1887a Année 1887

Cerfberr & Christophe - Répertoire de la Comédie humaine de H. de Balzac : Saint-Martin

Jannet - Les précurseurs de la Franc-Maçonnerie : Les athéistes de Toulouse

Ferraz - Histoire de la philosophie en France au XIXe siècle :   
T3 : Spiritualisme et libéralisme : Laromiguière, Victor Cousin, Développements du spiritualisme.

Nourrisson - Philosophes de la nature : Saint-Martin

Cerfberr & Christophe - Répertoire de la Comédie humaine de H. de Balzac

1887 repertoire balzacRépertoire de la Comédie humaine de H. de Balzac

par Anatole Cerfberr et Jules Christophe

Avec une introduction de Paul Bourget (1852-1935).

Paris. Calmann Lévy, éditeur. Ancienne maison Michel Lévy frères. 3. rue Auber

1887.

Extrait, page 456

Saint-Martin (Louis Claude de), dit le Philosophe inconnu, né le 18 janvier 1743, à Amboise, mort le 13 octobre 1803; fut très souvent reçu à à Clochegourde par madame de Verneuil, tante de Mortsauf, qui l’y connut. – De Clochegourde, Saint-Martin surveilla la publication de ses derniers livres imprimés à tours chez Letourmy (Le Lys dans la vallée)

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Jannet – Les précurseurs de la Franc-Maçonnerie

1887 Jannet precurseursLes précurseurs de la franc-maçonnerie au XVIe et au XVIIe siècle

par Claudio Jannet (1844-1894)

Paris. Victor Palmé, éditeur des Bollandistes, 76, rue des Saints-Pères

Bruxelles, Société belge de librairie. Ancienne maison Goemare, rue des Paroissiens, 72

1887

VII. Les athéistes de Toulouse. Extrait, page 24

Nous l'avons dit, la fantasmagorie dont s'entouraient les Rose-Croix était un voile dont ils couvraient leurs desseins, absolument comme les opérations magiques de Cagliostro, un des plus actifs agents du grand complot maçonnique dont l'explosion eut lieu en 1789, servaient à dissimuler son action réelle aux ministres de Louis XVI aveuglés ou complices de la secte (1).

Note

1. Nous ne prétendons nullement nier la réalité de certains phénomènes supranaturels provoqués par Cagliostro et semblables à ceux du spiritisme. Ils sont mentionnés dans la très curieuse Correspondance inédite de S. [sic] C. de Saint-Martin avec le baron de Kirchberger, publiée par L. Schauer (in-8°. Paris, Dentu, 1860). Mais le complot, dont Cagliostro était un des agents, ne s'en avançait que mieux au milieu de l'engouement causé par ces prestiges.

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1887 - Histoire de la philosophie en France au XIXe siècle

1887 Ferraz t3Spiritualisme et libéralisme

Par Marin Ferraz, Professeur honoraire de la Faculté des lettres de Lyon
Ancien membre du Conseil supérieur de l'Instruction publique

Madame de Staël – Laromiguière – Maine de Biran – Ampère – Royer-Collard – De Gérando – Victor Cousin – Théodore Jouffroy – Guizot – Charles de Rémusat – Adolphe Garnier et Emile Saisset – Développements du spiritisme

Deuxième édition Paris Perrin et Cie, Libraires éditeurs

35, quai des Grands-Augustins

[1ère édition : 1876]

Tome 3 - 2e édition, 1887

Chapitre II – Laromiguière. Extrait, p.21-22

Laromiguière fut un de ceux qui suivirent, en 1795, les cours de l'École normale. En sa qualité d'ancien professeur de philosophie, il assista, en même temps que le mystique Saint-Martin, aux leçons de Garat et lui adressa même, par écrit, des objections très fines et très bien exprimées. Garat y répondit d'une manière aussi modeste que courtoise : « Il y a ici quelqu'un, dit-il en commençant, qui devrait être à ma place. » Nommé bientôt après professeur de logique au Prytanée, puis associé de l'Institut nouvellement fondé, Laromiguière lut, en [page 22] cette dernière qualité, devant l'Académie, deux mémoires qui appelèrent sur lui l'attention des hommes compétents. L'un était intitulé Analyse des sensations ; l'autre Détermination du mot idée. En 1798, il collabora à une édition des cuvres de Condillac, qu'il enrichit de notes importantes, et sa réputation s'en accrut. Aussi ne fut-on pas trop étonné de le voir appelé, en 1799, grâce à l'appui de Siéyès, aux fonctions de tribun, qu'il remplit avec autant de sagesse que de droiture; puis, en 1811, à celles de professeur de philosophie à la Faculté des lettres de Paris, où il fit, au milieu d'un public à la fois nombreux et choisi, les mémorables leçons que nous avons encore.

