1880 Ferraz T21880 - Histoire de la philosophie en France au XIXe siècle

Traditionalisme et ultramontanisme

Par Martin Ferraz, professeur de philosophie à la faculté des lettres de Lyon

J. de Maistre - De Bonald - Lamennais - Ballanche - Buchez - Baulain - Bordas-Demoulin, etc.

Paris. Librairie académie
Didier et Cie, libraires-éditeurs
35, quai des Augustins
Tome 2 - 1880

Joseph de Maistre, extraits, pages 7-8

L'immense bouleversement social dont il avait été témoin appela de bonne heure l'attention de Joseph de Maistre sur la grande question du gouvernement temporel du monde par la Providence, qui est comme le centre de toute sa philosophie. Il n'en chercha point la solution avec une anxiété douloureuse et par des procédés rigoureux : il la reçut toute faite des mains de la religion et se borna à la développer. Sa manière n'est pas celle d'un chercheur, c'est-à-dire d'un philosophe de profession : c'est celle d'un simple fidèle et d'un vrai croyant. Mais, à côté du chrétien fervent et du fils docile de l'Église, il y a chez lui un autre personnage qu'on n'a pas toujours suffisamment remarqué, je veux dire un disciple de Saint-Martin et des illuminés. Il en avait connu quelques-uns durant son séjour à Lausanne [*], il avait copié de sa main les écrits des principaux d'entre eux et les tenait pour des gens très propres à nourrir et, à entretenir le sentiment religieux dans des âmes que la Réforme menaçait de dessécher [1. Soirées de Saint-Pétersbourg, onzième entretien]. Aussi, nous dirions volontiers, si ces comparaisons n'étaient pas trop ambitieuses, que Saint-Martin a été pour lui ce que Platon avait été pour saint Augustin, et Aristote pour saint Thomas, un inspirateur fécond dont il a constamment cherché à concilier les libres et capricieuses [page 8] spéculations avec les doctrines arrêtées et immuables de l’Église.

De Maistre expose ses doctrines politiques dans ses Considérations sur la France et dans son Essai sur le principe générateur des constitutions. Il se demande d'abord quelle est la cause de la révolution et déclare avec Saint-Martin [2. Lettre à un ami sur la Révolution (1795)] qu'elle ne peut s'expliquer humainement et qu'il faut y voir le doigt de Dieu. C'est, suivant lui, un miracle aussi caractérisé dans son genre que la fructification instantanée d'un arbre au mois de janvier. La révolution, en effet, dit-il, mène les hommes plus que les hommes ne la mènent ; elle emporte dans son tourbillon, comme une paille légère, tout ce qu'on lui oppose, et personne n'a contrarié sa marche impunément. Ceux-là mêmes qui ont établi la république ont été amenés à le faire sans le vouloir, et ceux que le flot des évènements a portés au faîte de la société ont été les premiers stupéfaits de leur élévation et de leur puissance. Si tout leur a réussi, c'est qu'ils étaient les instruments d'une force qui en savait plus qu'eux ; s'ils n'ont jamais pris de fausses mesures, c'est pour la même raison que le flûteur de Vaucanson n'émit jamais de fausses notes : en un mot, c'est Dieu qui a tout conduit, sans détruire le libre arbitre de l'homme [3. Considérations sur la France, chap.1].

*C’est à Turin, en 1773, que Maistre est reçut en Maçonnerie et c’est à Chambéry, qu’il est accueilli dans la Loge Saint Jean des Trois Mortiers. En 1778, avec seize autres frères, Maistre fondent à Chambéry une loge du Rite écossais sous le nom de La Sincérité.

Pour plus d’informations, voir le dossier que nous consacrons à J. de Maistre et L.-Cl. De Saint-Martin sur le site.

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Pages 10-12

Maistre s'étudie moins à démêler les causes secondes des évènements qu'à les rattacher à la cause première. Pourquoi la France a-t-elle été abreuvée de tant de maux ? parce que, répond-il, elle a pris part directement ou indirectement à une insurrection criminelle, couronnée par un régicide. Comme la nation entière avait failli, la nation entière devait être châtiée. Voilà pourquoi les échafauds se sont dressés sur toute l'étendue de son territoire ; voilà pourquoi elle est sans cesse décimée par la guerre et continue néanmoins à braver le fer et le feu, comme si rien ne pouvait la dégoûter de son supplice. Il est vrai que, dans ces affreux cataclysmes, les innocents périssent souvent pêle-mêle avec les coupables ; mais il ne faut pas trop s'en émouvoir. C'est, en effet, selon de Maistre comme selon Saint-Martin, une des grandes lois du monde moral que l'innocence paye pour le crime. D'ailleurs tout n'est pas bien dans l'univers, comme la philosophie moderne le répète sans cesse : au contraire, tout est mal en un certain sens. Sur ce point, le publiciste savoisien s'accorde encore parfaitement avec le théosophe d’Amboise. Il n'est pas éloigné de se représenter, comme lui, l'univers entier qui peine et souffre sur son lit de douleur, par suite de [page 11] la faute primitive, comme cela ressort des paroles suivantes : « La note tonique du système de notre création ayant baissé, toutes les autres ont baissé proportionnellement, suivant les règles de l'harmonie. Tous les êtres gémissent et tendent avec effort vers un autre ordre de choses [3. Considérations sur la France, chap. III.] Le mal règne donc dans le monde. Seulement ce mal, l'Amour éternel a le secret de le transformer en bien : il sait changer en ordre le désordre lui-même.

