1804 etat.GO.2partie1804 - Ode sur l’origine et la destination de l’homme

« La connaissance de soi est au cœur de l’Ode, au cœur de Saint-Martin, de moi, de tout. Non pas connaissance d’ordre psychologique, encore que la psychologie empirique ou spéculative, puisse contribuer ; mais connaissance métaphysique. Elle découvre à l’homme son essence ; donc d’où il vient et où il va. Plutôt où il doit aller » (Robert Amadou, « Introduction à l’Ode / Stances. » Œuvres majeurs, tome I. Hildesheim-Zurich-New York, Georg Olms Verlag, 1975, p.567*).

Ce poème, Louis-Claude de Saint-Martin l'a publié une première fois en 1781. Saint-Martin l’a repris, le modifiant sur « la forme et sur le fond », en a changé le titre en Stances, et l’a publié en 1796. Il l'a offert à son ami et correspondant Kirchberger. Ce texte a été publié plusieurs fois, souvent associé avec le poème Le Cimetière d’Amboise.

Nous avons trouvé le texte original dans l’État du Grand Orient de France de 1804. L’Ode est précédée d’une Circulaire qui présente cette « ode enchanteresse et consolatrice », puisqu’elle fait suite à l’oraison funèbre du R∴ F∴ Louis-Joseph Francoeur.

Le texte de l’Ode est signé « Par le f. St. Martin ». Toutefois, cette signature n’est pas celle de Saint-Martin, comme le montre la signature authentique sur l'acte de baptême d'un petit neveu de Jean-Baptiste Willermoz en 1786.

La Circulaire suivante présente une anecdote concernant un élu coën, ami de Saint-Martin, Pierre-André Grainville (1729-1794).

Nous donnons également les différentes éditions des Stances depuis 1796 et une petite biographie de Pierre-André Grainville.


Présentation de l'Ode dans l'État du Grand Orient

Tome premier de la reprise
Seconde partie de l’an 5804
V. M. DCCC. IV

C’est à la suite de l’éloge funèbre du R∴ F∴ Louis-Joseph Francoeur, ancien surintendant de la musique du Roi et ex-Directeur du Théâtre des Arts, prononcé dans le sein de la R∴ L∴ de la Vraie-Réunion, le 19e jour du 3e mois de l’an de la V∴ L∴ 5803 le F∴ Goujon, Orateur-adjoint, remplissant, par intérim, les fonctions d’Orateur, (pages 347-360) que le texte suivant se trouve pages 360 et suivantes :

Circulaire (pages 360-362)

Pour balancer les idées chagrinantes qu’ont dû jeter dans vos âmes les tristes tableaux des pertes irréparables essuyées [page 361] par notre respectable Société, nous allons mettre sous vos yeux, TT.﮲. CC.﮲. FF.﮲.,  une image plus satisfaisante : puisque les idées grandes qui vous seront offertes, vous paraître une indemnité sûre des traverses et des sacrifices multipliés qu’entraîne le passage périlleux de l’homme sur le globe terrestre !

Cette ode enchanteresse et consolatrice, est de la composition du F∴ de Saint-Martin, que la mort a saisi inopinément depuis deux ans. Il avait été admis, en 1769, par l’un des membres zélés du G∴ O∴ de France, aux mystères de notre Ordre, et s’en était tellement pénétré, qu’à l’instant même qu’il a connu les véritables grades supérieurs qu’il a été à portée d’en démêler les rapports directs, et étroitement liés avec nos grades symboliques, il s’est exclusivement livré à son enthousiasme, a quitté le service, il y touchait au grade de capitaine dans un régiment d’infanterie, et le fruit qu’il a recueilli de ses travaux Maçonniques a produit plusieurs ouvrages trop peu connus, et encore moins faciles à comprendre, à moins qu’on ne soit initié dans les mêmes mystères. [page 362]

De ce nombre sont :

1. Le Livre des Erreurs et de la Vérité, 1 vol. in-8°.
2. Les Rapports entre Dieu, l’Homme et l’Univers, 2 vol. in-8°.
3. La Suite des Erreurs et de la Vérité, 1 vol. in-8°. [Rappelons que ce livre n’est pas de Saint-Martin et qu’il s'est défendu de l’avoir écrit].

Si nous savions où l’on peut trouver ces œuvres dignes de recherche, nous nous empresserions de l’indiquer à nos Frères.


