1898Année 1898

La Paix universelle
   - Lettre de Papus adressée à Albert Erny

La grande encyclopédie – T 23
   - Article : Martines Pasqualis [sic]

La Croisade française
   - Article : Toujours les Juifs dans la maçonnerie

La Paix universelle
   - Préludes martinistes dans le Congrès de l’Humanité

1898 - La Paix universelle, revue indépendante

1898 paix universelleHuitième année – n°176-177 – 16 mars au 15 avril 1898

Magnétisme transcendantal

Philosophie – Physiologie – Psychologie

Directeur : A. Bouvier

Lettre de Papus adressée à Albert Erny, page 51

Voici la curieuse lettre que M. Papus, sur ma demande, m'a adressée au sujet des Origines en question :

« J'ai lu votre article en son temps, mais je n'ai plus les termes assez présents à la mémoire pour pouvoir répondre à votre question en toute connaissance de cause. Pour juger en historien impartial les origines réelles du spiritisme contemporain, il faudrait, tout d'abord, établir avec soin les décisions prises à ce propos par les Fraternités initiatiques d'Occident, dirigées par des hommes de chair et d'os et non par de fantaisistes Mahatmas. À ce propos, et pour ne pas aller plus loin que l'histoire du Kardécisme en France, je vous signalerai un fait bien caractéristique. Rivail (Allan Kardec) était très lié avec Delaage, et ils discutèrent ensemble très ardemment la voie de réalisation qu'il fallait choisir pour écraser le matérialisme. Delaage était Martiniste, et son grand-père, M. de Chaptal, avait été grand ami de Claude de Saint-Martin ; aussi Delaage resta fidèle à l'Occultisme, ainsi qu'en témoignent ses ouvrages, surtout la Science du Vrai, véritable clef Martiniste du ternaire.

« Un témoin peut affirmer encore aujourd'hui la filiation Martiniste de Delaage et ses études communes avec Allan Kardec ;c'est le grand savant Camille Flammarion, auquel vous pouvez demander confirmation de ces renseignements, qui éclairent, à mon avis, la question d'un jour tout nouveau. Je rassemble depuis plusieurs années les documents historiques nécessaires à la constitution réelle de l'histoire du mouvement spiritualiste contemporain : Les études faites par Rivail (A. Kardec), avant son œuvre de réalisation, sont la clef de son mouvement, comme les noms de X et de XX sont la clef d'un autre mouvement, dont la véritable genèse sera bien curieuse à mettre au jour. »

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1898 – La grande encyclopédie – T 23

1898 La grande encyclopédieLa grande encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts par une société de savants et de gens de lettres.

Sous la dir. de MM. Berthelot,... Hartwig Derenbourg,... F.-Camille Dreyfus,... A. Giry,... [et al.]

Tome vingt-troisième

accompagné de dix cartes en couleurs hors texte.

MAO - MOISSON

Paris -Société anonyme de La Grande encyclopédie. 61, rue de Rennes

Date d'édition :  1885-1902

Article Martinez Pasqualis, p.339.

