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 IX - Balzac, martiniste et franc-maçon ? 

1. La Franc-maçonnerie
a) Le père de Balzac
b) Le beau-père de Balzac
c) Son frère
2. Le daguerréotype

Source de l’image : Wikipédia, Balzac en 1842 sur un daguerréotype de Louis-Auguste Bisson

 IX - Balzac, martiniste et franc-maçon ? 1. La Franc-maçonnerie

1. La Franc-maçonnerie

L’appartenance d’Honoré de Balzac à la Franc-Maçonnerie n’apparaît dans aucun des livres que nous avons consultés. Par contre, dans la famille de Balzac, nous avons trouvé trois personnages francs-maçons : son père, son beau-père et son frère.

a) Le père de Balzac

Bernard-François Balzac, en 1809, est « rose-croix-vérificateur de la Loge de la Parfaite Union de Tours ; en 1812, il est qualifié « ex-vénérable de la Parfaite Union de Tours, associé libre des Amis Réunis au même Orient » (1).

P. Bertault signale que Balzac a pu être inspiré par une scène vue chez lui ou une conversation personnelle quand il écrit dans Le Centenaire :

« Le petit homme sec regarda Béringheld avec étonnement, et comme un simple franc-maçon qui rencontre un officier du Grand-Orient… » (2).

Le Tableau de l’année 1802 de la loge La Parfaite Union de Tours a été présenté lors de l’exposition Honoré de Balzac à la Bibliothèque Nationale de France (BNF) :

« On relève les noms suivants : Jean-Louis Chalmel, bibliothécaire, vénérable de la loge, Bernard-François Balzac, adjoint au maire, Gabriel Coudreux, négociant, Ferdinand-Auguste-Armand Mame, imprimeur et Sallambier, négociant »(3).

L’Obligation de la loge La Parfaite Union de Tours du 18 décembre 1806 a été également présentée :

« Promesse de fidélité et d’attachement au G.·. O.·., parmi les signatures se détache celle de Balzac “chevalier d’Orient” ».

b) Le beau-père de Balzac

Claude Louis Joseph Sallambier (1748-1803), père d’Anne Charlotte Laure Sallambier (1778-1854), mère d’Honoré de Balzac, directeur général de la Régie des Hospices de Paris, est affilié à la Loge l’Océan français à l’Orient de Paris.
Selon André Maurois, en l’an X, il est expert à la Chambre des grades du Grand Orient (4).
Selon Acta Latomorum, Sallambier, directeur de l’habillement des troupes, est reçu Officier du grand Orient de France le 24 septembre 1802 ; réélu en qualité de 1er surveillant du Grand-Chapitre général le 24 juin 1813 (5).

« Le diplôme du Grand-Orient de France a été présenté lors de l’exposition Honoré de Balzac à la Bibliothèque Nationale de France (BNF) : « Diplôme nommant Claude-Louis-Joseph Sallambier, directeur général de la Régie des Hospices de Paris, membre des loges et chapitre de l’Océan français de Paris, à l’office de l’un des experts de la Chambre des grades du Grand-Orient, Paris, 14 vendémiaire, an X.
Parchemin revêtu de trente-six signatures, de trois sceaux de cire et d’un sceau de métal protégé ».

c) Son frère

Henry-François Balzac « comme son père et son grand-père Sallambier, était affilié à la Franc-maçonnerie. [Henry] se fait recevoir à la loge l’Amitié de Saint-Denis. Sur le tableau de cette loge établi le 1er décembre 1841, où il figure comme 18.·. […]. Quelques jours après, il est nommé secrétaire-adjoint de la loge et c’est lui qui calligraphie le procès-verbal de la fête d’ordre célébrée le 27 décembre 1841. Il s’y fit quelques relations ; Amédée Bédier, qui fut de longues années maire de Saint-Denis, appartenait à la même loge »(6).