Nous saisissons ici en quelque sorte sur le vif l'action des faits sur les idées. Cette pensée du dix-huitième siècle, jusqu'alors si amoureuse de l'expérience, se précipite avec Saint-Martin et de Maistre dans le domaine de la spéculation, sous l'influence d'évènements que l'expérience lui paraît insuffisante à expliquer ; cette philosophie optimiste pour laquelle tout, même l'homme, était bien, en sortant des mains de l'Auteur des choses, et qui croyait pouvoir transformer sans peine et sans péril les sociétés humaines, trouve, à la vue des échafauds de la Terreur, que tout est mal et que les transformations sociales souffrent bien des difficultés. L'empirisme et l'optimisme font place à l'idéalisme et au pessimisme, idéalisme et pessimisme d'un caractère élevé, mais empreints d'une singulière exagération.

Si de Maistre s'est égaré sur les pas de Saint-Martin, en attribuant un caractère miraculeux à la révolution française, il s'élève sur d'autres points, en suivant les traces du même guide, à des idées d'une haute valeur. Nous voulons parler de ses vues sur les constitutions [page 12] politiques et religieuses qui renferment, sous des formes encore un peu trop mystiques à notre gré, des vérités précieuses et incontestables : « L'homme, dit-il, peut tout modifier, dans la sphère de son activité, mais il ne crée rien : telle est sa loi, au physique comme au moral. L'homme peut sans doute planter un pepin, élever un arbre, le perfectionner par la greffe et le tailler en cent manières ; mais jamais il ne s'est figuré qu'il avait le pouvoir de faire un arbre. Comment s'est-il imaginé qu'il avait celui de faire une constitution ?... » [4. C’est presque le mot de M. Taine, qu'en fait de constitutions, la nature et l'histoire d'avance ont choisi pour nous. (Ancien régime, préface)]. Toutes les constitutions libres, connues dans l'univers, se sont formées de deux manières. Tantôt elles ont pour ainsi dire germé d'une manière insensible, par la réunion d'une foule de ces circonstances que nous nommons fortuites ; et quelquefois elles ont un auteur unique qui paraît comme un phénomène et se fait obéir ? » [Considérations sur la France, chap. VI].

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Extrait, page 16

Le droit divin, tel que de Maistre l’entend, après Saint-Martin, ne laisse pas, comme on voit, que d'avoir quelque affinité avec le droit populaire. Le vote n'y est pas, parce que notre auteur n'aime pas les procédés réfléchis et qu'ils peuvent difficilement s'appliquer à un fait aussi considérable que le déplacement de la souveraineté ; mais l'acclamation populaire y est indubitablement. Or, c'est elle qui a consacré, non moins que l'huile sainte, les Carlovingiens [sic] et les Capétiens au moyen âge, les Bourbons et les Bonapartes [sic] dans les âges modernes.

IV. La chute. Extrait, page 39

Toutes [les traditions] s'accordent à placer l'âge d'or à l'origine des choses et à nous montrer les premiers hommes en relation habituelle avec la divinité. Ces premiers hommes, suivant de Maistre comme suivant Saint-Martin, possédaient une science bien supérieure à la nôtre. Ils voyaient directement les effets dans leurs causes, tandis que nous sommes obligés de nous élever des effets aux causes par de longs et pénibles tâtonnements. Notre époque est l'ère du syllogisme ; la leur était celle de l'intuition.

