1884.Bost Dictionnaire histoire ecclesiastique1884 - Dictionnaire d'histoire ecclésiastique

Dictionnaire d'histoire ecclésiastique

Contenant en abrégé
L'histoire de tous les papes et antipapes, celle des conciles, des pères de l'église, des principaux docteurs, des hérétiques et des hérésies, des sectes, des missionnaires, des martyrs, des précurseurs de la réforme, des théologiens, des villes qui ont joué un rôle dans l'histoire de l'Église, etc.

Par Jean-Augustin Bost, Pasteur

Paris
Librairie Fischbacher, Société anonyme - 33, rue de Seine
Librairie Grassart, 2, rue de la Paix
Genève, Librairie Beroud et Cie

1884

Article Saint-Martin, page 786

SAINT-MARTIN, Louis-Claude (de), surnommé le Philosophe inconnu, titre qu'il s'était donné lui-même dans son premier ouvrage. Né 18 janv. 1743 à Amboise, élevé par une belle-mère pieuse, puis placé au collège de Pontlevoy, il réagit intérieurement contre les tendances matérialistes de la philosophie régnante. Il était destiné au droit, mais il préféra les armes et entra à Bordeaux au régiment de Foix. Là il se lia avec un juif portugais, Martinez Pasqualis, chef des martinistes, et il s'affilia à la secte dont il fut un des initiés, ou Cohen ; il tâcha de comprendre leur théurgie et l'évocation des esprits. À Lyon, en 1775, il connut Cagliostro et d'Hauterive ; il étudia le somnambulisme et Schwedenborg [sic]. En 1784, il s'enthousiasma pour le mesmérisme. Il quitta le service en 1787 [sic pour 1771] et visita l'Angleterre, l'Italie et l'Allemagne [Saint-Martin n’est jamais allé en Allemagne] ; il s'arrêta quelque temps à Strasbourg, où il vit le neveu de Swedenborg, le chevalier de Silverhielm, et quelques autres rêveurs de la même école. C'est à cette première période que se rattachent ses principales publications : Des erreurs et de la vérité 1775 ; Des rapports qui existent entre Dieu, l'homme et l'univers 1782 ; l'Homme de désir 1790. Dès lors il passa sous l'influence de Böhme, et il apprit l'allemand pour essayer de le mieux comprendre ; son Nouvel homme 1792 marque la transition. Arrêté à Paris comme aristocrate, il fut sauvé par le 9 thermidor. Un décret de 1794 l'éloigna de la capitale, et il fut chargé de cataloguer les bibliothèques des couvents d'Amboise. Appelé comme maître à l'École normale, il fut attaqué par le sensualiste Garat et lui répondit avec autant d'énergie que de succès : Disc. en rép. au citoyen Garat, 1795. Sa position était précaire et chétive ; il ne pouvait faire tout le bien qu'il aurait voulu ; le travail incessant de son esprit minait sa constitution, et il † 13 oct. 1803 à Aunay, dans un état assez misérable. Parmi ses derniers ouvrages, signalons son Ecce Homo contre la superstition ; l'Esprit des choses 1800, le Ministère de l'homme-esprit 1802, et quelques traductions de Bœhme. Il avait pris part à plusieurs concours, mais sans succès. La confusion de ses pensées se révèle dans l'obscurité de son style, mais ses adeptes admirent l'un et l'autre. Sa théosophie est un monothéisme extatique, et l'homme n'est que la pensée de Dieu, un microcosme. Vie par Gence, et par Matter.

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