Calendrier perpetuel 1778 1799Années 1786-1799

Année 1786
- Puysségur, Mémoires pour servir à l'histoire et à l'établissement du magnétisme animal
- Observations sur la franc-maçonnerie, le martinisme, les visions de Swedenborg, le magnétisme, etc.
Année 1788
- Mirabeau, De la monarchie prussienne etc.
-
Nicolas de Bonneville - Les Jésuites chassés de la maçonnerie et leur poignard brisé par les maçons
Année 1789
- Luchet - Essai sur la secte des illuminés
Année 1792 :
- Mounier : Recherche sur les causes qui ont empêché les français de devenir libre, et sur les moyens qui leur restent pour acquérir la liberté.
- Lefranc - Conjuration contre la religion catholique
Année 1793 
- Du Gour - Collection des meilleurs ouvrages qui ont été publiés pour la défense de Louis XVI
Dutoit-Membrini - La philosophie divine - T 1
Année 1794-1795
- Dossier : Débats à l’École normale entre Saint-Martin et Garat
Années 1797-1798
- Barruel, Mémoires pour servir à l’histoire du Jacobinisme - T2 - Seconde partie. Conspiration des sophistes de la rébellion ; contre le Roi. - T. 3 - Sur les Illuminés, et les ouvrages qui serviront de preuves à ces Mémoires. - T 4 - Conspiration des sophistes. De l’impiété et de l’anarchie ; partie historique.


Année 1786

Puysegur 1786Armand Marie Jacques de CHASTENET, Marquis de Puységur (1751-1825), Mémoires pour servir à l'histoire et à l'établissement du magnétisme animal, Londres, 1786, p. 103-112, 

Dans ces passages que nous reproduisons du livre de Puységur, Louis-Claude de Saint-Martin participe à ces séances de magnétisme animal au château de Busancy et signe les certificats par son paraphe et sa signature.

Le dernier extrait (p. 129) porte un témoignage intéressant sur la pratique de notre Philosophe inconnu qui participe à un soin de magnétisme animal : « M. de Saint - Martin & mon frere joignoient leurs soins aux miens ».

Voir : Puységur :  Mémoires pour servir à l'histoire et à l'établissement du magnétisme animal

observations1786 - Observations sur la franc-maçonnerie, le martinisme, les visions de Swedenborg, le magnétisme, etc.

À Avignon - Observations sur la franc-maçonnerie, le martinisme,

Pour mieux comprendre le but de cet ouvrage, nous avons pensé que la table des matières en était un moyen sûr

Table des matières

- Récit de ce qui s'est passé relativement à la réforme de la Franc-Maçonnerie

- Les Francs- Maçons ignorent le véritable secret de leur Ordre, qu'ils croient connu seulement d'un Grand- Maitre caché. Ce secret doit contenir le plan de l'édifice spirituel, que le grand Architecte de l'univers fait construire, pour réunir tous les êtres intelligents  & les rendre heureux.

- Les Franc-Maçons réformés sont dans l'erreur, en cherchant à découvrir, par leurs lumières particulières, le plan & les détails de cet édifice & en entreprenant de le conduire suivant les principes de la réforme sans vouloir s'en rapporter à ceux que le grand Architecte a fait dépositaires de ce plan, & à qui il a donné l'autorité nécessaire pour en diriger l'exécution,

Une partie du système de leur réforme est contenue, de leur aveu, dans le livre des Erreurs & de la Vérité, & dans le Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l'homme & l'univers ; extrait d'une partie de ce système contenue dans le premier de ces ouvrages.

- Extrait d'une partie de ce système contenue dans le Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l'homme & l'univers.

- Les Auteurs de ces deux Livres ajoutent, à l'erreur des Franc-Maçons réformés, celle de dire que chacun peut devenir Prophète & inspiré. Ils renouvellent la secte des Illuminés.

- Dangers que courent ceux qui s'adonnent à des méditations trop longues & trop abstraites & surtout ceux qui désirent & s'efforcent d'avoir des révélations. Le Magnétisme expose aux mêmes dangers, & peut conduire aux mêmes erreurs. Moyens de les prévenir.

- Ceux qui se croient illuminés courent encore des dangers d'une autre espèce.

- Swedenborg, en suivant les mêmes principes, s'est imaginé d'avoir eu des révélations & d'avoir fait le voyage du Ciel & de l'Enfer. Description qu'il en a faite. Il a tracé un nouveau plan rempli d'erreurs.

