Année 1858
– Bouillet - Dictionnaire universel - Martinez Pasqualis, Saint-Martin
– Cuvier - Lettres de Georges Cuvier à C.M. Pfaff3
– Dictionnaire encyclopédique usuel – Article Saint-Martin
– Baudrillart – Études de philosophie morale et d'économie politique
– A. Erdan - La France Mystique
– M. Forgame - De l'influence de l'esprit philosophique et de celle des sociétés secrètes sur le XVIIIe et le XIXe siècle.
– Journal du magnétisme
– Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration
– Pradié - Le philosophe
– Revue de l'Instruction publique - Compte-rendu du livre : Lettres de Georges Cuvier à Pfaff New
– Stourdza – Œuvres posthumes
– Vapereau − Dictionnaire universel des contemporains - Article Caro
Publié le 27 avril 2021 - Mise à jour le 17 décembre 2021
1858 – Bouillet - Dictionnaire universel
Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Contenant 1° l’histoire proprement dite ; 2° la biographie universelle ; 3° la mythologie ; 4° la géographie ancienne et moderne.
Par M.-N. Bouillet
Ouvrage approuvé par le Conseil de l’Université et par Mgr l’Archevêque de Paris.
Nouvelle édition (quatorzième), revue, corrigée, et autorisée par le Saint-Siège et augmentée d’un supplément
Deuxième partie
Paris. Librairie de L. Hachette et Cie, rue Pierre Sarrazin, n° 14 (près de l’école de Médecine) - 1858
Article Martinez Pasqualis, page 1139
Martinez Pasqualis, chef de la secte dite des Martinistes. On présume qu’il était Portugais et Juif. Il institua en 1754 un rite cabalistique qu’il introduisit dans quelques loges maçonniques de France, notamment à Marseille, à Toulouse et à Bordeaux. Après avoir prêché aussi sa doctrine à Paris, il quitta soudain cette ville, s’embarqua pour Saint-Domingue, et termina au port au Prince, en 1779, sa carrière théurgique. Il eut entre autres disciples le célèbre Saint-Martin.
Article Martinistes, page 1139
Martinistes, secte d’illuminés, qui avait pour chef Martines Pasqualis, et pour principal adepte Saint-Martin. (Voy. ces noms).
Bouillet - Dictionnaire universel - Article Martinez Pasqualis
Article Saint-Martin, p.1567-1568
SAINT-MARTIN (L.-Claude DE), dit le philosophe inconnu, célèbre théosophe, né en 1743 à Amboise, d’une famille noble, embrassa la profession des armes, se lia avec quelques mystiques pendant qu’il était en garnison à Bordeaux, et quitta bientôt le service pour se livrer tout entier à ses nouvelles idées. Il s’attacha successivement aux nouvelles doctrines de Martinez Pasqualis, de Swedenborg, puis se créa un système à lui, qui consistait en un spiritualisme pur. Il se fixa à Paris, et s’y vit recherché par [1568] les plus grands, personnages ; il partageait son temps entre la société, la composition de ses écrits, la propagation de ses doctrines, et l’exercice de la bienfaisance. Il mourut en 1803 au village d'Aunay près de Paris. Ses principaux écrits, qui tous parurent sous le voile de l’anonyme, sont : Des erreurs et de la vérité (1775) ; Rapports entre Dieu, l’homme et l’univers (1782) ; l’Homme de désir (1790) ; le Ministère de l’Homme-Esprit (1802). Il a en outre traduit plusieurs écrits de Bœhme. Son but constant était d’élever l’âme de la contemplation de l’homme et de la nature à leur principe commun, Dieu. La plupart de ses ouvrages sont écrits dans un style énigmatique qui les rend inintelligibles pour le vulg. On doit à M. Caro un Essai sur la Vie et la doctrine de St-Martin, 1852.
