1840 lacretelle t21840 - Testament philosophique et littéraire

Par Charles Lacretelle,
Membre de l’Académie française, et professeur d’histoire à la faculté des Lettres

Tome II

Paris. Librairie de P. Dufart, rue des Saints Pères, n° 1

1840

 Philosophie – Chapitre XVI

Extrait, pages 8-9 - Philosophie

C'était beaucoup compromettre le christianisme qui dans sa renaissance offrait encore quelques traces d'un état valétudinaire; mais ce ne fut pas la seule fausse direction que trois hommes si distingués lui donnèrent. Il revivait par l'amour, on l'appuya sur la terreur ; passe encore pour la crainte qui peut et doit se concilier avec l'amour. Jusque dans nos attachements profanes, ne sommes-nous pas tourmentés de la crainte de déplaire à ce que nous aimons ? Mais cette terreur qui trouble la raison, tue la liberté; qui met de niveau pour la peine la plus formidable les plus graves et les plus légères offenses, nous l'avions trop détestée sur la terre pour l'admettre facilement dans le ciel. M. de Maistre, malgré des élans de mysticité qui semblaient tenir un peu [9] du martinisme, fit gronder sur nos têtes un fatalisme sombre qui prolonge les colères de Dieu jusque sur des générations qui n'ont pas encore vu le jour, dogme destructif de toute liberté humaine. Deux récents apologistes de la religion chrétienne, MM. Duvoisin, évêque de Nantes, et M. Frayssinous, dans ses conférences aimées de la jeunesse, sans sacrifier le principe de la crainte du Seigneur, avaient fait de leur mieux pour l'adoucir et faisaient pressentir le règne d'une théologie plus bénigne et plus miséricordieuse ; l'excellent abbé Legris-Duval prêchait dans cet esprit, ou du moins je croyais ainsi le comprendre, et je disais : O Église, enfante-nous des Fénelon, des Vincent de Paule, des François de Sales, des sainte Thérèse et des Gerson; voilà les défenseurs dont a besoin aujourd'hui la cité de Dieu; voilà les plus intelligents ouvriers de la moisson céleste : que le temps des bénédictions succède à celui des anathèmes impuissants.

Chapitre XVIII – De la pluralité des mondes et des migrations des âmes

Extrait, pages 47-51 - De la pluralité des mondes et des migrations des âmes

Quoique je sois loin d'exclure la possibilité d'une vie antérieure du nombre des données conjecturales sur lesquelles la philosophie peut s'exercer, je repousse avec dégoût la métempsycose indienne transmise aux Grecs par Pythagore ; elle [48] est avilissante pour la nature humaine, elle efface la démarcation entre l'animal qui sent et l'homme qui pense. Elle n'est point une expiation, puisque la brute n'a nulle conscience d'un délit antérieur, et ne peut être humiliée du rôle plus ou moins bas qu'elle joue dans la nature. J'imagine que l'empereur Vitellius, transformé dans l'animal dont il eut les appétits gloutons, ou que Robespierre, transformé en hyène, se trouveraient fort bien dans leur nouvel état, et je ne sais par quelles bonnes œuvres ils pourraient mériter d'en sortir.

Avec tant de cieux à notre disposition, nous accommoderons-nous d'une émigration souterraine qui nous conduirait aux enfers, ou aux champs Élysées du polythéisme hellénique ou romain ? Passerons-nous au régime des ombres éternellement babillardes condamnées à n'avoir pour sujet d'entretien que ce qu'elles ont fait sur la terre ? Couchez-moi sous les plus frais ombrages des champs Élysées, j'y souffrirai comme un damné, s'il me faut toujours entendre le même récit, fût-ce de la bouche d'Homère ou d'Hérodote; autant vaudrait remplir le tonneau des Danaïdes ou tourner la roue d'Ixion. Il est vrai que les nouveaux arrivants peuvent quelque peu [49] varier l'entretien. Mais il y aura toujours un grand fonds d'ennui dans les nouvelles d'une terre à laquelle on ne tient plus. On nous parle à la vérité d'exercices et de jeux, mais demandent-ils un grand effort de vigueur et d'adresse ? quand il s'agit d'objets fantastiques, le plus faible enfant ne peut-il pas faire tous les prodiges de Milon de Crotone ?

