le Nouvel Homme (par Saint-Martin). Paris, les directeurs de l'imprimerie du Cercle social, an IV (1796), 1 in 8° de IV-432 pp.
Matter indique cet ouvrage comme imprimé en 1792, c'est une erreur, l'an IV de la république correspond à 1795-96. Voy. Matter, chap. XIII; et Quérard, VIII, 353.
146. Le Crocodile, ou la Guerre du bien et du mal, arrivée sous le règne de Louis XV ; poème épiquo-magique en 102 chants, dans lequel il y a de longs voyages sans accidents qui soient mortels ; un peu d'amour sans aucune de ses fureurs ; de grandes batailles sans une goutte de sang répandu ; quelques instructions sur le bonnet de Docteur ; et qui, parce qu'il renferme de la prose et des vers, pourrait bien en effet n'être ni en vers, ni en prose. Ouvrage posthume d'un amateur des choses cachées (L. C. de Saint-Martin). Paris, de l'impr. du Cercle social, an VII (1799). 1 vol. in 8° de IV-460 pp.
Allégorie de longue haleine, pleine de beaucoup de récriminations contre les compagnies savantes et les savants... ; c'est une de ces créations qui attestent une rare fécondité dans l'imagination et une merveilleuse entente de la langue, seulement la sévère raison et le bon goût.... ne règnent pas là au degré voulu… Ce chaos rappelle, en un grand nombre d'excentricités, que son auteur fut compatriote de Rabelais. Mais son traité des Signes, inséré par voie de fiction prophétique dans le corps de cette longue allégorie, est une vraie perle enchassée dans une pierre lourde et opaque.... (Malter, p. 300-01.).
De l'Influence des signes sur la pensée (dont il y a deux édit. partielles, 1799, et IIe édit. 1801.) remplit tout le chant 70 du Crocodile, pp. 279-355.
147. De l'Esprit des choses, ou Coup-d'œil philosophique sur la nature des êtres et sur l'objet de leur existence avec l'épigraphe: quia mens hominis rerum universalitatis speculum est. Ouvrage dans lequel on considère l'Homme comme étant le mot de toutes les énigmes; par le Philosophe inconnu (Saint-Martin). Paris, Laran ; Debra y; Fayolle, an VIII (1800). 2 vol. in 8° de IV-326-IV, et IV-346-V pp.
« Ce ne sont, pour ainsi dire, que des esquisses, parce que cet ouvrage embrasse l'universalité des choses, tant physiques, scientifiques, que spirituelles et divines, et qu'il m'eut été impossible d'approfondir chaque sujet dans un si petit espace. D'ailleurs, ce n'est qu'une introduction préparatoire aux ouvrages de J. Bœhme… » (Saint-Martin).
Ce n'est pas une des meilleures compositions de Saint-Martin. Ce qu'il en dit Iui-même est trop vrai : « Ce n'est pas un livre, ce sont des articles cousus ensemble. »
Voy. Matter, ch. XXII, pp. 315 et suiv.
Traduit en allemand par Schubert (Leipzig, 1811), 2 vol. in 12.
148. Le Ministère de l'Homme-Esprit (en trois parties qui traitent de l'homme, de la nature, de la parole) ; par le Philosophe inconnu (Saint-Martin). Paris, de l'impr. de Migneret, an XI-1802. 1 vol. in 8° de XVI-472 pp.
