Calendrier perpetuel 1856Année 1856

– Annales de la Société d'agriculture d'Indre-et-Loire

– Aroux – La comédie de Dante - Le Purgatoire

– Le Correspondant  Avril 1856 - Études morales sur le temps présent, de M. Caro

– Cahagnet - Magnétisme. Encyclopédie magnétique spiritualiste

– Morin - Dictionnaire de philosophie et de théologie scolastiques

– Revue des deux mondes – T 6 M. de Balzac, par Eugène Poitou

1856 - Annales de la Société d'agriculture d'Indre-et-Loire

1856 annales toursAnnales de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département d'Indre-et-Loire
Centième année
Tome XL – Année 1856
Tours. Imprimerie Ladevèze, rue Royale
1861

Tableau séculaire de la Société d'agriculture de Tours - 1761-1862, par l'abbé C. Chevalier, Secrétaire perpétuel

Extrait, page 130

Parmi les hommes qui se groupèrent autour du marquis de Turbilly pour constituer la Société d'agriculture de la généralité de Tours, nous pouvons citer les noms les plus éminents de la province. Nos premiers collègues s'appelaient alors de Choiseul, d'Argenson, de Beaumont, de Chevreuse-Luynes, de Bohan, d'Effiat, d'Harembure, de la Motte-Baracé, de Champchevrier ; on y comptait aussi MM. de Fontenailles, de la Falluère, des Pictières, des Mazis, de Saint-Martin, le philosophe inconnu; de Voglie, ingénieur en chef de la généralité, auquel nous devons plusieurs travaux d'art remarquables; le sous ingénieur de Cessart, qui a laissé son nom à l'un des ponts de Saumur; l'abbé Dufrémentel, chanoine de Saint-Martin, qui insérait de savantes notices dans le modeste Almanach historique de Touraine, et préludait ainsi à une histoire complète de notre province; Brequigny, si érudit en diplomatique, qui composait ses doctes mémoires à son château de la Carte, à Ballan ; l'historien Anquetil, prieur de l'abbaye royale de la Roë, en Anjou; les deux Papion du Château, économistes et financiers ; le philanthrope Graslin, dont la mémoire est impérissable à Nantes, et beaucoup d'autres moins connus, mais non moins influents (1).

(1) Recueil des délibérations et des mémoires de la Société royale d'agriculture de la généralité de Tours pour l'année 1761.

bouton jaune   Tableau séculaire de la Société d'agriculture de Tours

1856 – Aroux – La comédie de Dante - Le Purgatoire

1856 ArouxE. Aroux - La comédie de Dante (Enfer – Purgatoire – Paradis)
Traduite en vers selon la lettre, et commentée selon l’esprit
Suivie de La Clef du langage symbolique des fideles d'amour
Tome second
Paris - Librairie des Héritiers J. Renouard - 1856

Le Purgatoire – Extrait, page 543-544

Vois le gazon, les fleurs, les arbres magnifiques
Que la terre a l’entour d’elle-même produit (32). [page 544]
Jusqu'à ce qu'aient paru, joyeux, ces yeux pudiques
Qui, tout en pleurs, vers toi me firent se hâter (33),
Tu peux te promener à ton choix ou rester.
N'attends donc plus de moi ni parole ni signe,
Et suis ton propre arbitre; il est droit, libre et sain ;
Ne pas faire à son gré serait erreur insigne;
Je te couronne et mitre ainsi ton souverain (34).

Notes

32. Ces adieux de Virgile à son [544] disciple sont évidemment symboliques. Au moment de le quitter, il lui déclare modestement que cette habileté sectaire, cette science païenne qu'il a déployée pour l'amener jusque-là, ne saurait plus suffire au point où ils sont parvenus, et où il n'a plus que des notions confuses des objets à traiter. En effet, il serait peu convenable de revêtir le chantre d'Enée de la robe de docteur en théologie ; il l'invite à prendre son plaisir pour guide, c'est-à-dire ce qui lui plait uniquement, cette doctrine dont il attend le bonheur, sa Béatrice, en l'assurant qu'avec elle, et grâce à son langage, de plus en plus orthodoxe, tous les obstacles vont s'aplanir devant lui; puis, pour l'encourager, il lui montre le soleil de la raison, aux rayons duquel vont naître d'elles-mêmes, comme le gazon et les fleurs brillant à ses yeux, les images et les expressions les plus propres à faire illusion à dame Piété.

