CHAPITRE VIII - L'utilité du G.-O. 2. Le rôle des adeptes plus avancés, pages 230-232

De vrais Initiés se sont glissés dans cette institution irrégulière. Ils y occupent la seconde place, ou quelquefois même la place la plus modeste. Bacon de la Chevalerie s'y contente de son titre d'Orateur, bien [page 231] qu'il soit l'un des chefs du Martinisme. Savalette de Langes y est simple Maître des Cérémonies, mais il est aussi le premier des Philalèthes. Willermoz n'est qu'un modeste Vénérable de province ; mais il est le premier disciple de Saint-Martin et l'un des pontifes de la Stricte-Observance. L'Eques a Capite Galeato passe à peu près inaperçu, mais il connaît tous les Rits, appartient à tous les Régimes, et multiplie partout les prosélytes.

Ces Maîtres forment des disciples. Sans quitter le Grand-Orient, ces disciples agrégés à des Régimes supérieurs montent vers la lumière, entendent « le fin mot », et apprennent sans frémir les secrets les plus terribles.

Entre les naïfs, « les buses et les bêtes », et ces vrais Initiés, s'agite l'immense multitude de ceux que la. Maçonnerie soumet à sa discipline et dont elle déforme les idées par une lente mais sûre méthode de perversion.

En tant que Corps Maçonnique, le Grand-Orient n'eut aucune influence au sein de ces réunions solennelles, ou Convents, qui précédèrent la Révolution et, sans doute, la préparèrent. Il ne fut pour rien dans les, délibérations du Grand Convent des Gaules qui fut assemblé à Lyon, en 1778.

Ni le prince Ferdinand de Brunswick, l'Eques a Victoria, ni le prince Charles de Hesse-Cassel, l’Eques a Leone Résurgente ; ni Willermoz, l'Eques ab Eremo, n'acceptèrent que le Grand-Orient envoyât des députés au fameux Convent Général, tenu, en 1782, à Wilhelmsbad. À ce sujet, nous avons retrouvé une intéressante dépêche de Savalette de Langes à l’Eques a Capite Galeato :

19 août 1782.

« Le commis du Grand-Orient m'a écrit que le Grand-Orient aurait arrêté que trois commissaires, le duc de [page 232] Luxembourg, le comte de la Rochefoucauld et moi, écriraient une lettre au prince Ferdinand, pour lui demander des éclaircissements sur le Convent, et que j'étais chargé de la rédaction de cette lettre. J'ai répondu que toute démarche de cette nature étant contre mon avis, je ne me chargeais pas de rédiger la lettre, que, puisque l'on voulait en envoyer une, il fallait prendre celle qu'avait rédigée le Frère de la Chevalerie ; que, puisque j'étais nommé, je la signerais, comme commissaire du Grand-Orient, mais qu'en même temps je la désavouerais, quant à moi, par une lettre particulière. »

Savalette de Langes, au courant des dispositions des députés réunis à Wilhelmsbad, ne se faisait aucune illusion sur le prestige et l'autorité dont jouissait le Grand-Orient et refusait de prêter son concours. Ce Maître très fin ne se souciait pas de courir au-devant d'un échec certain, ni d'enregistrer un refus humiliant. La lettre ne fut pas écrite.

Quant au célèbre Convent de 1784, auquel Savalette de Langes lui-même et l'Eques a Capite Galeato convoquèrent les députés de tous les Rits et de tous les Régimes alors existants, le Grand-Orient affectant une attitude boudeuse refusa d'y participer. Les philalèthes n'en furent que médiocrement affligés. Ainsi les choses importantes se faisaient en dehors du Grand-Orient, souvent malgré lui, quelquefois contre lui.

 Source gallica.bnf.fr / BnF : CHAPITRE VIII - L'utilité du G.-O. 2. Le rôle des adeptes plus avancés, pages 230-232