Quérard présente cet ouvrage, comme n'étant sans doute qu'une traduction de Bœhme ; ce n'est pas exact, car l'auteur dans le cours de l'ouvrage (pp. 28 et suiv.) en recommandant la lecture des œuvres de Bœhme et en indiquant l'Aurore naissante, et les Trois principes comme deux ouvrages de cet auteur nouvellement traduits par lui, invite le lecteur à s'armer de patience et de courage pour n'être pas rebuté par la forme peu régulière des ouvrages de Boehme, par l'extrême abstraction des matières qu'il traite… D'ailleurs [page 21] aucun ouvrage de Bœhme ne porte ce titre. L'objet de ce livre est de montrer comment l'Homme-Esprit (en exercant un ministère spirituel) peut s'améliorer, et régénérer lui-même et les autres, en rendant la parole ou le logos (le verbe) à l'homme et à la nature. L'auteur le considérait comme ne pouvant être compris que par ceux qui connaissaient ses ouvrages antérieurs. Il ajoute (Œuvres posthumes, 1, 128) : « Quoique cet ouvrage soit plus clair que les autres, il est trop loin des idées humaines pour que j'aye compté sur son succès. J'ai senti souvent, en l'écrivant, que je faisais là, comme si j'allais jouer sur mon violon, des valses et des contredanses dans le cimetière de Montmartre, où j'aurais beau faire aller mon archet, les cadavres qui sont là, n'entendroient aucun de mes sons et ne danseroient point. »
149. Œuvres posthumes de m. de Saint-Martin. Tours, Letourmy, 1807. 2 vol. in 8° de XXXII-4O8, et IV-484 pp.
Contient :
Tome I. Avertissement des éditeurs (contenant 2 lettres adressées à l'auteur, et un extrait de la notice biographique publiée dans le Moniteur, puis dans le Mercure, par m. Tourlet). — Portrait historique et philosophique de Saint-Martin fait par lui-même ; — (l'auteur commença ce portrait en 1789, et le continua sans suite et sans autre espèce d'ordre que celui dans lequel sa mémoire lui retraçait sa vie. Il y a des lacunes dans les Nos de ces pensées, les éditeurs n'ayant pas voulu nommer les personnes encore vivantes qui y étaient indiquées). — Pensées sur la Mort. — Recherches sur la doctrine des Théosophes (par un ami de Saint-Martin). — Des trois époques du traitement de l'âme humaine. — Pensées extraites d'un manuscrit de St.-Martin (par M. Tournier) ; (il n'y en a que 208, de 1000 que contient le recueil). — Stances sur l'origine et la destination de l'homme. — Le Cimetière d'Amboise, par le philosophe inconnu, (réimpression). — La Source de nos connaissances et de nos idées. — Quelques opuscules sur des formes gouvernementales en rapport avec ses idées.
Tome IIee. Question proposée par l'académie de Berlin : Quelle est la meilleure manière de rappeler à la raison les nations, etc. — Les voies de la sagesse. — Loix temporelles de la justice divine. — Traité des bénédictions. — Rapports spirituels et temporels de l'arc-en-ciel. — Phanor, poème sur la Poésie, (avec une préface). — Fragments littéraires (sur Voltaire, Rousseau, etc. contenant un Parallèle entre Rousseau et Buffon, par Herault de Séchelles, extrait du Journal Encycl. du 15 Avril 1786.). — Fragments d'un traité sur l'admiration — Des Prières, précédées d'une introduction.
150. BOUTCHITTÉ. Martin (Saint-) dans Dictionnaire des sciences philosophiques (1849), IV, 125-30.
151. MATTER. Saint-Martin le Philosophe inconnu, sa vie et ses écrits, son maître Martinez (Pasqualis et l'abbé Pierre Fournié) et leurs groupes, d'après des documents inédits ; par m. Matter. Paris Didier et Cie, 1862. in 8° de XII-460 pp.
Ouvrage fort intéressant, qui nous fait connaîtra une figure remarquable. Du reste, depuis quelque temps on s'est beaucoup occupé en France, du théosophe d'Amboise, notamment : MM.
L. Moreau : Réflexions sur les idées de L. Cl. de Saint-Martin le théosophe…. Paris, 1850, gd. in-18.
E. Caro : Essai sur la vie et les doctrines de Saint-Martin, le Philosophe inconnu. Paris, 1852. In-8°.
Sainte-Beuve : Saint-Martin le Philosophe inconnu, dans ses Causeries du lundi, X, 190-225 et bien d'autres, le dernier est:
Ad. Franck. La Philosophie mystique en France à la fin du XVIIIe. — Saint-Martin et son maître Martinez Pasqualis. Paris, 1866, gd. in-18.
