1913 - Franciscus, eques a capite galeato (1753-1814)
Un initié des sociétés secrètes supérieures (chevalier à la tête casquée)
Benjamin Fabre
Préface de Copin-Albancelli
Paris
La Renaissance française
3, rue de Solférino
1913
Extraits :
- CHAPITRE VII - Kabbale, Martinisme et Anarchie
- CHAPITRE VIII - L'utilité du G.-O., 2. Le rôle des adeptes plus avancés
L’auteur : Benjamin Fabre
Mais qui est Benjamin Fabre ? À la Bibliothèque nationale de France, il n’y a aucune référence particulière. Sur Wikipédia, la question se pose de savoir si Benjamin Favre ne serait pas le pseudonyme de Jean Guiraud (1866-1953) :
Jean Baptiste Hippolyte Guiraud (1866-1953), historien français, spécialiste de l’histoire de l’Église, agrégé d’histoire (1888), docteur ès lettres (1895), professeur d’histoire et de géographie de l’Antiquité et du Moyen Âge à l’université de Besançon, rédacteur en chef de La Croix de 1917 à 1939.
Si des points de convergences semblent exister, il n'y a aucune preuve véritable pour affirmer cela. Source Wikipédia : Jean Guiraud (1866-1953).
Dans cet ouvrage, Benjamin Fabre défend « la thèse chère à Copin-Albancelli, préfacier de l’ouvrage, de l’existence dans la franc-maçonnerie de dirigeants occultes » [Jarrige, Michel. « Les organisations antimaçonniques en France (1899-1914) ». Franc-maçonnerie et histoire : bilan et perspectives, édité par Éric Saunier et Christine Gaudin, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2003, https://doi.org/10.4000/books.purh.12756.].
Le préfacier : Copin-Albancelli
Paul Copin-Albancelli, dont le véritable nom était Paul-Joseph Copin, né le 24 février 1851 à Vervins (Aisne) et mort le 22 mars 1939 à Saint-Cloud, est un journaliste, militant nationaliste, essayiste et conférencier conspirationniste et antimaçonnique français, ancien franc-maçon.
Il a publié, entre autres, Le Pouvoir occulte contre la France (1910) et La Conjuration juive contre le monde chrétien (1909).
Source Wikipédia : Paul Copin-Albancelli
Dans la préface, Copin-Albancelli cite une phrase de Benjamin Fabre qui correspond parfaitement à la pensée de ce dernier, antimaçonnique notoire :
« Une longue et sérieuse et impartiale étude, faite sur plusieurs milliers de documents originaux, nous a convaincu que toute l'organisation maçonnique est fondée sur la fraude, la tromperie, la fourberie, en un mot sur le mensonge élevé à la hauteur d'une institution. »
François-Marie de Chefdebien
Le blason de la famille Chefdebien
D'azur à la fasce d'argent accompagnée en chef d'un lion passant d'or armé et lampassé de gueules, et en pointe d'un lion passant contourné de même.
François-Marie de Chefdebien est né à Narbonne le 15 avril 1753 et décédé le 30 juin 1814.
Il est vicomte d'Armissan, baron de Zagarriga, colonel de chasseurs au service de l'ordre de Malte, commissaire du roi dans le dépt de l'Aude 1790, épouse le 8 mai 1792 Eulalie de Zagarriga, héritière du nom et des armes des barons de Zagarriga, par actes des 23 mars 1796 et 11 février 1797 ; il eut de ce mariage Roch et Paul.
Source : Louis de La Roque, Armorial de la noblesse de Languedoc, Généralité de Montpellier, F. Seguin, 1860, p.150.
Chefdebien est membre de la Société de l’harmonie universelle (n° 206), Chevalier de Saint-Jean de Jérusalem. En 1773, il est Grand Maître de l’Ordre de Saint-André du Chardon d’Ecosse et le restera jusqu’en 1779, remplacé par le Marquis de La Roque en 1780. Il participe au convent des Gaules, en 1778, à Lyon. Il est membre de la Loge "Les Amis Réunis" (1781-1788) et fondateur du Rite Primitif (Philadelphes de Narbonne) en 1779.
Pour plus d’information sur ce personnage, voir sur Généanet : François-Marie de Chefdebien.