- Erreurs & excès auxquels s'exposent tous ceux qui, comme Swedenborg, se livrent à l'esprit particulier. On les évite par la soumission à l'autorité qu'a établi le grand Architecte. Il est impossible à chaque Maçon de connaître, par lui-même, un plan aussi vaste, & de travailler à son exécution sans savoir quelle est sa tâche & sans être dirigé.

- En refusant de prendre l'avis de ceux qui sont dépositaires du plan & de ses détails, les Franc-Maçons en ont perdu la connaissance. Ils la cherchent par des réflexions profondes & subtiles ; ils conviennent que la multitude n'en est pas capable & soutiennent cependant qu'elle doit les faire ; mais sans en attendre aucun fruit. Nécessite de reconnaître une autorité : caractères qu'elle doit avoir.

- Quelle est l'autorité à qui ces caractères conviennent ! Toutes les autres autorités qui sont dans le monde ne suivant que l'esprit particulier, elles sont exposées à ses erreurs & à ses excès.

- Cette autorité décide conformément aux desseins infinis sur lesquels est tracé le véritable plan de cet édifice ; il n'est pas possible d'y travailler utilement, sans se soumettre à ses décisions. Le bonheur du monde dépend de cette soumission.

- Il ne peut y avoir surtout qu'un seul corps revêtu de cette autorité qui soit chargé de la direction & de l'exécution de ce plan. Réfutation des objections de l'auteur du Tableau naturel, contre ce corps & ses chefs.

-  L'autorité de ce corps est le plus ferme appui de tous les Gouvernements, bien loin de leur être contraire. Ils n'ont pour but que le temporel, au lieu qu'il ne s'occupe que de cet édifice spirituel. Les auteurs de ces livres peuvent avoir eu de bonnes intentions ; celles de cacher sous des allégories des vérités, qu’un grand nombre n'aurait pas voulu voir autrement ; mais ils se sont écartés du plan du grand Architecte & lui désobéissent en prêchant la désobéissance à l'autorité qu'il a établie.

- Les instructions que donne ce corps sont propres à procurer la félicité publique & celle des particuliers & à les préserver de tous les maux réels ; il fournit les moyens de mettre en pratique ce qu'il enseigne.

- La police établie par ce corps n'est pas contraire à l'intérêt temporel des peuples & peut se rectifier sur leur politique. Il faut de l'ordre, autrement il est impossible de s'entendre pour travailler à la construction de cet édifice.

- Il n'est pas possible de comprendre tous les détails d'un plan aussi vaste & toutes les raisons sur lesquelles ils font fondés. Il faut s'en rapporter à ce sujet à ce que le grand Architecte a cru devoir en faire connaître.

- Les Francs-Maçons doivent rectifier leur projet de réforme sur le plan du grand  Architecte, & se réunir à tous les Maçons de l'univers pour réparer le temps perdu. C'est le seul moyen de concourir tous, enfin sérieusement & de concert, à la félicité publique, après tant de siècles d'erreurs & de folie.


Année 1788

Mirabeau, De la monarchie prussienne, sous Frédéric le Grand

Mirabeau 1788 t3

De la monarchie prussienne, sous Frédéric le Grand: avec une appendice contenant des recherches sur la situation actuelle des principales contrées de l'Allemagne,

Honoré-Gabriel de Riquetti comte de Mirabeau

À Londres, Volume 3, 1788.

Livre III, Religion, Instruction, Législation, Gouvernement. Extraits, p. 464 et sq.

Opinion de Mirabeau sur la Franc-Maçonnerie et sur les sociétés secrètes, p.464 et sq.

Voir : Honoré-Gabriel de Riquetti comte de Mirabeau, De la monarchie prussienne, sous Frédéric le Grand

 

1788 - Nicolas de Bonneville - Les Jésuites chassés de la maçonnerie et leur poignard brisé par les maçons

bonnevile t2Orient de Londres

Tome I : https://books.google.fr/books?id=V9EGP8E7B5MC
Tome II : https://books.google.fr/books?id=C-BMhg_CELIC

Extrait

« L’Ordre des Jésuites était près d’être abymé en Allemagne. Ils publièrent l’Étoile flamboyante ; bientôt après le livre énigmatique des Erreurs & de la Vérité ; ensuite le Diadème des Sages & le Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu l’Homme & l’Univers. Ces trois derniers livres, écrits dans le même chiffre, vont cesser d’être illisibles, pour quiconque se donnera la peine d’apprendre avec nous le jeu favori des Jésuites, qui s’amusent à nous jeter de la poudre aux yeux. On a fait, dans toutes les langues, des traduc­tions de ces ouvrages maçonniques ; mais les traducteurs n’étant pas Jésuites, ont détruit le sens caché sous les chiffres, et n’ont fait de ces ouvrages ridicules qu’un bavardage encore plus ridicule. » (p. 91.)