Monsieur Franck a eu l'avantage d'avoir à sa disposition, et de pouvoir donner (pp. 202-26) les premières pages du traité manuscrit de Martinez Pasqualis, intitulé :
Traité sur la Réintégration des êtres dans leurs premières propriétés, vertus et puissances spirituelles et divines (in 4° d'environ 355 pp. composé de plusieurs parties). Il faut espérer que M le pasteur Matter, fils de l'historien du gnosticisme, et possesseur du ms. en fera un jour la publication. On ignorait les principaux points de la doctrine de Martinez qui n'a rien publié ; le peu qu'on en connaissait se trouvait dans l'ouvrage de l'abbé Pierre Fournié, (voy. plus bas), qui n'est pas terminé; quant à Saint-Martin, il s'était beaucoup éloigné de son maître, tout en ne le reniant pas.
M. Matter qui a tenu deux exemplaires de ce Traité, en parle ainsi :
« Il a pour objet, non pas l'état actuel des choses, mais le rétablissement de leur état primordial, celui de l'homme et celui des êtres en général. Et, loin d'offrir une discussion ou une hésitation quelconque, il expose la pensée de son auteur très magistralement. Point de doute, ni de difficultés sur rien ; des révélations, du mystère, de l'obscurité partout. Son point de départ est pris dans nos premiers textes sacrés, mais c'est moins un commentaire qu'une nouvelle révélation, du moins une dogmatique substituée à une autre, .... son auteur, en cessant d'écrire, n'en est encore qu'à Saül, et, s'il donnait dans sa pensée aux discours des prophètes, à ceux de Jésus-Christ et à ceux de ses apôtres la même étendue qu'à ceux de Moïse et de ses successeurs, il nous laissait toute une bibliothèque. » Voy. Matter: Saint-Martin (1862), pp. 12-8.
Comme l'ouvrage de l'abbé Fournié est très rare, nous en donnons ici, le titre :
Ce que nous avons été, ce que nous sommes et ce que nous deviendrons, avec cette épigraphe :
Ne vous arrêtez point à considérer la personne de celui qui écrit, soit qu'il ait eu peu ou beaucoup de science ; mais que l'amour pur de la [page 22] vérité vous porte à lire tout ce que vous lirez. (Imitation de Jésus-Christ, L. I., ch. V.).
Par Pierre Fournié, clerc tonsuré. Première (et unique) partie. Londres, A. Dulau et Cie, 1804. in 8° de VIII-375 pp. plus 1 d'errata.
P. Fournié n'était pas un lettré, à ce qu'il paraît, car voici ce qu'il dit de son ouvrage :
« D'après ce que j'ai annoncé de ma complète ma complète ignorance des sciences humaines, on jugera bien que le traité tout imparfait qu'il est encore par rapport à la tournure des phrases, était lorsque je l'écrivis, bien différent, mais quant au style seulement, de ce qu'il est aujourd'hui. Pour le rendre intelligible, il m'a fallu trouver et j'ai trouvé, moyennant la grâce de Dieu, un homme qui s'est assujetti à rendre exactement le sens de mes paroles et les idées telles qu'elles sont énoncées dans mon premier écrit, ne changeant que certaines expressions absolument vicieuses, et les tours de phrases qui choquoient trop ouvertement les règles du langage les plus usitées parmi les hommes ; » (l'auteur, p. 368,).
Une note copiée sur celle mise par m. Fr. Herbort, de Berne, sur son exemplaire et citée par Matter, se trouvait sur un exemplaire appartenant à M. le prince 0doïefski ; la voici :
« Pierre Fournié, prêtre émigré lors de la révolution française a vécu depuis à Londres. Avant la révolution, Fournié a été instruit quelque temps à l'école de Dom (sic) Martinez de Pasqualis. — D'après une relation certaine que j'ai eue de l'abbé Fournié, par m. de V… qui a été à Londres en juin 1819, et a vu bien des fois l'abbé, celui-ci n'a point jugé à propos de faire imprimer le 2d. vol., disant qu'il contenait bien des choses, que l'on ne peut point publier. Cet abbé Fournié, en l'an 1819, a 81 ans, et se trouve encore bien portant et fort vif. » Voyez l'analyse de l'ouvrage de l'abbé Fournié, dans Matter (J.) : Saint-Martin (1862), pp. 35 à 54.