Le docteur Encausse (Papus)

1900 01 Papus journal magnetisme Journal du Magnétisme, n°1, janvier 1900, pages 3-4

[Le Journal du Magnétisme mentionne que le Dr Encausse (Papus) est membre actif du Journal et membre du conseil d’administration de la Société magnétique de France et habite en 1900 à Paris, 87 boulevard Monsmorency.]

Le Docteur Gérard ENCAUSSE, plus connu sous son pseudonyme de PAPUS, est un des principaux chefs du mouvement Spiritualiste en France et il dirige la plupart des Sociétés occultistes. Il est doué de remarquables facultés d’organisation et d’une activité telle qu’il a rempli trois carrières pendant le temps que d’autres auraient mis à en remplir une seule. Aussi nos lecteurs nous seront-ils reconnaissants de passer en revue la vie du Président actuel de la Société Magnétique de France, le Grand Maitre de l'Ordre Martiniste et le réalisateur de tant d’œuvres et de Sociétés.

GÉRARD ENCAUSSE est né le 13 Juillet 1865 à la Corogne (Espagne) d’un père français marié à une castillane. Tout jeune étudiant en médecine, en 1882, il est initié au martinisme et commence son œuvre de réalisation. Cela ne l’empêche pas de poursuivre ses études de médecine à la Faculté et dans les hôpitaux de Paris, où il gagne successivement les titres d’Externe des Hôpitaux, externe du bureau central, lauréat des hôpitaux. C’est alors, qu’après avoir étudié l’hypnotisme classique sous la direction de Mesnet, puis de Gilbert Ballet, il entre à la Charité comme chef de laboratoire, pour diriger les expériences du docteur Luys. Après une thèse très remarquée sur la Classification des Sciences anatomiques, suivie d’une Étude sur l’Anatomie Philosophique, Papus devint Docteur en médecine. Au lieu d’en rester là, il poursuit ses études à l’étranger et se voue à la pratique de l’homéopathie, aidée du Magnétisme. Il est actuellement médecin consultant d'un des hôpitaux homéopathiques de Paris. Parmi ses ouvrages de médecine, nous citerons : Essai de Physiologie Synthétique, Anatomie philosophique, — Traitement externe et psychique des maladies nerveuses, —Le transfert par les Couronnes aimantées, — L’Absorption cutanée des Médicaments, — Nouveau traitement de la Tuberculose, — etc., etc.

Cette carrière médicale n’empêcha pas Papus de poursuivre parallèlement une œuvre d’assistance démocratique et, comme professeur à l’Union française de la Jeunesse, il fit, le soir, des cours de physique, de chimie et d’histoire naturelle aux ouvriers et aux autres auditeurs. Son dévouement lui valut la médaille de bronze, puis la médaille d’argent de l’union que lui remit M. Léon Bourgeois, enfin les palmes d’Officier d'Académie, en 1890, alors qu’Encausse était soldat de 2e classe. En 1899, il reçut la rosette d’Officier de l’Instruction publique. Terminons le chapitre des distinctions honorifiques en rappelant qu’il reçut pour ses travaux, la Croix d’Officier de l’ordre impérial du Medjidieh, celle de Chevalier de l’Ordre Royal militaire du Christ ; enfin, celle de Bolivar.

Nous avons un peu insisté sur ce côté de la vie [page 4] de Papus, parce que c’est le moins connu. Nous allons maintenant rappeler sa carrière d’occultiste et voir comment il a pu parvenir au résultat actuel.

Appelé, par l’Initiation martiniste, à réagir contre le matérialisme et l’athéisme envahissant toutes les Sociétés, Papus consacra à cette œuvre toute son énergie en livrant le combat sans trêve au moyen de Conférences, de Journaux et de Sociétés d’Initiation. Comme conférencier, il est le premier qui, dès 1890,à l’ancienne salle des Capucines, ait appelé le public à s’intéresser aux questions de l’Occulte. En relations avec Eugène Nus, Fauvety, Benoit Maton, il prit part à tous les mouvements tentés à cette époque en faveur du spiritualisme dans toutes les écoles. Nous le trouvons à la fondation de la Société Magnétique de France, aux statuts de laquelle il collabore activement ; nous le voyons, en 1889, secrétaire général du Congrès Spirite et Spiritualiste, où ses traductions instantanées de l’espagnol obtinrent un si légitime succès ; nous le voyons aussi collaborer à la fondation de l’Association générale des Étudiants et à beaucoup d’autres sociétés.

