Calendrier perpetuel 1835Année 1835

- Louis-Claude de Saint-Martin dans les ouvrages d'Ulrich Guttinguer (1787-1866)
- Sainte-Beuve, Volupté
- Charma - Réponses aux questions de philosophie
- Guillon – Histoire générale de la philosophie
- Heine – Œuvres – I. De l’Allemagne
- Abel Hugo - France pittoresque - Indre et Loire
- La France littéraire T17 - Histoire des préjugés littéraires
- La France littéraire, T19 - Saint-Martin, l'Illuminé par Jules Bruneau
- Marmier – Études sur Gœthe
- La Revue de Paris  - Balzac - Le Lys dans la vallée - Extraits concernant Saint-Martin : T. 23 ; T 24
- La Revue de Paris - Mémoires d’un comte de Lyon - T. 21
- Rabelais - Œuvres
- Balzac – Le livre mystique - Tome II - Séraphita
- Lerminier - Au-delà du Rhin: la politique, la science

Louis-Claude de Saint-Martin dans les ouvrages d'Ulrich Guttinguer (1787-1866)1835 philosophie religieuse

Arthur ou Religion et solitudeArthur, ou Religion et solitude. 3e partie (1834) sans nom d'auteur

Philosophe religieuse ou Esprit de Saint-Martin

Présentation des livres de Guttinguer  dans diverses revues  : Revue des deux Mondes (1835) ; Revue de Rouen et de Normandie (1835) 

Fables et Méditations (1837) : Sur une pensée de Saint-Martin

La correspondance d'Ulrich Guttinguer avec Sainte-Beuve

=> Voir sur le site : Louis-Claude de Saint-Martin dans les ouvrages d'Ulrich Guttinguer (1787-1866)

Volupté - Charles-Augustin Sainte-Beuve

volupte tome1
Tome premier - Bruxelles, 1835 - Louis Hauman - http://books.google.fr/books?id=S7AUAAAAQAAJ
Extraits concernant Louis-Claude de Saint-Martin
- IV –  pages 69-71
- X –  page 219-221
- XII –  pages 264-270
Tome second - Bruxelles, 1835 - Louis Hauman - http://books.google.fr/books?id=VbAUAAAAQAAJ

Volupté, tome premier - Extraits, pages 69-71 

L'hiver, qui me parut long, s'écoula : avec le printemps, mes retours au manoir se multiplièrent et n'eurent plus de nombre. Tout un cercle de saisons avait déjà passé sur notre connaissance, j'étais devenu un vieil ami. La chambre que j'occupais désormais, non plus pour une nuit seulement, mais quelquefois pour une semaine entière et au-delà, avait vue sur les jardins et sur la cour de la ferme, au-dessus de la voûte d'entrée. J'y demeurais les matinées à lire, à méditer des systèmes de métaphysique auxquels mon inquiet [70] scepticisme prenait goût, et que j'allais puiser, la plupart, aux ouvrages des auteurs anglais depuis Hobbes jusqu'à Hume, introduits dans la bibliothèque du marquis par un oncle esprit fort. Quelques écrits bien contraires du Philosophe inconnu me tombèrent aussi sous la main, mais alors je m'y attachai peu. Cette curiosité de recherche avait un périlleux attrait pour moi, et, sous le prétexte d'un zèle honnête pour la vérité, elle décomposait activement mon reste de croyances. Lorsqu'au travers de ces spéculations ruineuses sur la liberté morale de l'homme et sur l'enchaînement plus ou moins fatal des motifs, quelque bouffée du printemps m'arrivait, quand un torrent d'odeurs pénétrantes et de poussières d'étamines montait dans la brise matinale jusqu'à ma fenêtre, ou que, le cri de la barrière du jardin m'avertissant, j'entrevoyais d'en haut la marquise avec ses femmes, en robe flottante, se dirigeant par les allées pour boire les eaux, selon sa coutume de huit heures en été, à la source ferrugineuse qui coulait au bas, — à cet aspect, sous ces parfums, aux fuyantes lueurs de ces images, rejeté soudainement dans le sensible, je me trouvais [71] bien au dépourvu en présence de moi-même. Mon entendement, baissant le front, n'avait rien à diminuer du désœuvrement de mon cœur, le livre rien à prétendre dans mes soupirs. Plus de foi à un chemin de salut, plus de recours familier à l'Amour permanent et invisible ; point de prière. Je ne savais prier que mon désir, invoquer que son but aveugle ; j'étais comme un vaincu désarmé qui tend les bras. Toute cette philosophie de la matinée (admirez le triomphe !) aboutissait d'ordinaire à quelque passage d'anglais à demi compris, sur lequel j'avais soin d'interroger M. de Couaën au déjeuner. La marquise, en effet, qui était là, se donnait parfois la peine de me faire répéter le passage pour m'en dire le sens et redresser ma prononciation.

