oeuvres posthumes 11807 - Louis-Claude de Saint-Martin - Œuvres posthumes

Œuvres posthumes de Mr de St Martin,

À Tours
Chez Letourny, Imprimeur- Libraire
2, rue Colbert
1807.

« J'ai désiré de faire du bien, mais je n'ai pas désiré de faire du bruit, parce que j'ai senti que le bruit ne faisait pas de bien, comme le bien ne faisait pas de bruit. »
St. MARTIN, Portrait, § 740 (p.96)

Avertissement des éditeurs (extraits)

Tome I - Table des Matières

Tome II - Table des Matières


 

Avertissement des éditeurs

(extraits, pages V-XI, orthographe moderne)

Nous espérons que les amis de M.- St. Martin approuveront le choix que nous avons osé faire parmi ses nombreux manuscrits. C'est aux amis de ce vrai sage qui nous aima si tendrement, que nous dédions cet ouvrage, en attendant que quelques-uns de ses amis plus avancés que nous dans les voies de la sagesse, achèvent de nous faire jouir par l'impression, de tous ses autres manuscrits.

Le but de ce recueil que nous présentons au public, a été de le mettre à même de juger que la science théosophique dont s'est occupé toute sa vie Mr. St. Martin, n'est pas toujours une science inintelligible pour le plus grand nombre des lecteurs. Il ne faut pas, comme on le croit, être initié, [page VI] ou avoir aucune clef de son style et de sa doctrine, pour entendre la plus grande partie de ses ouvrages. Quelques savants, ainsi que plusieurs personnes simples et peu lettrées, les ont goutés dès la 1ère lecture, et ne peuvent se lasser de les relire.

Il est vrai que, lorsqu'on est habitué à la lecture de livres qui dispensent du travail de la pensée ou de la réflexion, de ces livres philosophiques qui égayent le lecteur par le sarcasme et la plaisanterie, on a de la peine à se faire aux sentiments religieux et aux raisonnements serrés et précis de M. St. Martin, qui semble vouloir contraindre ses lecteurs à penser et à chercher eux-mêmes les vérités, sur la voie desquelles il ne veut que les ramener. C'est le cas de dire qu'en le lisant, on désirerait toujours qu'il en dît davantage ; mais on peut assurer ceux qui n'osent pas [page VII] les lire, qu'il n'y a rien de voilé dans les bases neuves et lumineuses sur lesquelles il fonde ses principes ; s'il se sert quelquefois des nombres (1), ce n'est qu'avec beaucoup de discrétion et pour fortifier toutes les preuves qu'il emploie auparavant pour appuyer la vérité. Cette vérité s'étendant à toute sorte de sujets, il en est quelques-uns qui exigent d'être traités avec plus de profondeur, d'être lus avec plus d'attention, et d'être saisis avec plus de pénétration. Car, si la théosophie est une science qui donne l'intelligence des bases de toutes les autres sciences, on doit se persuader qu'elle exige un travail et une habitude d'occuper son esprit de [page VIII] l'immensité des sujets qu'elle peut traiter ; et si des lecteurs zélés pour les vérités sublimes, ne parvenaient pas à découvrir d'abord toutes les vérités indiquées et prouvées par les nombres dans les ouvrages de M. St. Martin, ils respecteront l'intention de l'auteur, et ils se diront à eux-mêmes: tâchons de tirer parti de tant d'autres vérités à notre portée ; peut-être la divine sagesse elle-même, lorsqu'elle nous en jugera dignes, nous instruira-t-elle de ces vérités, comme elle en a instruit tous ceux qui ont eu le bonheur de les connaitre depuis la création du monde.

(1) La théorie des nombres n'est point une science vaine et neuve ; tant de philosophes anciens en ont parlé avant M. St. Martin, qu'elle ne devrait pas être dédaignée des savants modernes.

Pour nous qui ne sommes que de faibles écoliers de cette doctrine, nous pouvons plus aisément, peut-être, nous proportionner au degré d'intelligence de la plupart des lecteurs. C'est dans cette persuasion que nous avons choisi, pour former le [page IX] premier volume de ce recueil, parmi plus de 3000 pensées théosophiques, celles qui nous ont paru le plus à notre portée, comme à celle du plus grand nombre des lecteurs. Si dans le second volume, nous avons inséré des sujets plus méthodiquement traités, notre but a été de satisfaire aussi ceux des lecteurs auxquels souvent des pensées détachées font peu d’impression, ou qui ont besoin d'exercer plus profondément leurs méditations, ou d'y être aidés par le raisonnement. Pour soulager leur attention par la variété des sujets, nous avons mêlé dans le second volume, quelques opinions de M. St. Martin sur la littérature, et quelques-unes de ses poésies qu'il composa dans sa jeunesse.

