Année 1920
Revue des Deux Mondes, T. 55
- Iswolsky - Souvenir de mon ministère
Mercure de France
- Ernest Raynaud, Le symbolisme ésotérique
ÉON, revue spiritualiste
- Le Martinisme
François Jollivet-Castelot (1874-1937)
- Le destin ou Les fils d'Hermès
1920 - Revue des Deux Mondes, T. 55 - Iswolsky - Souvenir de mon ministère
Revue des Deux Mondes
Fondateur François Buloz
Tome cinquante-cinquième
Quatre-vingt-dixième année
Livraison du 1er janvier 1920
Paris
15, rue de l’université
Souvenir de mon ministère – IV. Nicolas II, A. Iswolsky.
Extraits, pages 68-71
Faut-il s'étonner, après ce qu'on vient de lire, que l'empereur Nicolas soit tombé sous l'influence d'un vulgaire imposteur, — le fameux Philippe, — d'abord garçon boucher à Lyon, ensuite spirite, magnétiseur et guérisseur, accusé dans son pays de diverses escroqueries, et qui finit par être l'hôte de la cour impériale russe, consulté par le couple impérial non seulement sur tout ce qui touchait à sa vie privée, mais, assure-t-on, sur les plus graves affaires de l'État.
On ne peut s'empêcher d'être frappé par l'analogie de la fortune d'un Philippe, et, un peu plus tard, d'un Raspoutine, auprès des souverains russes et d’une partie de leur entourage, avec le rôle joué dans la haute société française à la fin du XVIIIe siècle par des guérisseurs et des thaumaturges du même genre. Il semble bien qu'à un siècle de distance, les approches d'une grande crise révolutionnaire aient été marquées, en vertu d'une loi historique mystérieuse, par le même besoin qu'éprouve une société en voie de décomposition, de se réfugier dans le merveilleux; il est vrai qu'un Philippe ne nous apparaît que comme un imposteur d'un ordre inférieur et ne peut guère être mis en ligne avec un comte de Saint-Germain, un Saint-Martin ou même un Cagliostro ; mais la source de leur succès est la même, et l'influence du « Comte pour rire (Surnom donné par Voltaire au comte de Saint-Germain) » sur le Landgrave de Hesse (il est à noter que l'impératrice Alexandra est une princesse hessoise), du « Philosophe inconnu» (C’est ainsi que Louis-Claude de Saint-Martin s’intitulait lui-même) sur la duchesse de Bourbon, ou de Joseph Balsamo (Véritable nom de Cagliostro) sur le cardinal de Bourbon, n'est pas d'une autre qualité que l'emprise de Nizier Vachol [Anthelme Philippe NIZIER (1849-1905)], dit Philippe, sur l'Empereur et l'Impératrice de Russie.
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1920 – Mercure de France - Le symbolisme ésotérique, Ernest Raynaud
Mercure de France – n° 521
31ème année.
Tome CXXXVIII – 1er mars 1920
Le symbolisme ésotérique, Ernest Raynaud
Il faut avoir un peu de folie qui ne veut avoir plus de sottise. MONTAIGNE
Au XVIIIe siècle, toute la France, prise d’une crise de sensiblerie, s’était mise à larmoyer avec Rousseau et ses petits poètes, fabricateurs d’idylles. Au XIXe siècle, prise d’une crise de neurasthénie, elle se met à geindre avec Chateaubriand et les Romantiques. La mélancolie de René se fera plus âpre chez ses successeurs, sa misanthropie plus agressive. Sa plainte s’enfle à mesure, devient révolte chez Vigny, désespoir chez Musset, colère chez Baudelaire et aboutira, avec Léon Bloy, à une sorte de frénésie imprécatoire, j’allais écrire à une véritable attaque de delirium tremens. C’est ce même Léon Bloy qui signait Caïn Marchenoir ; et que Barbey d’Aurevilly appelait « une gargouille de cathédrale déversant l’eau du ciel sur les bons et les méchants ». Tant il est vrai que les révolutions sociales engendrent une épidémie de troubles nerveux. Cela provient d’une déchirure subite. La France de Voltaire souffrait d’être amputée de sa foi comme la Jeune France républicaine d'être amputée de ses rois. Il y a un vide à combler. Un affranchissement trop brusque laisse les esprits désemparés. On songe au morphinomane à qui la drogue indispensable vient à manquer soudain. L’esclave libéré n’acquiert pas du jour au lendemain les sentiments d’un homme libre. Sa liberté lui pèse. C’est un nouvel apprentissage à faire. Je ne sais si, comme le prétendent certains, l’homme est né sujet et réclame un maître, mais, à voir ce [page 390] qui se passe, on serait tenté de croire que l’homme, né