Avertissement des éditeurs
(extraits, pages V-XI, orthographe moderne)
Nous espérons que les amis de M.- St. Martin approuveront le choix que nous avons osé faire parmi ses nombreux manuscrits. C'est aux amis de ce vrai sage qui nous aima si tendrement, que nous dédions cet ouvrage, en attendant que quelques-uns de ses amis plus avancés que nous dans les voies de la sagesse, achèvent de nous faire jouir par l'impression, de tous ses autres manuscrits.
Le but de ce recueil que nous présentons au public, a été de le mettre à même de juger que la science théosophique dont s'est occupé toute sa vie Mr. St. Martin, n'est pas toujours une science inintelligible pour le plus grand nombre des lecteurs. Il ne faut pas, comme on le croit, être initié, [page VI] ou avoir aucune clef de son style et de sa doctrine, pour entendre la plus grande partie de ses ouvrages. Quelques savants, ainsi que plusieurs personnes simples et peu lettrées, les ont goutés dès la 1ère lecture, et ne peuvent se lasser de les relire.
Il est vrai que, lorsqu'on est habitué à la lecture de livres qui dispensent du travail de la pensée ou de la réflexion, de ces livres philosophiques qui égayent le lecteur par le sarcasme et la plaisanterie, on a de la peine à se faire aux sentiments religieux et aux raisonnements serrés et précis de M. St. Martin, qui semble vouloir contraindre ses lecteurs à penser et à chercher eux-mêmes les vérités, sur la voie desquelles il ne veut que les ramener. C'est le cas de dire qu'en le lisant, on désirerait toujours qu'il en dît davantage ; mais on peut assurer ceux qui n'osent pas [page VII] les lire, qu'il n'y a rien de voilé dans les bases neuves et lumineuses sur lesquelles il fonde ses principes ; s'il se sert quelquefois des nombres (1), ce n'est qu'avec beaucoup de discrétion et pour fortifier toutes les preuves qu'il emploie auparavant pour appuyer la vérité. Cette vérité s'étendant à toute sorte de sujets, il en est quelques-uns qui exigent d'être traités avec plus de profondeur, d'être lus avec plus d'attention, et d'être saisis avec plus de pénétration. Car, si la théosophie est une science qui donne l'intelligence des bases de toutes les autres sciences, on doit se persuader qu'elle exige un travail et une habitude d'occuper son esprit de [page VIII] l'immensité des sujets qu'elle peut traiter ; et si des lecteurs zélés pour les vérités sublimes, ne parvenaient pas à découvrir d'abord toutes les vérités indiquées et prouvées par les nombres dans les ouvrages de M. St. Martin, ils respecteront l'intention de l'auteur, et ils se diront à eux-mêmes: tâchons de tirer parti de tant d'autres vérités à notre portée ; peut-être la divine sagesse elle-même, lorsqu'elle nous en jugera dignes, nous instruira-t-elle de ces vérités, comme elle en a instruit tous ceux qui ont eu le bonheur de les connaitre depuis la création du monde.
(1) La théorie des nombres n'est point une science vaine et neuve ; tant de philosophes anciens en ont parlé avant M. St. Martin, qu'elle ne devrait pas être dédaignée des savants modernes.
Pour nous qui ne sommes que de faibles écoliers de cette doctrine, nous pouvons plus aisément, peut-être, nous proportionner au degré d'intelligence de la plupart des lecteurs. C'est dans cette persuasion que nous avons choisi, pour former le [page IX] premier volume de ce recueil, parmi plus de 3000 pensées théosophiques, celles qui nous ont paru le plus à notre portée, comme à celle du plus grand nombre des lecteurs. Si dans le second volume, nous avons inséré des sujets plus méthodiquement traités, notre but a été de satisfaire aussi ceux des lecteurs auxquels souvent des pensées détachées font peu d’impression, ou qui ont besoin d'exercer plus profondément leurs méditations, ou d'y être aidés par le raisonnement. Pour soulager leur attention par la variété des sujets, nous avons mêlé dans le second volume, quelques opinions de M. St. Martin sur la littérature, et quelques-unes de ses poésies qu'il composa dans sa jeunesse.
Nous engageons donc les lecteurs qui auront la curiosité de lire, pour la première fois, des ouvrages théosophiques, à se dépouiller, s'il se [page X] si se peut, de tout esprit de parti, à ne pas croire sur rapport qu'ils sont inintelligibles, parce qu'à la première difficulté, ils se rebuteraient ou dédaigneraient de l'approfondir. Nous désirerions même que si ces lecteurs étaient tentés de se ranger parmi les ennemis obstinés de la chose religieuse, ils suspendissent un instant leur décision, avant de prononcer sur cette chose la plus importante de toutes. Mais ce qui serait le plus à désirer, c'est qu'il se trouvât encore beaucoup de ces lecteurs fatigués de la diversité et de la vanité des systèmes philosophiques qui eussent conservé un désir sincère de connaitre la vérité, et d'approfondir les bases sur laquelle elle repose. C'est pour les lecteurs affamés de cette vérité, que M. St. Martin a écrit ; c'est pour eux que nous avons fait ce recueil. Nous osons les assurer d'avance que la [page XI] lecture qu'ils en feront ne sera point infructueuse ; nous partageons aussi d'avance avec eux, le contentement qu'ils en éprouveront, et nous unissons nos vœux à ceux de cet écrivain charitable et sublime, qui s'exprime ainsi à la fin d'un de ses ouvrages le plus répandu, (L'Homme de désir).
« C'est avec une douce consolation que je verrai mes frères cueillir ces faibles fruits des désirs d'un homme simple qui les a aimés.
» Puisse la vertu de leur cœur, puisse la piété des siècles, être le cantique funéraire qui sera à jamais chanté sur ma tombe !
» Je l'entendrai dans le sommeil de paix ; j'en rendrai à mon Dieu tout l'hommage. » [L'Homme de désir, chant 301, versets 10-12]
Suivent alors les deux lettres de remerciements à Louis-Claude de Saint-Martin que nous ne transcrivons pas.