Nous engageons donc les lecteurs qui auront la curiosité de lire, pour la première fois, des ouvrages théosophiques, à se dépouiller, s'il se [page X] si se peut, de tout esprit de parti, à ne pas croire sur rapport qu'ils sont inintelligibles, parce qu'à la première difficulté, ils se rebuteraient ou dédaigneraient de l'approfondir. Nous désirerions même que si ces lecteurs étaient tentés de se ranger parmi les ennemis obstinés de la chose religieuse, ils suspendissent un instant leur décision, avant de prononcer sur cette chose la plus importante de toutes. Mais ce qui serait le plus à désirer, c'est qu'il se trouvât encore beaucoup de ces lecteurs fatigués de la diversité et de la vanité des systèmes philosophiques qui eussent conservé un désir sincère de connaitre la vérité, et d'approfondir les bases sur laquelle elle repose. C'est pour les lecteurs affamés de cette vérité, que M. St. Martin a écrit ; c'est pour eux que nous avons fait ce recueil. Nous osons les assurer d'avance que la [page XI] lecture qu'ils en feront ne sera point infructueuse ; nous partageons aussi d'avance avec eux, le contentement qu'ils en éprouveront, et nous unissons nos vœux à ceux de cet écrivain charitable et sublime, qui s'exprime ainsi à la fin d'un de ses ouvrages le plus répandu, (L'Homme de désir).

« C'est avec une douce consolation que je verrai mes frères cueillir ces faibles fruits des désirs d'un homme simple qui les a aimés.
» Puisse la vertu de leur cœur, puisse la piété des siècles, être le cantique funéraire qui sera à jamais chanté sur ma tombe !
» Je l'entendrai dans le sommeil de paix ; j'en rendrai à mon Dieu tout l'hommage. » [L'Homme de désir, chant 301, versets 10-12]

Suivent alors les deux lettres de remerciements à Louis-Claude de Saint-Martin que nous ne transcrivons pas.


Tome premier - Table des Matières

- Avertissement des éditeurs, p. V à XXIII
- Extrait de la Notice de Tourlet, pp. XXIV à XXX. (Il est précisé à propos de cette notice qu’elle a été publiée dans « le Moniteur », et réimprimée depuis dans le « Mercure » avec quelques notes critiques).

« Pour donner aux Lecteurs une idée de la vie de M. St. Martin, nous avons cru ne pouvoir mieux faire que d'extraire ce qui suit de la notice biographique que notre compatriote M. Tourlet a publiée dans le moniteur, et qui a été réimprimée depuis dans le mercure, avec quelques notes critiques. »

- Portrait historique et philosophique de M. St Martin, par lui-même

Note de l'éditeur
« L'auteur commença ce portrait en 1789, et le continua sans suite et sans autre espèce d'ordre, que celui dans lequel sa mémoire lui retraçoit les différens événemens de sa vie.
« On trouvera plusieurs lacunes dans la série des N.os placés en tête de chacune de ces Pensées, ou Notes historiques. Nous en avons en effet supprimé un assez grand nombre, non pas que nous ayons prétendu faire un choix, mais seulement parce qu'il auroit fallu y nommer plusieurs personnes respectables encore vivantes, ce que nous ne nous fussions pas permis avant que de les avoir consultées. »

[Il s'agit d'un extrait de l'ouvrage : Mon Portrait historique et philosophique (1789-1803), publié par Robert Amadou Paris Julliard, 1961]

- Vers nocturnes
- Pensée sur la mort

La mort ! est-ce qu'il y en a encore ? est-ce qu'elle n'a pas été détruite ? est-ce que le grand sacrificateur et le grand instituteur de la prière, n'a pas épuisé toutes les angoisses de cette mort par son supplice ? est-ce qu'il n'a pas souffert la mort de violence, afin que nous n'eussions plus que la mort de joie ? est-ce que, depuis qu'il a tout consommé, nous pouvons encore avoir quelque chose à souffrir ? Non, la mort n'est plus pour nous que l'entrée dans le temple de la gloire. Le combat a été livré, la victoire est remportée, nous n'avons plus à recevoir de la main de la mort la palme du triomphe, LA MORT ! est-ce la mort corporelle que le sage compterait [page 144] pour quelque chose ? Cette mort n'est qu'un acte du temps ; quel rapport cet acte du temps pourrait-il avoir avec l'homme de l'éternité ?