CHAPITRE VII - Kabbale, Martinisme et Anarchie, pages 117-123
Nous avons déjà dit que l'Eques a Capite Galeato n'est, au fond, ni un protestant, ni un musulman, ni un catholique ; il est, uniquement, un pur adepte de la Maçonnerie. Mais son Rit Primitif ne professe-t-il pas les dogmes Martinistes ? Sans doute, car tout Régime Maçonnique doit professer une doctrine philosophique et religieuse, quelle qu'elle soit. C'est au XVIIIe siècle la loi fondamentale de toutes les Sectes que nous avons étudiées. Extérieurement donc, et bien qu'il soit athée, le marquis professe, enseigne, défend la doctrine Martiniste dans les Loges des hauts initiés. Mais les dogmes du Juif Martinez, exposés par d'Haute rive, et brillamment expliqués par L. CI. de Saint-Martin, ne sont point faits pour gêner les conceptions du marquis. Ils viennent au contraire appuyer ses idées les plus subversives. En quelques brèves formules, que nous lui empruntons, voici le résume de ce que nous n'osons appeler son système religieux et philosophique : Dieu est un et [page 118] trine : intelligence force, volonté ; père, fils, esprit. L’Éternel est un centre. La création est sa circonférence. L’Éternel émana l'Homme ou Adam ou le Mineur. Adam, ou HOMME ROUX OU RÉAUX, signifie : Être REHAUSSÉ EN GLOIRE SPIRITUELLE divine. L’Eternel ÉMANA Adam dans un corps de gloire incorruptible, qui n'était assujetti à aucune influence de la partie élémentaire. Immatériel, l'Homme n'avait aucun besoin d'un aliment matériel, toute sa forme étant purement spirituelle. En l’émanant, Dieu lui avait donné pour mission d'attaquer, de combattre, de réduire les esprits pervers, et d'opérer ainsi leur réconciliation. L'Homme se serait perpétué par son VERBE, en opérant une forme de gloire, semblable à la sienne, dans laquelle Dieu aurait fait descendre un esprit. Quelle fut la faute d'Adam ? Pur souffle de l'Éternel, il osa, malgré Dieu, prétendre lire dans l'infinité de Dieu, et mérita d'être opprimé par la majesté divine. Les esprits pervers, qu'il avait mission de combattre et de réduire, pour opérer leur réconciliation, eurent bientôt conscience du grave attentat commis par l’Homme contre l'Éternel. Ces esprits démoniaques firent dévier la pensée d'Adam. L'Homme convoita les plaisirs sensibles ; sa convoitise donna l'existence à l'OBJET et à la COMPAGNE de son malheur : la femme. Si l’Homme n'eût jamais péché, la femme n'eût jamais été.
Précipités par la justice de l'Eternel du centre des régions célestes, l’Homme et sa compagne furent contraints d'aller se revêtir dans les abîmes de la terre d'une forme semblable à celle que nous avons. Le couple humain devint sombre et ténébreux, par le crime de l’Homme et par la nudité où il se trouva. L’Eternel dépouilla Adam de son corps de gloire, ainsi que l’Ecriture le raconte d'une manière emblématique, en disant que Dieu leur fit des habits. Or l'habit, qu’il leur fit, n'est autre chose que la forme matérielle, qui couvre [page 119] notre être spirituel. L'Homme parcourra désormais sa carrière temporelle, pour parvenir à sa réintégration. C'est par la pensée active et par la pensée seule qu'il pourra se purifier, et s'unir directement à l’Eternel.
Ce que nous appelons le corps n'étant qu'une enveloppe ÉPHÉMÈRE, un élément HÉTÉROGÈNE, une sorte d'entrave, une logette obscure, où l'âme est comme enfermée in carcere duro, l’esprit immatériel et pensant n'a pas à se préoccuper de ce qui se passe dans ce corps matériel-temporel. Les souillures de ce fantôme ténébreux, les actions les plus abominables de cet odieux étranger ne sauraient pénétrer jusqu'à la forme spirituelle et doivent la laisser indifférente. L'Esprit purifié par la pensée, remontera un à un, grâce aux esprits demeurés bons, et malgré les esprits diaboliques, les degrés de cette échelle du haut de laquelle son orgueil le précipita. Parvenu au terme, dépouillé enfin de son enveloppe mortelle, par ce que nous appelons très improprement la mort, et que nous devrions nommer la réintégration, il rentrera pour toujours dans le sein qui l'avait émané.
Fils de Dieu, Dieu lui-même, il ne saurait trouver dans ses semblables un être supérieur à lui. Il est l'égal de tous les autres esprits et tous les autres esprits sont ses égaux. Tous les êtres matériels, qui nous entourent, cette nature visible, ces mondes qui roulent au-dessus de nous, ne sont que le prolongement de notre corps, et donc, ne sont pour l’esprit qu'une prison agrandie. Temporelles, caduques, faites pour retourner au néant, ces choses doivent être pour nous comme si elles n'étaient pas.
Tel est en résumé le système de l’Eques. Ce n'est pas autre chose, redisons-le, que du Martinisme, c'est-à-dire au fond, de la Kabbale juive.
On entrevoit déjà les conséquences de pareils principes : Point d'autorité, et, donc, point de gouvernement ; point de lois, et, donc, point de législateur ; point [page 120] de famille ; point de société ; plus de nationalités ; plus de frontières ; plus de patries. La Religion naturelle n'est qu'un vain mot. Et donc, c'est l'athéisme pratique le plus affreux ; c'est le plus abject matérialisme ; c'est le nihilisme le plus absolu.
Nous laissons de côté les combinaisons et les considérations mystiques, fondées sur les nombres et les Rites pratiqués par les adeptes, et les évocations, les conjurations en honneur parmi eux...