Le Diadème des sages (1781), cité ici par N. de Bonneville, n'est pas de Saint-Martin mais de Phylantropos (Onésime-Henri de Loos).


Année 1789

1789 - Luchet - Essai sur la secte des illuminés

Luchet 1789

Essai sur la secte des illuminés - Jean-Pierre-Louis de Luchet - Paris, 1789. - Essai sur la secte des illuminés

Avertissement, page I,

Quoique l’Allemagne soit le foyer de ces erreurs funestes, quoiqu’elles y jouissent d’une haute protection ; elles ne sont pas tout à fait étrangères aux autres Nations. La France n’est pas entièrement pures ; et si dans la crise qui nous tourmente, les Martinistes n’osent, ou peut-être ne peuvent se faire entendre, ils reparaîtront avec plus de danger lorsque le calme sera revenu.

Introduction, page VII -

[…] Chacun tend à expliquer la Bible en faveur de son système, à fonder la Religion, à remplir son temple, à multiplier ses cathécumènes [sic]. Ici Jésus-Christ joue un grand rôle ; là c’est le Diable ; ailleurs c’est la Nature ; plus loin c’est la Foi. Partout la raison est nulle, la science inutile, l’expérience une chymère [sic]. Barbarin somnambulise, Cagliostro guérit, Lavater console, Saint-Martin instruit, d’E*** [d'Eprémesnil] (1)… res sacra miser. Tous employent [sic] l’erreur pour arriver à une réputation utile ; et si l’on excepte Lavater, qui, par un mélange d’esprit et de bonhomie, fait de bonne foi des dupes, les visions sont dans la main des autres un ressort dont ils combinent les mouvements avec adresse.

1. Il subissait alors les horreurs de l’exil aux îles Sainte Marguerite.

Chapitre 1erDu penchant des hommes aux choses extraordinaires, pages 2-3

[orthographe originale]

« Auroit-on prévu que la fin déshonorée de ce siècle seroit témoin encore des fruits honteux de la crédulité ; que le flambeau de la philosophie pâliroit devant les torches du fanatisme; que la patrie des Fontenelle ; des Montesquieu, des Voltaire, des Diderot, des Helvétius, des d'Alembert, accueilleroit un S*****[Saint-Martin, ou Swedenborg], un W**** [Willermoz], un Cagliostro , un Lavater (1), un [p.3] d'**** [d’Eprémesnil], & vingt autres Théosophes, dont les noms devroient avoir le sort de leurs talens, c'est-à-dire demeurer à jamais inconnus.

1) M. W**** [Willermoz] est connu pour un honnête-homme, que le zèle de la maison du Dieu des Illuminés dévore. Il assista, il y a quatre ans, au conventicule de Wilemsbad, dont le résultat fut un livre que personne n'a lu..... Cagliostro a perdu son crédit, dès que ses procès l'ont fait connoître. S'il savoit faire des prodiges, il a eu une belle occasion de montrer son talent. Mais ce fameux procès n'a servi qu'à révéler des turpitudes. Redevenu libre, Londres n'a pas épousé la cause du Jongleur ; & la paisible Suisse ensevelit aujourd'hui les miracles & le thaumaturge. Lavater défendu avec mal-adresse, attaqué avec acharnement, suivi avec enthousiasme, est un grand homme à Zurich. Il ne fait pas lui-même le mal qu'il fait; mais il fait to ut le mal dont on l'accuse. M. d'**** [d’Eprémesnil] a transporté au barreau l'enthousiasme qui l'avoit saisi. Quoiqu’il ait mérité son malheur, il faut le plaindre. Parmi ceux qui excitent de la commisération, il en est peu qui n'aient commencé par mériter le blâme. »

