Calendrier perpetuel 1832Année 1832

- Charles Nodier – Mademoiselle de Marsan
- Revue de Paris (Bruxelles) – T 10 : Oberman, par Sainte-Beuve
- Critiques et Portraits littéraires, Charles-Augustin Sainte-Beuve : articles sur Oberman, sur La Mennais (Tome I) ; sur Ballanche (Tome III).
- Bibliothèque universelle des sciences - Bulletin littéraire – Œuvres de Charles Nodier
- Revue encyclopédique T.56 - Compte-rendu du livre de Édouard Richer
- Feller - Dictionnaire historique, ou histoire abrégée de hommes
- Dictionnaire historique ou histoire abrégée des hommes qui se sont fait un nom
- Critiques et Portraits littéraires, Charles-Augustin Sainte-Beuve. Article également publié dans la Revue universelle, T.4
- Damiron - Essai sur l’histoire de la philosophie en France au dix-neuvième siècle : Article : Saint-Martin

1832 – Nodier – Mademoiselle de Marsan

1832 nodier marsanMademoiselle de Marsan

Par Charles Nodier

La Haye. Verloet, éditeur

1832 - Charles Nodier – Mademoiselle de Marsan

Deuxième épisode. – Le Tungend-Bund. Extrait, page 79-80

Le docteur Fabricius avait près de soixante dix ans; mais c'était un de ces septuagénaires, adolescents d'âme et d'imagination, qui imposent à l'esprit des jeunes par leur verve et leur vivacité. Ce qui frappait le plus dans sa singulière physionomie, c'est un type fort prononcé qui n'avait rien d'allemand, et dont le galbe mince, effilé, saillant, tenait plutôt quelque chose de l'Andaloux ou du Maure. Sa maigreur brune et osseuse, qui laissait presque à nu le jeu actif et passionné de ses muscles ; l'acutesse pénétrante de ses yeux ardents et mobiles dont le disque était un charbon et le regard une [p.80] flèche; l'étrange propriété de ses cheveux encore noirs, qui se hérissaient comme spontanément au moindre pli de son front, tout cet ensemble extraordinaire lui donnait quelque chose de l'aspect d'un aigle. J'ai entendu peu d'hommes plus abondants en paroles, mais son abondance pleine, soutenue, éloquente, même quand elle était diffuse, ne se répandait en épisodes et en figures que par excès de richesses, et s'y complaisait sans s'y perdre. Un homme ainsi organisé ne pouvait pas être entièrement étranger aux grandes pensées qui émouvaient alors l'Europe ; mais il s'abstenait avec une sorte d'affectation de tous les entretiens dans lesquels le mouvement naturel des esprits faisait rentrer ces idées en dépit de nous. La préoccupation qui le dominait semblait être un spiritualisme exalté, une théorie spéculative combinée des principes de Swedenborg, de Saint-Martin, et peut-être de Weisshaupt; mais son enthousiasme très expansif pour les livres d'Arndt, et de quelques autres philosophes tungend-bundistes, révélait en lui un profond sentiment de la liberté.1832 revue de paris t3

Ce livre a également paru dans la Revue de Paris 

Revue de Paris
Quatrième année – Tome III
Bruxelles - Louis Haumann et Compe - 1832 - Charles Nodier – Mademoiselle de Marsan 

Article : Mademoiselle de Marsan, par M. Ch. Nodier - Nouvelle extraite des Mémoires de Maxime Odin : Deuxième épisode. – Le Tungend-Bund. Extrait, page 187

1832 – Revue de Paris (Bruxelles) – T 10

1832 revue paris t10Revue de Paris
Seconde édition
3me année – Tome 10e
Bruxelles, M. Dumont, rue des Augustins, n° 16
1832 -  Revue de Paris – T 10 - Article : Oberman, Sainte-Beuve