MARTINEZ PASQUALIS, fondateur d'une secte théurgiste sur laquelle on ne sait rien de précis. Quelques écrivains affirment qu'il était né en Provence vers 1715, d'une famille de juifs portugais ; d'autres disent que ses disciples les plus intimes n'ont point connu sa patrie, et que c'est d'après son langage qu'on a pensé qu'il était Portugais et même juif. Il mourut en 1779 [sic pour 1774] à Port-au-Prince (île de Saint-Domingue) où il était allé pour recueillir un héritage. Vers 1754, il avait introduit dans quelques loges maçonniques de France (Marseille, Toulouse, Bordeaux) un rite d'élus dits cohens [sic pour coëns] (en hébreu : prêtres). En 1768, il se rendit à Paris, où il fit un assez grand nombre de prosélytes, qui prirent le nom de Martinistes et qui organisèrent des loges. Martinez Pasqualis avait composé un ouvrage intitulé la Réintégration ; mais cet écrit est resté inédit. On ne connait aucun livre imprimé exposant sa doctrine, qu'on prétend empruntée à la Cabbale. On dit qu'elle admettait la chute des anges, le péché originel, le Verbe réparateur, la divinité des Saintes Écritures ; et qu'elle enseignait que l'homme existait avant ce qu'on appelle communément sa création; mais il n'avait alors qu'un corps élémentaire, le monde n'étant encore qu'à l’état d'élément. Quand Dieu créa l'homme, il lui donna un corps matériel, et il fit correspondre l'état de toutes les créatures à celui de l'homme. Il semble, résulter d'un témoignage du théosophe Louis-Claude de Saint-Martin, le plus connu de ces disciples, que Martinez se livrait à des pratiques déterminant des apparitions. E.-H. Vollet.

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1898 La Croisade française

1898 La Croisade francaiseRevue populaire bi-mensuelle

Directeur Hippolyte-Victor vicomte Denéchère

Rédacteur en chef b[ar]on de L'Épine [Paul Dacier]

Deuxième année – n°38

15 au 20 août 1898

Paris

Avertissement

Cet article tout comme la revue sont une attaque contre la Franc-maçonnerie, le peuple Juif et ce que l’auteur, Paul Dacier, appelle la juiverie. Il s’agit de lire en prenant ses distances avec ce qui est annoncé ici. Nous mettons entre crochets et en gras les modifications du texte cité qui provient de deux ouvrages de Papus (Gérard Encausse). Ces modifications du texte montrent la manipulation qui est faite pour amener le lecteur à devenir antimaçon et anti-juif.

Toujours les Juifs dans la maçonnerie

La triste affaire Dreyfus que nous subissons, depuis dix mois, serait terminée, il y a beau temps, si les Juifs, maîtres de la Maçonnerie, n'avaient trouvé, dans la secte, un appui considérable.

Aussi est-il nécessaire de prouver, le plus qu'il est possible, les liens qui unissent les Juifs et les Maçons, afin d'ouvrir les yeux du public, trop porté à considérer la Maçonnerie comme une association de secours mutuels, et surtout comme une association respectant la Patrie.

La Maçonnerie est tout autre chose.

Ce qui frappe, quand on lit les ouvrages maçonniques, c'est la tradition juive qui se fait jour partout et, en même temps, les adulations que les auteurs de ces ouvrages adressent aux grands Juifs.

Voici, par exemple, Papus. Cet homme est un maçon actif, grand dignitaire de la secte, 33°, et qui s'est fait une spécialité d'études sur la Franc-Maçonnerie. Papus est un homme qui sait admirablement sa Franc-Maçonnerie, au point de vue politique et au point de vue religieux. Il en connaît tous les secrets et toutes les pratiques. Mais, dans son zèle, il en devient un peu l'enfant terrible. Grâce à lui, nous apprenons des choses qui donnent beaucoup à penser.

Nous avons déjà dit que la Franc-Maçonnerie opposait la Loge à l’Église. Il faut ajouter qu'elle oppose aux cérémonies de l’Église les pratiques occultes de !a Kabbale. Or, la Kabbale n'est autre chose que la religion juive, avec quelques déguisements et quelques variantes. C'est ce qui explique que les Juifs se soient faits prendre par les Maçons pour des gens chargés d'une véritable mission par le grand Architecte de l’Univers.

Mais, que nos lecteurs le sachent bien : le grand Architecte de l'Univers n'est pas Jéhovah.

Dans la Maçonnerie, depuis le grade d'Apprenti jusqu'à celui de Maître, il ne s'agit que des personnages hébraïques et de la vie juive. Tout glorifie la Juiverie, dans les réceptions maçonniques.

