Notice sur Saint-Martin (1) [page 154]

Saint-Martin (Louis-Claude de), dit le « Philosophe Inconnu », naquit à Amboise, en 1743.

À l'âge de vingt-deux ans, ayant terminé ses études de droit, on le destinait au barreau. Il entra, grâce à la protection du duc de Choiseul, comme officier au régiment de Foix, alors en garnison à Bordeaux. Ce fut là qu'il connut Martinez Pasqualis, dont il fut le disciple.

Après avoir suivi son régiment à Lorient et à Longwy, Saint-Martin donna sa démission en 1771, revint à Paris et, deux ans après, se rendit à Lyon, où Martinez Pasqualis avait fondé un petit cénacle [voir l’encadré]. C'est dans cette ville qu'il publia son premier ouvrage : Des Erreurs et de la Vérité, « manifeste contre le matérialisme et le parti pris de déraciner dans les âmes toute croyance religieuse... et où il n'est pas difficile de reconnaître la théorie mystique de l'Émanation et du Verbe, sur laquelle reposait l'enseignement de Martinez Pasqualis ».

Saint-Martin donna sa démission d’officier au régiment de Foix Infanterie en 1771 pour devenir secrétaire de Martines de Pasqualis. Ce dernier partit à l’île de Saint Domingue en 1772, à l’époque île française, pour y recevoir un héritage. Il mourut dans cette île en 1774.

Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) était également un disciple de Martines de Pasqualis. Il avait créé un temple d'élus coën à Lyon où il hébergea chez lui pendant quelque temps son ami, Louis-Claude de Saint-Martin.

« C'est à Lyon que j'ai écrit le livre Des erreurs et de la vérité. Je l'ai écrit par désœuvrement et par colère contre les philosophes. Je fus indigné de lire dans Boulanger que les religions n'avaient pris naissance que dans la frayeur occasionnée par les catastrophes de la nature. » Mon Portrait, n°168.

 

Après un court séjour en Angleterre et, l'année suivante, en Italie, Saint-Martin, de retour en France, fut proposé comme candidat à l'École normale, en qualité d'élève professeur. Il accepta. Sa discussion avec Garat, professeur d'analyse d'entendement humain aux écoles normales, est demeurée célèbre. En 1795, l'École ferma.

Saint-Martin mourut à Aunay en 1803.

Ses ouvrages sont, outre « Des Erreurs et de la Vérité»: « Le Crocodile », poème allégorique (1797). « Le tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l'homme et l'univers » (1782). « L'homme de désir. L'Ecce homo et le Nouvel homme. L'aurore naissante. - Quarante questions sur l'âme. De la Triple vie de l'Homme.- Des nombres. » - Une traduction des écrits de Jacob Bœhm, que Charlotte Bœklin et Rodolphe Salzmann lui firent connaître à Strasbourg.

(1) Lire sur ce philosophe : La Philosophie mystique en France, à la fin du XVIIIe siècle (Saint-Martin et son maître Martinez Pasqualis), par A. FRANCK.