Dictionnaire universel - Article SAINT-MARTIN
1858 – Cuvier - Lettres de Georges Cuvier à C.M. Pfaff
Lettres de Georges Cuvier à C.M. Pfaff sur l'histoire naturelle, la politique et la littérature, 1788-1792
De Georges Cuvier
Traduites de l’allemand par Louis Marchant, docteur en médecine
Paris. Librairie Victor Masson, place de l’École de médecine - 1858
Lettre IV – Caen, le 14 octobre 1788. Extrait, pages 63-67
Je veux te parler d'un livre qui, s'il n'est pas nouveau (il a été imprimé en 1782), n'en est pas moins rare et curieux. Tu as peut-être entendu parler des Martinistes ? C'est une secte de rêveurs qui depuis quelques années se glissent partout et savent surtout en imposer aux grands seigneurs de la façon la plus impertinente. Cagliostro appartient à cette secte. Le [64] cardinal de Rohan et le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume, en sont les plus notables adhérents. Leur système est contenu dans ce livre dont voici le titre : Des Erreurs et de la Vérité, ou les Hommes rappelés au principe de la Science, par un Ph. inc. 1782. Écoute maintenant cette enfilade d'absurdités : Après un long bavardage rien moins que philosophique, sur notre mauvais état, sur le bon et le mauvais principe, il en vient à la cause de ce malheur. Le nombre de l'homme, lorsque Dieu le créa, était 4 ; maintenant il est tombé à 9, et pour que l'homme redevienne heureux, il faut qu'il remonte à ce nombre 4. En voici la preuve : le nombre de la périphérie du cercle et de chaque ligne courbe est 9; le nombre du rayon et de chaque ligne droite est 4; or, s'il n'y avait pas de périphérie, le rayon pourrait être prolongé à l'infini; et, de même, notre esprit n'aurait pas de bornes, si nous n'étions pas à 9. Mais ce qu'il y a de mieux, c'est la preuve de ces nombres, la voici : Une périphérie est pour ainsi dire un zéro (0), car l'un et l'autre sont ronds; au milieu se trouve le centre qui est simple et partant égal à 1 ; or, 1 et 0 font 10, par conséquent chaque cercle est égal à 10. Pour avoir la valeur de la périphérie, il faut soustraire la valeur du centre de la valeur du cercle entier; et comme 10 — 1=9, qui peut douter que le nombre de la périphérie ne soit égal à 9 ? Q. E. D. Tu ne croiras jamais qu'on puisse écrire de pareilles niaiseries; mais ce n'est encore rien; continuons. Pourquoi le nombre du rayon est-il égal à 4? Le voici : le rayon est le côté d'un triangle qui peut être inscrit dans un cercle; pour le calculer il faut faire un triangle. Or tout triangle, comme chacun sait, = 3; si à ce nombre on ajoute le centre qui est égal à 1, on a le résultat suivant : le rayon= 3+1=4. Ce qui est encore plus fort, c'est la démonstration destinée à prouver qu'il est nécessaire que dans chaque cercle il y ait 360 degrés. On peut inscrire dans [66] chaque cercle six triangles à côtés égaux. Chacun de ces triangles = 3, posez donc 3; et comme il y a six de ces triangles, écrivez 0, ce qui fait 36. En troisième lieu vient la périphérie qui, comme nous l'avons vu, = 0, ce qui fait 360. Q. E. D. — Eh bien! qui osera soutenir que le nombre 360 était arbitraire? Les principes de physique sont de la même force ; il n'admet que trois éléments, parce que tout au monde procède par trois, car autrement tout serait éternel, parce que le nombre quatre est invariable à cause de sa perfection. Ces trois éléments sont le feu, l'eau et la terre, ou, ce qui revient au même, le soufre, le sel et le mercure. Le soufre et le sel sont ennemis, mais le mercure les unit et les combine en les séparant l'un de l'autre, etc. C'est ce singulier répertoire de contre-sens que les Martinistes regardent comme leur Bible. Chacun d'eux travaille à le comprendre et ils traitent de profanes ceux qui l'estiment à sa juste valeur, c'est-à-dire comme le produit d'un cerveau brûlé. Je ne l'aurais jamais cru si je ne l'avais vu. Un officier du régiment de la ville qui l'étudiait avec soin en est devenu fou. Un jour qu'il était à l'église, il se jette la face contre terre, et reste un quart d'heure dans cette situation ; en sortant il rencontre le marguillier; il le prend pour saint Pierre et lui donne trois francs. Il prend une mendiante pour la sainte Vierge et lui donne six francs. A la fin, il prend un mendiant pour Jésus-Christ et lui donne sa montre. Le mendiant voit bien ce qu'il en est et porte la montre chez le colonel, qui fait conduire l'officier dans sa chambre avec ordre de l'y garder à vue. Celui-ci reste pendant trois heures sans connaissance, et à son réveil il s'écrie : J'étais à la messe à Rouen. Peu après il devient furieux, et crie : Me voilà à 4! Quoique à 4, il se serait jeté par la fenêtre, si quatre soldats vigoureux ne l'avaient retenu. Voilà les effets du défaut d'instruction; s'il avait eu seulement dans la tête un grain de logique ou de géométrie, [67] M. Martin n'aurait pas agi sur lui. — Tout ce que je viens de te raconter est la pure vérité. J'ai lu ce livre, et ces faits m'ont été racontés par le capitaine de Surville, témoin oculaire et homme d'une instruction rare pour un militaire.
Adieu cher ami, je t'aime pour la vie.
CUVIER.
1858 - Lettre IV – Caen, le 14 octobre 1788
Lettre XV. Caen, le 22 septembre 1789. Extrait, page 118
A. Politique. — J'ai seul jusqu'à présent fait tous les frais de cet article; occupe-t'en donc davantage, mais sans donner autant de place à la guerre; à cet égard, les gazettes m'en apprennent assez. J'aimerais mieux que tu me fisses connaître les cours allemandes, surtout celle de Berlin; des nouvelles détaillées sur le Martinisme, le Cryptocatholicisme, etc., me seraient agréables; vous êtes sur un excellent théâtre, et de telles doctrines ont souvent la plus grande influence sur la marche de la politique, aussi sont-elles excessivement intéressantes pour l'observateur: pour preuve, je pourrais te faire voir quelle influence la philosophie de Rousseau et celle de Voltaire ont eue sur les événements actuels de la France. Je ne sais pas non plus suffisamment les suites des dissensions de votre archevêque avec la cour de Rome.
1858 - Cuvier - Lettre XV. Caen, le 22 septembre 1789.