Extrait, page 42

Il a raison de dire que la parole n'a pas été inventée, dans le sens propre du mot, et que les langues n'ont pas été formées de propos délibéré, par les efforts d'une réflexion savante. La faculté de parler est naturelle à l'homme, comme celle de se mouvoir et comme celle de gesticuler; il l'exerce spontanément et il ne lui a pas fallu longtemps pour en faire usage. Les peuples enfants ont réellement plus de talent pour former les mots que les peuples plus avancés, et obéissent mieux, en les formant, aux lois de la logique naturelle et de l'analogie, et il ne faut pas s'en étonner, car ils ont cela de commun avec les enfants eux-mêmes. Sur ces différents points, il a raison, comme Saint-Martin dont il s'est inspiré, contre la philosophie du dix-huitième siècle ; il revendique justement et heureusement contre elle les droits de l'instinct, qu'elle avait trop sacrifié, dans la formation des langues comme ailleurs, à l'art et à la réflexion.

V. La guerre et les sacrifices sanglants. Extrait, page 47-48

La guerre est donc divine en elle-même, puisqu'elle est une loi du monde. Elle l'est, en outre, par ses conséquences, tant générales que particulières, qui sont de l'ordre surnaturel ; car qui peut savoir les effets du sang versé sur les champs de bataille ? Mais notre siècle n'est pas mûr pour les considérations relatives au monde invisible. Laissons-lui, dit dédaigneusement notre théosophe, qui se souvient évidemment ici de Saint-Martin, laissons-lui sa physique. La guerre est divine dans la gloire mystérieuse qui l'environne et dans l'attrait inexplicable qu'elle a pour les nobles cours. Elle l'est par la manière dont elle se déclare; car ceux qu'on en regarde comme les auteurs immédiats ont souvent été entraînés eux-mêmes par les circonstances, c'est-à-dire par la main de Dieu qui brûle de châtier les habitants du monde. La guerre est divine par l'indéfinissable force qui en détermine le succès ; car il n'est pas vrai, comme on le prétend, que la victoire se range toujours du côté des gros bataillons. Le succès dépend souvent d’un mouvement d'espérance ou de crainte qui ne dépend pas de l'homme. On demandait un jour à un général ce que c'était qu'une bataille perdue : C'est, répondit-il, une bataille qu'on croit avoir perdue. - Vaincre, disait le grand Frédéric, c'est avancer. Mais quelle est l'armée qui avance, sinon celle dont la conscience et la contenance font reculer l'autre et qui se sent portée en avant, comme si elle glissait sur un plan incliné ? Les batailles je se gagnent ni ne se perdent physiquement ; c'est la force morale qui fait tout et c'est Dieu qui la donne ou la retire [5. Soirées, VIIe Entretien et Considérations sur la France, III].

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VIII. Polémique contre Bacon - Méthode - Causes Finales. Extrait, page 78

Galilée, Descartes, Pascal, Leibniz, se sont vivement préoccupés de cette question de la méthode et de ce que de Maistre appelle dédaigneusement la métaphysique de la science : cela ne les a pas empêchés, comme on sait, de montrer un certain talent pour la science. Aristote lui-même, que notre auteur admire beaucoup, n'a pas pu décrire, comme il l'a fait, les conceptions, les jugements, les raisonnements, en un mot, les diverses opérations qui entrent dans le syllogisme, sans réfléchir et sans se regarder, pour ainsi dire, opérer intérieurement: il n'en a pas moins été le premier génie scientifique de l'ancien monde. En condamnant la méthode et la réflexion, de Maistre se sépare de la tradition rationaliste pour se rattacher à la tradition mystique ; il quitte, comme cela lui arrive souvent, l'école de Descartes pour celle de Saint-Martin.

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Extrait, page 82

De Maistre se fait, il est vrai, une idée un peu humaine de l'être divin, et cela, au point qu'on l'a quelquefois accusé d'anthropomorphisme. C'est la part de la tradition dans la philosophie de ce brillant esprit, moins de la tradition catholique telle qu'elle avait été recueillie et fixée par les conciles, que de la tradition janséniste et de la tradition de la Kabbale, arrivée jusqu'à lui par Martinez et Saint-Martin. De là ce Dieu sévère qui, pareil au Jéhovah biblique, se manifeste plus par sa colère que par sa bonté; de là cette théocratie, renouvelée de la Judée autant que de la Rome du moyen âge, qu'il conçoit comme la seule autorité capable mater des êtres radicalement viciés par la chute primitive et corrompus dès le sein de leur mère; de là, en un mot, l'absolutisme religieux, avec le pessimisme métaphysique qui le justifie et lui sert, pour ainsi dire, de contrefort.