Ode M∴ Sur l'Origine et les destination de l'homme (page 363-368)

Ce texte est une reproduction de la toute première version de l’Ode sur l’origine et la destination de l’homme.

Selon Robert Amadou (Œuvres majeurs, tome I, page 565*) il aurait été publié en 1781, du moins, c’est ce qu'écrit Louis-Claude de Saint-Martin à son correspondant bernois, Kirchberger, dans sa lettre du 15 août 1796, après avoir modifié le texte et changé le titre Ode en Stances :

Lettre XCIV, Le 15 août 1796 (15 thermidor, an 4), page 184 .

« … Je vous envoie une petite pièce de vers qui avait déjà été imprimée il y a quinze ans, mais avec beaucoup de fautes, quant à la forme et quant au fond. J’ai tâché de la raccommoder de mon mieux, il y a quelques semaines, et je vous en fais part comme à quelqu’un qui aime tout ce qui le ramène à son principe ; ne voyez que le but et tolérez les imperfections de l’artiste ».

Son correspondant lui répond le 8 octobre 1796 de Morat (dans le canton de Berne, en Suisse), p. 288, en accusant réception de sa « lettre qui contenait les stances » et ajoute :

« Je les lui [à notre ami Divonne] communiquai. Il en fut enchanté, et il m’écrivit à ce sujet, depuis Berne, les lignes suivantes : « Je vous remercie de m'avoir envoyé la pièce de vers de M. de S. Voici ce que je vous prie de lui dire à ce sujet : En lisant ces vers, j'ai éprouvé dans mon âme quelque chose de si marquant et de si particulier, que je veux le lui exposer simplement. Il me semblait que ma tendresse pour lui se réveillait d'une manière plus vive, et en même temps j'éprouvais comme si quelque chose se mettait entre lui et moi, ou plutôt l'arrachait de moi, de manière à me causer un sentiment vraiment douloureux. »

Divonne termine ce passage avec les paroles énigmatiques suivantes :

« O vérités ! ô lumière ! O vie ! la mort seule a entendu le bruit de votre renommée. »

Saint-Martin dans Mon portrait historique et philosophique (1789-1803), publié par Robert Amadou (Paris, Julliard, 1961), explique les raisons qui lui ont fait modifier l'Ode :

« J'ay raccomodé l'Ode sur l'origine et la destination de l'homme, et je luy ay donné le nom plus modeste de Stances. Quelques personnes ont pretendu que les principes qui y etoient exposés etoient plus propres à fixer les yeux des gens distraits que si ces principes n'etoient ecrits qu'en prose. Pour moi, soit en vers soit en prose j'attends fort peu de profit de toutes ces choses à moins que le lecteur ne soit régénéré. Il y a peut-être même plus de danger pour lui que ces tableaux philosophiques et religieux soient si soignés quant à la forme ; parce que quand il sent le vers ronfler dans ses oreilles, il se trouve content, et s'arrête là, sans songer qu'il faut en outre que les principes ou le suc de cette poësie entre jusque dans son cœur, et s'y fixe de maniere à n'en pouvoir jamais etre arrachés. » (§672, orthographe originale).

Pour mieux saisir la différence entre une ode et des stances, voici la définition qu'en donne le Dictionnaire de l'Académie française (Tome second, L - Z. Paris, Libraires associés, 1765) :

ODE, f. f. Sorte de poème lyrique, qui dans la poésie française est divisée par strophes ou stances, de même mesure et de même nombre de vers, et dont ordinairement le style doit être noble et élevé.

STANCES, f.f. pl. Sorte d'ouvrage de poésie, composé de plusieurs couplets, qui ordinairement sont tous du même nombre de vers et de la même mesure que le premier couplet.


 Autres éditions des Stances 

 C’est en 1796 que Louis-Claude de Saint-Martin publie pour le première fois les Stances sur l’origine et la destination de l’homme. Après avoir repris l’Ode sur l’origine et la destination de l’homme (publiée en 1781).
Voici les différences publications des Stances.

1807 - Œuvres posthumes

Dans le tome premier, se trouvent les Stances sur l’origine et la destination de l’homme, page 329 et suivantes.