Et pour bien montrer comment la Maçonnerie et la Juiverie ne font qu'un seul et même corps de doctrine, comment la Juiverie a formé, a pétri la Maçonnerie, dès le début, nous laissons la parole, à Papus lui-même.

L'auteur maçonnique écrit dans son livre La Kabbale, à la page 7 et suivantes, en ayant soin de s'appuyer toujours sur les auteurs israélites, Mayer-Lambert, Isidore Loëb et Adolphe Franck :1892.Papus kabbale

« Tous ceux qui sont un peu au courant des choses d'Israël savent qu'à côté de la Bible il a, sinon toujours, du moins depuis un temps très reculé, existé une tradition destinée à mettre à même certaine classe d'initiés d'expliquer et de comprendre la Loi (la Thorah).

« Cette tradition, transmise presque uniquement par la voie orale pendant de longues années, portait sur plusieurs points différents :

« 1° Il y avait d'abord tout ce qui concernait le corps matériel de la Bible. De même que nous verrons au Moyen Age certaines corporations posséder des règles strictes et tenues cachées pour la construction des cathédrales, de même, la construction de chaque exemplaire de la Bible hébraïque était soumise à des règles fixes, constituant une partie de la tradition.

« 2° Il y avait, de plus, tout ce qui concernait l'esprit du texte sacré. Les commentaires et les interprétations portaient sur deux grandes parties : d'un côté, la Loi, l'ensemble des règles qui détruisent [sic pour déterminent] les rapports sociaux des membres d'Israël entre eux, entre les voisins, entre la Divinité ; d'un autre côté la DOCTRINE SECRÈTE, l'ensemble des connaissances théoriques et pratiques, grâce auxquelles on pouvait connaître les rapports de Dieu, de l'Homme et de l'Univers.

« Corps du texte sacré, partie législative de ce texte et partie doctrinale, telles sont les trois grandes divisions qui font de la tradition ésotérique un tout complet formé de corps, de vie et d'esprit.

« Lorsque, suivant le commentaire placé en tête du Sepher Jestrah [sic pour Jesirah], vu le mauvais état des affaires d'Israël, il fallut se décider à écrire les divers points de cette tradition orale, plusieurs grands ouvrages prirent naissance, destinés à transmettre chacun une partie de la tradition.

« Si l'on a bien compris ce qui précède, il sera on ne peut plus facile d'établir une classification claire de ces ouvrages.

« Tout ce qui avait rapport au corps du texte, les règles concernant la manière de lire et d'écrire la Thorah (la loi), les considérations spéciales sur le sens mystique des caractères sacrés, tout cela fut fixé dans la MASSORA (ou Mashore).

« Les commentaires traditionnels sur la partie législative de la Thorah formèrent la MISHNA, et les additions faites ultérieurement à ces commentaires (correspondant à notre jurisprudence actuelle), formèrent la GEMARAH (ou gemmare). La réunion de ces fractions de la partie législative en un seul tout forme le TALMUD. Voilà pour la partie législative.

« La Doctrine secrète comprenait deux divisions, la [page 2] théorie et la pratique, échelonnées en trois degrés : un degré historique, un degré social, un degré mystique.

« L'ensemble des connaissances renfermées dans ces deux divisions constitue la KABBALE proprement dite.

« La partie théorique seule de la Kabbale a été fixée par l'écriture et surtout par l'impression. Cette partie théorique comprend deux études : 1° celle de la création et de ses lois mystérieuses (BERESCHIT) résumée dans le Sepher Jesirah ; 2° celle, plus métaphysique, de l'essence divine et de ses modes de manifestation, ce que les Kabbalistes appellent le Char céleste, (MERCAVAH), résumée dans le Zohar.