1858 - Dictionnaire encyclopédique usuel – T. II
Dictionnaire encyclopédique usuel.... Tome 2 / publié sous la direction de Charles Saint-Laurent
Auteur : Léonce de Lavergne, (1809-1880)
Paris Lacroix-Comon - 1858
Article Saint-Martin, p. 1229-1230
SAINT-MARTIN (Louis-Claude de), dit le Philosophe inconnu, né à Amboise en 1743, après avoir fait de brillantes études, entra à vingt-deux ans comme lieutenant dans le régiment de Foix. Né avec un esprit contemplatif et porté à la méditation, il se fit initier à une secte de théosophes qui avait pour chef Martinez Pasqualis. Il [1230] s'attacha ensuite aux doctrines de Swedenborg. Il vint à Paris vers 1780, abandonna l'état militaire afin de se livrer à ses études mystiques. Il se lia avec le duc d'Orléans et d'autres personnages distingués. Il parcourut ensuite la France, l'Allemagne, l'Angleterre et l'Italie, dans le but de faire des adeptes à sa doctrine. Après 1794, il fut nommé professeur aux écoles normales par le district d'Amboise. Il mourut en 1803. La philosophie de Saint-Martin fut un mysticisme tout spiritualiste; son but est d'expliquer la nature par l'homme, et de ramener la nature et l'homme à leur principe, qui est Dieu. On a de lui un grand nombre d'écrits mystiques où il explique sa doctrine.
Dictionnaire encyclopédique usuel – T 2 - Article Saint-Martin
1858 - Baudrillart – Études de philosophie morale et d'économie politique
Études de philosophie morale et d'économie politique par M. Henri Baudrillart, Rédacteur en chef du Journal des Économistes
Tome I - Paris. Guillaumin et Cie., libraires, Éditeurs du Journal des Économistes, de la Collection des principaux Économistes, du Dictionnaire de l’Économie politique, etc. etc., rue Richelieu 14. 1858
Philosophie morale de M. Victor Cousin. Extrait, pages 455-4456
Du rôle de la philosophie à l’époque présente - Philosophie morale de M. Victor Cousin – 1850
Traduit en plusieurs langues et reproduit par les journaux du temps, critiqué leçon par leçon, soumis, comme l'eussent été des discours politiques, à la double épreuve de la censure des feuilles révolutionnaires et des feuilles ultra-monarchiques et religieuses, objet enfin de réfutations et de commentaires plus purement philosophiques, le cours de 1828 [de Victor Cousin] est trop connu pour que nous en présentions l'analyse. Je remarquerai cependant qu'il fut, par la nature même des sujets, une grande innovation dans la philosophie française. Un seul homme (je ne parle pas de Saint-Martin, le philosophe inconnu) avait touché hardiment à ces grandes thèses vivantes de l'histoire, seules capables de captiver un public habitué [456] longtemps aux grands spectacles, et cet homme était un ennemi des philosophes et des temps nouveaux, Joseph de Maistre, dans ses Soirées de Saint-Pétersbourg. L'âme de Joseph de Maistre a ressenti profondément le contre-coup des révolutions qui ont ébranlé et changé la face du monde ; c'est par là que, bien qu'il nous heurte et nous choque à tout instant, il nous intéresse si fortement.
Philosophie morale de M. Victor Cousin.
1858 – A. Erdan - La France Mystique
La France mystique - Tableau des excentricités religieuses de ce temps - Jacob Alexandre André Erdan
2e édition avec portraits, revue par l’auteur et augmentée d’une nouvelle préface, par Charles Potvin (1ère édition 1855)
Tome premier - Amsterdam. R. C. Meljer, Librairie étrangère - Vijgendam, J 628 - 1858
II – Le magnétisme magique et mystique - Extrait, page 43
On voit tout de suite que M. Cahagnet a exploré les mystères du magnétisme, surtout au point de vue religieux et sentimental. Il ne fallait, pas croire cependant que c'est un sectaire. Il est fort large dans ses conceptions religieuses. Il ne croit pas que Dieu puisse être expliqué à la manière des dogmatistes. Dans tous les cas, il veut voir en lui un père et non un maître: « Parler de sa bonté, dit il, bien ! mais de sa colère, c'est nous l'assimiler. » Quant aux religions positives, il en admet le côté humain, bienfaisant, consolant, et en rejette toutes les prétentions orgueilleuses et anti-humanitaires, toutes les duretés, toutes les chimères qui ne peuvent avoir aucun résultat utile pour le bien individuel ou social.
C'est vous dire que M. Cahagnet est un spiritualiste libre, de l'école de Swedenborg, de Saint- Martin, et de tous les mystiques qui ont quelque affinité avec la protestation universelle des cent dernières années contre le formalisme des cultes officiels. De plus, M. Cahagnet est, dit-on, et la chose se vérifie par son ouvrage, un homme de progrès et de démocratie.
Maintenant, comment M. Cahagnet est-il arrivé à ces hautes convictions spiritualistes dont il parle ? Voilà ce que nous allons vous faire voir en vous rendant un compte succinct de ses travaux, M. Cahagnet a eu sous son pouvoir huit somnambules qui, suivant lui et ses amis, étaient extrêmement lucides, et qui, mis en rapport direct avec les âmes des défunts, donnaient des notions précises de leur état, de leur forme et de leurs occupations dans l'autre vie. Vous connaissez Swedenborg et ses visions bizarres ? Mettez Swedenborg, moins l'élévation, la science et la poésie relative que nous avons signalée, dans la bouche de divers sujets magnétiques pris en général dans la classe illettrée, vous aurez Cahagnet et ses Arcanes.
