Puysegur 17861786 - Puységur - Magnétisme animal

Armand Marie Jacques de CHASTENET, Marquis de Puységur (1751-1825),

Mémoires pour servir à l'histoire et à l'établissement du magnétisme animal,

Londres, 1786, p. 103-112, 129.

Dans ces passages que nous reproduisons du livre de Puységur, Louis-Claude de Saint-Martin participe à ces séances de magnétisme animal au château de Busancy et signe les certificats par son paraphe et sa signature.

Le dernier extrait (p. 129) porte un témoignage intéressant sur la pratique de notre Philosophe inconnu qui participe à un soin de magnétisme animal : « M. de Saint - Martin & mon frere joignoient leurs soins aux miens » [orthographe originale].

Mémoires pour servir à l'histoire et à l'établissement du magnétisme animal

Acte de notoriété du 18 Novembre 1784, p.103-105

[orthographe originale]

CE JOURD'HUI dix-huit Novembre mil sept cent quatre-vingt-quatre, avant midi;

Par devant le notaire du roi résidant à Soissons, soussigné, en présence des témoins ci-après nommés;

Sont comparus M. Louis-Claude de Saint-Martin ancien officier au régiment de [p.104] Foix, demeurant ordinairement à Paris de présent au château de Buzancy, près Soissons ;
Sieur Jean-Jacques Boileau, peintre demeurant aussi ordinairement à Paris, de présent audit Buzancy;
Sieur Louis-Emmanuel Hivart, brigadier des fermes du roi, demeurant à Soissons actuellement audit Buzancy ;
François Ribault, Jean Chervie, & Pierre Garré, tous trois garçons majeurs, demeurant au château dudit Buzancy:

Lesquels ont déclaré, certifié & attesté pour vérité, que le nommé Philippe Hubert VỊĖLET, ancien garde-chasse & maître d'école de la paroisse d'Espiés près Château-Thierry , demeurant audit Espiés, actuellement au château dudit Buzancy, le jour d'hier dix-sept du présent mois de Novembre, à neuf heures trois-quarts du soir RENDU le dépôt par évacuation de bas, qu'il avoit annoncé par son écrit daté du seize dudit présent mois : ledit écrit, & un certificat y joint, déposés à M. Rigault, notaire soussigné, présence des témoins y dénommés, ledit jour, & contrôlé.

De laquelle déclaration lesdits sieurs COMPÅRANS en ont requis acte audit notaire soussigné, présens lesdits témoins , à eux octroyé, pour servir & valoir à qui il appartiendra, en tems & lieu, ce que de raison. Fait & passé au château dudit Buzancy, en une salle salle, ayant deux croisées sur la cour , par devant moi notaire soussigné, en [p.105] présence d'Antoine Poltron, jardinier, & de Louis Burguet, maréchal ferrant, tous deux demeurant audit Buzancy, temoins à ce appelés & mandés, l'an & jour susdits, ont signé, sauf ledit Pierre Garré, qui a déclaré ne savoir écrire ni signer, de ce interpelé, à la minute des présentes, demeurée à M. Rigault, notaire, & contrôlé à Soissons , le 18 Novembre 1784, par Tapin, qui a reçu quinze sous. Signé Rigault.

Acte de dépôt du 18 Novembre 1784, à la réquisition de Philippe Hubert Viélet, p.105-109 [orthographe originale]

CE JOURD'HUI dix-huit Novembre mil sept cent quatre-vingt-quatre, avant midi ;

LE NOTAIRE du roi résidant à Soissons soussigné, étant ledit jour au château de Busancy près Soissons , auroit été mandé par Philippe Hubert Viélet, ancien garde-chasse & maître d'école, demeurant à Espiés près Château-Thierry, de présent audit château de Buzancy, pour constater la guérison d'une maladie dont il est attaqué depuis quatre ans.

Lequel desirant faire le dépôt d'un écrit par lui fait de sa main & signé de lui, & d'un certificat attestant ledit écrit; pourquoi il a requis MR. Rigault, notaire soussigné, assisté & en présence des témoins ci-après nommés, d'annexer & déposer au nombre de ses minutes ledit écrit signé dudit Viélet, [p.106] daté du 16 Novembre présent mois ; contenant deux pages, commençant par ces mots, Rapport, & finissant par ces mots, c'est en conséquence de ce fait que j'ai écrit ceci, étant dans mon lit, en crise magnétique, ce jourd'hui 16 Novembre 1784, & signé enfin Viélet, avec paraphe ; observant qu'à la treizieme ligne de la premiere page, se trouve écrit entre la ligne douzieme, & celle treizieme, le mot ma ; qu'à la quatorzieme il y a un renvoi en marge, où sont écrits ces mots, produit par les travaux & les chagrins : à la ligne vingt-cinq, au renvoi entre lignes, portant ces mots, avec affection hypocondre, & à la ligne trente-quatre de la susdite premiere page, se trouve ajouté entre ligne ces mots, ce dernier ; qu'à la ligne vingt-cinq de la seconde page, moitié de la ligné barrée, & la vingt-sixieme ligne, le quart de ladite ligne aussi barrée : ledit certificat écrit sur la premiere page d'une feuille de papier commun, contenant dix-neuf lignes & cinq mots, sans aucunes ratures ni renvois, commençant par ces mots : Nous Soulignés, reconnoissons avoir lu, dans la matinée, aujourd'hui seize Novembee 1784, écrit signé Viélet, daté du 16 dudit jour, contenant deux  pages, & finissant par ces mots au château de Buzancy, chez M. le marquis de Puységur, le 16 Novembre 1784, signé enfin, Mignot, chartraire de Bourbonne, comtesse d'Avaux ; le marquis de Puységur ; Comte Maxime de Puységur ; Saintes-James , marquise de Puységur ; Saint-Martin ; Boileau ; [p.107] Moreau, ancien curé de Buzancy ; Duval, curé de Buzancy, & Chevalier, fermier à Bupancy. Ledit écrit & ledit certificat contrôles audit Soissons, ce jourd'hui par Tapin après avoir été dudit Viélet certifiés véritables, &, à sa réquisition, cotés, signés & paraphés, en toutes les pages, des notaires & témoins soussignés ; duquel dépôt il en a requis acte, à lui octroyé, pour lui servir & valoir, & à qui il appartiendra, en tems & lieux, ce que de raison. Fait & passé au château dudit Buzancy, en une salle basse ayant deux croisées sur la cour, pardevant moi notaire soussigné, & lesdits sieurs témoins, à la minute demeurée à MR. Rigault, notaire , & contrôlée à Soissons, ledit jour 18 Novembre 1784, par Tapin , qui a reçu quinze sous.

