Année 1793

1793 – Du Gour - Collection des meilleurs ouvrages qui ont été publiés pour la défense de Louis XVI

Du Gour 1793

Collection des meilleurs ouvrages qui ont été publiés pour la défense de Louis XVI, Roi des Français
Rédigée par Antoine Jeudy DU Gour, ci-devant Professeur au collège royal de la Flèche, Auteur du Mémoire justificatif en cinq cahiers.
Avec figures - Tome premier 
À Paris, chez  F. Dufart, Imprimeur Libraire, Saint- Honoré, près l'église Saint Roch. 1793, 388 pages

Collection des meilleurs ouvrages qui ont été publiés pour la défense de Louis XVI

Réflexions sur le procès intenté à Louis XVI, par M. Necker - Extrait, pages 348-349

On ne peut achever la lecture de toutes les lettres, adressées par des écrivains parasites ou des hommes en délire, les unes au directeur de la liste civile, les autres à son secrétaire, et qui occupent une si grande place dans les recueils imprimés pour l'instruction de la [349] France (1).

Notes

1. […] Je reçois deux lettres de connaissances intimes, que j’avais parmi mes confrères les Martinistes... le démon est maître d'eux. A l’égard de B…, et son acharnement au magnétisme, je lui ai attiré la maladie ; les Jansénistes affiliés aux convulsionnaires par état sont dans le même cas : hors de l’Église point de salut.

 

1793 – Dutoit-Membrini - La philosophie divine - T 1

Dutoit Membrini t1

La philosophie divine, appliquée aux lumières naturelle, magique, astrale, surnaturelle, céleste et divine ou aux immuables vérités que Dieu a révélées de lui-même & de ses œuvres, dans le triple Miroir analogique de l’Univers, de l’Homme  & de la révélation écrite

Par Keleph Ben Nathan… pseudonyme de Jean Philippe Dutoit-Membrini - Tome premier - 1793 - La philosophie divine – T 1

Livre 3 – Chapitre 5 - … Des Illuminés [Martinistes] – Extrait et note, pages 152-156

On va voir bientôt que si elle avait cette grande et heureuse capacité, il n'y aurait eu aucun besoin de révélation ; puisque si l'Esprit de Dieu ne s'était pas retiré d'Adam pécheur, et de sa postérité pécheresse en lui et en elle-même, l'esprit de l'homme allumé, éclairé de Dieu même, l'aurait connu, et dans la nature et dans lui-même, aussi bien que l'homme de foi ou le régénéré, ce qui est le même, peut le connaître dans la révélation interne et externe, et en sa parole et en lui-même. Mais avant d'entrer dans cette grande vérité et de la développer dans toute fa force, on doit facilement, ainsi qu'on l'a vu plus haut, comprendre combien un seul Dieu en trois personnes , un Dieu vrai Dieu (1), qui se fait homme et enfant ; [p.153] le Dieu suprême qui, dans l'humanité , vient souffrir, être rejeté, contredit, méprisé, mourir enfin de la plus cruelle mort ; combien ces mystères, et tous ceux qui sont exprimés dans les livres saints, étant inaccessibles à la raison corrompue, elle est tentée de les contredire, et de les rejeter même sans examen. Elle ne distinguera point ce qui est au-dessus d'elle et la surpasse, d'avec ce qui est contradiction à ses yeux aveuglés, sans l'être en soi-même. Car remarquez : son orgueil va de pair avec ses bornes, et ses bornes mêmes sont son orgueil ; ce sont deux choses à l'unisson. Fière de sa misère et de son aveuglement même, qu'elle [p.154] ignore, son orgueil fait éruption. Capable de raisonner sur quelques vérités inférieures et de les connaître, elle croit pouvoir juger Dieu, et, ce qui soit dit sans blasphème, toiser la Divinité même.

