Calendrier perpetuel 1850Année 1859

Joseph de Maistre - Quatre chapitre inédits sur la Russie

Catalogue la bibliothèque de la ville d’Amiens - Quatrième partie – Métaphysique

Faure − Journal d’un combattant de février - Appendice Fabre d’Olivet.

Naville – Étude sur l’œuvre de St Thomas d’Aquin

L'Observateur catholique - Extrait de la Revue de l’Instruction publique, F. Morin.

Bibliographie catholique - Compte-rendu du livre de Caro, Du mysticisme au XVIIIe siècle,

1859 - Joseph de Maistre - Quatre chapitre inédits sur la Russie

Maistre Russie Quatre chapitres inédits sur la Russie, par le comte Joseph de Maistre

Publiés par son fils le comte Rodolphe de Maistre. Paris. Librairie d’Aug. Vaton, éditeur, rue du Bas, n° 50 - 1859

Chapitre quatrième. De l’illuminisme, pages 91-128

Ce mot d’illuminé trompe nécessairement une foule d’hommes, parce qu’il signifie, dans les conversations ordinaires, des choses absolument différentes. Un franc-maçon ordinaire, un martiniste, un piétiste, etc., etc., et un disciple de Weishaupt se nomment communément, dans le monde des illuminés. Il serait cependant difficile d'abuser davantage des termes et de confondre des choses plus disparates. Mais comme il est possible de renfermer sous ces trois dénominations tous ceux qu’on appelle vulgairement illuminés, elles serviront de division à ce chapitre.

I. L’origine de la franc-maçonnerie simple est un sujet difficile, sur lequel il n’est pas aisé de dire des choses certaines, ni peut-être même plausibles. Mais, pour ne s’occuper que de ce qu’elle est, sans examiner d’où elle vient, on peut assurer que cette franc-maçonnerie pure et simple, telle qu’elle existe encore en Angleterre, où les institutions quelconques sont moins sujettes à se corrompre, n’a rien de mauvais en soi, et qu’elle ne saurait alarmer ni la religion ni l’État. L’auteur de cet écrit l’a suivie très exactement et longtemps, il a joint à son expérience celle de ses amis : jamais il n’a vu rien de mauvais dans cette association, et il est bien remarquable que l’abbé Barruel, dans son Histoire du jacobinisme, où certainement il n’a voulu épargner aucune secte dangereuse, a cependant manifesté la même opinion.

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1859 - Catalogue la bibliothèque de la ville d’Amiens

1859 catalogueCatalogue méthodique de la bibliothèque communale de la ville d’Amiens

Vve Herment, imprimeur éditeur, place Périgord, 3 - 1859

Quatrième partie – Métaphysique –

a) Traité généraux et mélanges, page 56

338. — Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l’homme et l’univers. (Par L. Cl. De Saint-Martin). Edimbourg. 1782. 2 en 1 vol. in-8°.

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e) De l’intelligence et de ses opérations, page 69

424. — Des erreurs et de la vérité, ou les hommes rappellés [sic] au principe universel de la science. Par un ph… inc… (philosophe inconnu, L. Cl. DE SAINT-MARTIN). Edimbourg. 1782. 1 vol. in-8°.

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1859 − Faure − Journal d’un combattant de février

1859 FaureJournal d’un combattant de février Par Philippe Faure
Précédé d’un fragment sur l’auteur, par Pierre Leroux, et des discours prononcés sur la tombe de Philippe Faure ; suivi de notes historiques et de témoignages de la main de Lamennais, de madame Adèle Victor Hugo, de Victor Hugo, de Louis Blanc, de Kossuth, de Ledru-Rollin, de Saffi, de Herzen, de Berjeau, de Greppo, de Bru, de J. Harney, d’Alphonse Bianchi, d’Alfred Talandier, et d’autres amis de Philippe Faure
Publié à Jersey par Auguste Desmoulin
Jersey : C. Le Feuvre, imprimeur libraire, Beresford Street. - 1859

