boehmeVIII. Balzac et Jacob Bœhme (1575-1624) 

1. Melmoth réconcilié

2. Melmoth réconcilié et De la triple vie de l’homme

 

 

Source de l’image : Jacob Boehme, Online Encyclopedia

1. Melmoth réconcilié

Publié d’abord en 1835, le quatorzième volume des Œuvre complètes, fait partie des Études philosophiques. Dans Melmoth réconcilié, nous trouvons une référence à Jacob Bœhme ([1]) :

— Cet estimable jeune homme a été emporté dans la planète de Mercure, dit le premier clerc à un démonologue allemand, qui vint prendre des renseignements sur cette affaire.
— Je le croirais volontiers, répondit l'Allemand.
— Ah!
— Oui, monsieur, reprit l’Allemand, cette opinion s'accorde avec les propres paroles de Jacob Bœhm, en sa quarante-huitième proposition sur la Triple Vie De L'homme où il est dit que si Dieu a opéré toutes choses par le Fiat, le FIAT est la secrète matrice qui comprend et saisit la nature que forme l'esprit né de Mercure et de Dieu.
Vous dites, monsieur? L'Allemand répéta sa phrase.
— Nous ne connaissons pas, dirent les clercs.
Fiat !.., dit un clerc, fiât lux !
— Vous pouvez vous convaincre de la vérité de cette citation, reprit l'Allemand, en lisant la phrase dans la page 75 du Traité de la Triple Vie De L'homme, imprimé en 1809, chez monsieur Migneret, et traduit par un philosophe, grand admirateur de l'illustre cordonnier.
— Ah ! il était cordonnier, dit le premier clerc. Voyez-vous ça!
— En Prusse! reprit l'Allemand.
— Travaillait-il pour le roi? dit un béotien de second clerc.
— Il aurait dû mettre des béquets à ses phrases, dit le troisième clerc.

2. Melmoth réconcilié et De la triple vie de l’homme

Voici un tableau qui permet de comparer entre les écrits de Balzac et la citation originale de Bœhme :

Melmoth réconcilié

 

De la triple vie de l’homme ([2])

… si Dieu a opéré toutes choses par le Fiat, le Fiat est la secrète matrice qui comprend et saisit la nature que forme l’esprit né de Mercure et de Dieu ».

 

48. Mais puisque tous les êtres qui doivent venir à essence (ou en être), doivent descendre de la nature du Père, et que nous savons aussi, comme le témoigne Moïse, que Dieu le père a opéré toutes choses par le Verbe fiat ; c’est-à-dire, a prononcé par la parole, et que le prononcé est resté dans le fiat, et le fiat est la sévère matrice, dans la première volonté du Père, (laquelle matrice) comprend et saisit la nature que forme l’esprit né de mercure et de l’esprit de Dieu.


Notes

[1] Balzac, Œuvres complètes, Études philosophiques, Paris Houssiaux, 1855. Ce volume comprend : La peau de chagrin, Jésus-Christ en Flandre – Melmoth réconcilié – Le chef d’œuvre inconnu, La Recherche de l’Absolu. La référence à Jacob Bœhme se trouve p. 281-282.

[2] Jacob Bœhme, De la triple vie de l’homme selon le mystère des trois principes de la manifestation divine, traduit de l’allemand par un Ph. In. (Saint-Martin) en 1793.Paris, Migneret, 1809, pp. 75-76.