1853 – Ragon - Orthodoxie maçonnique suivie de la Maçonnerie occulte et de l’initiation 

1853 RagonOrthodoxie maçonnique suivie de la Maçonnerie occulte et de l’initiation hermétique
par Jean Marie Ragon, auteur du cours interprétatif des initiations anciennes et modernes, etc.
Paris, E. Dentu, libraire éditeur, Palais Royal, galerie Vitrée, 13
Août 1853 - 613 pages

 CHAPITRE XII. Maçonnerie philosophique. Rite des élus Coëns - Pages 149-150

CHAPITRE XII. Maçonnerie philosophique. RITE DES ÉLUS COENS OU PRÊTRES. (1754.)

Ce rite, appelé d'abord du nom de son auteur rite de Martinez-Paschalis, fut composé, en 1754, par ce chef de la secte des martinistes. On croit Martinez portugais et juif. Il forma, d'après Swedenborg, une école de cabalistes, dits Coëns ou Cohens (prêtres, en hébreu), à Marseille, à Toulouse, à Bordeaux, etc., et à Paris, où il l'apporta en 1767 ; mais il ne put l'y faire adopter que huit années après. Il mourut à Port-au-Prince (Saint-Domingue), en 1779; ses œuvres sont : le Protée, les Axiomes, la Roue, le Monde.

Ce régime forme une série de neuf grades, divisés en deux classes, savoir :

1ère CLASSE :          1. Apprenti,                       2e CL. :           6. Compagnon Coën,

          —                    2. Compagnon,                       —               7. Maître Coën,

          —                    3. Maître,                                —               8. Grand-architecte,

          —                    4. Grand-élu,                          —               9. Chev. commandeur.

          —                    5. Apprenti Coën.

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Le but de ce régime est la régénération de l'homme et sa réintégration dans sa primitive innocence et dans les droits qu'il a perdus par le péché originel ; c'est le système de Swedenborg et de tous les grands mystificateurs de l'époque. Ses partisans, choisis avec une grande circonspection, s'adonnaient aux connaissances surnaturelles et professaient en général des opinions singulières en matière de religion mystique. Cet ordre était autrefois répandu en Allemagne ; on trouvait, dans la plupart des grandes villes, des sociétés qu'on désignait sous le nom de loges de Coëns. (V. Swedenborg, ci-après).

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Rite des Philalète [sic] ou chercheurs de la vérité - Page 153

Rite des Philalète [sic] ou chercheurs de la vérité (1773.)

Le rite des Philalètes ou Philalèthes (1. Du grec philos, ami, et alèthéia, vérité) fut fondé à Paris, en 1773, dans la loge des Amis Réunis (formée exprès), par les frères Savalette de Langes, garde du trésor royal , Court de Gébelin, de Saint James, le vicomte de Tavannes, le président d’Héricourt, le prince de Hesse, etc.

Le but moral des Philalètes était le perfectionnement de l’homme et son rapprochement vers celui dont il émane, suivant les principes de Martinez ou du martinisme ; la régénération de l’homme et sa réintégration dans sa primitive innocence, ainsi que dans les droits qu’il a perdus par le péché originel.

Ce rite était divisé en douze classes ou chambres d'instruction, partagées en deux divisions de chacune six grades, portant les noms de petite et de haute Maçonnerie, savoir :

Petite                   1. Apprenti,              Haute                       7. Rose-Croix,

Maçonnerie          2. Compagnon,         Maçonnerie.             8. Ch. du Temple

                            3. Maître,                                                   9. Philosop.incon.,

                            4. Elu,                                                        10. Sublime philos

                            5. Ecossais,                                                11. Initié,

                            6. Chev. d'Orient.,                                     2 Philalète ou M. à tous grades

Cette société possédait de fort belles archives, et tout ce 

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Cette société possédait de fort belles archives, et tout ce que sa bibliothèque avait de précieux en ouvrages mystiques fut trouvé chez un libraire de Paris en 1806, et acheté pour les archives du rite écossais philosophique, ainsi que l'indique son annuaire de 1809, p.116.

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Le 28 décembre, on lit au commissariat du convent des lettres du prince Ferdinand de Brunswick et de Lunebourg, des frères Mesmer, professeur de magnétisme, à Paris, et de Saint-Martin, par lesquelles ils refusent de participer aux opérations de la réunion.