Appendice Fabre d’Olivet. Extrait pages 179-180

Nous n’avons pas la prétention de faire connaître pas quelques extraits tronqués l’œuvre si importante de Fabre d’Olivet ; nous avons voulu seulement en marquer le caractère et la direction, et expliquer par là l’influence que cette œuvre exerça sur Philippe Faure. Si la postérité, appliquant la loi d’amitié qui inspira à Saint-Just ses Institutions, exigeait, avant de se prononcer sur les travaux de Fabre d’Olivet, qu’il se présentât au jugement avec ses amis intellectuels, il est probable qu’il ne demanderait ce suprême secours ni à Talma ni à Napoléon, + à qui les circonstances plutôt que l’amitié l’unirent un moment ; mais qu’il invoquerait l’appui de Court de Gébelin, et de celui qu’il appelle le Philosophe Inconnu, SAINT-MARTIN.

Saint-Martin avait résumé dans son livre sur Dieu l’Homme et l’Univers, la tradition mystique de Swedenborg, de Jacob Bœhme, et des extatiques français. On sait quelle action ces mystiques eurent, à la fin du Dix-Huitième Siècle, sur la Franc-Maçonnerie, et par suite sur la société européenne et sur la Révolution Française. Au milieu des orages de cette Révolution et des terribles guerres de l’Empire, le Philosophe [180] Inconnu avait tenté de conserver les principes et les institutions secrètes du Mysticisme.

De son côté, Court de Gébelin, cherchant dans la science cette unité que la Révolution n’avait su ni pu réaliser dans la politique, avait essayé de découvrir les origines de la race humaine, et commencé dans son Monde Primitif, ses recherches sur l’ethnographie et sur le langage, qui furent pour les philologues modernes la source de tant de beaux travaux et de si fécondes découvertes.

Enflammé de l’enthousiasme du premier, excité par la soif de connaître qui dévorait le second, un penseur unit en lui leurs deux tendances : il chercha à faire aboutir les spéculations du Mysticisme à des conclusions scientifiques et à des applications utiles ; il s’attacha aux sciences occultes, Mais pour y trouver la clef des mystères antiques, et pour pénétrer, à l’aide de cette clef, dans les plus profonds arcanes de la connaissance humaine ; ce savant en qui l’exaltation de Saint-Martin s’allia si puissamment à l’érudition de Court de Gébelin, ce fut Fabre d’Olivet.

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1859 – Naville – Étude sur l’œuvre de St Thomas d’Aquin

1859 navilleÉtude sur l’œuvre de St Thomas d’Aquin, par M. Ernest Naville
Tiré de la Bibliothèque universelle – Juillet et Août 1859, avec autorisation de la direction.
Genève. Imprimerie Ramboz et Schuchardt, rue de l’Hôtel de Ville, 78 - 1859

Étude sur l’œuvre de St Thomas d’Aquin

M. Jourdain vient d'enrichir nos bibliothèques d'un excellent livre sur la philosophie de saint Thomas (1). Ce livre est la reproduction quelque peu modifiée d'un mémoire couronné à la suite d'un concours ouvert par l'Académie des sciences morales et politiques. Comment la philosophie de nos jours en est-elle venue à se préoccuper, comme elle le fait, de Thomas d'Aquin, docteur du moyen âge ? La réponse à cette question demande un récit de quelque étendue, mais digne d'intérêt. Reprenons les choses d'un peu loin.

En 1794, la Convention, voulant donner au peuple français une instruction digne de ses nouvelles destinées, institua les cours de l'Ecole normale. Garat, qui venait d'être ministre de la révolution, et qui devait être plus tard sénateur et comte de l'empire de Bonaparte, fut désigné pour l'enseignement de la philosophie. Il donna des leçons brillantes sur l'analyse de l'entendement, exposant les thèses du sensualisme comme une doctrine universellement admise par tous les bons esprits, et parfaitement incontestable. Une fois par semaine, selon la règle de l'école, les auditeurs pouvaient prendre la parole pour discuter l'enseignement du maître. Un jour donc, usant de ce privilège, Saint-Martin (2), le philosophe inconnu, éleva la [2] voix du milieu de la foule, et présenta quelques objections à la théorie de la sensation transformée. Le dialogue suivant s'engagea :

Le professeur. «Vous paraissez vouloir qu'il y ait dans l'homme un organe d'intelligence, autre que nos sens extérieurs et notre sensibilité intérieure? Est-ce là votre pensée ?

