1892 – Papus - La Kabbale, tradition secrète de l'occident.

1892.Papus kabbalePapus, La Kabbale, tradition secrète de l'occident

Résumé méthodique

Ouvrage précédé d'une lettre d'Ad. Franck, de l'Institut et orné de 20 figures et tableaux et de 2 planches hors texte.

Paris

« Quoi que nous puissions faire pour conquérir, dans le domaine des sciences morales, une indépendances sans limites, la chaine de la tradition se montrera toujours dans nos plus hardies découvertes. »
Ad. Franck

Georges Carré, Éditeur
58, rue Saint-André-des-Arts

1892

Lettre de Papus adressée à Monsieur Adolphe Franck. Extrait, pages II-III

À côté du courant officiel, des Universités religieuses ou laïques, des Académies des sciences et des Laboratoires des Facultés, a toujours existé un courant indépendant, généralement peu connu, et, partant, assez méprisé, formé de chercheurs parfois trop imbus de philosophie, parfois trop épris de mysticisme, mais combien curieux et combien intéressants à étudier !

Ces adeptes de la Gnose, ces Alchimistes, ces disciples de [page III] Jacob Boëhm, de Martinez Pasqualis ou de Louis-Claude de Saint-Martin, sont pourtant les seuls qui n'aient jamais négligé l'étude de la Kabbale jusqu'au moment où l'apparition de votre travail est venue montrer qu'ils avaient trouvé un approbateur et un maitre dans la personne d'un des plus éminents parmi les représentants de l'Université.

C'est comme admirateur et disciple moi-même de Saint-Martin et de ses doctrines, que je prends la liberté de vous remercier, au nom de ces « indépendants », de l'appui précieux qu'ils ont trouvé en votre personne et, si j'osais, en terminant vous adresser une prière, ce serait de vous voir intercéder pour eux auprès des chefs de notre Université.

Il y a dans les œuvres de Saint-Martin, dans celles de Fabre d'Olivet, de Wronski, de Lacuria et de Louis Lucas, une série d'études que je crois très profondes et qui sont peu connues, sur la psychologie, la morale ou la logique.

Or il serait pour le moins utile de voir au programme de notre École Normale Supérieure le Traité des signes et des Idées de Saint-Martin, ou les Vers dorés de Pythagore de Fabre d'Olivet, ainsi que le système de psychologie qui forme l'introduction de son Histoire philosophique du genre humain, ou bien encore la partie philosophique de la Médecine nouvelle ou du Roman alchimique de Louis Lucas, sans parler de la Création de la réalité absolue de Wronski, peut-être trop technique et trop abstraitement présentée.

Vous me direz que ces auteurs sont des « mystiques », des écrivains dont l'érudition laisse à désirer quelquefois ; mais c'est un « mystique » aussi qui réclame qu'on les lise davantage et qu'on les critique, ne serait-ce que pour mieux se rendre compte des diverses évolutions de l'esprit humain.

Chapitre 1er. La tradition hébraïque. §2. Extrait, page 11

MASHORE. – La mashore forme le corps de la tradition; elle traite de tout ce qui a rapport à la partie matérielle de la Thorah.

La M'sorah consiste en deux points principaux :

« 1° Elle enseigne la manière de lire les passages douteux à l'aide des points et des voyelles, d'assembler et de prononcer les mots et les phrases au moyen des accents.

« 2° Elle s'étend sur les consonnes comme sur la partie extérieure et matérielle de la Bible, et donne un registre des hiéroglyphes exprimés par la forme plastique de la Thorah, tels que la division des livres, des chapitres, des versets, la figure des lettres, etc., sans néanmoins expliquer le sens de ces hiéroglyphes. (1. Molitor, p.249) »

Les occultistes qui se sont occupés spécialement de la Kabbale comme Saint-Yves d'Alveydre (2. Voici en quoi consista la réforme pédagogique et primaire d'Esdras : Il changea les caractères primitifs de Moïse pour ceux des prêtres chaldéens avec la notation à l'assyrienne qui constitue la première mashore. (Mission des Juifs, p. 646.)), Fabre d'Olivet (3. La Langue hébraïque restituée.), Claude de Saint-Martin (4. Le Crocodile (œuvres diverses).), prétendent que la mashore, ensemble de formules tout exotériques, est destinée à enlever à la langue hébraïque tout ce qui peut mettre sur la voie du sens secret de la Thorah.

bouton jaune  Chapitre 1er. La tradition hébraïque. §2

Le IOD, extrait, page 51

À l'origine de toutes choses la Kabbale pose donc l'affirmation absolue de l'être par lui-même, du Moi-Unité dont la représentation est le iod symboliquement, et le nombre 10 numériquement. Ce nombre 10 représentant le Principe-Tout, 1, s'alliant au Néant Rien, 0, répond bien aux conditions demandées. (2. Voy. Saint-Martin, Des rapports qui existent entre Dieu, l'Homme et l'Univers ; Lacuria, Harmonies de l'être exprimées par les nombres.)

Extrait, page 67

Nous dirons quelques mots plus loin du système séphirotique ; il faut en finir avec l'emblème central. Réduit aux proportions géométriques d'un schéma, il peut se tracer ainsi :

1892 papus kab p67

Une croix renfermée dans l'étoile flamboyante. C'est le quaternaire qui trouve son expansion dans le quinaire ; c'est l'Esprit qui se sous-multiplie pour descendre au cloaque de la matière où il s'embourbera pour un temps, mais son destin est de trouver dans son avilissement même la révélation de sa personnalité et déjà — présage de salut — il sent, au dernier échelon de sa déchéance, sourdre en lui la grande force de la volonté. C’est le Verbe, יהוה, qui s’incarne et devient le Christ douloureux ou l’homme corporel, יהשוה, jusqu’au jour où, assumant avec lui sa nature humaine régénérée, il rentrera dans sa gloire.

C'est là ce qu'exprime l'adepte Saint-Martin au premier tome d'Erreurs et Vérité, quand il enseigne que la chute de l'homme provient de ce qu'il a interverti les feuillets du Grand Livre de la Vie et substitué la cinquième page (celle de la corruption et de la déchéance) à la quatrième (celle de l'immortalité et de l'entité spirituelle).

bouton jaune Le IOD, extrait, page 67

Extrait, page 69

C'est ש enfin, dont l'addition au quaternaire verbal de la sorte que nous avons dite, engendre le quinaire ou nombre de la déchéance. Saint-Martin a très bien vu cela. Mais 5, qui est le nombre de la chute, est aussi le nombre de la volonté, et la volonté est l'instrument de la réintégration.

II. 1. Enseignements de la Kabbale sur l’homme. Extrait, page 91

La Kabbale considère la Matière comme une adjonction créée postérieurement à tous les êtres, à cause de la chute adamique. Jacob Boehm et Saint-Martin ont suffisamment développé cette idée parmi les philosophes contemporains pour qu'il soit inutile de s'y attarder trop longtemps. Cependant il fallait établir ce fait pour expliquer pourquoi dans la constitution de l'Homme aucun des trois principes énoncés ne représente la matière de notre corps.

Ouvrages en langue française. Extrait, page 131

40. L.-C. de Saint-Martin (P). Le Crocodile, Paris, an II, in-8° (Bib. nat. Ye 10.272) (MYS).