Bésuchet - Précis historique de l’ordre de la Franc-Maçonnerie

Précis historique de l’ordre de la Franc-Maçonnerie, depuis son introduction en France jusqu’en 1829, suivi d’une biographie des membres de l’ordre, les plus célèbres par leurs travaux, leurs écrits, ou par leur rang dans le monde, depuis son origine jusqu’à nos jours ; et d’un choix de discours et de poésies. Par J[ean]-C[laude] B[ésuchet] (1790-1867) - Paris, Rapilly, libraire, passage des Panoramas, 1829, 
http://books.google.fr/books?id=e5cqAAAAMAAJ

Tome 1er Année 1754 - Page 37

1829 Besuchet FM t1

Une déclaration de MM. de Sorbonne, rendue publique, porte qu'on ne doit entrer ni rester dans la société des francs-maçons. Cet acte donna lieu à de nouvelles persécutions locales, mais n'exerça aucune influence sur les esprits. Les bulles des papes Benoît XIV et Clément XII avaient familiarisé les maçons avec les censures ecclésiastiques.
L'état fâcheux où se trouve l'institution par l'admission d'une foule d'individus sans mérite à nos différents grades, détermine le chevalier de Bonneville à instituer un chapitre de hauts grades, sous le titre de Chapitre de Clermont; bientôt un grand nombre de maçons distingués s'y réunissent. Le système templier créé par les maçons lyonnais (voy. 1743) devient le régime du nouveau chapitre. Le célèbre baron de Hund y prend les hauts grades, et avec eux l'idée du régime de la stricte observance, qu'il établit dans sa patrie peu de temps après.
Martinez Paschalis crée le rite des élus Coëns qu'adoptèrent les loges de Marseille, de Toulouse et de Bordeaux.

Tome 1er Année 1768 - Page 44

Martinez Paschalis (voy. 1754) introduit dans plusieurs loges de Paris le régime des Élus-Coëns. Ce régime, complètement organisé en 1775, fait donner aux ateliers qui le professent le nom de Loges Martinistes, par allusion au nom du fondateur.

Tome 1er  Année 1785 – Extrait, page 77

L’année 1785 acquit de la célébrité dans nos fastes par l’ouverture du premier couvent philosophique, qui avait pour chefs les frères Savalette de Langes, de Gebelin, etc., fondateurs de ce régime. Tous les maçons instruits, à quelque rite qu’ils appartinssent, y furent seulement appelés : la convocation était généralement pour la France et l’étranger.
Joseph Balsamo, comte de Cagliostro, créateur d’une maçonnerie égyptienne, est invité comme les autres frères, tels que Mesmer, Saint-Martin, etc., à prendre part au couvent et à y développer ses principes.

Tome deuxième - Martinez, pages 193-195

http://books.google.fr/books?id=9pcqAAAAMAAJ

1829 Besuchet FM t1

MARTINEZ - PASQUALIS, présumé Portugais, et même juif, est un de ces hommes dont [194] le nom n'est révélé que par des causes accidentelles ou par une célébrité qu'on leur donne quelquefois à leur insu. C'est ce qui' arriva à Martinez-Pasqualis, par le zèle de Louis-Claude de Saint-Martin (voy. ce nom), avec lequel il a été confondu. Martinez-Pasqualis, chef de la secte des Martinistes, institua le rite cabalistique des Élus Cohens (en hébreu, prêtres) dans les loges de Bordeaux, Marseille et Toulouse. C'est à Bordeaux qu'il reçut maçon, et dans sa secte, Saint-Martin, officier au régiment dé Foix. Il apporta son rite à Paris, en 1768, et, aidé du célèbre peintre Van Loo, il le fit connaître dans la capitale en 1775. Mais l'inventeur disparut brusquement, sous prétexte d'aller recueillir une succession, et partit pour Saint-Domingue vers 1778. Il mourut au Port-au-Prince n 1779. Bacon de la Chevalerie (voy. ce nom) fut aussi son disciple et son correspondant. La doctrine de Martinez Pasqualis est la cabale des juifs, qui n'est autre que leur métaphysique, ou science de l'être comprenant les notions de Dieu, des esprits, de l'homme dans ses divers états : système mal expliqué par l'auteur et dénaturé par ses disciples. Il avait composé pour eux un Traité de la réintégration, où il expose sa doctrine; mais [195] cet ouvrage est resté dans les mains de l'auteur  et n'a jamais été imprimé:

Tome deuxième - Saint-Martin, pages 255-257

SAINT-MARTIN (Louis-Claude de), officier au régiment de Foix, naquit à Amboise d’une famille noble, le18 janvier 1743 ; son titre de philosophe inconnu annonce que nous ne devons point l’envisager dans sa vie politique, militaire ou civile, qui d’ailleurs ne fournit [456] aucun renseignement. Disciple de Martinez Pasqualis, il est le chef d’une maçonnerie mystique introduite dans la franc-maçonnerie de 1a secte du martinisme, créée par son maître, et dont les principes autorisent les croyances les plus bizarres et les superstitions les plus absurdes (voy. Martinez Pasqualis). Saint -Martin prétend que la maçonnerie est une émanation de la divinité et qu’elle remonte à l’origine du monde ; nous voyons là une opinion et non une extravagance. Mais où Saint Martin nous parait avoir outre passé le droit d’un sage réformateur, c’est lorsqu’il substitue aux choses les plus simples une doctrine qui ne peut satisfaire le bon sens et qu’il présente ses idées dans un style que Voltaire qualifiait d’archigalimatias. Il divise la franc-maçonnerie en dix grades et les distribue en deux temples. Le premier temple renferme l’explication de sept grades : apprenti, compagnon, maître, ancien maître, élu, grand architecte, maçon secret. Dans le second temple ou grades supérieurs, il développe le système de martinisme : ce sont le prince de Jérusalem, le chevalier de la Palestine et le chevalier Kadosh ou homme saint. Tout cela est développé dans un manuscrit en 2 vol. in-4° l’Ecossisme réformé, dont aucun libraire n’a voulu entreprendre l’impression, [257] et qu’aucun maçon instruit n’a eu le courage de mettre en lumière.

Saint-Martin a fait peu de prosélytes, et a été obligé de se renfermer dans la maçonnerie qu’il traitait de vulgaire, et Dia ; et où néanmoins il était accueilli avec distinction non à cause de ses idées étranges , mais parce qu’on lui reconnaissait du mérite et qu’il était un honnête homme. Il fut convoqué au couvent philosophique que les Philalètes ou chercheurs de la vérité établirent en 1785 et 1787, et où furent appelés toue les maçons distingués et les maçons sectaires, entre autres le comte de Cagliostro (voy. Savalette de Langris, Court de Gébelin [sic], Cagliostro). Saint-Martin refusa d’assister au couvent et de prendre part à ses opérations. La philosophie mystique de Saint-Martin se trouve dans le livre des erreurs et de la vérité, et dans les autres ouvrages du Philosophe inconnu. On lui doit la traduction d’une partie des œuvres de Bœhm, philosophe allemand. Saint-Martin mourut à Aulnay près Paris, le 13 octobre 1803.