Note

(1) J'ose dire que quelque profonds que soient ces mystères, et quoiqu'ils paraissent inaccessibles à la raison, ils sont établis et éclaircis dans les notes répandues dans cet ouvrage, au point de les rendre accessibles à une droite raison, exempte des chicanes de la mauvaise foi. J'ose avancer bien davantage encore ; c'est que quoique le pur infini soit inaccessible à nos connaissances, quiconque est dans la vraie régénération et dans la lumière de l’Esprit-Saint , (je ne parle pas ici de ce qu'on appelle Illuminés , ce qui est un ordre bien inférieur) ; quiconque en a reçu la vraie onction, pour me servir de l'expression de Saint Jean, qu'on verra cité ailleurs ; quiconque ainsi est un vrai Gnostique, selon le mot des Saints Pères Grecs, trouvera [p.153] très peu de ce que la raison appelle mystères, dans l'Ecriture. Ce ne sont plus des mystères pour lui; tout est clair. Armé de l'esprit qui l'a dictée, le Saint-Esprit la lui interprète. Les écailles sont tombées de ses yeux ; Il voit, dit David, la lumière dans la lumière. L'Orient d'en haut s'est levé sur lui et lui montre des profondeurs divines, cachées sous l'expression la plus simple. Ce qui aux yeux de la simple raison, est ou contradictoire ou ridicule même ou minutieux, est anobli pour cet homme trop heureux et infiniment rare, et il y voit avec extase et admiration les sens les plus divins, cachés sous cette écorce, comme l'arche de l'alliance était couverte de peaux de blaireau (Exode, 26, v. 14) de très peu d'apparence. Voilà ce que je déclare à quiconque lira cette note ; et si j'avais dix mille voix, je le crierais à tout l'univers. Mais qu’on se garde bien d'appliquer le portrait que je viens de faire, aux Illuminés dont je parle dans cet ouvrage, qui sont d'un degré bien inférieur au vrai et parfait régénéré que je décris dans cette note. On va le voir dans le texte. Et gardez-vous bien encore de prendre pour lui, les membres de ces sectes ou sociétés, dont on fourmille au temps présent, qu'on désigne par les noms de Martinistes, de Francs-maçons et autres ,sur lesquels je crois nécessaire de mettre ailleurs une note encore, pour montrer et l'abus et les dangers de ces sociétés, desquelles l'ennemi à qui ils n'arrachent pas une seule plume, se rit, et qu'il autorise dans leur orgueil spirituel. Ils croient convertir et sont infiniment éloignés de l'être eux-mêmes véritablement, prenant [p.154] quelques lumières astrales et qui ont de l'apparence, pour la vraie conversion. Je finis, en répétant que ce qui est des mystères pour la raison, ne l'est plus pour le vrai régénéré, et quant à ces sociétés de Francs-maçons, etc. qu'il est certain que c'est d'elles, en grande partie, que sont issues ces idées d'indépendance qui se répandent et bourgeonnent presque partout.... sous le prétexte spécieux de tout ramener à une égalité impossible.

Mais avant de finir, je marquerai plus précisément la très grande différence de voir et connaître les mystères, qui est entre les Illuminés et les vrais et saints mystiques. Les premiers les voient par intuition et objectivement. Ils se peignent en lumière astrale à leur imagination, c'est pourquoi il y a et il s'y mêle presque toujours des erreurs, comme dans Swedenborg et autres de son genre ou degré. Ainsi, quelque grand et éclatant que cela paraisse aux yeux vulgaires, c'est une inférieure manière de voir et même qui peut être dangereuse, en injectant des hérésies sous ces apparences brillantes. C'est précisément ce qui a fait les hérésiarques. Ainsi, malgré le brillant et même le bon qu'il peut y avoir, il faut s'en défier. Au contraire, les vrais et saints mystiques ne voient rien, mais ils expérimentent les mystères; ils ne voient rien, mais ils les connaissent avec la plus divine, intérieure et parfaite certitude. Ils les connaissent en eux dans les très sacrées ténèbres de la foi, et dans la nuit obscure, comme l'appellent ces saints mystiques. Obscure, parce qu'elle est au-dessus de tout opérer astral et de la raison effacée par la lumière plus haute de l'Esprit de Dieu, qui la [p.155] surmonte. C'est cette nuit pour la raison, qui montre les saints mystères dans les sacrées ténèbres, dont toute l'Ecriture Sainte fait mention et surtout David en plus d'un endroit : La nuit même sera une lumière tout autour de moi. — La nuit resplendira comme le jour, et les ténèbres comme la lumière. Et au Ps. 19, v. 2, Une nuit montre la science à une autre nuit (Psaume 137, v. 11-12). Mais outre ces sacrées ténèbres très claires par elles-mêmes, les vrais intérieurs connaissent les divins mystères par expérience, ai-je dit, attendu, comme on le verra encore ailleurs, qu'il se fait en eux et dans leur plus profond centre, le commerce ineffable de la très sainte Trinité, de même que l'incarnation et la naissance de Jésus-Christ s'y est exécutée. Voilà la toute pure, haute, sûre et non illusoire manière de connaître les sacrés mystères sans être trompé. Nous en dirons encore quelque chose ailleurs dans cet ouvrage. Voilà ce que j'écris comme divinement sûr, pour tous ceux qui ont le courage d'aller où la foi les appelle, afin qu'ils ne s'y méprennent point et qu'ils ne s'arrêtent pas avec les Illuminés, et au contraire qu'ils laissent tomber toutes ces lumières distinctes etc. Tous les divins ouvrages de Madame Guyon tendent à montrer cette différence et peuvent servir de sur préservatif contre de si dangereuses méprises. On peut lire les œuvres du bienheureux Jean de la Croix et surtout le troisième livre de sa Montée du Mont-Carmel, et on y apprendra à apprécier tous ces livres des Illuminés, comme Swedenborg, etc. dont les vrais mystères ou vrais intérieurs font assez peu de cas.

