Tome III (1836) : Extrait de Ballanche
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Nous assistons à la formation lente et mystérieuse de cette nature singulière qui, s'affermissant à travers tant de crises, eut bien le droit de croire à la vertu des épreuves. Ce qui la caractérise particulièrement, c'est cette lenteur, cette spontanéité qui tirera presque tout d'elle-même, et aussi cette incubation sommeillante qui attend son heure. M. Ballanche, quoique né a Lyon, et malgré ses inclinations mystiques et ses dispositions magnétiques, resta étranger, et à l'école mystique qui avait dû laisser quelques traditions depuis Martinez Pasqualis, et à l'école magnétique que l'exaltation des esprits, pendant le siège, enrichissait d'observations extraordinaires.
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Sans varier jamais autrement que pour s'élargir autour du même centre, il a touché de côté beaucoup de systèmes contemporains et, pour ainsi dire, collatéraux du sien ; il en a été informé plutôt qu'affecté, il a continué de tirer tout de lui- même. La doctrine de Saint-Martin semble assurément très voisine de lui, et pourtant, au lieu d'en être aussi imbu qu'on pourrait croire, il ne l'a que peu goûtée et connue. Je remarque seulement dans les Prolégomènes le magisme de la parole, le magisme de l'homme sur la nature, expressions qui doivent être empruntées du mystérieux théosophe. Il a emprunté davantage à Charles Bonnet, à savoir le nom même et l'idée de la palingénésie, de cette interminable et ascendante échelle des existences progressives ; mais il s'en est approprié la vue en la transportant dans l'histoire, tandis que l'illustre Genevois ne l'avait que pour l'ordre purement naturel. M. Ballanche connut de bonne heure à Lyon Fourier, auteur des Quatre Mouvements; mais il entra peu dans les théories et les promesses de ce singulier ouvrage publié en 1808; aujourd'hui il se contente d'accorder à l'auteur une grande importance critique en économie industrielle, et de penser avec lui en des termes généraux que [52] l'homme a pour mission terrestre d'achever le globe.