1936 - Annales africaines – Le Maître du secret
Revue hebdomadaire de l'Afrique du Nord
48e année – n°15-16 – Août 1936
4, rue Bourlon
Alger
John Charpentier (1880-1949) est l'auteur de plusieurs livres, Goethe (1943), Baudelaire (1937), Abeilles d’automne (1946), Le symbolisme (suivi d’un florilège des meilleurs écrivains du symbolisme), Georges Sand et la Révolution de 1848 (1936), Rabelais (1941), La peinture anglaise (1921). Il a reçu différents prix de l’Académie pour ses ouvrages : Alexandre Dumas (1949), L’ordre des Templiers (1945), Hommes de lettres et Napoléon (1936), Coleridge (1928), Théodore de Banville (1925).
Compte-rendu du livre de John Charpentier, Le maître du secret, par R. Randau.
Ce livre a fait l'objet d'un article par Michelle Nahon dans le Bulletin de la Société Martines de Pasqually n°23 (2023) : Où il est question de Martinès de Pasqually et d’élus coëns.
Le maître du secret (un complot maçonnique sous Louis XVI), par John Charpentier.
Un vol in-8° carré. Libr. H.-G. Peyre, Paris.
1er août 1936, page 250
Nous avons rendu compte, l'an dernier, d'un curieux ouvrage du même auteur sur les Grands Templiers. Ceux-ci constituaient, semble-t-il, une société fermée où l'on avait quelque tendresse pour le manichéisme, la religion des deux principes, la seule, prétendent de bons, esprits, qui rende compte de la légitimité du mal. Je m'empresse de reconnaître que les historiens hésitent quelque peu à accorder aux templiers le privilège d'avoir professé une hérésie condamnée par l'Eglise. Quoi qu'il en soit au dix-huitième siècle, nombre d'illuminés prétendirent se rattacher au Temple.
Il y eut en ce temps-là des fermentations étranges dans l'âme humaine ; les gens, éclairés, ébranlés dans les principes de la foi traditionnelle par les écrits des philosophes, avaient souvent un faible pour l'Occultisme et le mêlaient volontiers de mystique. La Rose-Croix, dont on ne sut jamais grand chose, les illuminés d’Allemagne, les cabbalistes à l’esprit fumeux, eurent des adeptes. À la même époque florissaient et se multipliaient en France les Loges maçonniques, pour la plupart créées par un maître en dehors de toute obédience régulière ; le symbolisme assez simple de la Maçonnerie, facile à comprendre par le vulgaire attirait la bourgeoisie autant que la noblesse. On y banquetait aussi souvent qu'on y pérorait, et l’autorité supérieure ne manquait point d'y avoir ses espions.
John Charpentier nous introduit dans ce petit monde qui s’agitait fort à la veille de la Révolution ; nous fréquentons avec lui dans les Sociétés de pensée où l'on parlait de liberté, d’égalité et de fraternité ; nous allons en visite chez Gazotte, dont il fait un haut initié, et nous rencontrons Claude de Saint-Martin, le philosophe inconnu. Il nous parle aussi du célèbre et assez énigmatique Martines de Pasqually.
Les principaux héros du roman, très amusant et très vivant, sont le duc de Chartres, qui deviendra plus tard Philippe-Égalité ; Marie-Antoinette, dont les imprudences provoquaient la verve obscène des chansonniers et des pamphlétaires ; et les chefs de l'occultisme français. C'est un livre qui intéressera tous les lettrés et ne manquera de plaire aux dames.
Source gallica.bnf.fr / BnF : Annales africaines – Le Maître du secret