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Rite du Martinisme, pages 167-168

Rite du martinisme

Nota : Rappelons que Louis-Claude de Saint-Martin n'a jamais crée ni de grade, ni de rite portant son nom !

Louis-Claude, marquis de Saint-Martin, officier au régiment de Foix, théosophe célèbre, dit le philosophe inconnu, né à Amboise, en 1743. Nourri des systèmes de Paschalis [sic] et de Swedenborg, il en composa une philosophie particulière, toute de spiritualisme pur, qui rapporte tout à Dieu, et la prêcha avec succès à Paris. On a de lui : Des Erreurs et de la Vérité (ouvrage mystique) ; Rapports entre Dieu, l’homme et l’univers ; l’Homme de désir ; le Ministère de l’homme esprit ; Traductions de quelques ouvrages de Bohême [sic].

Dans ce rite, qui porte son nom, il modifia les doctrines de son maître Martinez-Paschalis. (V. le rite des Elus-Coëns.) On trouve dans les grades de Saint-Martin, comme dans tous ses ouvrages, des superstitions ridicules et des croyances absurdes. [page 168]
On appelle loges martinistes celles qui professaient le rite de Martinez-Paschalis ou celui de Saint-Martin.
Ce dernier était primitivement composé de dix grades divisés en deux temples, dont le premier comprend sept degrés et le second trois. En voici les noms:

                              1. Apprenti,                                                        8. Prince de Jérusalem,

                              2. Compagnon,                                                  9. Chevalier de la Palestine,

                              3. Maître,                             2d Temple             10. Kadosch ou homme saint.

1er Temple.           4. Ancien-maître,

                              5. Elu,

                              6. Gr.-architecte,

                              7. Maçon du Secret,

Ce rite a été réduit à sept grades dans le régime ayant pour titre : Ecossisme réformé de Saint-Martin, répandu en Allemagne et en Prusse, savoir :

                              1. Apprenti,                                                        5. Élu,

                              2. Compagnon                                                   6. Ecossais,

                              3. Maître,                                                           7. Sage.

                              4. Maître parfait,

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Système de la Stricte observance, pages 230-231

Le système templier s’était aussi répandu en Alsace et en Lorraine, sous les auspices du duc de Chartres ; mais par crainte de quelques démêlés avec la police, ses membres réunis au convent de Lyon, changèrent leur nom contre celui de Chevaliers bienfaisants de la Cité sainte. Saint-Martin, dit le philosophe inconnu, et Willermez [sic], de Lyon, furent les principaux mobiles de ce changement, qui n’avait non plus rien de [page 231] maçonnique. Ils composèrent plusieurs grades mystiques dont l’esprit a été divulgué par les écrits de cette école, tels les archives mytho-hermétiques, des erreurs et de la vérité, etc., etc.

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Ordre des philosophes inconnus, pages 373-375

Chapitre XXV.

Le régime suivant, appelé ORDRE DES JUGES PHILOSOPHES INCONNUS, EN DEUX GRADES, appartient au système jésuitico-templier, continué dans l'Ordre du Christ. Il est intéressant, en ce qu'il fait connaître les moyens employés par un Ordre puissant pour choisir, attirer et retenir ses adeptes. L'introduction ne serait pas déplacée dans le discours d'un orateur de loge, un jour d'initiation. Il y a de la vérité dans le jugement porté sur les hauts grades et sur le rite écossais ancien et accepté. On y avoue que les templiers modernes et les jésuites ont pris, pour mieux se propager, le voile de la Maçonnerie. Les interprétations sur quelques grades, faites au point de vue templier, ne sont pas sans intérêt. Il résume, à lui seul, beaucoup de grades relatifs à l'Ordre du Temple, voilà pourquoi nous avons jugé convenable de le reproduire presque en entier. Ce rituel remarquable n'a de maçonnique que la forme : le bijou de l'adepte est un poignard et son travail, la vengeance; enfin, c'est un haut grade : lui seul est la vérité, tous les autres sont dans l'erreur ; [page 374] c'est ainsi que les fabricateurs de toutes ces productions se rendent mutuellement justice.