Article : Oberman, Sainte-Beuve, extrait, pages 212-213

M. de Sénancour a eu, à tous égards, une de ces destinées fatigantes, malencontreuses, entravées, qui, pour être venues ingratement et s'être heurtées en chemin, se tiennent pourtant debout à force de vertu, et se construisent à elles-mêmes leur inflexible harmonie, leur convenance majestueuse. Si l'on cherche la raison de cet oubli bizarre, de cette inadvertance ironique de la renommée , on le trouvera en partie dans le caractère des débuts de M. de Sénancour, dans cette pensée trop continue à celle du dix-huitième siècle, quand tout poussait à une brusque réaction, dans ce style trop franc, trop réel, d'un pittoresque simple et prématuré, à une époque encore académique de descriptions et de périphrases ; de sorte que, pour le fond comme pour la forme, la mode et lui ne se rencontrèrent jamais ; on la trouvera dans la censure impériale qui étouffa dès lors sa parole indépendante et suspecte d'idéologie, dans l'absence de public jeune, viril, enthousiaste ; ce public était occupé sur les champs de batailles, et, en fait de jeunesse, il n'y avait que les valétudinaires réformés , ou les fils de famille à quatre remplaçans, qui vécussent de régime littéraire. Marie-Joseph Chénier, de la postérité du dix-huitième siècle comme M. de Sénancour, l'a ignoré complètement, puisqu'il ne l'a pas mentionné dans son Tableau de la littérature depuis 89, où figurent tant de noms. L'empire écroulé, l'auteur d'Oberman ne fit rien pour se remettre en évidence et attirer l'attention des autres sur des ouvrages déjà loin de lui. Il persévéra dans ses habitudes solitaires, dans les travaux par- [213] fois fastidieux imposés à son honorable pauvreté. Il s'ensevelit sous la religion du silence, à l'exemple des gymnosophistes et de Pythagore ; il médita dans le mystère, et s'attacha par principes à demeurer inconnu, comme avait fait l'excellent Saint-Martin. « Les prétentions des moralistes, » comme celles des théosophes, dit-il en tête des Libres Méditations, ont quelque chose de silencieux ; c'est une réserve conforme, peut-être, à la dignité du sujet. » Désabusé des succès bruyans, réfugié en une région inaltérable dont l'atmosphère tranquillise, il s'est convaincu que cette gloire qu'il n'avait pas eue ne le satisferait pas s'il la possédait, et s'il n'avait travaillé qu'en vue de l'obtenir.

Critiques et Portraits littéraires, Charles-Augustin Sainte-Beuve

stebeuve portraitsParis. Eugène Renduel, rue des grands Augustins, 22 - 1832

Présentation

« Toute la carrière de Sainte-Beuve est rythmée par la publication des volumes qui réunissent ses articles de critique littéraire. Cinq tomes de Critiques et portraits littéraires paraissent ainsi entre 1836 et 1839. De ce premier recueil seront tirés, avec des articles nouveaux, des Portraits de femmes (1re édition en 1844), des Portraits littéraires (1re édition en 1844) et des Portraits contemporains (1re édition en 1846). Les Portraits littéraires sont consacrés à des écrivains disparus au moment de l’article, tandis que les Portraits contemporains recueillent en principe des articles sur des vivants ainsi que des articles de polémique (comme le fameux brûlot « De la littérature industrielle », publié d’abord en 1839). (1) »
Sainte-Beuve, avant de publier son long article sur Saint-Martin dans les Causeries du Lundi, avait déjà parlé du Philosophe inconnu dans ses Critiques et Portraits littéraires, en le citant comme en passant. Il montrait déjà une bonne connaissance de ses ouvrages.