Note VI, extrait, page 138

[a trait à la page 32, « Ou les nocturnales de Berlin »] Orthographe respecté

[…] Ces messieurs ont un art perfide pour séduire les esprits tendans à la crédulité, & à les conquérir au Jésuitisme. Ils font un mélange adroit de leurs connoissances occultes & de leur crédit connu ; ils promettent la fortune ou des distinctions, s'emparent des premiers de l'Etat, & affurent ainsi un certain nombre de suffrages à leurs coupables opérations. Enfin, ils cachent leur ambition effrénée sous une apparente modération , & confondent la Maçonnerie, les Illuminés & les Martinistes : ils emploient les erreurs populaires à leur système, & s'élevant au-dessus, se nomment citoyens du monde ; ils graduent les confidences , les préparations avec beaucoup d'art , & même redoublent de prudence , depuis que des adeptes ont été transfuges de leur ordre, ne pouvant apaiser leur conscience révoltée à la vue des horreurs qui font naturalisées dans cette secte. Mais ces vertueux apostats n'ont pu révéler les mystères, soit parce qu'ils avoient proféré des sermens, soit parce que leurs jours étoient menacés ; c'est ce qu'on a vu dans la manière dont ils ont masqué leurs vrais sentimens.


Année 1792

1792 – Mounier - Recherche sur les causes qui ont empêché les français de devenir libre

Mounier 1792

Recherche sur les causes qui ont empêché les français de devenir libre, et sur les moyens qui leur restent pour acquérir la liberté. Par M. Jean Joseph Mounier

Tome second - 1792 - Recherche sur les causes qui ont empêché les français de devenir libre
À Genève, et se trouve :
À Paris, chez Gattey, libraire, au Palais Royal, n° 13 et 14 ;
À Lyon, chez Maire de Mars :
À Bordeaux, chez Bergeret. 1792

Extrait, page 148

Se considérant comme précepteurs du genre humain, ils [ceux qui sont attachés au système dominant] se plaignaient depuis longtemps d’être écartés de l’administration ; et quand ils aperçurent une voie pour y parvenir, ils s’y précipitèrent en foule ; ils se hâtèrent de trahir ceux dont ils recevaient auparavant des salaires et des récompenses, et flattèrent la multitude, comme ils flattaient précédemment les courtisans du prince. Il adoptèrent les opinions les plus démocratiques : ils étaient bien assurés d’entraîner, par leur exemple, tous ces vils égoïstes, pour qui faire placer leur nom dans une gazette était le suprême bonheur ; tous les hommes tourmentés d’orgueil et de jalousie, incapables de supporter aucune distinction qui ne soit leur partage ; tan t d’autres qui cherchaient depuis longtemps à fixer sur eux les regards du public, qui étaient connus sous la dénomination de martinistes, quiétistes, jansénistes, économistes, et pour qui toute doctrine était indifférente, pourvu qu'elle les fît arriver à leur but. Mais la secte qui s’est le plus distinguée, est celle de nos prétendus philosophes, dont l’alliance avec la populace brisa tous les liens [149] sociaux avec rapidité. Une pareille union ne pouvait produire que des monstres.

 1792 – Lefranc - Conjuration contre la religion catholique

Lefranc 1792

 

Conjuration contre la religion catholique et les souverains dont le projet fut conçu en France pour être exécuté dans l’univers.

Ouvrage qui achève de démasquer les Francs-Maçons, et de confondre les Philosophes et les Sectaires de tous les genres

Par l’Auteur du Voile levé par les curieux - François Le Franc (abbé ; eudiste)

Nouvelle édition

Paris, et se trouve à Liège, chez Duvivier, imprimeur libraire, rue Vinave d’île, n° 603

=> Voir sur le site1792 – Lefranc - Conjuration contre la religion catholique


 Année 1793

1793 – Du Gour - Collection des meilleurs ouvrages qui ont été publiés pour la défense de Louis XVI

Du Gour 1793

Collection des meilleurs ouvrages qui ont été publiés pour la défense de Louis XVI, Roi des Français
Rédigée par Antoine Jeudy DU Gour, ci-devant Professeur au collège royal de la Flèche, Auteur du Mémoire justificatif en cinq cahiers.
Avec figures - Tome premier 
À Paris, chez  F. Dufart, Imprimeur Libraire, Saint- Honoré, près l'église Saint Roch. 1793, 388 pages

Collection des meilleurs ouvrages qui ont été publiés pour la défense de Louis XVI

Réflexions sur le procès intenté à Louis XVI, par M. Necker - Extrait, pages 348-349

On ne peut achever la lecture de toutes les lettres, adressées par des écrivains parasites ou des hommes en délire, les unes au directeur de la liste civile, les autres à son secrétaire, et qui occupent une si grande place dans les recueils imprimés pour l'instruction de la [349] France (1).

