Ode M∴ Sur l'Origine et les destination de l'homme (page 363-368)

Ce texte est une reproduction de la toute première version de l’Ode sur l’origine et la destination de l’homme.

Selon Robert Amadou (Œuvres majeurs, tome I, page 565*) il aurait été publié en 1781, du moins, c’est ce qu'écrit Louis-Claude de Saint-Martin à son correspondant bernois, Kirchberger, dans sa lettre du 15 août 1796, après avoir modifié le texte et changé le titre Ode en Stances :

Lettre XCIV, Le 15 août 1796 (15 thermidor, an 4), page 184 .

« … Je vous envoie une petite pièce de vers qui avait déjà été imprimée il y a quinze ans, mais avec beaucoup de fautes, quant à la forme et quant au fond. J’ai tâché de la raccommoder de mon mieux, il y a quelques semaines, et je vous en fais part comme à quelqu’un qui aime tout ce qui le ramène à son principe ; ne voyez que le but et tolérez les imperfections de l’artiste ».

Son correspondant lui répond le 8 octobre 1796 de Morat (dans le canton de Berne, en Suisse), p. 288, en accusant réception de sa « lettre qui contenait les stances » et ajoute :

« Je les lui [à notre ami Divonne] communiquai. Il en fut enchanté, et il m’écrivit à ce sujet, depuis Berne, les lignes suivantes : « Je vous remercie de m'avoir envoyé la pièce de vers de M. de S. Voici ce que je vous prie de lui dire à ce sujet : En lisant ces vers, j'ai éprouvé dans mon âme quelque chose de si marquant et de si particulier, que je veux le lui exposer simplement. Il me semblait que ma tendresse pour lui se réveillait d'une manière plus vive, et en même temps j'éprouvais comme si quelque chose se mettait entre lui et moi, ou plutôt l'arrachait de moi, de manière à me causer un sentiment vraiment douloureux. »

Divonne termine ce passage avec les paroles énigmatiques suivantes :

« O vérités ! ô lumière ! O vie ! la mort seule a entendu le bruit de votre renommée. »

Saint-Martin dans Mon portrait historique et philosophique (1789-1803), publié par Robert Amadou (Paris, Julliard, 1961), explique les raisons qui lui ont fait modifier l'Ode :

« J'ay raccomodé l'Ode sur l'origine et la destination de l'homme, et je luy ay donné le nom plus modeste de Stances. Quelques personnes ont pretendu que les principes qui y etoient exposés etoient plus propres à fixer les yeux des gens distraits que si ces principes n'etoient ecrits qu'en prose. Pour moi, soit en vers soit en prose j'attends fort peu de profit de toutes ces choses à moins que le lecteur ne soit régénéré. Il y a peut-être même plus de danger pour lui que ces tableaux philosophiques et religieux soient si soignés quant à la forme ; parce que quand il sent le vers ronfler dans ses oreilles, il se trouve content, et s'arrête là, sans songer qu'il faut en outre que les principes ou le suc de cette poësie entre jusque dans son cœur, et s'y fixe de maniere à n'en pouvoir jamais etre arrachés. » (§672, orthographe originale).

Pour mieux saisir la différence entre une ode et des stances, voici la définition qu'en donne le Dictionnaire de l'Académie française (Tome second, L - Z. Paris, Libraires associés, 1765) :

ODE, f. f. Sorte de poème lyrique, qui dans la poésie française est divisée par strophes ou stances, de même mesure et de même nombre de vers, et dont ordinairement le style doit être noble et élevé.

STANCES, f.f. pl. Sorte d'ouvrage de poésie, composé de plusieurs couplets, qui ordinairement sont tous du même nombre de vers et de la même mesure que le premier couplet.