religieux, n’arrivera jamais à se passer d’idoles. Il ne démolit les autels que pour en édifier d’autres. D’où vient cet appétit de merveilleux, ce fétichisme indéracinable des cœurs ? L’athéisme est un vain mot. Ceux qui en font profession adorent encore une entité : l’Art, la Science, la Patrie, l’Amour. Un besoin de dévouement et de sacrifice semble nous avertir que toute notre destinée ne se joue point ici-bas et qu’il y a pour nous, sur terre, autre chose à conquérir qu’une vaine satisfaction physique. Le paganisme même a connu l’amertume qui se lève de fonte leporum. La fréquence des suicides au sein de la fortune et des plaisirs est une démonstration évidente de cette vérité. Une soif d’au-delà persiste malgré tout, et, de quelque côté que nous nous tournions, nous nous heurtons au Mystère, ce mystère dont la plupart des symbolistes, à la façon de Maeterlinck, ont fait leur spécial élément et où ils ont pris la révélation du « tragique quotidien ». Quand on écoute au ciel, dit Hugo, on croit entendre marcher quelqu’un. On a beau vouloir s’endormir sur l’oreiller d'une molle tranquillité, le doute revient plus angoissant que jamais, et quiconque a essayé de se réfugier dans l’indifférence ; s’il mérite le nom d’homme, se surprend à murmurer avec Musset : « Je ne puis..., malgré moi l’infini me tourmente. »
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1920 - ÉON, revue spiritualiste
ÉON
Revue spiritualiste
Fondateur D. P. Semelas
N° 1 – 1er décembre 1920
Directeur : R. Well
Le Martinisme, pages 6-7
Dans les dernières années avant la guerre, le docteur Encausse, connu sous le pseudonyme de Papus, fut, comme président du Suprême Conseil de l'Ordre Martiniste, le promoteur d'un fort mouvement spiritualiste.
Papus mourut en 1916, et l'on cessa dès ce moment d'être au courant des travaux de son école. La Revue l’Initiation ne parut plus et un silence absolu se produisit subitement, laissant ainsi supposer que l'Ordre Martiniste rayonnant de Papus avait été emporté dans la tombe avec lui.
Ayant appris dernièrement que quelques-uns de ses disciples et amis essayaient de reprendre les travaux de leur maître défunt, je me rendis au siège de l'Association des Amis de Claude de Saint-Martin, 31 bis, avenue de la République, Paris, et priai le président de l'Association, M. Gaston Dupré, de vouloir bien m'exposer l'état actuel du Martinisme :
— Le Martinisme, me dit-il, est, si je puis dire, plus vivace que jamais ; car si, pendant cinq ans, il est rentré dans le silence et l'oubli, les maîtres qui veillent sur l'Ordre l’ont épuré et, avec une vie nouvelle, lui ont redonné la jouissance de son intégrale initiation.
— L'Ordre Martiniste ne possédait donc pas l'initiation purement martiniste ? demandai-je.
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1920 - Le destin ou Les fils d'Hermès
François Jollivet-Castelot (1874-1937),
Président de la Société Alchimique de France
Le destin ou Les fils d'Hermès : roman ésotérique
Paris
Bibliothèque Chacornac
11, quai Saint-Michel
1920
« À la mémoire des trois mages : Stanislas de Guaita, Saint-Yves d’Alveydre, Papus. »
Leur Frère d’Armes, F. J. C.
Présentation
François Jollivet-Castelot (1874-1937), créateur et président de la Société alchimique de France, fonde et dirige les revues L'Hyperchimie, Rosa Alchemica, Les Nouveaux Horizons de la science et de la pensée et enfin La Rose+Croix. Ami de Papus, de Stanislas de Guaita, Alexandre Saint-Yves d'Alveydre, il écrit des articles dans les revues L’Initiation et le Voile d’Isis.
Sur le site Réflexions sur trois points se trouve une biographie de l’auteur : Grandes figures du passé, François Jollivet-Castelot
Son roman, Le Destin ou les Fils d’Hermès, édité en 1920, retrace à travers l’histoire du comte Gaston de Lambert, son parcours, son cheminement intérieur, ses recherches ésotériques, ses engagements et ses rencontres avec les personnalités occultisantes de son époque.
Sommaire : Paul Sédir, Papus, Stanislas de Guaita, Saint-Yves d'Alveydre, l'École martiniste, F-C. Barlet, L'Initiation avec le discours de Papus, les membres de l'École martiniste, Rochas d'Aiglun. [Les titres sont du Webmestre.]
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