Chapitre II - De Bonald ou le traditionalisme- III. Origine du langage (suite). Extrait, page 117

Bonald accorde-t-il du moins à la raison la connaissance du bien, du beau moral, qu'on ne peut pas plus lui refuser, à ce qu'il semble, que celle du beau littéraire, puisqu'elle rentre dans la même catégorie ? Non : la raison lui paraît aussi stérile, aussi impuissante en morale qu'en métaphysique : « L'homme, dit-il, ne sait rien en morale qu'il ne l'ait appris par les oreilles ou par les yeux, c'est-à-dire par la parole orale ou écrite. » De ces vérités écrites en quelque sorte sur l'homme, suivant l'expression énergique de Saint-Martin, et que le sens moral nous atteste plus éloquemment que toute écriture, il n'en est pas question chez Bonald. Il ne croit pas plus à la morale naturelle qu'à la religion naturelle : « Laissons, dit-il, cette expression, lois naturelles gravées au fond des cœurs... ces lois que l'on croit gravées au fond des cœurs, parce qu'on ne peut se rendre compte du moment où l'instruction des leçons et des exemples en a développé l'idée. » « La religion même naturelle, dit-il encore, la connaissance de Dieu, de notre âme et ses [sic] de nos rapports avec Dieu, veut être apprise ou révélée » [6. Législation primitive, discours préliminaire].

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V. L’homme, la cause première, les causes finales. Extrait, p.162

Partant du néant de la nature humaine, Bonald ne peut rien expliquer naturellement ; partant de la nature humaine considérée au moins sous l'une de ses formes, de Maistre explique au moins une partie de la réalité, sinon la réalité tout entière. L'un tient de Condillac qui n'admet rien d'inné et de naturel, pas même l'instinct, l'autre relève de Saint-Martin qui rend compte de tout par la spontanéité et l'inspiration.

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Chapitre IV – Ballanche, ou le traditionalisme libéral. Extrait, p.270

Pierre-Simon Ballanche naquit à Lyon en 1776. Il était, comme Saint-Martin et Maine de Biran, d'une constitution naturellement débile, et les maladies dont il fut affligé, durant ses jeunes années, la rendirent plus débile encore. Il lui en resta une singulière impressionnabilité nerveuse et une sensibilité toute féminine. Dans l'intervalle de ses souffrances et durant ses souffrances mêmes, le jeune malade lisait beaucoup (ce qui lui était facile, car il était fils d'un imprimeur), et il se laissait naturellement guider, dans le choix de ses lectures, par ses dispositions intimes. Ses auteurs favoris étaient ceux en qui prédominait la sensibilité : Virgile, Fénelon, J.-J. Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre. Cependant il lut aussi un écrivain bien diffèrent, Joseph de Maistre. Les considérations sur la France le frappèrent vivement, et produisirent sur lui une impression profonde dont on retrouve la trace dans la plupart de ses ouvrages.

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Chapitre VI – Bautain et d’autres traditionalistes. Extrait, p.319-320

Un tel régime intellectuel ne pouvait se prolonger longtemps impunément. Un jour que le jeune professeur faisait sa leçon à la faculté, avec sa chaleur ordinaire, il sentit le fil de ses idées se rompre dans sa tête et s'arrêta court sans pouvoir le renouer. Il venait d'être atteint d'une infirmité cérébrale qui le condamna pour quelques mois à une triste et pénible inaction. Ce fut pendant sa maladie qu'il perdit cette confiance en soi-même et cet orgueil de la vie qui fait les chercheurs indépendants et les philosophes. Il tomba dans cet état de prostration et de découragement, que le fondateur de la Société de Jésus demandait à ceux qu'il voulait ramener à la religion, et qui implique, avec la conscience de sa propre faiblesse, le besoin de trouver au dehors une force et un point d'appui qu'on ne trouve pas au dedans de soi. Il rencontra alors dans le monde une personne déjà d'un certain âge, mais d'une rare distinction, qui joignait à une connaissance approfondie de la philosophie allemande les sentiments les plus religieux. Mlle Humann, sœur du futur ministre de Louis-Philippe, fut pour Bautain ce que Mme Bœcklin avait été pour Saint-Martin, à Strasbourg même, une initiatrice, sinon à la haute mysticité, du moins à la mysticité moyenne, et une vraie directrice de conscience. Sous cette influence féminine et presque maternelle, et sous celle d'un milieu tout chrétien auquel il ne demandait pas mieux que de s'accommoder, le jeune malade ouvrit l'Évangile et éprouva bientôt, comme un grand spiritualiste du XVIIIe siècle, mais d'une manière plus efficace [page 320] et plus durable que le saint livre parlait à son cour. Cet esprit saturé d'abstractions et fatigué de la multiplicité des systèmes, savoura avec délices ces pures doctrines qui peuvent être l'aliment des forts, comme celui des faibles, tant elles sont bien appropriées à tous les besoins de l'homme. La foi se substitua chez lui à la raison, la religion à la philosophie.

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