Le magnétisme magique et mystique
Le Cheneau sérieux - Extrait, page 190
Sérieux ? ... Est-il bien permis d'employer une telle expression après ce qui vient d'être lu, après des récits d'un ridicule si profond, qu'il en est amer, et que moi tout le premier, qui avais commencé avec l'intention de rire et de faire rire, je me suis senti tout attristé de toucher à de pareilles choses.
Et pourtant, c'est vrai, dans cette vase, dans cette boue ézéchiélo-swedenborgienne, il y a quelques perles, jetées çà et là et comme perdues, dans cette tête détraquée, on entend passer, parfois, le souffle de l'esprit nouveau.
Cheneau, qui tient beaucoup à être regardé comme un homme religieux et rempli d'aspirations célestes, ou, suivant son langage, emprunté à saint Martin, comme un homme de désir, est aussi, et peut-être avant tout, un homme de liberté. Dans son fatras, on trouve quelques mots heureux inspirés par le vif sentiment qu'il a des droits de la conscience individuelle. Dans les diligences, où il se plaisait à provoquer les ecclésiastiques voyageurs à des discussions théologiques, il insistait toujours sur l'indépendance de l'esprit: « Il est fâcheux, disait-il à un prêtre avec lequel il avait lié conversation, que vous ayez vendu votre liberté individuelle pour le nom d'abbé et pour une soutane » ; de quoi, comme on le pense bien, l'ecclésiastique, qui peut-être ne méritait pas personnellement cette sortie, ne fut nullement flatté. Il se faisait même des affaires désagréables par cette franchise souvent inopportune. Une fois, des prêtres qu'il avait ainsi provoqués, en voiture publique, voulaient lui imposer silence : « Oh! vous m'entendrez, s'écria-t-il, sur la nouvelle confession et sur le nouveau baptême ; car, remarquez-le bien, en parlant, je ne retarde pas la diligence, et puis, d'ailleurs, vous qui prêchez jusque par votre habit, vous pouvez bien m'accorder le droit de prêcher de bouche. »
La France Mystique - Le Cheneau sérieux
1858 - Formane - De l'influence de l'esprit philosophique
M. Forgame - De l'influence de l'esprit philosophique et de celle des sociétés secrètes sur le XVIIIe et le XIXe siècle.
Paris. Chez Dentu, libraire éditeur, Palais Royal, 13, galerie d’Orléans
1858
Chapitre XIV – Congrès à Wilhelmsbad. Illuminés théosophes. Swedenborg - Extrait, pages 140-141
Chapitre XV. Les Martinistes - Pages 143-146
Le système religieux de M. de Saint-Martin se composait d'un être premier, unique, universel, sa cause à lui-même, et source de tout principe; il produisait un nouvel être de la même substance que lui-même : bon d'abord mais qui devenait méchant et ne voulait que le mal. Le principe bon, malgré sa toute-puissance, ne pouvait former ni le monde, ni aucun être corporel sans la participation du mauvais principe ; l'un agissait, l'autre réagissait; ces combats perpétuels formèrent la terre et les corps. Dans ces temps antiques l'homme existait sans enveloppe matérielle ; cet [144] état était bien préférable à celui où il se trouve maintenant ; mais il abusa de la liberté, il s'écarta du centre où le bon principe l'avait placé ; alors il eut un corps, et ce moment fut celui de sa chute : cependant comme il avait conservé quelque dignité dans son état d'abaissement, saint Martin enseignait qu'il redeviendrait un jour ce qu'il était avant les germes et les temps, qu'il s'était égaré en allant de quatre à neuf, qu'il se retrouverait en retournant de neuf à quatre.
Lire la suite sur le site : M. Forgame - De l'influence de l'esprit philosophique
1858 - Journal du magnétisme
Journal du magnétisme - Par une Société de magnétiseurs et de médecins sous la direction de M. le baron [Jules] Du Potet
Tome dix-septième – 2e série - Bureaux : rue du Beaujolais, 5 (Palais-Royal) - 1858
Bibliographie - Article de L[éonce de] Lamothe - Extrait, page 139
Pneumatologie positive et expérimentale. — La réalité des esprits et le phénomène merveilleux de leur écriture directe, par le Baron L. De Guldenstubbé (Paris. De Franck, libraire, rue Richelieu, 67).
… L'auteur termine le chapitre sur l'immortalité de l'âme en rapportant les opinions des stoïciens et des bouddhistes, selon lesquels l'âme, après plusieurs incarnations successives, irait s'abîmer en Dieu, où elle finirait par perdre toute personnalité ; puis il s'arrête. Nous lui demandons encore de s'expliquer ; car, de nos jours, ces questions sont trop vitales pour qu'il soit permis, après les avoir soulevées, de s'effacer. M. de Gultdenstubbé reviendra, nous n'en doutons pas, sur le terrain pour les vider et donner son dernier mot. Et il en profitera pour reprendre ses études au point où il les a laissées, et pour les prolonger dans le moyen-âge, la renaissance et jusqu'au dix-huitième siècle. Il trouvera une chaîne non interrompue de penseurs spiritualistes, de mystiques et de théurgistes ; et même dans ce dix-huitième siècle qu'il renie, son attention sera frappée par les sillons lumineux qu'ont tracés Swedenborg, le diacre Paris, Pasqualis, Saint-Martin, Mesmer, Cagliostro, le comte de Saint-Germain, etc.
Nos critiques sont donc suscitées bien plutôt par le plaisir que nous a fait éprouver ce volume trop restreint et par le désir de le voir continué, que par des taches sérieuses. Nous le proclamons de nouveau un livre bien fait, bien écrit, plein d'attrait, et surtout écrit par une plume sérieuse, honnête et profondément religieuse.