Saint-Martin. « Oui, citoyen.

Le professeur. « Un organe d'intelligence ?

Saint-Martin. « Une faculté d'intelligence.

Le professeur. «Vous avez pour doctrine que sentir les choses et les connaître sont des choses différentes. C'est là ce que vous croyez vrai, n'est-ce pas ?

Saint-Martin. « J'en suis persuadé.

Le professeur. « Cependant, lorsque je reçois en présence du soleil les sensations que donne cet astre éclatant qui échauffe et qui éclaire la terre, est-ce que j'en connais autre chose que les sensations mêmes que j'en reçois ?

Saint-Martin. « Vous sentez les sensations, mais les réflexions que vous ferez sur l'existence du soleil »

Cette phrase qui, sans doute, devait renfermer d'autres mais, fut interrompue par Garat. Après une assez longue série d'affirmations du professeur, le philosophe inconnu ne se trouva pas satisfait.

Saint-Martin. « Citoyen professeur, la question actuelle est-elle plus éclairée ? Vous avez énoncé votre profession de foi....je vous réponds par une assertion.

Le professeur. « Si vous le permettez, je continuerai la conférence sur cet objet, il peut donner lieu à des considérations importantes. Ce qu'il importe d'abord de dire, c'est que, par cette doctrine dans laquelle on suppose que nos sensations et nos idées sont des choses différentes, c'est le platonisme, le cartésianisme et le malebranchisme que vous ressuscitez » Vient ensuite une allusion aux idoles métaphysiques dont Bacon a brisé les statues et les autels ; puis le [3] professeur conclut : «Ce serait un grand malheur si, à l'ouverture des Écoles normales et des Écoles centrales, ces idoles pouvaient y pénétrer. Toute bonne philosophie serait perdue, tous les progrès dans la connaissance de la nature seraient arrêtés, et c'est pour cela que je regarde comme un devoir sacré dans un professeur de l'analyse, de traiter ces idoles avec le mépris qu'elles méritent. » Saint-Martin n'eut qu'à se rasseoir bien dument convaincu de platonisme, de cartésianisme, de malebranchisme ; la majorité de l'auditoire était au professeur (3).

Ce dialogue est une des pages instructives de l'histoire de la philosophie ; il caractérise une époque. On y voit se produire avec une véritable naïveté la disposition d'esprits qui, tout en s'enivrant du sentiment de leur indépendance, s'étaient rangés docilement sous le joug d'une doctrine étroite, et poussaient de grands cris de liberté, lorsqu'ils prétendaient écraser du poids d'une petite autorité de la veille le passé séculaire de l'esprit humain. Nous commençons à l'oublier : au commencement du siècle, platonisme était un terme de dénigrement, et dire à un philosophe qu'il suivait les traces de Descartes ressemblait fort à une injure.

Ce n'est point le cas d'évoquer, dans une prosopopée oratoire, l'ombre du professeur d'analyse ; mais il est naturel de se représenter le profond étonnement de Garat, s'il eût prévu avec quelle promptitude se réaliseraient les pires malheurs qu'il pût redouter pour la philosophie. Par un mouvement rapide, Bacon (qui restera toujours un grand esprit et un remarquable écrivain) a perdu bien des fleurons de sa couronne de philosophe ; Locke et Condillac, rejetés sur le second plan, ont laissé Platon et Descartes reprendre le poste [4] d’honneur…

Notes

1 La philosophie de saint Thomas d'Aquin, par Charles Jourdain, agrégé des Facultés des lettres, chef de division au ministère de l'instruction publique et des cultes. 2 vol. in-8°. Paris, Hachette, 1858.

2 Saint-Martin, à cette époque, avait déjà publié la plupart des écrits qui ont fondé sa réputation de théosophe. Le livre des Erreurs et de la vérité est de 1775, l’Homme de désir de 1790.

3 Voir les Ecoles normales, livre national, Débats, tome III, pages 18 à 25, et l'Histoire de la philosophie allemande, par M. Barchou de Penhoën, tome I, pages 325 et suivantes, où ce dialogue a été transcrit avec quelques légères variantes.

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