Je n'en finirais pas si je voulais parcourir tous les paradis (car je ne veux pas parler ici des enfers), tous les paradis créés par l'imagination des peuples, des pontifes, des législateurs, des bardes et des poètes, depuis ceux de Mahomet, d'Odin et d'Ossian, jusqu'à ceux des peuplades africaines qui seront transportées dans un séjour où à leur tour elles commanderont aux blancs, ou des peuplades américaines qui chasseront dans des forêts merveilleusement abondantes en gibier.

Les matérialistes modernes et les vieux suivants d'Épicure font seuls exception à cette croyance. On sait que chez les peuples anciens, les nations peu éclairées, et même chez quelques-uns des premiers chrétiens, Tertullien entre autres, le matérialisme n'est point exclusif de l'immortalité, quoique assurément ce soit une mauvaise route pour y conduire. Quant à nos matérialistes, ils ne sont [50] pas flatteurs : les débris de notre âme, s'ils sont épargnés par les vers, feront un excellent fumier, et seront ainsi rendus au grand tout. S'accommode qui voudra de ce genre d'immortalité. J'aimerais encore mieux celle des chasseurs américains, sans avoir aucun goût pour cet exercice. Entre tous ces paradis, il y en a un qui m'est odieux, c'est celui de ces guerriers d'Odin qui passent leurs jours à couper des têtes, fidèles à renaître comme celles de l'hydre de Lerne, et à qui de révoltantes Hébés versent pour nectar le sang de leurs ennemis mêlé à l'hydromel. Vous voyez que la politique des guerriers et des conquérants déprave une sublime croyance que Dieu a mise dans nos âmes, mais qu'il est aisé de teindre des passions humaines, même les plus farouches. Le paradis de Mahomet a fait une merveilleuse fortune chez des peuples orientaux habitués à la mollesse et à la volupté. Ce ciel, transformé en bosquets délicieux et tout peuplé de harems pour les justes, ne pouvait être trop acheté; aussi a-t-il fait naître des prodiges d'enthousiasme, d'héroïsme et même de bienfaisance qui ont rajeuni le vieil orient et ont paru pendant deux siècles le destiner à l'empire du monde. Ainsi Mahomet a vaincu la mollesse par la [51] volupté. Le paradis qui satisfait le plus aux tendres sentiments du cœur, quoiqu'il soit encore trop mêlé d'images de combats, est celui dont Ossian est le chantre ou l'inventeur, si pourtant Ossian a existé. Il fait bénir à des peuples septentrionaux jusqu'aux tempêtes qui désolent, ou du moins attristent leurs contrées. Le choc le plus affreux des nuages leur fait entendre des voix chéries, celle d'un ami, d'un père, d'une compagne, d'un fils ou d'une fille qu'ils ont perdus; ces êtres sacrés viennent les consoler dans leur douleur, les inspirer dans leurs chants, dans leurs méditations, dans les résolutions qu'ils ont à prendre. Mais ils ont une fonction de plus, c'est celle d'être les puissants auxiliaires de leurs fils, de leurs frères, dans les combats qu'ils soutiennent pour leur patrie, de jeter la terreur dans les rangs ennemis, ou de lancer contre eux la foudre ; ne sent-on pas un goût de christianisme et même de martinisme dans une telle croyance ? A travers toutes ces fictions plus ou moins pauvres, vous reconnaissez que rien n'est plus inhérent au cœur et à l'esprit de l'homme que la croyance et le sentiment de son immortalité.

