Charles-Henri, baron de Gleichen
(1733, Nemersdorf – 5 avril 1807 Ratisbonne)

Tome dix-septième, publiée par Louis Michaud, Paris 1816, pages 504-506 

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Chambellan de S. M. le roi de Danemark, chevalier de l’ordre de Danebrog et de l’Aigle rouge de Prusse, naquit à Nemersdorf, dans le pays de Bayreuth, en 1733. Après [505] avoir fait de très bonnes études à l'université de Leipzig, il entreprit, à l’âge de vingt ans, son premier voyage de Paris.

Il accompagna ensuite, en 1765, le margrave de Bayreuth en Italie, y resta un an, et s'y voua entièrement à l'étude de l'antiquité et des beaux-arts. Il y retourna encore chargé de différentes commissions d'achats pour le margrave, parcourut toute l'Italie depuis 1756 jusqu'à 1768, revint par Avignon, et se rendit à Bayreuth, où la protection du duc de Choiseul, dont il s'était acquis l'amitié à Rome, lui obtint la place de ministre de Bayreuth à Paris. Il ne conserva ce poste que le temps nécessaire pour se faire connaître, demanda sa démission au bout de neuf mois, et se rendit alors, d'après les conseils du duc de Choiseul, à Copenhague.

gleichenEn 1759, le roi de Danemark le nomma son envoyé à la cour de Madrid: il y résida trois ans, et fut envoyé de là à Paris en juin 1765, après le rappel du comte de Wedel - Frys. Cette mission était l'objet de ses souhaits les plus ardents. L'époque à laquelle le baron de Gleichen vint à Paris, était très intéressante pour le Danemark. Les vue ambitieuses de Catherine II sur le Nord alarmaient le roi, qui chercha à resserrer plus étroitement les nœuds de son influence avec la France. La liberté du Nord, le rétablissement de l'équilibre dans cette partie de l'Europe, la diminution de l'influence du cabinet de St-Pétersbourg, devenu si impérieux et si entreprenant; la protection de la France en faveur des nations navigantes et commerçantes contre le système d'asservissement et de monopole des Anglais et des Hollandais sur mer, l'observation des anciens traités, le paiement des subsides arriérés et dus par suite des traites de 1749 et 53: tels furent les objets principaux de la mission du baron de Gleichen.

Il conserva sa mission de Paris sept ans, et reçut, en 1768, l'ordre de Danebrog comme un témoignage de la satisfaction de son maître. Le roi de Danemark vint, dans les derniers mois de la même année, à Paris: il eut tout lieu d'être content du séjour qu'il y fit; et c'est M. de Gleichen qui l'y reçut et l'accompagna partout.

Ce fut cependant à cette époque que le comte de Bernstorf prit de l'humeur contre de Gleichen, et lui fit perdre son poste : il reconnut ses torts par la suite, et s'occupa de les réparer en lui procurant celui de Naples. La nouvelle mission fut intéressante sous tous les rapports; les relations établies entre les deux cours étaient très agréables : les affaires n'étaient nullement difficiles ; elles se réduisaient à protéger le commerce danois, et à lui procurer tout le développement possible.

C'est dans cette vue que la cour de Danemark avait proposé, quelques années auparavant, à celle de Naples, un traité de commerce qu'il s'agissait de conclure. Gleichen fut envoyé à Naples en 1770 pour cet objet; il y remplaça le comte d'Oslein, qui, peu de temps après, succéda au comte de Bernstorf dans le ministère. Le nouveau ministre n'eut rien de si pressé que de supprimer entièrement le poste de Naples.

Le rescrit du roi qui énonce cette disposition est du 15 août 1771. Le baron de Gleichen quitta alors la carrière diplomatique ; il passa quelques années à voyager, et finit par se fixer à Ratisbonne en 1779. Il avait l'esprit d'analyse et d'observation au plus haut degré, et la tête meublée des meilleurs auteurs anciens et moderne. Ayant vécu avec les personnes les plus instruites et les [506] plus spirituelles de son temps, ayant beaucoup vu, beaucoup comparé, il avait une conversation agréable, instructive, riche de faits anecdotiques et d'observations piquantes. A tant de connaissances et de moyens, il ajoutait un caractère excellent et d'une indulgence extrême.

Ce fut depuis sa retraite des affaires, qu'il se livra plus particulièrement à l'étude de la philosophie et de la métaphysique. A cette époque, il publia différents ouvrages en allemand, dont les deux principaux sont les Hérésies métaphysiques (Metaphysische kelzereien), en 2 vol., imprimés d'abord en 1791, et augmentés en 1796, et les Pensées sur divers sujets de la politique et des arts libéraux, en 1797.

Une partie du premier ouvrage fut traduite en français, sous le litre d'Essais théosophiques, en 1792. M. de Gleichen mourut à Ratisbonne le 5 avril 1807, âgé de plus de soixante-treize ans. Il a laissé en manuscrit des Mémoires de sa Vie, qui présentent un grand intérêt: son ami intime, le comte de Westerholz, à Ratisbonne, en est le dépositaire; il en sera probablement l'éditeur.

Ustéri.