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Chapitre VII – Victor Cousin. Extrait, p.203-204

La théorie de la spontanéité et de la réflexion ne fait pas moins d'honneur à Cousin que celle de la raison impersonnelle. Il avait pu en trouver le germe dans le Phèdre de Platon, où l'inspiration du poète et du héros est représentée comme une raison latente généralement supérieure à la raison réfléchie des [page 204] hommes de sens rassis, et aussi dans les écrits de Schelling, où l'intuition inconsciente qui saisit l'absolu est considérée comme le plus haut degré de la vie intellectuelle. Mais il l'a faite sienne par les développements qu'il lui a donnés et par le nombre et l'importance des problèmes qu'elle lui a servi à résoudre. C'est sur elle, en effet, qu'il s'est appuyé, dans sa métaphysique, pour établir, à l'encontre de Kant, la légitimité de la connaissance humaine, et, dans sa philosophie de l'histoire, pour distinguer l'esprit de l'Orient et celui de l'Occident, le génie des religions et celui des sciences ; c'est également sur elle qu'il s'est fondé, dans d'autres ordres d'études, par rendre compte de l'origine de l'État, de celle des religions, de celle du langage et de celle de la poésie. Il ne peut souffrir qu'on explique la formation de l'État par un contrat social murement réfléchi, et celle des religions par des fraudes pieuses longuement méditées. Le langage et la poésie ne lui paraissent pas davantage les fruits tardifs d'une raison patiente et calculatrice, à telles enseignes qu'Homère aurait composé l'Iliade tout exprès pour pacifier les Grecs et les détourner de la discorde. Si nous ne supportons plus aujourd'hui, nous non plus, cette manière plate et inintelligente de tout expliquer, nous le devons à la distinction de la spontanéité et de la réflexion laite par Victor Cousin, et aussi, il faut en convenir, aux vues de Saint-Martin et de de Maistre que nous avons exposées ailleurs.

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Chapitre XII – Développement du spiritualisme – Son influence. I. Développements du spiritualisme. Extrait, p.446

Un auteur qui se rapproche de Tissot par sa connaissance de la philosophie allemande et aussi par son style un peu germanique, mais qui diffère de lui par ses tendances doctrinales, c'est l'alsacien Matter (né en 1791, mort en 1864). Après avoir fait ses études au gymnase protestant de Strasbourg, Matter alla suivre. à Gœttingue, les leçons de Bouterweck. Il y puisa ce goût pour le mysticisme qu'il conserva toute sa vie et qui le caractérise au sein de l'école spiritualiste française. Ce fut ce goût qui lui inspira son Mémoire sur l'Ecole d'Alexandrie, qui fut couronné par l'Académie des inscriptions, en 1817, et qui devait frayer la voie à des travaux plus considérables, ainsi que son histoire si neuve et si savante du Gnosticisme (1828), qui fut également couronnée et qui n'a pas été dépassée depuis, Ce fut sous la même inspiration qu'il produisit, vers 1862 et 1863, son livre sur Saint-Martin et son livre sur Swedenborg à l'élaboration desquels nous avons nous-même assisté à Strasbourg, dans les soirées philosophiques auxquelles l'auteur voulait bien nous convier.

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1887 – Nourrisson - Philosophes de la nature

1887 NourrissonPhilosophes de la nature : Bacon, Boyle, Toland, Buffon

[Jean Félix] Nourrisson (1825-1898), Membre de l’Institut

Paris - Librairie Académique Didier.

Perrin et Cie, libraires éditeurs, 35, quai des grands Augustins

1887

Introduction. Extrait, pages LV-LVII

…Cependant, grâce au Ciel, cette épouvantable crise ne fut pour la France qu'une épreuve d'où elle sortit transformée, et peu à peu devait se produire, avec le relèvement de la philosophie, le relèvement même de la nation. Au spiritualisme idéaliste de l'âge précédent avait succédé le matérialisme effréné d'une seconde Renaissance, où la passion antichrétienne s'était donnée, cette fois, libre carrière. Le XIXe siècle, à son aurore, allait voir reparaître, par-delà les horizons toujours si bornés de l'idée de nature, les idées d'âme et de Dieu.