L. Lamothe.
La réalité des esprits et le phénomène merveilleux de leur écriture directe
1858 – Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration
Histoire de la littérature française de Alfred François Nettement
Deuxième édition corrigée et augmentée - Tome premier
Paris, Jacques Lecoffre et Cie, libraires éditeurs, rue du vieux Colombier, 29 - 1858
Livre deuxième – Enseignement – École du XVIIIe siècle, pages 119-121
Ce ne fut que vers l’avènement du Directoire que, la [120] période des destructions étant achevée, et le calme semblant aspirer à renaître, les études reprirent leur cours et la philosophie commença à reparaître. Les écoles normales fondées, l’Institut établi, lui ouvrirent leurs portes vers 1795, et, comme les hommes en qui elle se personnifia à sa naissance appartenaient à l’époque qui avait précédé la crise révolutionnaire, elle se montra d’abord avec le drapeau de Condillac, le plus modéré des chefs de l'école sensualiste dans les conséquences qu’il tire de son système, quoique le plus dangereux peut-être en raison de cette circonstance ; car les conséquences n’en existent pas moins, qu’elles soient dissimulées ou avouées. Ils n’inauguraient point une philosophie nouvelle, ils continuaient celle que la Révolution avait interrompue dans les idées, appliquée dans les faits. Le livre de Cabanis, sur les Rapports du physique et du moral ; l’Idéologie, de Destutt de Tracy ; les Signes, de M. de Gérando ; le Traité de l’habitude, de M. Maine de Biran; les études de M. de Laromiguière, sur les Sensations et les idées ; l’Introduction à l’analyse des sciences, par Lancelin, sont tous des développements de la philosophie de Condillac. Destutt de Tracy en écrivait la physique, Volney la morale, Cabanis la physiologie. Elle était ainsi le point de départ de ceux qui, comme Maine de Biran, Laromiguière et Cabanis lui-même, devaient plus tard la modifier ou même l'abandonner.
Cependant, dès 1795, le spiritualisme depuis si longtemps banni des écoles de philosophie avait recommencé à se montrer. Garat, qui le premier ouvrit un cours public à l’école normale, développait la théorie des sensa [121] tions, telle que Condillac l’avait enseignée ; mais il rencontra un adversaire redoutable dont le nom est plus connu en France que les écrits, le théosophe Saint-Martin. Saint-Martin, à la fois penseur remarquable et rêveur obscur, n’avait pas échappé au goût de nouveautés hardies dont le dix-huitième siècle était travaillé ; seulement, il avait remplacé les misères orgueilleuses du rationalisme individuel par les chimères non moins orgueilleuses de l’inspiration individuelle, revêtue du nom de théosophie. C’était un chrétien qui, nourri des rêveries de Martinez Pasqualis et de Jacob Bœhm, n’acceptait pas l’autorité de l’Église. Il était à lui même son propre prêtre, et à la manière de Rousseau et des autres sectaires, il n’admettait point d’intermédiaires entre lui et Dieu. Mais, au milieu de ses erreurs, il avait gardé une horreur profonde pour le sensualisme et le matérialisme, ces deux pivots de la philosophie du dix-huitième siècle. Il osa ramasser le gant que Garat avait jeté au spiritualisme du haut de la chaire de la nouvelle école normale. Désigné par le district d’Amboise pour faire partie de cette école qui, suivant les expressions présomptueuses de Lakanal, rapporteur de la loi qui l’instituait, « devait recréer l’entendement humain, » il avait qualité pour prendre la parole dans ce débat, qui eut lieu devant deux mille auditeurs. Il repoussa vivement et avec succès les trois erreurs capitales de Garat, qui niait le sens moral, la spiritualité de l’âme, et la révélation primitive de la parole à l’homme ; il eut donc l’honneur de précéder Bonald dans la démonstration de l'axiome posé par J.-J. Rousseau : « La parole a été nécessaire pour l’invention de la parole, » et Royer- [122] Collard dans le retour à la philosophie spiritualiste. On appela, à cette époque, cette espèce de duel philosophique dans lequel les répliques se succédèrent, « la bataille de Garat. » Quoique Saint-Martin ne se tînt pas toujours dans les limites exactes de la vérité philosophique, l’avantage lui demeura. La guerre se trouva bientôt transportée sur un autre terrain, et l’Institut nouvellement fondé ayant donné pour sujet du prix d’idéologie à décerner dans l’an VII la question suivante : « Déterminer l’influence des signes sur la formation des idées, » Saint-Martin prit la plume, et dans un écrit dont toute la partie critique est très remarquable, il porta une nouvelle et profonde atteinte au système matérialiste de la sensation.
La plupart des travaux de Cabanis, de Destutt de Tracy, de Gérando, de Volney, de Garat victorieusement réfuté par Saint-Martin, étaient presque contemporains des ouvrages publiés par Joseph de Maistre, Bonald et Chateaubriand. La lutte entre les deux esprits et les deux principes continuait.
Livre deuxième – Enseignement – École du XVIIIe siècle
1858 – Pradié - Le philosophe
Le philosophe : sa profession de foi devant le magnifique spectacle du monde naturel et du monde surnaturel.