1860 - Poésies

Poésies, par Louis-Claude de Saint-Martin, nommé Le Philosophe inconnu. Leipsic, Institut littéraire. Würzburg, le 14 mai 1860. V. & J. Comme le remarque R. Amadou dans Œuvres majeurs, VII, p.27, « l’épigraphe de l’originale et des Œuvres posthumes est omise en 1860 et doit être restituée. Ce vers de Virgile, au livre VI de l’Enéide, n°852, précède celui que Saint-Martin estimait le plus beau qui soit au monde. »

Cette épigraphe est la suivante : Hae tibi erunt artes (Voici tes arts).
Cette édition comporte les vers tirés du tome premier des Œuvres posthumes :

Avant-propos
Élégie
Acrostiche
Phanor
Stances sur l’origine et la destination de l’homme
Le Cimetière d’Amboise
À Racine, auteur du poème de la Religion

 1913 - Le Cimetière d’Amboise suivi des Stances sur l’origine et la destination de l’homme.

Préface de Papus. Paris, Librairie générale des sciences occultes. Bibliothèque Chacornac, 1913. Les Stances se trouvent à partir de la page 17 de ce petit livre.

1964 - L’Initiation (Janvier – Février – Mars 1964 n°1, 38e année, nouvelle série)

Cette revue publie la Préface que Papus a faite lors de la publication de l’édition de Le Cimetière d’Amboise suivi des Stances sur l’origine et la destination de l’homme en 1913

1975 - Œuvres Majeurs, tome I

Œuvres Majeurs, tome I, pages 573*-585*, avec une introduction pages 565*-572*, publiés par R. Amadou aux éditions Olms, 1975. Dans cette introduction (p.569*), R. Amadou note que l’édition de 1796 comporte une coquille (Hæc au lieu de ) sur l’épigraphe de l’Enéide (Liv.VI). Effectivement, le premier mot de l’épigraphe de cette édition, Hæc est bien une coquille, qui sera corrigée dans les autres éditions des Stances.
Robert Amadou ajoute dans sa présentation :

« Ayant eu la fortune d’en localiser un à l’Université Harvard (The Houghton Library), sous la cote 4159725, de provenance remarquable, comment ne pas le donner in extenso ? »

Les images des Stances mises en face de l’Ode, viennent de la Bibliothèque d’Harvard que nous remercions de nous avoir adressé gracieusement les photos de cet exemplaire rarissime.

2001 - Œuvres Majeurs, tome VII

Œuvres Majeurs, tome VII, Olms, 2001, l’introduction aux Stances se trouve pages26-29, et le texte des Stances pages 132-137. Il s’agit en fait de la reproduction du texte de Poésies publié en 1860 à Leipzig.

Le fac-similé reproduit par R. Amadou (p. 582*) note :

À LONDRES
Et se trouve à Paris
Chez Desenne, Libraire, au Palais Royal.


Ode & Stances

Sur le texte original, il n'y a pas de chiffres. Nous les avons mis entre crochets. En parallèle, nous avons mis la photo des Stances sur l'origine et la destination de l'homme, telle que Saint-Martin l'a publiée, après les avoir raccomodées quant à la forme et quant au fond en 1796.

[1]

Flambeau surnaturel, âme de ma pensée !
De mon être, par toi, l’énigme est expliquée.
C’est peu que tu découvres aux yeux de mon esprit
Une source de feu qui jamais ne tarit ;
Je lis, à la splendeur de ce feu qui m’éclaire,
Que je suis émané de sa propre lumière ;
Que des célestes lieux citoyen immortel,
Mes jours sont la vapeur du jour de l’Éternel.

[2]

Néant ! cède à l’éclat que ma source m’imprime ;
Ne prétends pas juger le flambeau qui m’anime ;
Tu ne peux attenter à sa sublimité,
Sans être consumé par sa divinité.
Tels sont les droits vivants dont la Vérité sainte
Dans l’homme incorporel voulut graver l’empreinte ;
Et quand Dieu le fit naître au sein de ses Vertus,
Voici les mots sacrés qui furent entendus :

[3]1796.SM.Stances3

Organe de mes lois ! tel qu’un foyer immense,
Réfléchis tous les feux dont brille mon essence,
et dissous les autels de la corruption.
Si je verse sur toi ma divine onction, [page 364]
C’est pour te conférer l’auguste ministère
D’exercer la justice en mon nom sur la terre,
De porter ma lumière où domine l’erreur,
Et d’exprimer partout des traits de ma grandeur.