« La partie pratique de la Kabbale est à peine indiquée dans quelques manuscrits épars dans nos grandes collections. À Paris, la Bibliothèque Nationale en possède un des plus beaux, dont l'origine a est attribuée à Salomon. Ces manuscrits, généralement connus sous le nom de clavicules, ont servi de base à tous les vieux grimoires qui courent les campagnes (Grand et Petit Albert, Dragon rouge et Enchiridion) ou à ceux qui poussent les prêtres à l'aliénation mentale par la sorcellerie (Grimoire d'Honorius). »

Voilà donc bien, en résumé, la genèse de la Maçonnerie :

La Maçonnerie, c'est la Kabbale ;
La Kabbale, c'est le Talmud ;
Le Talmud, c'est la loi juive.

1895 papus martinesEt si vous voulez encore avoir des preuves que la Maçonnerie n'est autre chose que la Juiverie, consultez un autre livre très curieux de Papus : Martinez de Pasqually, édité chez Chamuel, en 1895.

Ici, une digression s'impose pour dire à nos lecteurs ce qu'est Martinez et ce qu'il a fait dans sa vie.

Martinez de Pasqually était un Juif portugais, venu en France pour y développer la Maçonnerie de Perfection. Il avait fondé, à Bordeaux d'abord, puis à Lyon, l'Ordre des Élus Coëns.

Au préalable, et pour ne pas être inquiété, il s'était fait délivrer un brevet de catholicité.

« Le recrutement des frères, dit Papus, était très méticuleux, et les travaux poursuivis portaient sur l'étude de la magie cérémonielle, sur le rituel des évocations d'esprit et sur la domination absolue de l'homme sur ses passions et sur ses instincts. »

Martinez de Pasqually fut l'une des puissances maçonniques du XVIIIe siècle. Certains auteurs, toujours au dire de Papus, prétendent que l'internement de Louis XVI au Temple fut le résultat de la décision de ses frères. Martinez fit réunir deux grands convents maçonniques : le convent des Gaules en 1778 et le convent de Wilhelmsbad en 1782.

[Martines de Pasqually est décédé à Saint Domingue en 1774 ! il n’a pas pu être celui qui a réuni les deux convents cités. Celui de Lyon a été convoqué par Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) et celui de Wilhelmsbad par le duc de Brunswick.]

 

Parmi les disciples de Martinez de Pasqually, on voit figurer le prince de Lusignan, Louis-Claude de Saint-Martin (le philosophe inconnu), le duc d'Epernon, le comte d'Abzac, le marquis de Lescourt, le marquis de Ségur, le marquis de Calvimont, d'Aubenton, Mlle de Chevrier, etc.

Et pour ceux qui ont prétendu que les femmes n'étaient pas admises dans la F.·.M.·., il faut relever dans une des lettres de ce Martinez de Pasqually, publiées par Papus, les enseignements envoyés par lui aux F.·. Commandeurs, et notamment les statuts pour la réception des femmes.

On ne sait pas où est mort Martinez de Pasqually [voir la note ci-dessus]. Ce personnage énigmatique disparut subitement, sans qu'on entendit jamais parler de lui.

Après cette digression indispensable pour montrer à nos lecteurs ce qu'était Martinez, nous en arrivons à la preuve évidente de la Juiverie dans la Maçonnerie. Cette preuve nous est fournie par le Catéchisme des Grands-Élus de Zorobabel, soi-disant Chevaliers d'Orient. Le Grand-Élu, pour obtenir son haut grade dans la Maçonnerie, répond ainsi aux questions qui lui sont posées :1895 papus martines

« D. — Êtes-vous sous l'élection de Zorobabel ?
« R. — Oui, T. R. M., et l'intime alliance d'Assyrie avec le reste infortuné d'Israël ne m'est pas ignorée.

« D. — En quoi faites-vous consister cette alliance et à quoi fait-elle allusion ?
« R. — Cette alliance consiste en liberté que l'Assyrie t a donnée aux tribus d'Israël après l'expiration de leur captivité, ce qui fait encore allusion à celle que l'Eternel fuira avec tout être créé après l'expiation du temps et leur parfaite réconciliation...

