Calendrier perpetuel 1831Année 1831

- Louis-Claude de Saint-Martin - L'Homme de désir

- Encyclopédie moderne, ou Dictionnaire abrégé des hommes et des choses : Article Saint-Martin

- Revue européenne :
    Article littérature : De l’époque actuelle dans ses rapports avec les sciences, les lettres et les arts, par le baron d’Eckstein.
    Article : État religieux et intellectuel de l’Allemagne, par E. Jourdain. Correspondance. Philosophie allemande. Remarques sur la philosophie de Baader, et sur les objections auxquelles elle peut donner.

- Revue de Paris (Bruxelles) – Tome 2 - Article : Les proscrits. Esquisse historique, par M. de Balzac

1831 - Encyclopédie moderne, ou Dictionnaire abrégé des hommes et des choses

1831 encyclopedie moderne t20Encyclopédie moderne, ou Dictionnaire abrégé des hommes et des choses, des sciences, des lettres et des arts, avec l’indication des ouvrages où les divers sujets sont développés et approfondis.
Eustache Marie Pierre Courtin, ancien magistrat
Deuxième édition, revue, corrigée et augmentée de la biographie universelle de tous les hommes célèbres (nationaux et étrangers) depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours.
Tome vingtième
Bruxelles, chez Th. Lejeune, libraire éditeur, rue des Éperonniers, Sn 8, n° 397, au coin de la rue de la Madeleine ?
1831 - Encyclopédie moderne

Article Saint-Martin

Pages 269-270

SAINT-MARTIN (Louis Claude de), dit le Philosophe inconnu, né à Amboise en 1743, d'une famille honorable, puisa de bonne heure dans la lecture du livre intitulé l’Art de se connaître soi-même, par le théologien protestant J. Abbadie, les principes de philosophie, de morale et de religion qu'il professa toute sa vie. Destiné par ses parents à la magistrature, il étudia le droit ; mais ensuite préférant la profession des armes, qui lui laissait plus de loisirs pour s'occuper de méditations, il entra comme lieutenant dans le régiment de Foix, à l'âge de 22 ans. C'est alors qu'il fut initie par des formules, des rites et des pratiques, à la secte dite des martinistes, du nom de Martinez Pasqualis, qui en était le chef. Il n'adopta point entièrement les doctrines de cette secte ; mais ce fut par là qu'il entra dans la voie du spiritualisme. Plus tard, il exposa cette même doctrine dans ses ouvrages, et notamment dans son tableau naturel des rapports entre Dieu, l'homme, etc. Dans les associations de diverses nuances qui succédèrent à l'école de Martinez, après la mort de celui-ci, Saint-Martin suivait les réunions où l'on s'occupait d'exercices qui annonçaient, suivant son expression, des vertus actives. Il regardait comme étant d'un ordre sensible inférieur celles où l'on s'occupait du magnétisme somnambulique, auquel il croyait toutefois. Il eut l'occasion de se lier avec l'astronome Lalande ; mais la différence des opinions rompit bientôt cette liaison. Il eut aussi des rapports avec J.-J. Rousseau, dont il regardait la misanthropie comme un excès de sensibilité. Pour lui, il aimait les hommes comme meilleurs au fond qu'ils ne paraissaient être. La musique instrumentale, des promenades champêtres, des conversations amicales, étaient les délassements de son esprit, et des actes de bienfaisance, ceux de son âme. Il voyagea, comme Pythagore, pour étudier l'homme et la nature, et pour confronter le témoignage des autres avec le sien. De retour en France, après avoir visité l'Allemagne et l'Angleterre, il reçut la croix de Saint-Louis pour ses anciens services militaires. II n'émigra point à l'époque de la révolution, dans laquelle il reconnaissait les desseins terribles de la Providence, comme il crut voir plus tard un grand instrument temporel dans Bonaparte. Expulsé d'abord de Paris, comme noble, en 1794, il fut arrêté peu de temps après dans la retraite qu'il s'était choisie, comme faisant partie de la prétendue conjuration de la Mère de Dieu, Catherine Théos (voyez ce nom). Le 9 thermidor le rendit à la liberté, et vers la fin de la même année (1794) il fut désigné par le district ou arrondissement d'Amboise, sa patrie, comme un des élèves de l'école normale, destinée à former des instituteurs pour propager l'instruction. De retour à Paris, il y publia successivement une partie des écrits que nous indiquerons ci-après, faisant de temps à autre de petites excursions en province pour visiter quelques amis. Il mourut en 1803, au village d'Aunay (près Paris), où il était allé voir le sénateur Lenoir de La Roche, avec lequel il était lié depuis longtemps. Saint-Martin a beaucoup écrit, et ses livres ont été commentés et traduits en partie, principalement dans les langues du nord de l'Europe. Le but de ces mêmes livres est non seulement d'expliquer la nature par l'homme, mais de ramener toutes nos connaissances au principe, dont l'esprit humain peut être le centre. L'auteur s'efforce de démontrer que le spiritualisme n'est pas simplement la science des esprits, mais celle de Dieu. Voici la liste des ouvrages de ce philosophe : des Erreurs et de la Vérité, etc., par un philosophe inconnu, Edimbourg (Lyon), 1775, in-8° : écrit inintelligible, mais le plus remarquable de l'auteur et qui [270] lui valut le titre qu'il y prend lui-même, celui de philosophe inconnu (une suite des Erreurs et de la Vérité, etc., publiée en 1784, in 8°, a été signalée par Saint-Martin comme frauduleuse). Les Œuvres posthumes de Saint-Martin, ont été publiées à Tours, 1807, 2 vol. in-8°. On y trouve un journal, depuis 1782, des relations, des entretiens, etc., de l'auteur, sous le titre de Portrait de Saint-Martin, fait par lui même. On a confondu cet écrivain philosophe avec Martinez-Pasqualis (voyez ce nom), son maître. M. Gence a publié en 1824, chez Migneret, une Notice biographique sur Saint-Martin, in-8° de 28 pages.

1831 - Revue de Paris (Bruxelles) – Tome 2

1831 revue de paris t2Revue de Paris
Seconde édition
3e année – Tome 2e
Bruxelles - H. Dumont, rue des Augustins, n° 16
1831 - Revue de Paris (Bruxelles) – Tome 2

Article : Les proscrits. Esquisse historique, par M. de Balzac

Extrait, page 28

Pour comprendre ce siècle extraordinaire, l’esprit qui en dicta les chefs-d’œuvre inconnus aujourd’hui, quoique immenses, enfin pour s’en expliquer tout jusqu’à la barbarie, il suffit d’étudier les constitutions de l’université de Paris, et d’examiner l’enseignement bizarre alors en vigueur.

La théologie se divisait en deux Facultés, celle de théologie proprement dite, et celle de décret.

La faculté de théologie avait trois sections : la scolastique, la canonique et la mystique.

Il serait fastidieux d’expliquer les attributions de ces diverses parties de la science, puisqu’une seule nous intéresse.

Donc la THÉOLOGIE MYSTIQUE embrassait l’ensemble des révélations divines et l’explication des mystères.

Cette branche de l’ancienne théologie est la seule qui soit restée en honneur parmi nous. Jacob Bœhm, Swedenborg, Saint-Martin, Mmes Guyon, Bourignon et Krudener ; la grande secte des extatiques, celle des illuminés, ont, à diverses époques, dignement conservé les doctrines de cette science, dont le but a quelque chose d’effrayant et de gigantesque. Aujourd’hui, comme au temps du docteur Sigier, il s’agit de donner à l’homme des ailes pour pénétrer dans le sanctuaire où Dieu se cache à nos regards.