Du cosmos divin. Nécessité d’une réforme dans le haut enseignement et dans l’apologétique
Par M. Pierre Pradié, ancien membre des Assemblées Constituante et Législative
Paris. Imprimerie de Walder, rue Bonaparte, 44 - 1858
Chapitre I - de la méthode philosophique – Extrait, page 45 et note
La méthode synthétique et la méthode d'intuition sont venues à leur tour, et tantôt en procédant seules, et tantôt en s'alliant à divers degrés aux autres méthodes, elles ont enfanté cette autre variété encore plus féconde de théories éclectiques, panthéistes et mystiques dont la France et l'Allemagne sont encore inondées (1).
Note
1) La monadologie de Leibnitz appartient à cette famille, ainsi que le spinozisme, l'éclectisme de M. Cousin et le panthéisme vague deM. P. Leroux, de M. J. Reynaud et de Lamennais dans son Esquisse d'une philosophie. On peut lui rapporter aussi, autant qu'à l'Idéalisme de Descartes, les théories chimériques de Fichte, de Hegel, de Schelling, etc. etc., car toutes les erreurs ont entre elles, comme toutes les vérités, des points de contact nombreux. — On peut citer parmi les mystiques van Helmont, né à Bruxelles en 1577, mort à Vienne en 1644. Il appliquait le mysticisme aux sciences naturelles. Il faisait procéder toute connaissance et toute sagesse de l'intuition immédiate de la Divinité et de sa lumière reçue passivement par la raison. On voit le rapport de cette théorie avec celle de Malebranche. Saint-Martin aussi était un mystique. V. son Tableau naturel des rapports entre Dieu, l'homme et l'univers, Edimb. 1782, 2 vol. in-8°.
Chapitre I - de la méthode philosophique
1858 - Revue de l'instruction publique
Revue de l'Instruction publique
De la Littérature et des Sciences
en France et dans les pays étrangers
Recueil hebdomadaire
Librairie de L. Hachette
Paris
9 septembre 1858
Compte-rendu du livre : Lettres de Georges Cuvier à Pfaff, traduites de l'allemand par le docteur Louis Marchant. 1 vol. in-12. Paris, 1858. Lib. Victor Masson.
Extraits, pages 371-372
Analysons encore un peu le mouvement intellectuel de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Qu'y trouvons-nous en dehors [page 372] de l'école de Rousseau, qui est la plus féconde en dehors des économistes et des financiers, en dehors, enfin, des créateurs de la physiologie comparée et des classifications naturelles ? Nous y trouvons quelque chose qui ressemble bien peu à du sensualisme, un certain nombre d'illuminés qui - deviennent de plus en plus à la mode. Le Martinisme est, vers 1780, plus qu'une simple folie individuelle, c'est une secte, c'est une mode, c'est une puissance.
[...]
Il est évident, à quiconque la lit, que l'école philosophique, qui préoccupe le plus, en 1788 et les années suivantes, sa vive curiosité, c'est l'école ou pour mieux dire la secte martiniste. Il nous apprend que, « depuis quelques années, elle se glisse partout ; qu'elle sait en imposer aux plus grands seigneurs ; que le cardinal de Rohan et le roi de Prusse Frédéric Guillaume en sont les plus notables adhérents. » Il va sans dire que Cuvier n'avait ni les qualités ni les défauts d'intelligence qui auraient pu amorcer de moins fermes esprits au mysticisme. Il ne constate pas son bizarre empire parce qu'il s'y soumet, mais parce qu'il est bien forcé de le voir. Les opinions des Martinistes et de Saint-Martin lui apparaissent « comme une enfilade d'absurdités. » Mais en même temps il nous montre ces opinions se répandant partout et se glissant jusque dans l'armée française, ordinairement plus préoccupée d'exercices et de parades que de hautes spéculations philosophiques.
« C'est ce singulier répertoire de contresens, dit-il dans une lettre du 14 octobre 1788, que les Martinistes regardent comme leur Bible. Chacun d'eux travaille à le comprendre. Un officier du régiment de la ville, qui l'étudiait avec soin, en est devenu fou. Un jour qu'il était à l'église, il se jette la face contre terre et reste un quart d'heure dans cette situation; en sortant, il rencontre le marguillier : il le prend pour saint Pierre et lui donne 3 francs ; il prend une mendiante pour la sainte Vierge, et lui donne 6 francs. À la fin, il prend un mendiant pour Jésus-Christ, et lui donne sa montre. Le mendiant voit bien ce qu'il en est et porte la montre chez le colonel, qui fait conduire l'officier dans sa chambre, avec ordre de l'y garder à vue. Celui-ci reste trois heures sans connaissance, et à son réveil il s'écrie « j’étais à la messe à Rouen. » Peu après il dévient furieux et crie : « Me voilà à 4 ! (4 est, dans les théories martinistes, le nombre parfait et invariable.) » Quoiqu'à 4, il se serait jeté par la fenêtre si quatre soldats vigoureux ne l'avaient retenu. Voilà les résultats du défaut d'instruction... Ces faits m'ont été racontés par le capitaine de Surville, témoin oculaire et homme d'une instruction rare pour un militaire. »