« D. — Quel est le nombre des tribus qui étaient en captivité à Babylone ?
« R. — Juda, Benjamin, et une portion de celle de Lévi.

« D. — Êtes-vous de quelqu'une de ces tribus ?
« R. — Non, T. R. M., je suis de celle qui a toujours joui de sa liberté.

« D. — Comment la nommez-vous ?
« R. — Ephrahim, le dernier des Hébreux et le premier des Élus.

« D. — À quel âge avez-vous été reçu G. Élu de Zorobabel parmi Israël, et quel est votre âge temporel ?
« R. — Mon âge temporel est soixante-dix ans, et celui de mon élection spirituelle est de sept ans.

« D. — À quoi font allusion les 77 ans dont vous jouissez dans ce bas monde ?
« R. — À l'Esprit doublement puissant, régnant dans ce bas monde, figuré par le double caractère septénaire et représenté par l'âge parfait de Zorobabel et par son règne spirituel...

« D. — Avez-vous travaillé à la reconstruction du Temple de Salomon ?
« R. — Non, T. R. M.

« D. — Pourquoi cela ?
« R. — Par la force des opposants survenus contre celle réédification prophétisée par la multitude de ceux qui s'opposèrent à notre passage du fleuve et à notre liberté...

« D. — D'où vient le nom d'Israël que vous portez au préjudice de celui d'Hébreu, puisque vous êtes enfant d'Hébreu ?
« R. — Le nom d'Israël provient de l'unique opération matérielle que Jacob fit en luttant contre l'esprit. Ayant succombé dans cette opération, il fut marqué à la jambe gauche, et son nom de Jacob fut changé en celui d'Israël, qui veut dire fort contre Dieu, ayant péché contre l'esprit...

« D. — Quel est le nombre de puissance des Élus de Zorobabel ?
« R. 3, 7 et 8, qui fait allusion à la puissance spirituelle terrestre, à celle spirituelle temporelle, et à celle de double puissance spirituelle divine.

« D. — Quel est le genre d'opération des Élus de Zorobabel ?
« R. — L'eau, la terre et le feu... »

En voilà assez pour édifier nos lecteurs.

Toutefois, nous voudrions savoir ce que les Francs-Maçons appellent la double puissance spirituelle divine.
Martinez de Pasqually et, après lui, Papus, devraient bien nous le dire.

PAUL D ACIER.

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1898 - La Paix universelle, revue indépendante

1898 paix universelleHuitième année – n°176-177 – 16 mars au 15 avril 1898

Magnétisme transcendantal

Philosophie – Physiologie – Psychologie

Directeur : A. Bouvier

Préludes martinistes dans le Congrès de l’Humanité

(suite et fin) pages 54-56

La loi du Karma et celle des Cycles se fondent avec les dernières formules d'un système social qui s'édifie sur les décombres du fatalisme théologique et puisent de nouvelles forces vitales de la philosophie même de l'histoire qui, rendant plus évidente la nécessité d'une doctrine nouvelle à un moment donné, nous montre aussi, d'un coup d'œil précis, les phases par lesquelles elles passent [page 55] jusqu'à la désagrégation naturelle, les causes qui lui ont donné l'impulsion initiale n'existant plus.

