1866 findel t2Tome 2 - Les assemblées des philalèthes, p.55-57.

Reprenons, après cette digression, le cours de notre récit, et en remontant de quelques années en arrière, nous verrons que, de même que les chapitres souverains des loges [page 56] particulières se déclarèrent également autonomes et indépendantes du Grand-Orient, parce que celui-ci tardait à instruire les frères du but, de la destination et des développements de la franc-maçonnerie. C'est ce que fit tout d'abord la loge des Philalèthes (Amis de la vérité), les Amis réunis de Paris, laquelle avait jusque-là toujours travaillé à l'ombre et sans bruit. Elle convoqua deux assemblées (1) à Paris,

« afin de s'entendre sur le système d'enseignement maçonnique, et de procurer à toutes les manières de voir, à toutes les opinions l'occasion de se produire, de s'éclairer sur les points les plus importants, sur les principes, les points de doctrine, les avantages et le véritable but de la franc-maçonnerie, considérée simplement comme science. »

Le système des Philalèthes, d'après lequel travaillait la loge susdite avait été fondé en 1773, par les Fr. Savalette de Langes, de Tavannes, Court de Gebelin et autres ; il comprenait douze classes ou grades 3 grades de Saint-Jean, 4° Élus ; 5° Chevalier écossais ; 6° Chevalier d'Orient; 7° Rose-Croix ; 8° Chevalier du temple ; 9° Philosophe inconnu ; 10° Sublime philosophe ; 11° Initié ; 12° Philalèthe ou maçon de tous les grades. Beaucoup de frères allemands, suisses et d'autres nations se rendirent à cette invitation : il en fut qui, comme le duc Ferdinand de Brunswick, Saint-Martin et Mesmer, déclinèrent toute participation à ces conférences. Aucune de ces assemblées ne produisit de résultat notable ; on en resta à des discussions sur les questions les plus diverses, discussions où se produisirent les opinions les moins susceptibles d'application on fit les yeux doux à la théosophie, à la cabale, à la magie, à toutes ces sortes de choses secrètes et même à Cagliostro, le météore trompeur [page 57] de ce temps-là, et les projets qui dans le principe avaient été nettement conçus, noblement médités, et qui avaient déjà reçu un commencement d'exécution furent définitivement abandonnés faute de valeur réelle. La première assemblée dura depuis le 15 février jusqu'au 26 mai 1785, et le second du 8 mars au 26 mai 1787. La seconde plus encore que la première témoigna de l'inclination pour les sciences occultes et secrètes. Il est bien naturel que des frères disposés de la sorte restassent sourds aux avertissements que l'Allemand J. Ch. Bode leur adressait le 3 avril, dans un écrit intitulé : Essai sur l'origine de la franc-maçonnerie, écrit qui était destiné à les mettre en garde contre ses sciences occultes qu'il accusait d'être un piège tendu par les jésuites.

(1) Voir la circulaire d'invitation dans le Journal de Vienne pour les francs-maçons, 2° année, I, pag. 195, II, pag. 224.

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