Chapitre XIX - Entretien avec Mme de Staël

Extrait, pages 87-89 - Chapitre XIX - Entretien avec Mme de Staël

[Madame de Staël] — « Ah ! vous voilà sur le ton de Fontenelle. Il est donc dit qu'on ne pourra plus parler des mondes sans galanterie et sans flatterie ! Mais cette incarnation nouvelle ne laisse pas que d'étonner mon imagination. Cependant en ma qualité indélébile de femme, je pourrais m'en arranger encore, pour peu qu'on me promît d'être aussi belle que madame Récamier ; mais en y réfléchissant bien, j'aimerais mieux les [88] courses libres et indéfinies d'un pur esprit. Pour moi j'en profiterais souvent pour visiter notre pauvre petite terre. On tient à sa patrie. Ulysse, fort bien traité, comme vous le savez, par deux déesses, sacrifiait tout au désir de revoir sa pauvre petite Ithaque. J'aimerais ces apparitions mystérieuses surtout, s'il m'était donné d'inspirer quelque haute pensée, quelque beau dévouement. Savez-vous que j'ai été sur le point de devenir Martiniste illuminée, et que je n'en ai été détournée que par la crainte d'un petit grain de folie. Je n'ai point connu, j'ai lu avec attrait le philosophe Saint-Martin, qui ne fut point comme on le croit le fondateur de cette secte, mais qui la protégea par un mysticisme éloquent. Vous savez combien elle fait aujourd'hui fortune en Allemagne. Saint-Martin avait fait quelques prosélytes en France. Je suis convaincu que sans la Révolution il en eût beaucoup augmenté le nombre, tant nos âmes étaient fatiguées du matérialisme. Déjà il obtenait des succès merveilleux dans une petite assemblée, j'ai presque dit une petite église de fidèles. La princesse de Bourbon y présidait, et quelques hommes éloquents, tels que MM. Bergasse et Despréménil étaient pour [89] Saint-Martin des conquêtes plus précieuses. Bernardin de Saint-Pierre aurait aidé au succès de cette mission par le charme de son style, et qui sait si moi-même dans le jeune enthousiasme qui m'avait fait écrire les lettres sur J.-J. Rousseau, je n'aurais pas été une adepte plus ou moins timide d'une doctrine si attrayante pour le cœur. Mais un charlatan, Cagliostro, s'est élancé de ses tréteaux pour pénétrer dans le sanctuaire de la petite église naissante, et l'a discréditée pour longtemps par cette fantasmagorie qui a fourni un ridicule épisode au fatal procès du Collier. Encore MM. Despréménil et Thilorier étaient-ils parvenus à inspirer un intérêt momentané pour ce fourbe, en écoutant avec crédulité et rédigeant avec un coloris assez vif les fables impudentes de ce prétendu fils d'un grand-maître de Malte, qui venait initier la jeune Europe aux secrets magiques du vieil Orient ; et tout cela se passait en France, huit ans après la mort de Voltaire. Vous voyez que le merveilleux est comme la mer qui ne quitte une plage que pour en couvrir une autre.