Vient ensuite l'acte de Viélet, signé de lui, avec paraphe, contrôlé audit Soissons le 18 Novembre 1784, par Tapin, qui a reçu quinze sous.

Certifié véritable par ledit Philippe Hubert Viélet, au desir de l'acte de dépôt reçu par le notaire du roi résidant à Soissons, soussigné, en présence des sieurs témoins y dénommés ce jourd'hui dix-huit Novembre 1784. Signé Viélet, avec paraphe, Saint-Martin, Boileau, & Rigault, avec paraphes.

NOUS SOUSSIGNÉS, reconnoissons avoir lu, dans la matinée aujourd'hui seize Novembre mil sept cent quatre-vingt-quatre, un écrit signé Viélet, daté du 16 dudit mois, contenant deux pages, dans lequel cet homme [108] déclare qu'il n'a pu jusqu'au moment où il écrit, 16 du même mois, six heures & demie du matin , déposer affirmativement en quel tems il rendroit le dépôt qu'il a actuellement au pilore de l'estomac , mais annonce que demain 17, entre neuf & dix heures du soir, il en rendra la plus forte partie par évacuation ; que s'il a le bonheur de vomir le surplus partira aussitôt : dans le même écrit cet homme rend compte des diverses sensations qu'il a éprouvées & qu'il éprouve dans l'état de crise magnétique où il a passé la nuit, & où il est encore dans l'état présent, comme chacun de nous l'A VU avant de signer. CERTIFIONS en outre que le nommé Malaisé, qui a couché dans sa chambre, a assuré l'avoir entendu ÉCRIRE deux heures avant le jour , & le tout sans lumiere.

Au château de Buzancy, chez M. le marquis de Puységur, le seize Novembre mil sept cent quatre-vingt-quatre. Signé Mignot, Chartraire de Bourbonne, Comtesse d'Avaux ; le marquis de Puységur ; Comte Maxime de Puységur ; Sainte-James, marquise de Puységur ; Saint-Martin ; Boileau; Moreau, ancien curé de Buzancy ; Duval, curé de Buzancy ; & Chevalier , fermier à Buzancy. Contrôlé à Soissons le 18 Novembre 1784 par Tapin, qui a reçu quinze fous.

Certifié véritable par ledit Philippe Hubert Viélet, au desir de l'acte de dépôt reçu par le notaire du roi résidant à Soissons, soussigné, en présence des sieurs témoins [p.109] y dénommés, cejourd'hui 18 Novembre 1784. Signé Viélet, avec paraphe, Saint-Martin, Boileau, & Rigault, avec paraphes.

Certificat que m’a apporté la malade ci-après [p.120]

Les pages suivantes (120-129) décrivent ce qui s’est passé pour Marie-Louise Bardoux, femme de Jean-Louis Métivier. Un certain Joly, ami de Puységur, venu se faire magnétiser et faire une cure, a soigné en état de somnambulisme la femme de Mérivier :

« Le jeudi , à huit heures du soir, sa crise convulsive lui prit comme il l'avoit annoncé. D'après les avis d'autres malades en crises, il ne falloit le laisser à l'air qu'un quart d'heure environ, après quoi l'apporter auprès d'un bon feu, & l'y retourner à mesure que la détente s'opéreroit ; ce qui a été exécuté : comme il conservoit sa connoissance entiere il pouvoit aussi faire un petit geste de tête pour indiquer le besoin de l'air ou du feu, & avec beaucoup d'attention on le satisfaisoit à point nommé : cette crise fut tout aussi douloureuse mais moins longue que celle de la veille ; il fut ensuite magnétisé, & tomba dans l'état de somnambulisme.

M. de Saint - Martin & mon frere joignoient leurs soins aux miens. Une fois dans l'état de crise nous lui demandâmes de ses nouvelles : il ne nous satisfit point par ses réponses comme il avoit fait la veille ; car il nous dit qu'il ne prévoyoit pas pouvoir guérir de cette maladie-là, que dans la crise du mardi il craignoit bien de mourir ; il ajouta que dans la crise du samedi il y verroit plus clair, & pourroit nous dire positivement ce qu'il en seroit, Nous le fîmes ensuite écrire; j'étois bien aise [130] de pouvoir au moins, par un écrit, prévenir le blâme qu'un événement fâcheux auroit pu jeter sur le magnétisme animal.