Depuis 1889, nous le voyons s’efforcer toujours d’amener l’union entre les diverses écoles Spiritualistes et c’est à lui que nous devons la fondation du Syndicat de la Presse Spiritualiste de France, celle de l’Université Libre des Hautes études, réunissant les Magnétiseurs, les Spirites et les Occultistes. Il collabore aussi activement comme professeur à l'École pratique de Magnétisme et de Massage, tant à Paris qu’à Lyon.

Personnellement, le Docteur Papus a puissamment contribué au progrès en France des Sociétés se référant à la tradition occidentale et chrétienne. Avec Stanislas de Guaita, il rétablit au moyen d’examens très sérieux le recrutement de l’Ordre de la Rose-Croix dont il devint le Délégué général et que Barlet dirige aujourd’hui. Cet Ordre est affilié avec toutes les Sociétés de Rose-Croix Étrangères, y compris la Societas Rosicruciana in Anglia du Docteur Westcott, et ses diplômes, conférée exclusivement à l’examen, sont très rares. De là l’emploi fréquent par Papus de son titre de Docteur en Kabbale, qu’il considère autant que celui de Docteur en Médecine. Outre l’Ordre Martiniste, dont il préside le Suprême Conseil, Papus dirige aussi le Groupe Indépendant d’études Esotériques, l’École Supérieure libre des Sciences Hermétiques, où 21 Professeurs et répétiteurs président à l’Enseignement de l'Occulte, et, avec Sédir, son principal lieutenant, et Barlet, Lejay, Jollivet-Castelot et beaucoup d'autres, il s’occupe d’une foule de mouvements annexes.

L’H. B. of L., la F. T. L., le Rite Swedenborgien, le comptent parmi leurs dignitaires à différents degrés, de même que l’Union Idéaliste Universelle, comprend tant de journaux et de membres. À tous ces titres, Papus préfère celui, plus modeste, mais plus vrai peut-être, de simple garçon de ferme du Grand Fermier de l’Idéalité chrétienne, dont quelques intimes saisiront seuls toute la portée. Parmi ses maîtres, Papus a toujours été fidèle à ceux qui l’ont encouragé lors de ses luttes, et surtout à Saint-Yves d’Alveydre et au Dr Philippe, de Lyon.

Comme ouvrage, nous lui devons près de trente volumes et brochures dont la plupart ont été souvent réédités. Nous citerons surtout : le Traité élémentaire de Science Occulte (5e  édition), le Traité Méthodique de Science Occulte, gros in-8° de 1200 pages auquel Franck fit une élogieuse préface, le Traité de Magie Pratique, Le Tarot, La Kabbale, plus des Biographies de Martines de Pasqually, de Saint-Martin, des études nombreuses sur le Martinisme et la Franc-Maçonnerie, etc.

Son activité trouve encore son emploi dans la direction de plusieurs périodiques, parmi lesquels nous citerons l’Initiation, revue mensuelle de 100 pages, qu’il publie depuis treize ans, le Voile d’Isis, la Thérapeutique Intégrale, Psyché, etc.

Cette énumération nous semble plus démonstrative que d’inutiles éloges. Dans le monde des spiritualistes, on peut compter sur Papus, quand il s’agit d’un coup de collier à donner ou d'une bataille à livrer pour les idées de tous, et sa présence a toujours contribué à unir beaucoup de mouvements et d’écoles jusque-là séparés. C’est le meilleur éloge que nous puissions faire de son caractère.

[sans nom d’auteur]