 => Voir l'article sur le siteCritiques et Portraits littéraires

1832 – Bibliothèque universelle des sciences

1832 bibliotheque universelle t3Bibliothèque universelle des sciences, belles-lettres, et arts rédigée à Genève
Faisant suite à la Bibliothèque britannique
XVIIme année – Littérature – Tome LI
Genève, Imprimerie de la Bibliothèque universelle
Paris, Rossange frères, libraire du Roi, rue de Richelieu, n° 60
1832 - Bibliothèque universelle des sciences - Œuvres de Charles Nodier

Bulletin littéraire – Œuvres de Charles Nodier - Extrait, pages 438-439

L'homme ne se révèle pas seul dans les livres de Mr. Nodier ; nous voyons aussi souvent paraître le philosophe, si toutefois l'on peut appeler de ce nom celui qui repousse la philosophie et conteste ses litres et sa valeur. Nous voyons par les ouvrages de Mr. Nodier qu'il a été longtemps enclin au mysticisme et est passé de là à un septicisme [sic] presque absolu. Ce sont deux ordres d'opinions qui doivent nécessairement se produire dans une époque de renouvellement comme la nôtre, et surtout parmi les hommes chez qui l'imagination domine la faculté raisonnante. Aussi tous les grands poètes de notre temps, un seul excepté, ont-ils exprimé les angoisses du doute avec une mélancolique énergique. « Je ne sais,» dit Alfred de Vigny, [p.439]

Je ne sais d'assuré dans le cahos du sort
Que deux points seulement, la souffrance et la mort.

Il ne faut pas s'étonner de voir le scepticisme et mysticisme coexister dans la même époque et se succéder dans la même intelligence. Ils partent d'un même principe, l'insuffisance et l'incompétence de la raison humaine. Le scepticisme en conclut que nous devons douter de tout ; le mysticisme que nous devons recourir, pour fonder nos croyances, à un moyen extranaturel ; la conclusion diffère, mais les prémisses sont les mêmes. Mr. Nodier nous raconte comment, dans sa jeunesse, il fut successivement entraîné par les doctrines de Swedenborg, de Saint-Martin, de Mesmer, de Puységur, qui captivèrent son esprit et fixèrent pendant quelque temps ses croyances. Plus tard, désabusé de toutes les théories de ce genre, il en est venu à croire qu'il n'existe rien d'absolument vrai, que la vérité est toujours uniquement relative. Chercher la vérité absolue, c'est suivant lui une des idées les plus folles qui puissent entrer dans l'esprit d'un homme. Il est résulté de là, dans ses ouvrages, différentes circonstances qui méritent d'être signalées. Vous devinez qu'il remettra en question toutes les traditions, tous les principes de la philosophie, les faits même regardés comme les plus avérés. Les paradoxes naissent sous sa plume dans une telle multiplicité que le lecteur pourra peut-être être porté à n'y voir qu'un jeu de l'esprit sans réalité et sans base. Ce serait cependant une erreur ; car au milieu de beaucoup d'idées qui ne supportent pas un sévère examen, l'immense érudition de Mr. Nodier et la sagacité pénétrante de son esprit lui ont suggéré des inspirations qui, je le crois, resteront acquises à l'histoire et à la critique littéraire. Il ne faut pas oublier combien de noms devenus chers à la France ont été signalés par Mr. Nodier, lorsqu'ils étaient encore inconnus à la majeure partie du public. Il nous suffira de citer entr'autres les noms du général Foi, de Lamartine, de Hugo, de Sainte-Beuve.

1832 – Revue encyclopédique – T 56

1832 revue encyclopedique t56Revue encyclopédique, ou Analyse raisonnée des productions les plus remarquables,

Publiée par MM. H. Carnot et P. Leroux

Volume 56

Paris. Au bureau de la Revue encyclopédique, rue des Saint-Pères, n° 26

Octobre – Décembre 1832 - Compte-rendu du livre de Édouard Richer

Article Livres Français : Compte-rendu du livre de Édouard Richer, Le livre de l’Homme de bien