- Recherches sur la doctrine des Théosophes pp. 147-170

(« le morceau », est-il précisé dans la note de la p. 147, « composé par un des amis de M. de S. Martin, était destiné à servir d’introduction au Recueil de ses œuvres posthumes. Il nous est parvenu trop tard pour être placé, comme il devait l’être, au commencement de ce volume ; mais nous n’avons pas voulu en priver nos lecteurs »).

- Des trois époques du traitement de l'âme
- La Fable de l'Oiseau libre
- Semences chinoises
- De la Soie
- Pensées tirées d’un manuscrit de S. Martin
- Autres pensées extraites, du même auteur
- Stances sur l'origine et la destination
- Le Cimetière d'Amboise
- La source de nos connaissances et de nos idées
- Quel est le 1er ouvrage de l'homme ?
- Quel est l'état de l'homme ici-bas ?
- L'homme matériel, animal et spirituel
- Où l'âme raisonnable de l'homme réside-t-elle ?
- Du Gouvernement naturel et du Gouvernement politique (écrit à Paris en 1778)
- Sur le Gouvernement divin, ou le théocratique (cette note a été écrite dans les temps de terreur)
- Du nouveau règne complet, universel, etc.

bouton jaune Œuvres posthumes de Mr de St Martin, t. I


Tome second - Table des Matièresoeuvres posthumes 2

- Question proposée par l'Académie de Berlin

Quelle est la meilleure manière de rappeler à la raison les Nations, tant sauvages que policées, qui sont livrées à l'erreur ou aux superstitions de tout genre ?

- Les voies de la sagesse [extraits pages 68-69]

« Vous avez souhaité, mes frères, que j'écrivisse pour vous, quelques instructions sur la philosophie spirituelle à laquelle, vous et moi, nous avons eu le bonheur d'être appelés. Je ne sais rien de mieux pour répondre utilement à vos désirs, que de m'entretenir, avec vous, sur les voies qui conduisent l'homme à la sagesse, et qui l'y soutiennent. Car la possession de toutes les sciences possibles ne serait pour nous qu'un trésor embarrassant, incertain et même pernicieux, si nous n'étions bien instruits d'avance, quel doit être leur véritable but, et quels sont les moyens que nous avons continuellement à prendre pour remplir parfaitement leur objet.
En me livrant à l'envie d'être utile, je m'expose, sans doute, au danger de ne [page 68] pas toujours plaire ; peut-être qu'il m'échappera des vérités gênantes ; mais, malgré tous les avantages qu'un vrai désir nous y ferait trouver, soyez sûrs qu'elles me coûteront autant à dire, qu'elles pourront vous coûter à entendre, et je gémirai pour vous, s'il n'est pas en mon pouvoir de concilier le bien de l'homme, autant que je le voudrais, avec ses plaisirs.

- Loix temporelles de la justice divine pour l'expiation des différentes prévarications de la postérité du premier homme

Le premier homme ayant prévariqué dans les trois facultés de pensée, de volonté et d'action qui constituent l'homme image et ressemblance du Créateur, a assujetti toute sa postérité à trois pâtiments connus sous les noms de peine de corps, peine de l'âme, et peine de l'esprit ; chacun de ces trois pâtiments correspond avec une des facultés spirituelles, inhérentes, dans tout être mineur, et c'est parce que ces facultés ont été corrompues par le crime du premier homme, qu'il faut un pâtiment qui réponde à chacune d'elles, afin d'en opérer la réhabilitation, en satisfaisant à la justice.

- Traité des bénédictions

Comme rien n'existe que par les vertus des bénédictions, il est très important de connoître le vrai sens de ce mot, ainsi que les différentes manières dont les bénédictions opèrent sur les différentes espèces d’êtres, pour les vivifier, leur donner l'existence et la continuation de cette même existence.

- Rapports spirituels et temporels de l'arc-en-ciel

Les lois de la sagesse et de la miséricorde divine sont tellement disposées, que toutes leurs productions portent l'empreinte de l'archétype d'où elles émanent ; et comme il y a plusieurs classes de ces productions, chacune d'elles est en quelque sorte l'image et la copie de celle qui la précède et qui lui est supérieure. C'est pour cela que le monde physique et matériel est le véritable emblème du monde des esprits, comme le monde des esprits est celui du monde divin.