Ordre des philosophes inconnus, en deux points.
Premier point
Grade de novice
Introduction

Le genre humain jouissait en paix du bonheur de la vie. Dirigé par les simples lois de la nature, il coulait des jours sereins. Dans ces temps heureux, régnait l'innocence, et tout conservait, sans vouloir en sortir, l'équilibre que le Créateur lui avait donné. La félicité était générale et parfaite, rien ne pouvait y ajouter, comme aussi aucun souci n'avait encore fait verser aucuns pleurs. L'âge d'or, enfin, fleurissait, et Pandore n'avait pas encore apporté la boîte fatale. Ce calme ne dura pas assez ; bientôt de l'ambition : mère impure, naquit le monstre qui devait être la mère de tant d'autres monstres et donner la mort à l'humanité. L'infernale tyrannie, digne fruit d'une telle mère, fixa son séjour sur cette terre jadis si heureuse, et y établit son règne ; elle mit tout en œuvre pour tout asservir et n'y réussit que trop. Cachant ses abominables desseins sous l'apparence de la protection et de la bienveillance, elle séduisit facilement des hommes simples et droits ; ses succès furent au-delà de son attente ; elle fut elle-même étonnée des progrès que faisait sa domination et de leur rapidité; rien ne l'arrêta plus et elle se surpassa elle-même. Par des récompenses distribuées avec art, et qu'elle savait bien reprendre, elle sut augmenter le nombre de ses adulateurs ; ce nombre devint prodigieux ; elle sut si bien en imposer à tous, elle sut si bien les enchaîner dans ses liens qu'elle n'hésita bientôt plus à lever le masque et à se montrer à découvert.

Ce fut alors que l'on s'aperçut de l'artifice ; mais il était déjà trop tard ; les chaînes étaient rivées ; le bonheur était disparu et jusqu'à l'espérance de le voir renaître ; le siècle de fer, en un mot, avait pris la place du premier, le vice dominait la vertu, et, jusqu'à nos jours, tous les efforts ont été impuissants pour rappeler la félicité du premier âge, de cet âge heureux bien digne de nos [page 375] regrets, De cet âge que les poètes nous enseignent comme le plus heureux des temps et dans lequel les arts florissaient et où l'art destructeur de Bellone était encore ignoré.

Cependant, tout espoir n'était pas perdu ; au milieu de l'esclavage général, quelques sages échappèrent au pouvoir du despotisme et surent se conserver libres. Ces intrépides philosophes conservèrent fidèlement le dépôt précieux confié à leur garde, et, d'âge en âge, ils le transmirent jusqu'à nous. Puissent les mânes de ces illustres ancêtres voir de leur céleste retraite et applaudir aux efforts le grand œuvre dont ils nous ont laissé les éléments.

C'est dans la vue de rappeler ces temps heureux, c'est dans la vue d'en perpétuer à jamais l'histoire, ainsi que des événements funestes qui le sont fait évanouir, que la triple puissance a entrepris d'élever un tabernacle soutenu par 26 colonnes de fer, portant chacune le nom d'une des lettres de l'alphabet des philosophes. Ces colonnes sont destinées à recevoir les anneaux d'or que doivent fournir les adeptes au jour de leur initiation, de telle sorte que la première colonne appelée Abraxas recevra tous les anneaux envoyés par les frères, dont les noms commenceront par A, et ainsi de suite.

Par l'exactitude de cette correspondance, le monde maçon verra arriver le jour où, par le nombre infini de ses ouvriers, il aura contribué à l'édification d'un autel, dont les colonnes seront du métal le plus pur, quoiqu'elles aient été de fer dans leur origine, ce qui alors symbolisera la grande époque de la régénération.

A cette époque fortunée, l'Ordre distribuera des récompenses aux frères dont les noms se trouveront dans le Saint des saints, et qui seront connus par les hiéroglyphes insérés dans leurs anneaux, après avoir servi à la construction d'un temple éternel, qui sera dévoilé aux chapitres jouissant de neuf années d'installation.

Tel est le but de ce sublime grade. Que les nouveaux initiés se pénètrent bien des principes qu'il renferme; les grandes et sublimes vérités qu'il contient ne contribueront pas peu à les consoler dans l'adversité et à faire luire dans leur âme quelque rayon d'espoir d'un meilleur avenir.

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