Ailleurs, Cuvier désigne sous le nom de crypto-catholicisme les doctrines martinistes répandues en Allemagne : synonyme curieux et qui jette peut-être une très vive, une très utile lumière sur les origines encore insondées du système de Joseph de Maistre. Il y a des rapports si prodigieux de doctrine entre de Maistre et les Martinistes, non seulement dans l'ensemble des théories, mais même dans les détails les plus intimes, qu'il est hors de doute à mes yeux que, sur presque toutes les questions, l'auteur des Soirées de Saint-Pétersbourg s'est borné à reproduire les opinions du Philosophe inconnu. Étincelant écrivain, le chef aujourd'hui si autorisé de l'école théocratique ne fut qu'un très petit écolier, un plagiaire en fait d'idées. Mais comment lui advint-il de piller des idées aussi profondément hétérodoxes que celle des illuminés du XVIIIe siècle ? Telle était la difficulté ; aujourd'hui, et par le témoignage même de Cuvier, il est facile de la résoudre : du temps de Joseph de Maistre, l’illuminisme passait dans certains pays, et aux yeux de certaines gens, pour une sorte d'orthodoxie voilée de mythes bizarres, pour un crypto-catholicisme. Il en était encore ainsi en Allemagne, assez récemment, et Baader, dans ses vagues constructions doctrinales, mêlait sans façon avec l'élément kantiste et l'élément catholique des théories franchement et sciemment martinistes. C'est à travers toutes ces méprises, toutes ces ignorances, tous ces plagiats impudents et imprudents que le parti théocratique s'est formé parmi nous et a profité ensuite, soit des éloges saint-simoniens, soit du matérialisme profond de certaines âmes qui se croient religieuses, soit de l'heure triste de transition et d'engourdissement que nous traversons, pour essayer d'absorber à son profit l'idée chrétienne. Sachons bien ses origines ; nous saurons ce qu'il vaut et comment il tombera. Il se cherche vainement des aïeux jusque dans saint Thomas, après avoir invoqué la ridicule paternité du P. Kircher. Il ne remonte pas si haut : il ne peut se réclamer, sans mentir, ni de grandes théories philosophiques, ni d'études théologiques profondes ; il est sorti tout formé des rêveries de quelques illuminés qui enveloppaient de la même réprobation le christianisme et la philosophie, mais qui dissimulèrent leur haine contre la révélation en manifestant, en exagérant même leur hostilité contre la raison, et, par ce double jeu, pipèrent le plus éloquent des étourdis. L'équivoque dure encore.
Frédéric Morin
Compte-rendu : Lettres de Georges Cuvier à Pfaff,
1858 – Stourdza – Œuvres posthumes
Œuvres posthumes religieuses, historiques, philosophiques et littéraires d'Alexandre de Stourdza
Par Aleksandr Skarlatovich Sturdza, Mariya Aleksandrovna Sturdza Gagarina, K. de Stourdza
Notions sur la Russie - Missions du Kamtchatka
Dentu, éditeur, au Palais Royal, Galerie d’Orléans, 13 - 1858
Chapitre V - Institution religieuse de la Russie - Extrait, page 56-57
Sous le règne de Catherine, une mysticité plus subtile s'empara des esprits dans certains cercles de la haute société. Méconnaissant l'autorité d'une Eglise trop assujettie aux influences du pouvoir, des hommes d'un esprit ardent et curieux embrassèrent dans les deux capitales les opinions abstraites de [57] Bœhme et de M. Saint-Martin, Ils formèrent ce que l'on appela des loges martinistes, imprégnées de franc-maçonnerie. Leurs chefs, MM. Yéloguine, Novikoff, Plechtchéeff, Tourguéneff, Radichtchef et Lopoukhine, firent un grand nombre de prosélytes, essayèrent d'influencer l'éducation de la jeunesse, et, sans rompre ouvertement avec l'Eglise dominante, ils s'appliquèrent à miner son autorité par des discours et des écrits sur le christianisme intérieur (1). L'impératrice toléra longtemps cette association mystique. Mais, alarmée plus tard par les symptômes d'indépendance religieuse et politique qu'elle crut y apercevoir, elle sévit contre Badichtcheff, fit enfermer Novikoff à Schlüsselbourg et dispersa ses adeptes, au nombre desquels on comptait le prince Repnin, le comte Alexis Rasoumovsky et d'autres seigneurs de la cour. Ce coup d'autorité n'anéantit point le mysticisme en Russie. On le voit reparaître sous le règne de l'empereur Alexandre, et porter ses vues plus loin. Protée habile à revêtir des formes diverses, le mysticisme ne demeura conséquent à lui-même que dans son aversion pour la hiérarchie légitime. En 1809, il acquit un puissant auxiliaire dans les sociétés bibliques d'Angleterre, brusquement transplantées sur le sol russe par la protection du gouvernement. Labzine, rédacteur d'un journal intitulé le Messager de Sion, obtint une vogue prodigieuse. C'était [58] le dernier écho de la loge martiniste de Moscou. Néanmoins les doctrines ambiguës dont Labzine inondait le public, excitèrent des appréhensions. Quelques personnes pieuses s'élevèrent contre ce langage nouveau et suspect. Elles insistèrent auprès du prince Galitzine alors récemment nommé procureur du synode, et le Messager de Sion fut supprimé. Cet échec ne découragea point nos mystiques. Labzine, appuyé secrètement par des hommes d'un rang supérieur et par quelques ecclésiastiques, poursuivit ses opérations dissolvantes et se constitua le traducteur des ouvrages d'Echartshausen, de Stilling-Yung et du mauvais livre intitulé le Mystère de la Croix. Toutes ces publications ne passaient point par la censure ecclésiastique. On avait un frère pour censeur et le titre de traduction pour manteau. Tout en écrivant pour la foule, on avait soin de faire des prosélytes parmi les sommités sociales. Le prince A. Galitzine, homme de bonne foi, fut du nombre. Les méthodistes anglais arrivaient les uns après les autres pour nous aider à organiser une société biblique, d'après le modèle qu'offrait la Grande-Bretagne. Les premiers succès de cette Institution en Russie eurent bientôt ébloui les plus clairvoyants......