[4]1796.SM.Stances4

Éléments enchaînés dans vos actes serviles ! 
Suivez aveuglément vos aveugles mobiles ;
Vous ne partagez point les fonctions des Dieux.
L’homme ici jouit seul de ce droit glorieux
D’être l’imitateur de la sagesse même ;
De rester en aspect de ce soleil suprême,
Dont les rayons, perçant l’immensité des airs,
Viennent montrer dans l’homme un Dieu pour l’Univers.

[5]1796.SM.Stances5

L’homme un Dieu !... vérité ! n’est-ce pas un prestige ?
Comment l’homme, ce Dieu, cet étonnant prodige,
Languit-il dans l’opprobre et dans l’infirmité ?
Quel pouvoir si contraire à son autorité
Tient comme interceptée au sein de l’azurée
Les sons harmonieux de la lyre sacrée !
Et l’ayant concentré dans la borne des sens,
L’empêche de s’unir à ces divins accents !

[6]1796.SM.Stances6

Autrefois, dominant sur tout ce qui respire,
Sa présence fixait la paix dans son empire ;
Aujourd’hui subjugué par ses anciens sujets,
C’est à lui de venir leur demander la paix. [page 365]
Autrefois il puisait au Fleuve salutaire
Que la Vie envoyait pour féconder la terre ;
Aujourd’hui, quand il songe à la fertiliser,
Ce n’est qu’avec des pleurs qu’il la peut arroser.

[7]1796.SM.Stances7

À nul autre qu’à lui n’imputons son supplice ;
C’est lui qui provoqua les coups de la justice ;
C’est lui qui s’égarant d’un pas audacieux
Se rendit le rebut de la terre et des cieux.
Trompé dans un espoir qu’il fonda sur un crime,
De sacrificateur il devint la victime ;
Et la mort, ce seul fruit du culte des faux Dieux,
Fut le prix de l’encens qu’il brûla devant eux.

[8]1796.SM.Stances8

Éternel ! les humains faits tous à ton image,
Auraient-ils pour jamais dégradé ton ouvrage ?
Tes enfants seraient-ils à tel point corrompus,
Que, ne pouvant renaître au nom de tes Vertus,
Ils eussent altéré ton plus saint caractère,
Ton plus beau droit, celui d’être appelé leur père ?
Et verraient-ils tomber dans la caducité
Un nom qui leur transmit ton immortalité ?

[9]

J’appris, quand j’habitais dans ta gloire ineffable, 1796.SM.Stances9
Que ton amour, comme elle, était inaltérable ;
Je ne crains plus de voir épuiser tes bienfaits
Grand Être ! et plein d’espoir en tes puissants décrets, [page 366]
De toi j’attends encor une lumière sûre,
Qui m’aide à recouvrer les droits de ma nature,
Et m’apprenne à remplir ce superbe destin
Qui distinguait mon être en sortant de ton sein.

[10]

Homme ! lorsque le feu comprimé dans des gouffres, 1796.SM.Stances10
Sait vaincre les torrents, les métaux et les soufres,
Qu’il sait tout embraser, tout dissoudre, pourquoi  
Ne prends-tu pas pour guide une semblable loi ?
Si tu veux opposer une force constante
Aux funestes objets dont l’effort te tourmente,
Tu pourras diviser leurs mortels éléments,
Et laisser loin de toi leurs grossiers sédiments.

[11]

N'as-tu pas vu l’éclair qu’enfante le tonnerre ? 1796.SM.Stances11
Aussitôt que sa flamme a brillé sur la terre,
Il disparaît, et rentre aux régions de l’air :
Ton principe et ta fin sont peints dans cet éclair.
L’homme est un feu, lancé du haut de l’empyrée,
Qui, traversant d’un vol les champs de l’éthérée,  
Vient, comme un trait, frapper sur les terrestres lieux,
Et doit du même choc rejaillir jusqu’aux cieux.

[12]

A de pareils tableaux, fais que ton œil s’épure, 1796.SM.Stances12
Et saches que le Dieu qui régit la nature,
Pour seconder tes pas, la tient en action.
L’astre du jour t’apprend ta destination ; [page 367]
Parmi les animaux tu peux voir la prudence,
La douceur, le courage et la persévérance ;
Le diamant t’instruit par sa limpidité,
La plante par ses sucs ; l’or par sa fixité.

