Notes

[1] « Les connaissances surnaturelles, dit J. de Maistre en parlant de cette secte d’illuminés, sont le grand but de leurs travaux et de leurs espérances ; ils ne doutent point qu’il ne soit possible à l’homme de se mettre en communication avec le monde spirituel, d’avoir un commerce avec les esprits, et de découvrir ainsi les plus rares mystères. » Voy. les Soirées de Saint-Pétersbourg.

[2] Le maréchal de Richelieu, qui avait du goût pour le jeune auteur, avait parlé à Voltaire de cet ouvrage. « Le livre que vous avez lu tout entier, répondit, le malin vieillard. Je ne le connais pas ; mais s’il est bon, il doit contenir cinquante volumes in-folio sur la première partie et une demi-page sur la seconde. » Plus tard, il lut le livre, et le critiqua durement dans une lettre à D'Alembert.

[3] Pour apprécier la nature des relations de Saint-Martin avec Mme de Bœcklin, il suffit peut-être de remarquer qu’il s’en glorifie, et de voir combien il regrette les passions de sa jeunesse : « J'ai été très chaste dans mon enfance… Si ceux qui devaient veiller sur moi m’eussent conduit comme j’aurais désiré de l’être, cette vertu ne m’aurait jamais abandonné, et Dieu sait quels fruits il en fût résulté pour l’œuvre auquel j’étais appelé ! Mes faiblesses en ce genre m’ont été préjudiciables, au point que j’en gémis souvent, et que j’en gémirais encore davantage si je ne sentais qu’avec du courage et de la constance nous pouvons obtenir que Dieu répare tout en nous. »

[4] « Il y a trois villes en France, dit-il, dont l’une est mon paradis, et c’est Strasbourg, l’autre est mon enfer (Amboise), et l’autre est mon purgatoire (Paris). Dans mon paradis, je pouvais parler et entendre parler régulièrement des vérités que j’aime ; dans mon enfer, je ne pouvais ni en parler ni en entendre parler, parce que tout ce qui tenait à l’esprit y était antipathiques : c’était proprement un enfer de glace, etc. »

[5] Saint-Martin rechercha Chateaubriand avec empressement, et fut heureux de l’entrevue que le peintre Neveu lui ménagea. « J’aurais beaucoup gagné, dit-il, à le voir plus tôt. C’est le seul homme de lettres honnête avec qui je me suis trouvé en présence depuis que j’existe. » Chateaubriand railla d'abord ce philosophe du ciel, ses paroles d’oracles, ses façons d’archanges. « Depuis six mortelles heures, ajouta-t-il, j’écoutais et je ne découvrais rien. A minuit l’homme des visions se lève tout à coup : je crus que l’Esprit descendait mais M. de Saint-Martin déclara qu’il était épuisé ; il prit son chapeau, et s’en alla ; » En 1807 il eut un remords d’avoir parlé avec un peu de moquerie d’un homme « d’un grand mérite ».