[Lacretelle] — « Puisque vous vous intéressez, lui dis-je, au sort de ce martinisme si malheureusement [90] compromis à sa naissance, d'un côté par un fourbe, et de l'autre par un sot, tel que son éminence le cardinal de Rohan, je vous apprendrai qu'il fleurit encore à l'écart et loin des yeux des profanes, et que sans l'aide de la fantasmagorie, il n'a point perdu le don des apparitions célestes et bienveillantes. Vous avez dû connaître le marquis de Girardin, célèbre par la création des jardins d'Ermenonville, et plus encore par l'hospitalité qu'il a donnée à J.-J. Rousseau. A la suite des mécontentements plus ou moins graves que lui ont causés les paysans d'Ermenonville, il a quitté ce séjour enchanteur pour venir habiter près de Meulan, et y a créé un jardin assez joli, mais beaucoup moins magnifique que l'autre. Une société de vieux amis, parmi lesquels sont deux dames assez âgées, l'a suivi dans cette nouvelle retraite. Je me trouvais il y a un mois (1) dans une campagne voisine de la sienne. Un notaire, presque le seul voisin qui soit admis à y pénétrer, m'a raconté les scènes à la fois bizarres et touchantes qui se passent parmi ces martinistes consommés, et sans autre magie, sans autre illusion que celle d'un sentiment exalté. Cette société intime et [91] inséparable a perdu par la mort plusieurs de ses membres fidèles ; leur couvert est toujours mis; quand on se forme en cercle leur fauteuil est toujours réservé. Au milieu du repas ou de la conversation, il arrive souvent que le faible murmure de leur voix est entendu par une seule personne qui lui répond tantôt haut, tantôt bas, ce qui ne cause pas plus d'étonnement, pas plus de distraction que si ces morts étaient au nombre des convives. Mais il est dans les bosquets des lieux privilégiés, où l'entretien mystérieux se prolonge avec plus d'amour et d'extase. Notez ce point que, suivant mon notaire, ce tête-à-tête n'a guère lieu qu'entre l'époux et sa veuve, qui n'est point jeune. Mais s'agit-il d'une délibération utile aux intérêts, même matériels de la société, chacun des intéressés est admis à entendre l'oracle aérien. Le notaire ajoute que, du haut du ciel, les intérêts de la terre sont fort bien compris et fort bien dirigés. Car il est émerveillé de la manière précise et prévoyante dont les projets de contrat lui sont soumis. Du reste, il fait, ainsi que tout le voisinage, le plus grand éloge de la bienfaisance active et judicieuse de cette société, de cette école d'amitié vraiment indissoluble.

— « Voilà qui est fort touchant, reprit madame de Staël, je ne puis le nier, et vous me donneriez presque envie d'être admise, au moins pour quelques jours, parmi ces respectables visionnaires, ces illuminés de l'amitié. Mais il en est d'une tout autre espèce. Si les passions douces et nobles peuvent inspirer de tendres illusions ou des inspirations héroïques, et par un pouvoir extraordinaire leur donner de la permanence, ces passions violentes et sombres peuvent amener des crimes qui paraîtront inspirés et conduits d'en haut. Si Jeanne d'Arc fut une illuminée sublime, Jacques Clément et tant d'autres furent des illuminés atroces. Rien de si commun que de faire servir le ciel à sa passion du moment. C'était à coup sûr une âme énergique et noble que celle du malheureux Despréménil qui fut quelque temps l'éloquent tribun de la magistrature, mais c'était aussi un esprit fort mobile. Voici quel fut un des fruits de son martinisme. Il s'imagina en 1788 avoir vu et entendu la Sainte-Vierge qui lui prescrivait de protester au parlement contre le bel édit conçu par M. de Malesherbes qui sauvait de l'illégitimité les enfants légitimes des protestants; et il protesta en effet en montrant le [93] portrait d'un Christ crucifié, et en s'écriant avec tout le pathétique d'un capucin : Ne voyez-vous pas que vous faites de nouveau saigner ses blessures ! et pourtant le sang ne se liquéfiait pas.

— « Je puis, madame, vous citer un autre exemple d'illuminisme de la même époque : Vous avez pu connaître Cazotte, ce beau, cet aimable , et depuis si malheureux vieillard. Après s'être amusé dans son bel âge à peindre dans une fiction ingénieuse le Diable amoureux, il s'imagina, je ne sais pourquoi, que le diable lui en voulait pour lui avoir donné cette forme galante, tandis qu'il aurait dû, ce me semble, lui dire grand merci. Un jour il entra tout effaré chez une dame de mes amies, madame Le Sénéchal. Il racontait une visite qu'il avait reçue le matin et qui ne paraissait nullement de nature à justifier son effroi. Cette visite était celle d'une dame très jeune et très  jolie, vêtue en taffetas couleur de rose, à la toilette de laquelle la décence n'avait pas présidé, et non moins ravissante par son esprit que par les charmes de sa personne. Elle l'accabla d'éloges passionnés. Le bon vieillard était hors de lui. Cependant il remarquait dans ses [94] yeux une pointe de malice qui ne suit pas ordinairement la volupté. De plus il observait le soin extrême avec lequel elle cachait ses pieds sous sa robe. Luttant de malice avec elle, il eut l'heureuse idée de tomber à ses pieds pour avoir le plaisir de les observer. Ils étaient fourchus ! Il se signa. Et le diable en fut pour ses frais de toilette et d'éloquence. »