[13]

Ce n’est pas même assez qu’en toi tout corresponde  1796.SM.Stances13
Avec l’esprit des lois qui gouvernent le monde ;
Ton nom veut que tu tende [sic] encor à d’autres droits,
Et que, te modelant sur de plus grandes lois,
Ta bouche soit ton sceptre, et la terre ton trône ;
Que les Vertus de l’air te servent de couronne,
Tout l’univers, d’empire ; et qu’une illustre Cour
Retrace autour de toi le céleste séjour.

[14]

Dieu parle, unissons-nous, Agents incorruptibles  1796.SM.Stances14
De ce Dieu qui remplit vos demeures paisibles !
Il m’a fait votre frère, et s’il paraît jaloux,
C’est de me rendre heureux et sage comme vous ;
C’est de justifier ma sublime origine ;
C’est d’ouvrir les trésors de sa source divine,
Pour que nous allions tous recueillir, tour-à-tour,
Les fruits de sa science et ceux de son amour.

[15]

Vos yeux, voyant par lui, la distance où nous sommes 1796.SM.Stances15
Ne saurait vous cacher les actions des hommes ;
En vous tout serait donc apperçu des mortels,
S’il mettait dans leurs yeux ses regards virtuels. [page 368]
Ils sont en moi : venez, que rien ne nous sépare.
Mon être veut vous suivre aux cieux, dans le Tartare,
Il veut mêler ses chants avec vos hymnes saints,
Et siéger avec vous au conseil des destins.

[16]

Ils m’exaucent, j’entends la voix de tes oracles ; 1796.SM.Stances16
O vérité ! je touche à ces vivants spectacles
Où l’œil et le tableau, partageant ta clarté,
Sont animés tous deux par ta Divinité.
Il semble, en admirant ces foyers de lumière,
Où ton éternité fixa ton sanctuaire,
Que les sentiers du temps s’abaissent devant moi,
Et que dans l’infini je m'élance après toi.

La signature de Saint-Martin

À la suite de ce texte, se trouve cette signature !

SM.signature.ode

mais elle ne correspond pas à la signature authentique de Saint-Martin.

Le Philosophe inconnu était à Lyon en mai 1786 et assiste au baptême d'un petit neveu de Jean-Baptiste Willermoz, Pierre Jacques Claude Willermoz, le fils de son frère, Antoine. Dans cet acte se trouve la signature de Saint-Martin à côté de celle de son ami, Jean-Baptiste Willermoz.

signatures 1786 05 19 Signature de Louis-Claude de Saint-Martin, le dix-neuf mai 1786 lors du baptême de Pierre Jacques Claude Willermoz, né la veille, fils d'Antoine Willermoz, négociant et de Marie Anne Dupré, son épouse. Le parrain est Pierre Jacques Willermoz, docteur en médecine, la marraine Claudine Thérèse Willermoz veuve de Pierre Provensal.

Paroisse Saint Nizier, Lyon

Comme l'indique l'acte de baptême, tous ont signé avec le père.

 

Le texte de l’État du Grand Orient se poursuit :

Ceux de nos FF∴ qui sont véritablement attachés aux hautes connaissances de l’Art R∴﮲, trouveront dans chacune des strophes de cette Ode, jusques, même dans chacun des vers qui le composent, une inépuisable matière à de profondes méditations… Heureux les FF∴ qui en découvriront le sens, qui en combineront le développement et en feront une sage et victorieuse application.


Grainville - Circulaire (page 369-372)

L’État du G∴ O∴ est destiné à consacrer la mémoire, parmi les Maçons, des anecdotes, de quelque nature qu’elles soient, qui peuvent concourir à faire ressortir le caractère de nos Frères.

Dans ce nombre, sans doute, ce qui flatte davantage le G∴ O∴, est d’avoir à transmettre les faits qui honorent l’Ordre par l’exercice des vertus morales qui ont distingué ses Membres : telle est l’anecdote, dont nous avons connaissance concernant le R∴ F∴, de Grainville.

Parmi les différents rites dont se sont occupés, de temps immémorial, les Maçons les plus studieux, les plus pénétrés de la persuasion intime que la persévérance dans nos travaux doit accroître la somme de leurs connaissances, et les faire parvenir aux hautes sciences, le rit des Élus-Coën est celui qui a conquis le plus d’élèves, et conservé avec le plus de soin le secret de ses mystérieux travaux.