La société qui, pour nous occultistes, est l'organisme psychique du règne humain et, par conséquent, triple comme l'est chaque créature vivante, devra nécessairement, à l'avenir, être basée sur la Synarchie. Nous devons comprendre plus que jamais que l'époque de l'individualisme, les temps de la déclaration des droits individuels, avec la grande révolution de 1789, sont clos pour jamais. Quoi que puissent en penser les Libertaires qui s'appuient sur l'individualisme philosophique du XVIIIe siècle, l'humanité s'éloigne du séparatisme pour tendre vers l’unité. Aujourd'hui, pour hâter le triomphe de l'Unité sur la Multiplicité, de l'Altruisme sur l'Égoïsme, pour établir, contre l'anarchie, la république universelle du devoir et de la fraternité entre les peuples de toute la terre, les lois morales de l'ésotérisme deviendront un auxiliaire puissant. Le travail des occultistes donne à l'homme des sciences la force qui lui est nécessaire en lui faisant entrevoir les destinées de l'humanité future formant une chaîne avec des mondes plus avancés que le nôtre ; c'est une colonne de feu qui illumine les âmes soupirant après la vérité, colonne milliaire sur le chemin à parcourir pour arriver à la grande harmonie qui conduit à la découverte des systèmes incompris ou tournés en dérision et en protège le mystère ; c'est une arche symbolique en laquelle, comme un énervant arôme, brûle (éternel hommage aux forces bienfaisantes incarnées dans les initiés modernes) la flamme destinée à purifier l'air corrompu d'une société en pleine déchéance.

Admirons-les, ces occultistes, et suivons avec sympathie les efforts qu'ils font pour réunir en une seule famille tous ceux que n'a pas encore souillés cette fange dont le flot monte de toutes parts, ceux auxquels sourit encore une aurore lointaine et resplendissante, ceux que réjouit un perpétuel mirage d'idéalisme... Admirons-les de ces lieux encore fermés au limpide azur du ciel des Idées et des Espérances, éclairant les modernes réalités morales et les voies jonchées de fleurs immaculées comme les neiges qui brillent sur les cimes des Alpes, telle une blanche lumière emblème des conceptions humanitaires de l'occultisme, de cet occultisme qui, malgré les diverses écoles qui le composent, contient la véritable clef des mystères de l'univers, qui est la genèse de toute lueur d'Humanisme, sur lequel s'appuie la loi sociale organique de l'avenir, qui renferme, enfin, dans ses aspirations, comme toutes les propriétés du triangle sont renfermées dans sa définition, presque le Vrai Absolu.

Silencieux et Inconnus, nous ne cherchons aucune autre récompense que celle de la légitime satisfaction du devoir accompli ; aucune joie matérielle ne peut se comparer à celle que procure l'élan mystique vers le plan divin, aucune désillusion ne peut troubler notre félicité, aucune brutalité ne peut nous forcer à retourner sur nos pas. Dussions-nous succomber dans l'âpre lutte contre l'égoïsme dominateur, notre esprit, si nous domptons nos sens, s'envolera heureux pour aller revivre de la vie du Cosmos, tandis que les molécules dont est formé notre corps charnel, poussière inutile baisée par le soleil, se transformeront en fleurs odorantes ou en herbes malsaines.1790 lcsm homme desir

« L'amour est le principe et le foyer de tous les secrets, de toutes les vertus. N'est-ce pas l'Amour qui a proféré les deux plus superbes prières qui aient été communiquées aux hommes, celle que Moïse a entendue sur la Montagne et celle que le Christ a prononcée devant ses disciples et devant le peuple assemblé? » (Saint-Martin.)
[Louis Claude de Saint-Martin, L'homme de désir. Lyon, Grabit, 1790, chant 101, p.165.]

Cet amour doit se développer par l'Initiation : sans la connaissance, en effet, on ne peut atteindre la pureté ; sans la pureté on ne peut aimer et, par suite, être tolérant ; sans amour il ne peut y avoir harmonie ni fraternité ; sans fraternité, point de liberté. Mais avec l'absolue liberté de chaque individu, l'humanité devra fatalement disparaître, précisément en vertu de l'amour.

« Notre but est d'arriver au bien-être, et, pour l'obtenir, il faut se soumettre à une loi qui consiste dans l'union des êtres qui composent l'humanité. »

Ainsi s'exprime Posdnicheff dans la fameuse Sonate à Kreutzer de Léon Tolstoï —

« et lorsque régnera cette loi le genre humain n'existera plus, ou du moins il serait impossible de se faire une idée de ce que sera la vie lorsque sera accomplie la fusion de tous les êtres. »

Et jusque-là ? Jusque-là, luttons de toutes nos forces pour la lumière et l'amour, préparons-nous à ce sacerdoce humanitaire par le travail intérieur ; ne pouvant nous affirmer par le nombre, affirmons-nous par les idées, un jour nous serons la collectivité ; faisons en sorte que le cœur de tout homme soit un temple de la vertu.