Notes

1. […] Je reçois deux lettres de connaissances intimes, que j’avais parmi mes confrères les Martinistes... le démon est maître d'eux. A l’égard de B…, et son acharnement au magnétisme, je lui ai attiré la maladie ; les Jansénistes affiliés aux convulsionnaires par état sont dans le même cas : hors de l’Église point de salut.

 

1793 – Dutoit-Membrini - La philosophie divine - T 1

Dutoit Membrini t1

La philosophie divine, appliquée aux lumières naturelle, magique, astrale, surnaturelle, céleste et divine ou aux immuables vérités que Dieu a révélées de lui-même & de ses œuvres, dans le triple Miroir analogique de l’Univers, de l’Homme  & de la révélation écrite

Par Keleph Ben Nathan… pseudonyme de Jean Philippe Dutoit-Membrini - Tome premier - 1793 - La philosophie divine – T 1

Livre 3 – Chapitre 5 - … Des Illuminés [Martinistes] – Extrait et note, pages 152-156

On va voir bientôt que si elle avait cette grande et heureuse capacité, il n'y aurait eu aucun besoin de révélation ; puisque si l'Esprit de Dieu ne s'était pas retiré d'Adam pécheur, et de sa postérité pécheresse en lui et en elle-même, l'esprit de l'homme allumé, éclairé de Dieu même, l'aurait connu, et dans la nature et dans lui-même, aussi bien que l'homme de foi ou le régénéré, ce qui est le même, peut le connaître dans la révélation interne et externe, et en sa parole et en lui-même. Mais avant d'entrer dans cette grande vérité et de la développer dans toute fa force, on doit facilement, ainsi qu'on l'a vu plus haut, comprendre combien un seul Dieu en trois personnes , un Dieu vrai Dieu (1), qui se fait homme et enfant ; [p.153] le Dieu suprême qui, dans l'humanité , vient souffrir, être rejeté, contredit, méprisé, mourir enfin de la plus cruelle mort ; combien ces mystères, et tous ceux qui sont exprimés dans les livres saints, étant inaccessibles à la raison corrompue, elle est tentée de les contredire, et de les rejeter même sans examen. Elle ne distinguera point ce qui est au-dessus d'elle et la surpasse, d'avec ce qui est contradiction à ses yeux aveuglés, sans l'être en soi-même. Car remarquez : son orgueil va de pair avec ses bornes, et ses bornes mêmes sont son orgueil ; ce sont deux choses à l'unisson. Fière de sa misère et de son aveuglement même, qu'elle [p.154] ignore, son orgueil fait éruption. Capable de raisonner sur quelques vérités inférieures et de les connaître, elle croit pouvoir juger Dieu, et, ce qui soit dit sans blasphème, toiser la Divinité même.

Note

(1) J'ose dire que quelque profonds que soient ces mystères, et quoiqu'ils paraissent inaccessibles à la raison, ils sont établis et éclaircis dans les notes répandues dans cet ouvrage, au point de les rendre accessibles à une droite raison, exempte des chicanes de la mauvaise foi. J'ose avancer bien davantage encore ; c'est que quoique le pur infini soit inaccessible à nos connaissances, quiconque est dans la vraie régénération et dans la lumière de l’Esprit-Saint , (je ne parle pas ici de ce qu'on appelle Illuminés , ce qui est un ordre bien inférieur) ; quiconque en a reçu la vraie onction, pour me servir de l'expression de Saint Jean, qu'on verra cité ailleurs ; quiconque ainsi est un vrai Gnostique, selon le mot des Saints Pères Grecs, trouvera [p.153] très peu de ce que la raison appelle mystères, dans l'Ecriture. Ce ne sont plus des mystères pour lui; tout est clair. Armé de l'esprit qui l'a dictée, le Saint-Esprit la lui interprète. Les écailles sont tombées de ses yeux ; Il voit, dit David, la lumière dans la lumière. L'Orient d'en haut s'est levé sur lui et lui montre des profondeurs divines, cachées sous l'expression la plus simple. Ce qui aux yeux de la simple raison, est ou contradictoire ou ridicule même ou minutieux, est anobli pour cet homme trop heureux et infiniment rare, et il y voit avec extase et admiration les sens les plus divins, cachés sous cette écorce, comme l'arche de l'alliance était couverte de peaux de blaireau (Exode, 26, v. 14) de très peu d'apparence. Voilà ce que je déclare à quiconque lira cette note ; et si j'avais dix mille voix, je le crierais à tout l'univers. Mais qu’on se garde bien d'appliquer le portrait que je viens de faire, aux Illuminés dont je parle dans cet ouvrage, qui sont d'un degré bien inférieur au vrai et parfait régénéré que je décris dans cette note. On va le voir dans le texte. Et gardez-vous bien encore de prendre pour lui, les membres de ces sectes ou sociétés, dont on fourmille au temps présent, qu'on désigne par les noms de Martinistes, de Francs-maçons et autres ,sur lesquels je crois nécessaire de mettre ailleurs une note encore, pour montrer et l'abus et les dangers de ces sociétés, desquelles l'ennemi à qui ils n'arrachent pas une seule plume, se rit, et qu'il autorise dans leur orgueil spirituel. Ils croient convertir et sont infiniment éloignés de l'être eux-mêmes véritablement, prenant [p.154] quelques lumières astrales et qui ont de l'apparence, pour la vraie conversion. Je finis, en répétant que ce qui est des mystères pour la raison, ne l'est plus pour le vrai régénéré, et quant à ces sociétés de Francs-maçons, etc. qu'il est certain que c'est d'elles, en grande partie, que sont issues ces idées d'indépendance qui se répandent et bourgeonnent presque partout.... sous le prétexte spécieux de tout ramener à une égalité impossible.