Dès le milieu du dernier siècle, il fut successivement professé à l’O∴ Marseille, à l’0∴ de Toulouse, à l’O∴ de Bordeaux, par Dom Martinès de Pasqualli ; mais, tourmenté par tout, il l’apporta [page 370] définitivement, en 5768 [1768], à l’O∴ de cette Capitale ; il y fit une assez grande quantité de prosélytes, et leur nombre croissant rapidement, fixa l’attention des autres Maçons, qui donnèrent à ceux du rit professé par ce nouveau Maître, le sobriquet de Martinistes.

Dom Martinès, après très peu d’années de séjour à Paris, retourna à Bordeaux, et s’embarqua pour Saint-Domingue où il termina sa carrière, ayant partout, et sans cesse, professé le rit des Élus Coën.

Ceux qui connurent cet homme extraordinaire ne peuvent lui refuser une science des plus étendues : on en peut juger au métaphysique par les œuvres précitées du R∴ F∴ de Saint-Martin, et au moral par l’anecdote suivante, où l’un de ses élèves a manifesté toute la franchise et la fermeté qui caractérisent l’homme irréprochable, le vrai Maçon. [page 371]

ANECDOTE

Le F∴ de Grainville, créole de l’île de Bourbon, ancien chef de bataillon au régiment de Boulonnais, jouissait de sa retraite à Lyon, entièrement livré à la pratique de notre Art, environné de plusieurs Maçons du même rit.
Il fut provoqué à commander les Lyonnais, pour repousser une attaque vive, dans laquelle ils étaient sur le point de succomber ; il ne crut pas pouvoir s’y refuser, et conserva le poste : c’est l’unique fois qu’il ait été employé.
Après la prise de cette ville infortunée, ce brave et vieux militaire, le F∴ de Grainville, fut cité à la Commission extraordinaire ; il y parut avec le calme de la vertu. Son extérieur vénérable, son ton modeste, et les renseignements avantageux que ses juges avaient pris sur ses mœurs, les disposaient sans doute favorablement, car, loin de lui présenter des demandes insidieuses ou [page 372] captieuses, ils ne cessèrent de lui dire affirmativement qu’il n’avait, sûrement, pas concouru à la défense de la ville ; qu’ils en étaient convaincus ; que cet interrogatoire n’était que de forme ; qu’ils allaient, vraisemblablement, prononcer sa liberté. Le F∴ de Grainville répondit avec tranquillité : si les défenseurs de Lyon méritent le supplice, j’ai commandé le jour de l’attaque des Bastions : qu’on m’envoie à la mort, et il mourut.


Petite biographie de Pierre-André Grainville

Pierre-André de Grainville, né le 21 juin 1729, comme le confirme son acte de naissance à Saint-Denis de la Réunion (Île-Bourbon), capitaine au régiment de Foix (1767-8). Réau-Croix dans l’Ordre des Chevaliers maçons Élus coën de l’Univers, Grainville passait ses quartiers d’hiver à Bordeaux avec Adrien Gaspard Bonnet de Louvat de Champollon, lui aussi capitaine au régiment de Foix, auprès de Martines de Pasqually comme secrétaires. Chef de bataillon au régiment de Boulonnais. Il fut mis à la retraite avec le titre de Lieutenant-colonel pour raison de santé en 1780. Chevalier de Saint-Louis, chevalier Grand Profès de la Stricte Observance, le 26 mars 1785, sous le nom d'Eques a Cruce stellata, commis voyageur très actif de ce régime en Bretagne, convoqué aux convents des Philalèthes de Paris de 1785 et 1787. Lors de l'insurrection de Lyon, devenue Ville-Affranchie, il participa aux combats et fut condamné à mort par la Commission militaire de Lyon, le 18 novembre 1793 et fusillé le lendemain (29 brumaire an II). 

Acte de naissance de Pierre-André Grainville

Le vint [sic] deuxième jour du mois de juin de l’an mil sept cent vint [sic] neuf a été baptisé Pierre André né le jour précédent fils de Monsieur de Grainville, officier des Troupes et de dame Marie Artur sa légitime épouse. Le parrein [sic] a été Monsieur Artur et la mareine [sic] Madame Dumas. Signé Marie.

Source : Document 2GG4  Saint-Denis : blancs, libres, esclaves. - Baptêmes. 02/12/1728-05/08/1734. (02/12/1728-05/08/1734) Image: FRAD974_02_GG_004_006.jpg