Tout initié qui tua la bête qui est en lui et fait le conquête de soi-même, résolvant ainsi l'énigme du sphinx ; qui comprend, par analogie, les lois de l'univers ; qui sent qu'il n'y a qu'une seule religion, reflet du silence suprême (dans lequel réside l'Être des Êtres) identique dans tous les temps et dans toutes les initiations, parce qu'elle luit à l'esprit de quiconque a écarté le Dragon du seuil en vue du bien ; qui sait que le désir est la racine de l'être, se crée par conséquent chaque jour son idéal et se prépare sa propre destinée (parce qu'il est libre dans le cercle de la fatalité qui l'entraîne et qu'il doit allier sa volonté à la providence) ; qui médite souvent les Vers dorés de Pythagore, unique catéchisme de l'occultiste ; qui accomplit le seul sacrifice à offrir à la divinité, c'est-à-dire du Moi humain inférieur au Moi divin supérieur, mettant, au-dessus de tout, l'amour de Dieu et des Principes pour obtenir la vision intérieure ; trouvera, avec la vie de l'âme le Saint Graal, après avoir bu, comme dans les initiations de l'antique Orient, à la tasse de l'oubli et à celle de la mémoire, afin d'oublier les erreurs mayaviques et naître à la vérité spirituelle. Plein d'amour (l'Amour est le fils aîné de l'Absolu), il franchira les trois degrés de l'occultisme : Purification, Illuminations, Union pour contempler et, par conséquent, savoir, annihilant toute passion, faisant en lui un vide complet, pour pouvoir recevoir le feu sacré. Avec l'amour, il arrivera au silence absolu, par écouter la voix de Manas, avant d'entendre la divine harmonie qui l'appelle, parce qu'il identifie de nouveau sa volonté (entraînée par les cones rebelles tombés avec lui) à la volonté divine. Aimant, il pourra communiquer avec les pures intelligences et arriver à la plénitude de son être devenu parfait pour obtenir la réintégration universelle qui renouvellera la nature et finira par purifier le principe même du mal. Avec l'amour, il s'élèvera au-dessus de Maia pour se réfugier dans cet océan de lumière qui coule au delà des rumeurs mondaines... Avec l'élan mystique de l'amour il se résorbera dans l’Unité parce qu'avec le feu, igné, de l'amour, natura renovabitur integra [La nature se renouvelle dans son intégrité par le feu], et l'amour est une des deux forces entre lesquelles se soutient toute société harmonique : expansion et attraction, amour et liberté.

Mais l'Âme-Soleil qui réside en nous et veut s'élancer à la conquête de la science et de la résurrection finale, ce qui équivaut à dire retrouver le Christ et faire un avec le Père, doit être mystiquement conçue par une Vierge Immaculée, être née de la fille de David, être sa propre reine, être baptisée avec l'eau et avec le feu, c'est-à-dire régénérée par l'intelligence et par l'intuition, ou, en d'autres termes, par l'eau qui vient de la terre et le feu qui descend d'en haut ; elle doit être tentée dans le désert de la vie, blessée aux cinq parties extrêmes de sa personnalité, aux cinq sens matériels, crucifiée, ensevelie ; elle doit accomplir les douze travaux d'Hercule dont on retrouve le symbole dans le Zodiaque et dans les douze étoiles qui couronnent la Vierge Immaculée. L'âme épurée qui conçoit l'esprit, le moi divin qui est en nous, le Christ divin, l'âme devenue soleil, devient un centre de force et de vie pour l'Humanité.