Livre quatrième – Chapitre 4 – Note 2, page 245

Note 2

Il s'était glissé à cet endroit, page 205 de la première édition, une faute qui aurait pu être de conséquence et donner occasion à une erreur. Il y est dit : « Que le Verbe a en soi, tous les Elohims ou Dieux qui ne font qu'un seul Verbe ». Quoique dans tout l'ouvrage on voie l'infinie unité d'un seul Verbe Infini, Fils absolument unique de l'Infini et éternellement unique, seul Créateur et Rédempteur et à jamais seul ; et que j'en aie fait de surcroît la protestation la plus solennelle, aux pages 323 et 324 de cette première édition dans ce volume ; J'ai cru devoir encore, pour éviter toute équivoque, ajouter ici cette note. On verra que dans cette édition-ci, j'ai retranché ces paroles ; ainsi cet avertissement ne regarde que ceux qui ont acheté la première édition. J'avertis encore, que pour ne laisser aucune ressource à l'hérésie et aux chicanes d'esprits mal-faits, j'ai volontiers retranché le terme d’Elohims appliqué aux premières émanations sorties du Verbe unique, quoique, un grand nombre d'endroits de l'Ecriture les appellent Dieux, et même S. Paul y est très formel, tout en conservant l'unité du Verbe (I Cor. 8, v. 5). J'ai préféré dans cette édition les termes de premiers Emanations ou premiers Ecoulements ou premières Intelligences issues ou sorties du Verbe à jamais unique, et qui quoique sortant en distinction lui sont inséparablement unies. Mon Dieu! quelles précautions ne faut-il pas quand on parle d'objets si relevés ! Comment l'oser ? Je suis moi-même atterré de mon entreprise ; il n'est pas jusqu'à une virgule seulement déplacée, qui ne puisse faire dire des choses indignes de l'infinie majesté de ce Verbe adorable. Une frayeur religieuse me pénètre jusqu'aux moelles  à cette seule pensée ; et je ne sais si j'aurais le courage d'écrire ce Livre, s'il ne l'était déjà, étonné de mon audace et anéanti que je suis devant cette majesté infinie de laquelle nous pouvons à peine bégayer quelques mots, d'après ce que nos livres saints nous en montrent; car l'Infini ne peut se connaître que par l'Infini lui-même ; je frémis lorsque je pense que M. de Saint-Martin a osé appeler ce Verbe adorable, Cause secondaire, comme on le verra dans une note où je parle de lui.

Livre cinquième – Chapitre II - … De la Croix - Extrait, pages 344-345

Je ne m’amuserai pas à considérer toutes ces vérités et tous les changements qui arrivent dans le visible, par la figure même de la croix + (1) [p.345] qui pourtant nous donneront une infiniment belle théorie générale. Je laisse ces sortes de discussions à l'Auteur du livre intitulé : Des erreurs & de la vérité (2), et aux écrivains de ce genre, qui n'est pas le mien ; il me suffit de dire, qu'on pourrait appeler la croix, la Reine de l'Univers, en ce qu'il n'est dans la Nature aucune loi plus générale ; que j'oserais défier tous les savants et les plus profonds philosophes, de me montrer l'ombre du plus petit changement, la plus petite action dans la Nature, sans que la croix y soit un grand agent, y soit exprimée, et par conséquent, qu'elle est le grand instrument qu'emploie le Souverain Moteur et Directeur, pour gouverner l'Univers, et faire servir le moral au physique, et l'inverse ; et être enfin le ministre de sa sagesse, de sa miséricorde et de sa justice, comme on le verra bien mieux encore tout à l'heure.

Notes

(1) Il est un livre devenu fort rare, qu’on réimprime, qui traite de cette matière, mais d’une façon différente de la mienne. Il est intitulé : Le Mystère de la Crois de Jésus-Christ et de ses membres, etc. [Douzedent] Il contient de grandes, importantes et très curieuses vérités ; et j'ose dire que les prétendus philosophes et les vrais chimistes singulièrement, peuvent y trouver beaucoup à apprendre, outre le christianisme véritable qui y est répandu. Cependant ce n'est point par son alchimie qu'on en doit faire cas, et s'il ne contenait rien autre, il serait dangereux ; car l'alchimie, même la plus haute, la plus sûre et la moins mauvaise, est toute du domaine astral, et a toujours pour le moins un tiers de diabolique, comme je l'ai montré dans un autre endroit. Ainsi, ce qui seul rend ce livre très recommandable, c'est le christianisme qui y est répandu, et nombre de choses saintement curieuses.

(2) Je suis fâché pour cet Auteur, qu'il ait souvent fait filtrer la divine vérité de l'Ecriture à travers son imagination dont elle a trop souvent pris la teinture et le vernis. Cette vérité ne se montre jamais pure, lorsque pour y arriver, il faut se frotter le front et gratter occiput et sinciput. Je ne me permets que cela sur cet Auteur qui d'ailleurs a du bon.