Mais avant de finir, je marquerai plus précisément la très grande différence de voir et connaître les mystères, qui est entre les Illuminés et les vrais et saints mystiques. Les premiers les voient par intuition et objectivement. Ils se peignent en lumière astrale à leur imagination, c'est pourquoi il y a et il s'y mêle presque toujours des erreurs, comme dans Swedenborg et autres de son genre ou degré. Ainsi, quelque grand et éclatant que cela paraisse aux yeux vulgaires, c'est une inférieure manière de voir et même qui peut être dangereuse, en injectant des hérésies sous ces apparences brillantes. C'est précisément ce qui a fait les hérésiarques. Ainsi, malgré le brillant et même le bon qu'il peut y avoir, il faut s'en défier. Au contraire, les vrais et saints mystiques ne voient rien, mais ils expérimentent les mystères; ils ne voient rien, mais ils les connaissent avec la plus divine, intérieure et parfaite certitude. Ils les connaissent en eux dans les très sacrées ténèbres de la foi, et dans la nuit obscure, comme l'appellent ces saints mystiques. Obscure, parce qu'elle est au-dessus de tout opérer astral et de la raison effacée par la lumière plus haute de l'Esprit de Dieu, qui la [p.155] surmonte. C'est cette nuit pour la raison, qui montre les saints mystères dans les sacrées ténèbres, dont toute l'Ecriture Sainte fait mention et surtout David en plus d'un endroit : La nuit même sera une lumière tout autour de moi. — La nuit resplendira comme le jour, et les ténèbres comme la lumière. Et au Ps. 19, v. 2, Une nuit montre la science à une autre nuit (Psaume 137, v. 11-12). Mais outre ces sacrées ténèbres très claires par elles-mêmes, les vrais intérieurs connaissent les divins mystères par expérience, ai-je dit, attendu, comme on le verra encore ailleurs, qu'il se fait en eux et dans leur plus profond centre, le commerce ineffable de la très sainte Trinité, de même que l'incarnation et la naissance de Jésus-Christ s'y est exécutée. Voilà la toute pure, haute, sûre et non illusoire manière de connaître les sacrés mystères sans être trompé. Nous en dirons encore quelque chose ailleurs dans cet ouvrage. Voilà ce que j'écris comme divinement sûr, pour tous ceux qui ont le courage d'aller où la foi les appelle, afin qu'ils ne s'y méprennent point et qu'ils ne s'arrêtent pas avec les Illuminés, et au contraire qu'ils laissent tomber toutes ces lumières distinctes etc. Tous les divins ouvrages de Madame Guyon tendent à montrer cette différence et peuvent servir de sur préservatif contre de si dangereuses méprises. On peut lire les œuvres du bienheureux Jean de la Croix et surtout le troisième livre de sa Montée du Mont-Carmel, et on y apprendra à apprécier tous ces livres des Illuminés, comme Swedenborg, etc. dont les vrais mystères ou vrais intérieurs font assez peu de cas.