Et déjà, en 1785, parmi les sectes d'illuminés et les loges, au milieu des jongleries d'un Mesmer et d'un Cagliostro, Bernardin de Saint-Pierre avait essayé, en publiant ses Études de la nature, de rappeler aux doctrines spiritualistes ses contemporains. « 0 mon Dieu ! [LVI] s'écriait-il, donnez à ces travaux d'un homme, je ne dis pas la durée et l'esprit de vie, mais la fraîcheur du moindre de vos ouvrages ; que leurs grâces divines passent dans mes écrits et ramènent mon siècle à vous comme ils m'y ont ramené moi-même. » La voix de Bernardin de Saint-Pierre s'était perdue dans le tumulte de la Révolution.

Ce fut un disciple du Juif portugais Martinez Pasqualis, le mystique Louis-Claude de Saint-Martin, qui, le premier, réfutant, dans les séances des Écoles normales, le verbiage Condillacien de Garat, sut affirmer de nouveau et dogmatiquement l'existence de l'esprit. A cet oncle du chanteur Garat, lui-même espèce de chanteur, qui déclarait s'occuper des facultés de l'âme, non de sa nature, se disant d'ailleurs indifférent au spiritualisme et au matérialisme, Saint-Martin fort pertinemment répondait : « Si vous ne voulez ni de la matière ni de l'esprit, je vous laisse le soin de nous apprendre à quoi vous attribuez le gouvernement de notre pensée ; car encore faut-il qu'il y en ait un. — Quoi! vous n'êtes ni matérialiste ni spiritualiste ! c'est la manière indéterminée et mixte de beaucoup d'hommes sur terre ; mais un professeur ! Le matérialisme vous convient, mais vous en voulez le bénéfice sans les charges, et vous n'êtes pas non plus spiritualiste ; Bacon vous gêne, la statue de Condillac vous est une dérision de la nature et le système des sensations un vrai système musculaire. » Cependant il ajoutait : « La doctrine matérialiste n'a rien de vif ni de sensible pour s'étayer ; elle est réduite à crier partout : néant ! néant ! et ne peut porter aucun coup actif à ses adversaires ; en prise de tous côtés, elle n'a pas la moindre force défensive à opposer ; elle ressemble à ces Dieux de pierre et de bois, qui, selon Baruch, ne pouvaient se défendre ni des injures de l'air, ni des ordures des insectes, ni marcher, ni même se soutenir sur leurs pieds, sans être attachés [LVII] avec des crampons comme des criminels. » Et en même temps qu'il traduisait les Quarante questions de l'âme, La triple vie de l'homme, l'Aurore naissante, par Boehme ; Saint-Martin publiait lui-même de nombreux ouvrages, tels que ceux qu'il a intitulés d'une façon parfois bizarre ; Des erreurs et de la vérité ; Dieu, l'homme et l'univers ; le Crocodile ; le Ministère de l'Homme-esprit ; l'Homme de désir ; le Nouvel Homme ; Éclair sur l'association humaine. A dix-huit ans, Saint-Martin s'était dit : « Il y a un Dieu, j'ai une âme, il ne faut rien de plus pour être sage. » C'est là l'idée-mère de tous ses écrits. Constamment il soutient, d'une part, que l'homme, loin d'être tout matière, est pensée et moralité, de sorte qu'au lieu que l'homme s'explique par les choses, ce sont les choses qui s'expliquent par l'homme ; et, d'un autre côté, qu'en tout, loin de pouvoir se passer de Dieu, l'homme, pensée de Dieu, a un besoin irrésistible de Dieu ; qu'en Dieu se trouve sa consommation, et qu'ainsi la vie future est la véritable vie sur laquelle la mort nous ouvre un plus libre accès.

On ne peut lire Saint-Martin, sans se sentir pénétré de spiritualité. Malheureusement, sa doctrine qui est telle quelle, une philosophie spiritualiste de la nature, dégénère en un faux mysticisme. L'observation y est remplacée par l'inspiration, et la science par les conjectures numérales et la théurgie. Finalement, c'est une théosophie, ce n'est plus une philosophie.

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