1910 Bosc Glossaire raisonné de la théosophie1910 - Glossaire raisonné de la théosophie, de gnosticisme et de l'ésotérisme

Jean Darlès (pseudonyme de Ernest Bosc) (1837-1913).

Glossaire raisonné de la théosophie, du gnosticisme et de l'ésotérisme

Librairie du XXe siècle,

1910

Articles :
   BŒHMEJacobus
   MARTINISME
   SAINT-MARTIN


BŒHME (Jacobus)

Théosophe éminent, né près de Görlitz, en Allemagne, en 1575, de parents fort pauvres. Il fut quelque temps à l'école et quand il sut lire et écrire, il entra en apprentissage chez un cordonnier. Malgré ses modestes débuts, cet homme vraiment inspiré a écrit une œuvre merveilleuse, qui a été d'une [page 46] utilité incontestable à un grand nombre de philosophes modernes.

Voici ce que l'un de nos contemporains, l'un des plus considérables, Claude de Saint-Martin, alors âgé de cinquante ans, dit de Jacob Boehme : « Je suis indigne de délier les attaches des souliers de cet homme merveilleux que je considère comme la plus grande lumière qui ait jamais paru sur la terre, au-dessous seulement de Celui qui était la Lumière elle-même... Je vous conseille certainement de vous jeter dans cet abîme de connaissances des plus profonds mérites... Je trouve dans ses Œuvres une nourriture simple et délicieuse et je considérerai comme une perte de temps de chercher les mêmes choses ailleurs (Dans une lettre à Kirchberger ; in vol. de la correspondance de celui-ci.). »

Ce que nous ajouterions ne pourrait qu'affaiblir un tel éloge ; aussi nous bornerons-nous à dire que ce que Boehme enseignait sur Dieu et sur le monde spirituel était tellement en avance sur son époque, que non seulement la masse du peuple ne pouvait l'accepter, mais le clergé fut pour lui un ennemi implacable. Jacob Boehme a beaucoup écrit ; ses ouvrages sont très estimés [page 47] par les plus éminents philosophes. Saint-Martin a traduit de Bœhme : L'aurore naissante : les Trois principes et la Triple vie. Parmi ses livres les plus estimés, mentionnons son Miroir temporel de l'éternité ou de la signature des choses, traduit en français, 1 vol. in-8°, Francfort, 1669.

Bœhme ne commença à écrire qu'à l'âge de 36 ans. Il s'était marié en 1594 ; Il n'avait donc que 19 ans, et comme il fut bon père et bon époux, il n'avait pas beaucoup de temps à donner à ses études, aussi ce n'est que tourmenté par une sorte d'obsession qu'il se décida à prendre la plume. Son premier ouvrage Aurora fut écrit en 1611 et publié en 1612. Cet ouvrage contient des révélations sur Dieu, l'homme et la nature, le Clergé de Görlitz se montra fort intolérant en condamnant cet ouvrage, mais aussi cette intolérance répandit le nom de Bœhme dans toute l'Allemagne et lui valut la protection et même le patronage de personnages influents.

Aussi, à partir de 1619 jusqu'au jour de sa mort, le théosophe allemand ne publia pas moins d'une trentaine de traités, parmi lesquels nous devons une mention toute spéciale à [page 48] la Description des trois principes de l'essence divine, qui contient les vues de l'auteur mystique sur la Divinité, la création, la révélation et le péché. — Un traité sur le repentir, imprimé à son insu par ses amis, valut à Boehme de violentes attaques de théologiens, attaques qui empoisonnèrent la vie du philosophe et abrégèrent certainement ses jours.

Abraham de Frankenberg, son disciple et son ami, a commenté ses ouvrages qui ne parurent complets qu'en 1682, en 10 vol. in-8°, à Amsterdam, sous la direction de Gichtel. Une autre édition en 7 vol. in-8° (I-VII) a été donnée par Schlider, Leipzig, 1831-1846.

Bœhme a eu un commentateur célèbre dans le médecin anglais John Pordage, du reste, les doctrines chrétiennes de Bœhme ont été répandues en Angleterre, où William Law a le premier traduit, en anglais, les œuvres du théosophe allemand.

bouton jaune Jacobus Bœhme, p.45-49

MARTINISME. 

Société française, fondée par le grand mystique Saint-Martin, le disciple de Martinez Pasqualis. Établie d'abord à Lyon, comme société affiliée à la Maçonnerie Occulte, ses membres croyant à la possibilité de communiquer avec les Esprits planétaires et les Dieux mineurs et génies des sphères ultraterrestres. Louis Claude de Saint-Martin né en 1743 a débuté dans la vie comme officier de l'armée, mais ensuite il se dévoua lui-même à l'étude des lettres, devenant à la fin de sa carrière, un fervent Théosophe et un disciple de Jacob Bœhme. Il essaya de ramener la Maçonnerie à son caractère primitif d'occultisme et de Théurgie ; mais il n'y réussit pas. Il prit premièrement son rite rectifié qui comporte dix degrés, mais ceux-ci étalent ramenés à sept par l’étude des Ordres de la Maçonnerie originelle. — Les maçons se plaignent qu'il ait introduit certaines idées et adopté des rites différents de ceux de l'histoire archéologique de la [page 163] maçonnerie ; mais après lui, Cagliostro et Saint Germain firent comme lui, comme tous ceux qui avaient bien connu l'origine de la Franc-maçonnerie

bouton jaune Martinisme, p.162-163

SAINT-MARTIN.

Théosophe français, né en 1743 à Amboise ; disciple de J. Bœhme et traducteur de quelques-unes de ses œuvres. Il se nommait le Philosophe Inconnu. C’est un brillant écrivain, un grand mystique, qui, une fois retiré de l'armée, poursuivit à Paris ses études théosophiques, pendant la Révolution. — Il fonda une Loge maçonnique : le Rite Rectifié de St Martin, qui comportait sept degrés ou Grades. — Il existe de nombreuses Biographies du Philosophe Inconnu. Voy. MARTINISME.

bouton jaune Saint-Martin, p.215

Précision

Rappelons que Louis-Claude de Saint-Martin n’a fondé aucun ordre. Le Rite (ou Régime) écossais rectifié (RER) est dû à Jean-Baptiste Willermoz.