Livre quatrième – Chapitre 4 – Note 2, page 245

Note 2

Il s'était glissé à cet endroit, page 205 de la première édition, une faute qui aurait pu être de conséquence et donner occasion à une erreur. Il y est dit : « Que le Verbe a en soi, tous les Elohims ou Dieux qui ne font qu'un seul Verbe ». Quoique dans tout l'ouvrage on voie l'infinie unité d'un seul Verbe Infini, Fils absolument unique de l'Infini et éternellement unique, seul Créateur et Rédempteur et à jamais seul ; et que j'en aie fait de surcroît la protestation la plus solennelle, aux pages 323 et 324 de cette première édition dans ce volume ; J'ai cru devoir encore, pour éviter toute équivoque, ajouter ici cette note. On verra que dans cette édition-ci, j'ai retranché ces paroles ; ainsi cet avertissement ne regarde que ceux qui ont acheté la première édition. J'avertis encore, que pour ne laisser aucune ressource à l'hérésie et aux chicanes d'esprits mal-faits, j'ai volontiers retranché le terme d’Elohims appliqué aux premières émanations sorties du Verbe unique, quoique, un grand nombre d'endroits de l'Ecriture les appellent Dieux, et même S. Paul y est très formel, tout en conservant l'unité du Verbe (I Cor. 8, v. 5). J'ai préféré dans cette édition les termes de premiers Emanations ou premiers Ecoulements ou premières Intelligences issues ou sorties du Verbe à jamais unique, et qui quoique sortant en distinction lui sont inséparablement unies. Mon Dieu! quelles précautions ne faut-il pas quand on parle d'objets si relevés ! Comment l'oser ? Je suis moi-même atterré de mon entreprise ; il n'est pas jusqu'à une virgule seulement déplacée, qui ne puisse faire dire des choses indignes de l'infinie majesté de ce Verbe adorable. Une frayeur religieuse me pénètre jusqu'aux moelles  à cette seule pensée ; et je ne sais si j'aurais le courage d'écrire ce Livre, s'il ne l'était déjà, étonné de mon audace et anéanti que je suis devant cette majesté infinie de laquelle nous pouvons à peine bégayer quelques mots, d'après ce que nos livres saints nous en montrent; car l'Infini ne peut se connaître que par l'Infini lui-même ; je frémis lorsque je pense que M. de Saint-Martin a osé appeler ce Verbe adorable, Cause secondaire, comme on le verra dans une note où je parle de lui.

Livre cinquième – Chapitre II - … De la Croix - Extrait, pages 344-345

Je ne m’amuserai pas à considérer toutes ces vérités et tous les changements qui arrivent dans le visible, par la figure même de la croix + (1) [p.345] qui pourtant nous donneront une infiniment belle théorie générale. Je laisse ces sortes de discussions à l'Auteur du livre intitulé : Des erreurs & de la vérité (2), et aux écrivains de ce genre, qui n'est pas le mien ; il me suffit de dire, qu'on pourrait appeler la croix, la Reine de l'Univers, en ce qu'il n'est dans la Nature aucune loi plus générale ; que j'oserais défier tous les savants et les plus profonds philosophes, de me montrer l'ombre du plus petit changement, la plus petite action dans la Nature, sans que la croix y soit un grand agent, y soit exprimée, et par conséquent, qu'elle est le grand instrument qu'emploie le Souverain Moteur et Directeur, pour gouverner l'Univers, et faire servir le moral au physique, et l'inverse ; et être enfin le ministre de sa sagesse, de sa miséricorde et de sa justice, comme on le verra bien mieux encore tout à l'heure.

Notes

(1) Il est un livre devenu fort rare, qu’on réimprime, qui traite de cette matière, mais d’une façon différente de la mienne. Il est intitulé : Le Mystère de la Crois de Jésus-Christ et de ses membres, etc. [Douzedent] Il contient de grandes, importantes et très curieuses vérités ; et j'ose dire que les prétendus philosophes et les vrais chimistes singulièrement, peuvent y trouver beaucoup à apprendre, outre le christianisme véritable qui y est répandu. Cependant ce n'est point par son alchimie qu'on en doit faire cas, et s'il ne contenait rien autre, il serait dangereux ; car l'alchimie, même la plus haute, la plus sûre et la moins mauvaise, est toute du domaine astral, et a toujours pour le moins un tiers de diabolique, comme je l'ai montré dans un autre endroit. Ainsi, ce qui seul rend ce livre très recommandable, c'est le christianisme qui y est répandu, et nombre de choses saintement curieuses.