- De la Poésie prophétique, épique et lyrique

Les maitres de l'art poétique disent que l'objet de la poésie étant d'émouvoir, il faut que le poëte commence par être ému lui-même pour pouvoir faire passer dans ses auditeurs l'impression dont il est agité. Mais comment sera-t-il ému lui-même, si ce n'est par le principe de tout mouvement ? Car le mot émotion devient dangereux, s'il demeure vague, et toute émotion n'est pas indifférente.

- Phanor, Poème sur la Poésie,
- Vers à Racine le fils
- Stances
- FRAGMENTS LITTÉRAIRES.
    - Voltaire
    - Rousseau de Genève
    - Littérature du dernier siècle
    - Parallèle de Rousseau et de Buffon
    - Différence de Voltaire à Racine en fait de style
    - Du style en général
    - Poètes pauvres, Poètes riches
    - Passions dans les pièces dramatiques
    - Manzor Hagiani, Visir de Maraldi
    -- Littérature allemande
    - La folle Journée
   - Sur l'histoire en général, et sur les devoirs des Historiens
- Fragments d'un Traité sur l'Admiration

J'ai cru que ce serait rendre un service à mes semblables, que de fixer leurs regards sur un trésor abondant qui est sous leur main, qui peut procurer des lumières à leur intelligence et des jouissances à leur être essentiel : en un mot sur l'admiration.
Ce n'est pas sans avoir éprouvé de violents combats que je me suis livré à cette entreprise. L'idée de son inutilité est venue souvent enchaîner ma plume ; la crainte de profaner des vérités respectables en les publiant, m'a quelque fois arrêté ; enfin des difficultés de situation se sont efforcées de grossir les obstacles à mes yeux. Mais j'ai senti aussi que ce serait molester l'ennemi de la lumière, que de la répandre ; j'ai senti que des esprits de paix et de désir pourraient profiter de ces lumières, et me dédommager de ceux qui n'en profiteraient pas ; j'ai senti que, quant aux difficultés de situation, c’était à nous de les éviter, si cela nous était permis, ou de les vaincre, si nous ne pouvions pas les éviter : et je me suis lancé dans la carrière.

- De la Prière

Si la nature est comme l'initiation de toutes les vérités, la Prière en est comme la consommation, parce qu'elle les renferme toutes en elle. Et pourquoi renferme-t-elle en elle toutes les religions ? C'est qu'elle imbibe notre âme de ce charme sacré, de ce magisme divin qui est la vie secrète de tous les êtres, de ce magisme qui explique la diversité des religions des hommes, et qui justifie même leurs transports pour les différentes clartés qui ravissent leur esprit, puisque ce magisme qui n'est autre chose que l'admiration, nous le rencontrons partout où nous trouvons Dieu ; enfin de ce magisme qui nous fait traverser les dangers [page 404] sans les voir, supporter les fatigues sans les sentir, qui verse la paix, j'allais dire presque le plaisir sur nos maux et sur notre mort même, en donnant dans ces cruels moments, à notre être impérissable, des activités enchanteresses qui le portent à son terme, comme par un indéfinissable prestige, et en lui dérobant pour ainsi dire les périlleux sentiers que nous avons nécessairement à parcourir et en lui montrant physiquement que tous nos mouvements et tous nos pas se faisant dans la carrière de la vie, notre mort elle-même doit nous offrir ce caractère ; n'être pour nous qu'une des floraisons de l'admiration, et ne nous paraître que le sommet de cet édifice de la génération que nous devons bâtir pendant tout le cours de notre existence.

- [10] Prières tirées d'un manuscrit de Mr. de SAINT-MARTIN

Source éternelle de tout ce qui est toi qui envoies aux prévaricateurs des esprits d'erreur et de ténèbres qui les séparent de ton amour, envoie à celui qui te cherche un esprit de vérité qui le rapproche de toi pour jamais. Que le feu de cet esprit consume en moi jusqu'aux moindres traces du vieil homme, et qu'après l'avoir consumé, il fasse naître de cet amas de cendres, un nouvel homme sur qui ta main sacrée ne dédaigne plus de verser l'onction sainte. Que ce soit-là le terme des longs travaux de la pénitence, et que ta vie universellement une, transforme tout mon être dans l'unité de ton image, mon cœur dans l'unité de ton [page 445] amour, mon action dans une unité d’œuvres de justice, et ma pensée dans une unité de lumières.

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