Extrait, page 169-170

Pour celui qui dévoue sa vie à donner des croyances nouvelles à la société, c'est un devoir d'écouter tous ceux qui s'annoncent avec bonne foi comme ayant le même but. Or l'auteur de l'ouvrage dont nous avons lu l'extrait intitulé, le Livre de l'Homme de bien, mérite d'être remarqué par la chaleur de ses sentiments et l'élévation de sa pensée. C'est un disciple de Swedenborg. Tandis que la philosophie du XVIIIe siècle précipitait les hommes dans le matérialisme le plus brutal quelques-uns, par une sainte réaction, comme Swedenborg et Saint-Martin, se rejetaient dans un autre abîme. Quand les doctrines de l'égoïsme et de l'intérêt bien entendu se prêchaient et se popularisaient, ceux-là enseignaient le dévouement et le sacrifice absolu ; quand on se faisait gloire de positivisme, de ne rien croire que ce qui sautait aux yeux et frappait les sens, ceux-là bravaient la matière et le corps et [p.170] tout le monde extérieur, et s'absorbaient dans le pur esprit, dans des contemplations mystiques; ils avaient des visions, des communications avec Dieu et les anges.

1832 – Feller - Dictionnaire historique

1832 feller1832 - Feller - Dictionnaire historique, ou histoire abrégée de hommes qui se sont fait un nom par leur génie, leurs talens, leurs vertus, leurs erreurs ou leurs crimes, depuis le commencement du monde jusqu'à nos jours

par Feller, F.-X. de (François-Xavier), 1735-1802

Date de publication 1832 - Tome Douzième

Article Saint-Martin, p.39-42  

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1832 - Critiques et Portraits - Lamartine

Critiques et Portraits littéraires, Charles-Augustin Sainte-Beuvestebeuve portraits2
Paris. Eugène Renduel, rue des grands Augustins, 22 - 1832

Tome II (1836) Lamartine. Extrait, pages 33-46  

De tout temps et même dans les âges les plus troublés, les moins assujettis à une discipline et à une croyance, il y a eu des âmes tendres, pénétrées, ferventes, ravies d'infinis désirs et ramenées par un naturel essor aux régions absolues du Vrai, de la Beauté et de l'Amour. Ce monde spirituel des vérités et des essences, dont Platon a figuré l'idée sublime aux sages de notre occident, et dont le Christ a fait quelque chose de bon, de vivant et d'accessible à tous, ne s'est jamais [34] depuis lors éclipsé sur notre terre : toujours, et jusque dans les tumultueux déchirements, dans la poussière des luttes humaines, quelques témoins fidèles en ont entendu l'harmonie, en ont glorifié la lumière et ont vécu en s'efforçant de le gagner. Le plus haut type, parmi ceux qui ont produit leur pensée sur ces matières divines, est assurément Dante, comme le plus édifiant parmi ceux qui ont agi d'après les divines prescriptions est saint Vincent de Paule.

=> Voir sur le siteCritiques et Portraits - Lamartine

Cet article de Sainte-Beuve a également été publié dans la Revue universelle

1832-33 - Revue universelle – T 4

1832 revue universelle t4Revue universelle

Bibliothèque de l'homme du monde et de l'homme politique au 19e siècle

Première année, tome IV

Bruxelles, Louis Hauman et Cie, éditeurs

1832 

Lamartine par Sainte-Beuve. Extrait, pages 201-205

=> Voir l'article sur le siteCritiques et Portraits littéraires, Lamartine par Sainte-Beuve

1832 – Damiron - Essai sur l’histoire de la philosophie en France au dix-neuvième siècle

1832 damironEssai sur l’histoire de la philosophie en France au dix-neuvième siècle

Par M. Philibert Damiron (1794-1862), élève de l’ancienne École normale, Professeur de philosophie de l’Académie de Paris.

Quatrième édition,

Bruxelles

H. Dumont, libraire, rue des Augustins, n° 16

1832

=> Voir l'article sur le siteEssai sur l’histoire de la philosophie en France au dix-neuvième siècle