1841 biographie universelle t41841 – Weiss – Biographie universelle

ou Dictionnaire historique contenant la nécrologie des hommes célèbres de tous les pays, des articles consacrés à l’histoire générale des peuples, aux batailles mémorables, aux grands évènements politiques, aux diverses sectes religieuses, etc.

par une société de gens de lettres, sous la direction
de M. Weiss, bibliothécaire à Besançon.

Nouvelle édition
Tome cinquième - PLU-SZY.
Paris
Furne et Cie Libraires – Éditeurs. 55, rue Saint-André des Arts.
1841 

Articles sur Saint-Martin et Martines Pasqualis

Saint-Martin

Pages 368-369Saint-Martin

SAINT-MARTIN (Louis-Claude de), dit le Philosophe inconnu, né à Amboise en 1743, d’une famille honorable, puisa de bonne heure dans la lecture du livre intit[tulé] l’Art de se connaître soi-même, par J. Abbadie, les principes de philosophie, de morale et de religion qu’il professa toute sa vie. Destiné par ses parents à la magistrature, il étudia le droit ; mais préférant la profession des armes, qui lui laissait plus de loisirs pour s’occuper de méditations, il entra lieut. dans le régim. de Foix, à l'âge de 22 ans ; mais il ne tarda pas de donner sa démission. C’est alors qu’il se fit initier à la secte dite des martinistes, du nom de Martinez Pasqualis, qui en était le chef. Il n’en adopta point entièrement les idées, mais ce fut par-là qu’il entra dans la voie du spiritualisme. Plus tard il exposa cette doctrine dans ses ouvr., et notamment dans son tableau naturel des rapports entre Dieu, l’homme, etc. Dans les associations de div. nuances qui se succédèrent à l’école de Martinez, il suivait les réunions où l’on s’occupait d’exercices qui annonçaient, suivant son expression, des vertus actives. Il regardait comme étant d’un ordre sensible inférieur celles où l’on s’occupait du magnétisme somnambulique, mais il y croyait. Il eut l’occasion de se lier avec l’astronome Lalande ; mais la différence des opinions rompit bientôt cette liaison, Il eut aussi des rapports avec J.-J. Rousseau, dont il regardait la misanthropie comme un excès de sensibilité. Pour lui, il aimait les hommes comme meilleurs au fond qu’ils ne paraissaient être. La musique instrumentale, des promenades champêtres, des conversations amicales, étaient les délassem. de son esprit, et des actes de bienfaisance, ceux de son âme. Il voyagea, comme Pythagore, pour étudier l’homme et la nature, et pour confronter lé témoignage des autres avec le sien, il n’émigra point à l’époque de la révolution, dans laquelle il reconnaissait les desseins terribles de la Providence, comme il crut voir plus tard un grand instrument temporel dans Bonaparte. Expulsé de Paris comme noble, en 1794, il revint en Touraine, où il passa les temps les plus difficiles sans être inquiété pour ses opinions, et fut désigné par le district d’Amboise élève aux écoles normales. De retour à Paris, il y publia successivem. une partie des écrits que nous indiquerons ci-après, faisant de temps à autre de petites excursions en province pour visiter quelques amis. Il mourut en 1804 au village d’Aunay (près de Paris), où il était allé voir le sénateur Lenoir de La Roche, avec lequel il était lié depuis longtemps. Saint-Martin a beauc. écrit, et ses livres ont été commentés et traduits principalement dans les langues du nord. Son but dans tous ses ouvrages est non seulem. d’expliquer la nature par l’homme, mais de ramener toutes nos connaissances au principe dont l’esprit humain peut être le centre. Il s’efforce de démontrer que le spiritualisme n’est pas simplem. la science des esprits, mais celle de Dieu. Voici la liste de ses ouvr. : Des erreurs et de la vérité, etc., Édimbourg (Lyon), 1775, in-8 : c’est le premier et le meilleur de tous ses écrits ; la métaphysiq. n’en est pas très claire, et ce fut peut-être par cela même que ce livre lui fit beaucoup de partisans ; une suite publ. en 1782, in-8, a été signalée par Saint-Martin comme frauduleuse. — Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l’homme et l’univers, 1782, in-8, trad. en allem. ainsi que le précéd. —L’homme de désir, 1790, in-8; nouv. édit., revue et corrigée, 1802, in-12. — Ecce homo, 1796, in-12. — Le nouvel homme, 1796, in-8. — De l’esprit des choses, ou Coup d’œil philosophique sur la nature des êtres, etc., 1800, 2 vol. in-8. — Lettre à un ami, ou Considérations politiques, philosophiq. et religieuses, sur la révolution française, 1795, in-8. — Éclair sur l'association humaine, 1797, in-8. — Réflexions d'un observateur sur la question proposée par l’Institut : Quelles sont les institutions les plus propres à fonder la morale d’un peuple ? 1798, in-8. — Discours en réponse au citoyen Garat, professeur d’entendement humain aux écoles normales, sur l’existence d’un sens moral, etc. dans la Collection des débats des écoles normales, tome III. — Essai sur cette question proposée par l’Institut : Déterminer l’influence des signes sur la formation des idées ? 1799, in-8. —Le Crocodile, ou la Guerre du bien et du mal, etc., poème épico-magique en CII chants, etc., en prose mêlée de vers, 1799, in -8. — Le ministère de l'homme-esprit, 1802, 3 part. in-8 ; trad. de J. Bœhm, formant à peu près le tiers des Œuvres de cet illuminé. Ses Œuvres posthumes, 1807, 2 vol. in-8. M. Gence a publié en 1824 une Notice biographique sur Saint-Martin, in-8 de 28 pag.

Martinez Pasqualis,

Page 76Martinez Pasqualis

MARTINEZ (PAQUALIS), chef de la secte des martinistes, a été souvent confondu avec son disciple principal, Saint-Martin. On n’a jamais su précisément quelle était sa patrie : seulement, d’après son langage, on a présumé qu’il était Portugais, et même Juif. Il s’annonça, en 1754, par l’institution d'un rite cabalistique d’élus, dit cohens (en hébreu, prêtres), qu’il introduisit dans quelques loges maçonniques de France, notamm. à Marseille, à Toulouse et à Bordeaux. Après avoir professé quelq. Temps sa doctrine à Paris, il quitta soudain cette ville, s’embarqua vers 1778 pour St-Domingue, et termina au Port-au-Prince, en 1779, sa carrière théurgique. Ses écrits et ceux de ses élèves donnent lieu de croire que sa doctrine est cette cabale des Juifs, qui n’est autre que leur métaphysique, ou la science de l’être, comprenant les notions de Dieu, des esprits, de l’homme dans ses divers états.