2. Le daguerréotype

En août-septembre 1989, à Caen, à l’École Normale, avait lieu un colloque du Centre de recherches sur le Merveilleux (CERMEIL) sur Le Merveilleux et la magie dans la littérature (7), Michel Vital Le Bossé dans sa conférence « Balzac ou le désir d’immortalité magique » écrit :

« Balzac utilise également la symbolique des nombres. Tout lecteur, initié au sens propre, ayant lu Séraphîta, comprendra facilement la trentaine de pages retranscrivant pratiquement stricto sensu le rituel d’une tenue martiniste. Balzac fréquente le cercle philosophique martiniste. Certaines gravures représentent Balzac chemise ouverte, la main sur le cœur, bien sûr il ne s’agit pas d’un débraillé par négligence, ou d’une position profane ou purement instinctive de la main. Le récipiendaire, pendant l’initiation maçonnique, a la chemise ouverte et le cœur découvert, le genou découvert comme le compagnon avant ses principaux voyages, et ceci en signe d’humilité. Quant à la main en équerre sur le cœur, elle constitue un signe de reconnaissance connu de tous les initiés.

Rappelons que Robert Amadou dans son article Honoré de Balzac s’est-il fait photographié en franc-maçon ? a définitivement clos le débat au sujet de la photo de 1842 sur un daguerréotype de Louis-Auguste Bisson (8). Toutefois, selon le Catalogue de l’exposition organisée pour commémorer le centenaire de sa mort :

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  Source de l’image : Wikipédia, Balzac en 1842 sur un daguerréotype de Louis-Auguste Bisson

« Il existe actuellement deux daguerréotypes de Balzac [l’un à la maison de Balzac présenté à l’exposition, n° 592], l’autre étant dans la collection Lovenjoul. […] Ce qui est plus curieux, c’est que les deux images le présentent dans la même pose et dans le même costume débraillé, chemise ouverte et froissée, bretelles soutenant son pantalon. […] Ce divers daguerréotypes sont anonymes, conformément à l’usage de l’époque. L’exemplaire présenté a été quelque fois attribué à Bisson. Il l’est plus souvent à Nadar, qui a seulement possédé quelque temps l’exemplaire de Chantilly » (9).


Notes

  1. P. Bertault, Balzac et la religion, op. cit., p. 8, note 2.

 

 2. Balzac, Le Centenaire ou les deux Béringheld. Bruxelles, Méline, 1837, tome II, p. 154.

 3. Honoré de Balzac (1799-1850). Catalogue de l’exposition organisée pour commémorer le centenaire de sa mort. Paris 1950, n° 13, p. 11-12 ; le Sallambier négociant est vraisemblablement « Antoine-Michel Sallambier, cousin de Mme Balzac ». B.N. Mss, archives maçonniques. Pour l’Obligation de la loge, n°14, p. 12, B.N. Mss, archives maçonniques. Pour le diplôme, n°10, p. 11, coll. particulière.

 

4. André Maurois, Prométhée ou la vie de Balzac, Paris, Hachette, 1965.

 5. Acta Latomorum ou chronologie de l’histoire de la franc-maçonnerie, Paris, Dechevaux-Dumesnil, 1815. Tome II, p. 377.

 6. M. Fargeaud et R. Pierrot, « Henry le trop aimé », Année balzacienne, 1961, p. 55. Les auteurs ajoutent en note : « B. N. Mss., archives maçonniques, loge l’Amitié (Saint-Denis, Ile Bourbon). Sur un autre tableau établi le 26 janvier 1842 figure en face de son nom une date de naissance fausse : 21 décembre 1803. Henry avouait rarement son âge exact… ».

 7. Le Merveilleux et la magie dans la littérature, Actes du Colloques de Caen, 31 août-2 septembre 1989. CERMEIL, Édition Gérard Chandes, Amsterdam – Atlanta, GA : Rodopi, pp. 88-89.

 8. Balzac en 1842 sur un daguerréotype de Louis-Auguste Bisson.

  9. Op. cit., n° 593. Portrait de Balzac, daguerréotype, 1842. – Maison de Balzac.