33. Ces yeux ou ces enseignements, qui sont tour à tour lieti dans leur essence, pour propager le gai savoir, et lacrimosi dans la forme, pour le dissimuler sous une orthodoxie frauduleuse; ces yeux qui n'auront garde de ne pas se conformer à la formule maçonnique : J'ai pleuré et j'ai ri; comme a fait Arnaud Daniel.

34. Non seulement Virgile, en qualité de premier hiérophante, se démet de toute autorité sur son disciple, qui peut s'arrêter ou avancer à son gré, non revenir sur ses pas; mais encore il le fait, par l'imposition des mains, roi et pontife, ne relevant, pour sa conduite et sa croyance politique et religieuse, que de sa propre raison, de son libre arbitre, qu'il déclare droit et sain. Il l'affranchit ainsi du joug de l'autorité, ou les mots restent sans valeur. « Cette idée, dit Matter, que les vrais initiés du christianisme sont faits rois et prêtres, est à la fois judaïque, persane, chrétienne et gnostique. » On la retrouve dans la Franc-maçonnerie comme dans les écrits des mystiques et dans l'Apocalypse. Saint Martin, le philosophe inconnu, nous affirme que « l'homme régénéré est le commissaire de Dieu sur la terre, et l'intermédiaire naturel entre le Ciel et la terre ; » à l'en croire, « il sera roi, grand prêtre, grand juge et souverain législateur. » Voy. p. 97 et 196 des Revél.

bouton jaune  La comédie de Dante - Le Purgatoire – Extrait, page 543-544

1856 – Le Correspondant T2  

1856 le correspondant t2Le Correspondant – Recueil périodique
Religion – Philosophie – Politique – Sciences – Littérature – Beaux-Arts
Tome trente huitième de la collection
Nouvelle série – Tome second
Paris. Charles Douniol, libraire éditeur. 29, rue de Tournon - 1856

Études morales sur le temps présent, de M. Caro – Compte rendu par M. Foucher de Careil - Extrait, page 102

On s'étonne aussi, dans un autre sujet, de trouver M. Caro si sévère à M. Jean Reynaud, l'auteur de Ciel et Terre, après avoir été, dans sa thèse, favorable à Saint-Martin*. Il me semble que ces deux hommes, tous les deux théosophes, tous les deux théophilanthropes, se ressemblent par les qualités et les défauts d'un mysticisme voisin du panthéisme humanitaire qui s'était acclimaté vers la fin du dernier siècle en Allemagne et même en France. Tous deux ont écrit leurs plus belles pages sur l'immortalité de l'âme, et M. Caro ne peut expliquer ce progrès de sévérité qui s'applique à des élans de spiritualisme que pour se punir peut-être d'un excès d'indulgence dans sa première élude.

Il est d'ailleurs intéressant de suivre le mouvement des polémiques dont Ciel et Terre, de M. Jean Reynaud, a été l'objet.

Note : * Saint-Martin, thèse pour le doctorat, par M. Caro. — Hachette.

bouton jaune  Compte rendu par M. Foucher de Careil - Extrait, page 102

1856 – Cahagnet - Magnétisme. Encyclopédie magnétique spiritualiste

1856 cahagnetMagnétisme. Encyclopédie magnétique spiritualiste, traitant spécialement de faits psychologiques, magie magnétique, magie céleste, etc.
Par L.-A. Cahagnet, auteur des Arcanes de la vie future dévoilés, etc., etc.
Tome II
Chez l’auteur, porte Saint Germain, route de Bezons, à Argenteuil.
Et chez Germer Baillière, libraire, 17, rue de l’école de médecine, à Paris. - 1856

Extrait de correspondance entre un lecteur et l’auteur, M. Cahagnet, page 166

… Les Bacon, Arnault de Villeneuve, Géber, Nicolas Flamel, Cardan, Faust, Paracelse, comte de Saint germain, Saint Martin, Cagliostro, etc., etc., etc., tous pères au premier degré des sciences occultes, n’ont pu opérer chacun dans leur art que soumis aux résistances de cet art.

