C'est avec la série des "Taureaux" que l'art d'Anca prend une autre dimension, reflet d'elle-même.
D'abord parce que les tableaux sont impressionnants par leur volume et par le sujet représenté : des taureaux. Ensuite, parce que la peinture, ici, reflète parfaitement l'état d'âme de l'artiste. Cette virilité montrée, cette frénésie de rouge, cette création de et dans l'espace montrent à l'évidence que quelque chose se passe, là sous nos yeux mais que ce quelque chose se passe également pour Anca !
Mais au-delà de l'évènement, qu'on ne s'y trompe pas, Anca peint et avec quel talent! C'est à nous qu'elle s'adresse, le p'tit bout d'homme est là pour nous le rappeler et montrer sa fragilité.
Regardez le taureau : on dirait un art primitif dans la Vallée des Merveilles, dans les cavernes ou dans la grotte de Lascaux. Il nous rappelle également le Minotaure : on sent cette force, cette puissance et en même temps ce mouvement inhérent à la force qui est là encore contenue, qui n'arrive pas à s'exprimer complètement parce que le mouvement est comme comprimé, immobilisé, fixé sur la toile; c'est un "arrêt sur image" que l'on peut observer ici.
"...le thème des taureaux apporte l'enrichissement de la variation: la translation d'une essence stable à la captation d'un instant choisi, d'une énergie la plupart du temps mouvante, saisie au vol, identifiant le poids et la légèreté, le bond que libère une force incroyable pour le plaisir, l'attaque ou la défense... Les pièces, de format imposant, tantôt véristes, tantôt semi-abstraites révèlent l'excellence d'un dessin remarquable conçu dans l'exigence d'un parfait classicisme sans que l'empreinte en ait gêné la spontanéité ou la liberté". Michel Gaudet, Critique d’Art |
À propos de l'exposition de peintures monumentales à Grasse en 1998Mais observez le taureau dans l'arène. Il y a là, dans ces deux toiles, en condensé, toute l'expression, toute la compréhension de l'ensemble : le taureau est là, on sent dans le dessin toute la pression du combat, comme si était présente la foule qui hurle, crie... mais le taureau ne l'écoute pas. Il est là, à l'arrêt ou semble l'être, concentré, rassemblant ses forces pour le dernier moment, prêt à bondir. Mais que fait-il réellement ? Tout laisse à penser qu'il regarde d'une part le petit homme et d'autre part sa propre ombre. Spectacle saisissant et quelle vie se manifeste ici. |