C'est ainsi [page 56] que la mission des âmes élevées correspond à celle que le soleil cosmogonique accomplit dans toute la nature. La correspondance entre les deux étant parfaite, il en découle que l'histoire de l'Âme est écrite là-haut dans la voûte étoilée ; aussi le Psalmiste a-t-il pu s’écrier : Caeli enarrant gloriam Dei [Ps.19 (18) Les cieux racontent la gloire de Dieu]. Dans les cieux se trouve donc écrite l'histoire de l'Âme, de même que celle du Soleil : et Zodiaque est l'Hiéroglyphe le plus splendide et le plus vrai de l'Âme-Soleil.

C'est le plan Astral que nous devons émouvoir ; c'est en vain qu'un initié tenterait d'agir sur les masses s'il n'est parvenu, auparavant, à se rendre maitre des forces occultes qui régissent l'humanité paresseusement ignorante. La force des sociétés ésotériques réside dans le silence autant que dans l'affinité psychologique qui lie les adeptes entre eux, dans l'unité des idées et dans la tactique commune à chacun d'eux. Plus sera serré le lien hyperphysique qui unit les membres d'une association, quelque éloignés qu'ils soient les uns des autres, plus sera puissant le levier de la propagande et plus tôt, et d'une façon plus prodigieuse se réalisera l'idéal suprême.

La foule profane ignore les lois occultes qui la régissent, et peut être comparée au sauvage qui se fait tuer en manœuvrant une arme qu'il ne connait pas, plutôt que de s'en servir pour sa défense ; mais les initiés assez avancés pour explorer les régions de l'Absolu, après avoir dynamosé leur volonté et purifié leur cœur, forment une chaîne solide dont les maillons sont actuellement rivés par les élémentaux et que l'union des intuitifs vivifie, de telle sorte que le secret d'une part (afin d'éviter la pernicieuse influence de ces formes-pensées créées inconsciemment par les adversaires et suivre la hiérarchie nécessaire aux grades initiatiques), de l'autre le parfait accord existant entre les divers affiliés qui leur permet de se communiquer le secret de la grande Harmonie renversent facilement les obstacles élevés par une ignorance aveugle, et permettent à la famille éparse d'agir comme un seul homme.

Les persécutions ne servent à rien : frappés injustement, les martyrs d'un idéal deviennent l'âme invisible de cet idéal même, et c'est avec une ardeur plus grande que d'autres poursuivent l'œuvre interrompue. C'est ainsi que s'explique la fulgurante résurrection de l’Ésotérisme après une période de victoires remportées par la Papauté.

Ce qui doit importer, pour le moment, c'est la conquête de la Gnose : j'entends par là non celle que certains occultistes considèrent comme un ensemble systématique de doctrines philosophico-religieuses, ce qui en est une fausse interprétation, mais la véritable Gnose ou illumination intérieure. La Gnose est incommunicable et indicible comme est incommunicable et indicible le divin Tétragrammaton : c'est la résultante glorieuse de la Connaissance du Moi.

Saluons l'Astral des pensées-pensées, bonnes, justes, fraternelles : édifions la nouvelle Jérusalem sur le binaire granitique Jakin-Boas, symbole du parfait équilibre entre le masculin intellectuel et le féminin intuitif ; mais, voulons oser, sachons aussi nous taire, jusqu'à ce que nos frères de l'au-delà nous autorisent à parler. Sachons nous taire, mais sachons aussi lever l'épée symbolique. Défendant le Gnosticisme pur, nous renverserons le faux Gnosticisme, c'est-à-dire le sectarisme romain. Ainsi s'évanouiront les injustices qui fermentent dans le sein de l'ordre social moderne.

Voilà pourquoi le martinisme transforme le S. I. en Roi et en Pontife de soi-même : le veut prêtre et magistrat, savant et juste.

Occultistes de toutes les traditions, spiritualistes de toutes les écoles : unissons-nous !...

Fulgence BRUNI. [Fulgenzio Bruni, frère martiniste italien]

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