bouton jaune  Extrait de correspondance entre un lecteur et l’auteur, M. Cahagnet, page 166

1856 – Morin - Dictionnaire de philosophie et de théologie scolastiques

1856 MorinDictionnaire de philosophie et de théologie scolastiques, ou études sur l'enseignement philosophique, et théologique au moyen âge contenant
1. La bibliographie des principaux docteurs de cette époque ;
2. L’analyse de leurs ouvrages les plus importants ;
3. L’examen comparé de leurs opinions sur divers sujets qui se rattachent à la philosophie et à la théologie, et même à la science proprement dite ;
4. L’explication détaillée des expressions qui constituent la langue scolastique ;
5. L’indication d’une méthode nouvelle destinée à éclaircir l’histoire intellectuelle du Moyen âge
Par Frédéric Morin, agrégé de philosophie
Publié par M. l’abbé Migne, éditeur de la bibliothèque universelle du clergé ou des cours complets sur chaque branche de la science ecclésiastique
Tome premier
S’imprime et se vend chez J.-P. Migne, éditeur, aux ateliers catholiques, rue d’Amboise, Au Petit-Montrouge, Barrière d’Enfer de Paris - 1856

Article Cornélius Agrippa (1486-1535) - Extrait, pages 415-416

Le lenteur aura sans doute fait deux parts dans ce qu'il vient du lire : d'un côté il y a une protestation contre la philosophie scolastique qui prétend prouver l'existence de Dieu par des arguments exclusivement a posteriori; d'un autre côté, il y a la proposition explicite de remplacer ces arguments par les procédés qui constituent l'illuminisme.

Un mot d'abord sur ce dernier point :

Tous ceux qui ont lu le théosophe Saint-Martin, auront sans doute été surpris de l'analogie profonde des chapitres IIIe, IVe et Ve du De triplici ratione avec les doctrines de l'homme de désir. Suivant Agrippa, comme suivant Saint-Martin, la révélation chrétienne et la révélation mosaïque renferment deux éléments, disons mieux deux théories : Une théorie pour le vulgaire, et matérielle comme lui ; une théorie plus relevée et plus spirituelle qui n’a pas été écrite, mais a été transmise oralement. Quand il s'agit du judaïsme, Agrippa ne craint pas de nommer la tradition supérieure qui était suivant lui le dépôt de cette grande science antérieure au christianisme : suivant lui, c'est la cabale. Il la regarde comme l'explication universelle et souveraine de la plupart des mystères de la création, comme une synthèse puissante et lumineuse qui rend compte de toutes les choses Unies et nous montre en Dieu leur auteur suprême. Toutefois la cabale ignore le grand dogme de la Trinité : celui-ci a été révélé par le christianisme. Mais le christianisme est double, comme le mosaïsme. Il renferme, à côté des dogmes mystérieux qu'il propose à la foi, des lumières qui sont communiquées par l'Esprit-Saint, aux âmes qu'il en juge dignes; et ce sont ces lumières qui sont le vrai litre aux dignités ecclésiastiques et au gouvernement de l'Église. On n'ignore pas que ce principe, qui était déjà invoqué au XVe siècle par l'hérésie, le fut plus vivement encore au XVIe par les luthériens et leurs successeurs. Toutefois, Agrippa ne semble pas l’employer, comme eux, à la négation de toute hiérarchie ecclésiastique ; et sous ce rapport il prend une attitude assez semblable à celle [416] que prirent au commencement du XIXe siècle quelques catholiques qui se mirent à l'école de l'homme de désir.

Comme le théosophe inconnu, Agrippa exagère aussi la puissance de l'homme, parce qu'il suppose que le dernier secret des choses peut lui être livré, et qu'il est capable d'un empire sur la nature aussi vaste que son intelligence. Comme lui, il maudit toute dialectique, tout travail logique, toute science et même les distinctions morales ; seulement son illuminisme a un rapport plus immédiat avec celui du XVIe siècle, d'où sortit la prétendue réforme.

bouton jaune  Article Cornélius Agrippa (1486-1535) - Extrait, pages 415-416