(1) Il est à remarquer que Yéloguine et Novikoff allèrent puiser leurs erreurs en Suède, à l'école du fameux hérétique et magicien Schwedenborg ; Plechtchéeff rapporta en Russie les doctrines plus épurées de Bœhme et Saint-Martin.
Chapitre V - Institution religieuse de la Russie
Extrait, page 73
N. B. Sous le règne d'Alexandre, un des grands promoteurs de l'illuminisme et du Mysticisme a été Fessler, écrivain illustre, sophiste dangereux, tour à tour capucin, pasteur protestant, grand orientaliste et réformateur des francs-maçons d'Allemagne, professeur d'histoire et des lettres hébraïques de Newsky ; enfin surintendant des communes protestantes de Saratof, aujourd'hui en retraite à Saint-Pétersbourg. Cet homme a prêché durant sa vie toutes les erreurs, il a tâté de toutes les vérités sans arriver à celle qui est une par son essence. Une certitude lui reste : la mort et le jugement. Puisse-t-elle le convertir à Dieu !
Chapitre V - Institution religieuse de la Russie
1858 – Vapereau − Dictionnaire universel des contemporains
Dictionnaire universel des contemporains: contenant toutes les personnes notables de la France et des pays étrangers
Par Gustave Vapereau, ancien élève de l’École normale, ancien professeur de philosophie, avocat à la Cour impériale de Paris
Paris. Librairie de L. Hachette et Cie, rue pierre Sarrazin, n° 14 - 1858
Article Caro, p.344
CARO (Elme-Marie), littérateur français, est né en 1825, à Rennes, où son père, auteur de quelques traités à l'usage de la jeunesse, était alors professeur de philosophie. Il termina ses études au collège Stanislas, obtint de nombreux succès au concours général, notamment les deux prix de philosophie en 1845, et il entra aussitôt à l'Ecole normale. Agrégé de philosophie en 1848, il professa successivement aux lycées d'Alger, de Rouen et de Rennes. Il occupa ensuite la chaire de philosophie à la Faculté des lettres de Douai, où l'élégance de sa parole attirait un nombreux auditoire. Il vient d'être rappelé à Paris, comme maître de conférences à l'Ecole normale En 1856, M. Fortoul l'envoya officiellement à Anvers pour exposer devant la Société littéraire de cette ville les doctrines spiritualistes et religieuses de l'Université de France, dont il est un des plus orthodoxes interprètes. A la suite de cette mission, M. Caro a été nommé chevalier de la Légion d'honneur.
Outre des mémoires favorablement accueillis par l'Institut, il a publié, dans la Bibliothèque des chemins de fer : Saint Dominique et les Dominicains, et, sous le pseudonyme de Saint-Hermel, la Vie de Pie IX. Son livre du Mysticisme au XVIIIe siècle (1852-1854, in-8), qui fut d'abord sa thèse de docteur, est un essai sur la vie et la doctrine de Saint-Martin, le philosophe inconnu. M. Caro a fourni à la Revue de l’instruction publique et à la Revue contemporaine, dont il est resté un des rédacteurs, un grand nombre d'articles dont les principaux ont été réunis sous le titre d'Études morales sur le temps présent (1855, in-18 ) : ce recueil a été couronné par l'Académie française.
Dictionnaire universel des contemporains - Elme-Marie CARO
1858 - Revue des Deux-Mondes (1er décembre 1858)
M. Binaut – Joseph de Maistre – Ce qu’il est et ce qu’il devient
Mémoires politiques et Correspondances diplomatique de Joseph de Maistre publiés par M. Albert Leblanc. Extrait, page 627
Les renseignements nous manquent pour remonter sûrement aux influences qui, dès avant la révolution, avaient dû préparer son esprit [il s’agit de Joseph de Maistre]à ces vues plus larges, si étrangères jusqu'alors aux lettres françaises. On sait qu'il avait été membre d'une loge maçonnique qui fut suspecte et dissoute quand les premiers troubles menacèrent son pays. Il est peu probable que ces loges fussent, au moins dans leur tendance, parfaitement exemptes de l'esprit novateur. Au moins avait-il une haute idée des disciples de Saint-Martin, qu'il appelle des « chrétiens exaltés, » dont le christianisme annonçait des « mystères ineffables, nullement inaccessibles à l'homme. » Il reconnaît leur piété, et il est, dit-il, si fort pénétré des livres et des discours de ces hommes-là, qu'il ne leur est pas possible de placer dans un écrit quelconque une syllabe qu'il ne reconnaisse. » Aussi n'est-il pas difficile de discerner en lui, à toutes les époques, plus d'une de leurs empreintes. Ce qu'il blâme surtout chez eux, c'est leur dédain pour la hiérarchie, le caractère individuel de leur doctrine, et cela se comprend; il était, lui, homme d'autorité, et conformément à la tradition universelle il voulait une doctrine instituée, un sacerdoce.
M. Binaut – Joseph de Maistre – Ce qu’il est et ce qu’il devient