Madame de Staël ne put s'empêcher de rire, mais d'un ton qui annonçait l'impatience de faire jour à ses idées, à ses sentiments :

« Ne voyez-vous pas que ces historiettes et ces bluettes nous font bien descendre de ces astres que vous me faisiez parcourir tout à l'heure, et que notre conversation en présence du Jura, des Alpes, du lac Léman et de ces mondes lumineux, prend le ton d'un souper de Paris, d'un souper d'autrefois. Le fond de ma pensée est trop sérieux pour se prêter plus longtemps à cette course légère. Je ne sais s'il est une plus grande témérité que la nôtre quand nous soulevons le voile de la mort, quand nous jouons en quelque sorte avec elle pour lui substituer les fantaisies de notre imagination. Pour moi ce mot aura toujours une solennité mystérieuse, suite de mes premières impressions. La religion [95] chrétienne nous place en quelque sorte entre l'infini des récompenses et l'infini des peines. D'un côté elle accable notre imagination par la magnificence du prix, et de l'autre elle la jette dans l'épouvante et le désespoir par l'horreur du supplice. Vous figurez-vous l'étonnement dont durent être frappés les polythéistes quand retentit parmi eux cette bonne nouvelle, cette promesse abstraite et figurée du royaume du ciel, si étrangère aux impressions des sens, aux plus délicieuses rêveries de l'imagination, et même aux sentiments qui enchantent notre vie : voir Dieu et être éternellement heureux de sa contemplation. D'où vient que des hommes, jusque dans les liens de l'ignorance, de la misère et de la servitude, et quelques-uns au sortir des liens du vice, l'aient reçue avec transport, méditée avec extase, aient sacrifié pour elle leurs biens, leurs affections et leur vie ? D'où vient que des solitaires sur des sables brûlants, dans une longue vie travaillée par des tortures de leur choix, de leur invention, aient anticipé les délices de cette contemplation céleste; que des hommes puissants, que des despotes même s'y soient sentis attirés ? D'où vient que presque tous les philosophes qui [96] surnageaient sur le chaos du monde après l'invasion des Barbares, aient si avidement embrassé un espoir auquel n'avaient pu s'élever ni Homère, ni Virgile, ni Platon, ni même Isaïe, et aient pu le faire pénétrer dans le cœur des Vandales et des Sicambres ? Ici le sublime n'est pas seulement dans la parole de Dieu, il est dans cette illumination soudaine répandue sur le monde. Il me semble qu'il était moins difficile de créer la lumière que de communiquer aux hommes une croyance si prompte, un sentiment si profond, un désir si ardent d'un tel genre de félicité. Voilà de l'optimisme au plus haut degré. Est-ce que l'imagination humaine peut aller au-delà ? est-ce que le cœur ne se sent pas embrasé d'amour pour un Dieu qui réserve de telles récompenses à de faibles vertus, et qui a daigné descendre et souffrir sur la terre pour y tendre cette chaîne qui la rattache au ciel ?

Ce système des épreuves successives et de la « transmigration des âmes dans plusieurs mondes peut bien éveiller mon esprit curieux, peut bien, suivant que je l'imagine, satisfaire à mes plus douces affections, en varier, en renouveler les jouissances; mais il met au rabais, il ajourne presque indéfiniment cette félicité céleste, il la [97] rend encore conditionnelle pour les justes, car ils peuvent succomber dans d'autres mondes, dans des épreuves nouvelles, à des séductions qui ne les auront point entraînés ici-bas ; des épreuves nouvelles ! Auriez-vous bien le courage d'en exiger pour Louis XVI sortant du martyre, et pour madame Elisabeth ?

(1) Dans l’année 1802.