Voilà donc le système théosophique de l'Eques a Capite Galeato. Qu'on relise attentivement le texte entier des Actes Constitutifs de son Régime. Qu'on relise en particulier ces déclarations : « Nous ne négligerons pas de rappeler à nos Frères que toute puissance établie vient de Dieu, que... etc. » Cette pièce unique, admirée par les Grands-Officiers du Grand Orient de France, et par les Maîtres les plus savants de cette époque, ne nous apparaît-elle pas comme un monument de la plus insigne mauvaise foi ? N'est-elle pas bien faite pour éclairer les aveugles volontaires, et pour forcer la conviction des plus incrédules ?
Or, cette pièce est pour nous peu de chose. Pour pénétrer l'âme de l'Eques a Capite Galeato, il faut lire ce qu'il a écrit, il faut entendre l'écho fidèle de ce qu'il a dit. En lisant ce qui va suivre, le lecteur doit avoir constamment présents à la pensée, la doctrine historique, politique, religieuse, philosophique et morale du créateur du Rit Primitif, et le but où il tend, c'est-à-dire l'anéantissement de toute autorité et de la Religion catholique.
Source gallica.bnf.fr / BnF : CHAPITRE VII - Kabbale, Martinisme et Anarchie, pages 117-123
CHAPITRE VIII - L'utilité du G.-O. 2. Le rôle des adeptes plus avancés, pages 230-232
De vrais Initiés se sont glissés dans cette institution irrégulière. Ils y occupent la seconde place, ou quelquefois même la place la plus modeste. Bacon de la Chevalerie s'y contente de son titre d'Orateur, bien [page 231] qu'il soit l'un des chefs du Martinisme. Savalette de Langes y est simple Maître des Cérémonies, mais il est aussi le premier des Philalèthes. Willermoz n'est qu'un modeste Vénérable de province ; mais il est le premier disciple de Saint-Martin et l'un des pontifes de la Stricte-Observance. L'Eques a Capite Galeato passe à peu près inaperçu, mais il connaît tous les Rits, appartient à tous les Régimes, et multiplie partout les prosélytes.
Ces Maîtres forment des disciples. Sans quitter le Grand-Orient, ces disciples agrégés à des Régimes supérieurs montent vers la lumière, entendent « le fin mot », et apprennent sans frémir les secrets les plus terribles.
Entre les naïfs, « les buses et les bêtes », et ces vrais Initiés, s'agite l'immense multitude de ceux que la. Maçonnerie soumet à sa discipline et dont elle déforme les idées par une lente mais sûre méthode de perversion.
En tant que Corps Maçonnique, le Grand-Orient n'eut aucune influence au sein de ces réunions solennelles, ou Convents, qui précédèrent la Révolution et, sans doute, la préparèrent. Il ne fut pour rien dans les, délibérations du Grand Convent des Gaules qui fut assemblé à Lyon, en 1778.
Ni le prince Ferdinand de Brunswick, l'Eques a Victoria, ni le prince Charles de Hesse-Cassel, l’Eques a Leone Résurgente ; ni Willermoz, l'Eques ab Eremo, n'acceptèrent que le Grand-Orient envoyât des députés au fameux Convent Général, tenu, en 1782, à Wilhelmsbad. À ce sujet, nous avons retrouvé une intéressante dépêche de Savalette de Langes à l’Eques a Capite Galeato :
19 août 1782.
« Le commis du Grand-Orient m'a écrit que le Grand-Orient aurait arrêté que trois commissaires, le duc de [page 232] Luxembourg, le comte de la Rochefoucauld et moi, écriraient une lettre au prince Ferdinand, pour lui demander des éclaircissements sur le Convent, et que j'étais chargé de la rédaction de cette lettre. J'ai répondu que toute démarche de cette nature étant contre mon avis, je ne me chargeais pas de rédiger la lettre, que, puisque l'on voulait en envoyer une, il fallait prendre celle qu'avait rédigée le Frère de la Chevalerie ; que, puisque j'étais nommé, je la signerais, comme commissaire du Grand-Orient, mais qu'en même temps je la désavouerais, quant à moi, par une lettre particulière. »
Savalette de Langes, au courant des dispositions des députés réunis à Wilhelmsbad, ne se faisait aucune illusion sur le prestige et l'autorité dont jouissait le Grand-Orient et refusait de prêter son concours. Ce Maître très fin ne se souciait pas de courir au-devant d'un échec certain, ni d'enregistrer un refus humiliant. La lettre ne fut pas écrite.
Quant au célèbre Convent de 1784, auquel Savalette de Langes lui-même et l'Eques a Capite Galeato convoquèrent les députés de tous les Rits et de tous les Régimes alors existants, le Grand-Orient affectant une attitude boudeuse refusa d'y participer. Les philalèthes n'en furent que médiocrement affligés. Ainsi les choses importantes se faisaient en dehors du Grand-Orient, souvent malgré lui, quelquefois contre lui.
Source gallica.bnf.fr / BnF : CHAPITRE VIII - L'utilité du G.-O. 2. Le rôle des adeptes plus avancés, pages 230-232