(2) Je suis fâché pour cet Auteur, qu'il ait souvent fait filtrer la divine vérité de l'Ecriture à travers son imagination dont elle a trop souvent pris la teinture et le vernis. Cette vérité ne se montre jamais pure, lorsque pour y arriver, il faut se frotter le front et gratter occiput et sinciput. Je ne me permets que cela sur cet Auteur qui d'ailleurs a du bon.


Année 1794-1795

Dossier : Débats à l’École normale entre Saint-Martin et Garat

ecoles normales T1Précis d’une Conférence qui a eu lieu aux Écoles Normales le 9 ventôse [an III – 27 février 1795], entre un des Élèves et le professeur de l’entendement humain.
Extrait de Louis-Claude de Saint-Martin, Lettre à un ami sur la Révolution française ou Considérations politiques, philosophiques et religieuses sur la Révolution française. Suivie du précis d’une conférence publique entre un élève des Écoles Normales et le Professeur Garat.

L’École normale de l’an III
La Convention décide le 30 octobre 1794 (9 brumaire an III) de créer à Paris une École normale dont le but est de former des instituteurs et des professeurs pour toute l’étendue de la Républiqu

1794 - Le Moniteur – Décret pour les Écoles Normales
Arrêté des représentants du peuple près des Écoles Normales
Gazette nationale ou Le Moniteur Universel (Tome X – 3e série).
N° 122. Duodi 2 Pluviôse, l’an 3e. (Mercredi 21 janvier 1795, vieux style).

garatDominique-Joseph Garat (1749-1833) - Biographie et bibliographie

Dominique-Joseph GARAT est né à Bayonne le 8 septembre 1749. Membre du Barreau de Bordeaux, il vint à Paris très jeune et commence une carrière littéraire avec, en 1778, l’Éloge de Michel de l'Hôpital, chancelier de France. Il obtint le prix d’éloquence de l’Académie française en 1779 avec son Éloge de Suger, abbé de Saint Denis, puis le prix de l’Académie française de 1781 avec l’Éloge de Charles de Sainte Maure, duc de Montausier et celui de 1784 avec l’Éloge de Bernard de Fontenelle.

4 pluviôse an III - 1er Cours de Dominique-Joseph Garat aux Écoles Normales

Analyse de l'entendement : Programme (pages 138-151)
Séances des Écoles normales recueillies par des sténographes et revues par les professeurs.
- 4 pluviôse an III - Cours de Dominique-Joseph Garat aux Écoles Normales : 1ère leçon de l'analyse de l'entendement (pages 131-159)
- 23 pluviôse : 12e séance : 23 pluviôse an III - Analyse de l’entendement : Plan général du cours
- 29 pluviôse - Huitième séance, le 29 pluviôse an III - Cours de Dominique-Joseph Garat aux Ecoles Normales : Débat - Analyse de l'entendement.(p.206-233)

1828 – Philibert Damiron (1794-1862) 

Essai sur l'histoire de la philosophie en France au dix-neuvième siècle - Chapitre : École sensualiste – Garat - Pages 55-63

1850 - Louis Moreau, Le philosophe inconnu.

Chapitre II - Chapitre II. Débats à l’École normale entre Saint-Martin et Garat (pages 38-72)

bouton jaune

Lire l'ensemble du dossier sur le site : Débats à l’École normale entre Saint-Martin et Garat


L'abbé Barruel, Mémoires pour servir à l’histoire du Jacobinisme 

Barruel 1797Plusieurs éditions de ce livre ont paru :
- 1797-1798 : cette édition comporte cinq tomes et est disponible sur Google livre.
- 1798 : cette édition se trouve sur le site Gallica, Bibliothèque numérique de la BNF. Bien que l’édition comporte également cinq tomes, Gallica ne permet le téléchargement que des tomes un, deux, trois et cinq.
- 1803 : nouvelle édition, téléchargeable sur Google livre avec ses cinq tomes.
- 1818-1819 : cette nouvelle édition, « revue et corrigée par l’auteur » ne présente que quatre tomes. Google livre propose en téléchargement deux exemplaires numérisés, chacun comprenant deux tomes (tome un et deux ; tome trois et quatre).

1797 : T2 - Seconde partie. Conspiration des sophistes de la rébellion ; contre le Roi.
1798 : T. 3 - Sur les Illuminés, et les ouvrages qui serviront de preuves à ces Mémoires.
1798 : T 4 - Conspiration des sophistes. De l’impiété et de l’anarchie ; partie historique.

=> Voir sur le siteBarruel, Mémoires pour servir à l’histoire du Jacobinisme