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1835 – Charma - Réponses aux questions de philosophie

1835 questions philoRéponses aux questions de philosophie contenues dans le programme adopté pour l'examen du baccalauréat ès lettres
Par Antoine Charma, professeur de philosophie à la faculté de Caen
Paris, librairie classique et élémentaire de L. Hachette, ancien élève de l’École Normale, rue pierre Sarrazin, n° 12
1835 - https://books.google.fr/books?id=OlcOAAAAQAAJ

IIIe série. Philosophie, n° 41 - § 9 Mysticisme particulier connu sous le nom de quiétisme

Pages 190-191

SAINT-MARTIN, dit le Philosophe inconnu, naquit à Amboise, d'une famille noble, en 1743. Il fut initié au mysticisme par les martinistes, secte que venait de fonder et que dirigeait Martinez Pasqualis ; et il se livra avec eux à toutes les folies de la théurgie et à la recherche du grand œuvre. Les livres de Böhme achevèrent de l'illuminer: Böhme était, selon lui, la plus grande lumière humaine qui eût jamais paru. Saint-Martin, après avoir vécu dans une profonde obscurité, [p.191] mourut, en 1803, d'une attaque d'apoplexie, au village d'Aunay. Ses principaux ouvrages portent les titres qui suivent : 1° Des erreurs et de la vérité, ou. les hommes rappelés au principe universel de la science; 2° Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l'homme et l'univers, avec cette épigraphe tirée de l'ouvrage précédent : « Expliquer les choses par l'homme, non l'homme par les choses ; » 3° l'Homme de désir ; 4° Ecce homo ; 5° Nouvel homme; 6° De l'esprit des choses, avec cette épigraphe : « Mens hominis rerum universalitatis speculum est; » 7° le Crocodile ou la guerre du bien et du mal arrivée sous le règne de Louis XV, poème épico-magiquc en 102 chants, mêlé de prose et de vers ; enfin il a traduit en français quelques uns des ouvrages de Böhme. Quelques lignes extraites du livre des Erreurs et de la vérité donneront une idée de la forme énigmatique sous laquelle cette philosophie s'enveloppe : « Autrefois l'homme avait une armure impénétrable, et il était muni d'une lance composée de 4 métaux et qui frappait toujours en 2 endroits à la fois ; il devait combattre dans une foret formée de 7 arbres, dont chacun avait 16 racines et 190 branches; il devait occuper le centre de ce pays ; mais s'en étant éloigné, il perdit sa bonne armure pour une autre qui ne valait rien ; il s'était égaré en allant de 4 à 9; il ne pouvait se retrouver qu'en revenant de 9 à 4. » Cependant ce n'est pas toujours dans ce style que Saint-Martin écrit, et on trouve de temps à autre, dans ses livres, des pages remarquables à la fois par l'originalité de la pensée et par l'élégance du style.

1835 – Guillon – Histoire générale de la philosophie

1835 hre philosophieHistoire générale de la philosophie ancienne et moderne jusqu’à nos jours, ou supplément à la bibliothèque choisie des pères grecs et latins
Par M.-N.-S. [Sylvestre] Guillon
Professeur d’éloquence sacrée dans la faculté de théologie de Paris, aumonier de la reine des français, évêque du Maroc.
Tome IV - Paris. Depélafol, libraire éditeur, rue Git-le-Cœur, n° 4 - P. Méquignon, rue des Saints Pères, 16
1835 - http://books.google.fr/books?id=3XYgHHvyD9IC

Chapitre VI – Récapitulation de tout l’ouvrage – Philosophie du dix-neuvième siècle

3°. – École éclectique – Article Saint-Martin, pages 280-281

A sa tête, nous plaçons l'auteur du livre des Erreurs et de la vérité (Lyon, 1775. 1 vol. in-8°), et d'autres productions marquées du même caractère, M. de Saint-martin, distingué par le nom de philosophe inconnu. Ce n'est ni un catholique, ni même précisément un chrétien, dans le sens vulgaire du mot ; mais il a [p.281] des dogmes communs avec les Chrétiens et les Catholiques. On pourrait le compter indifféremment parmi les gnostiques ou les illuminés, affectant de paraître en rapport avec le monde spirituel, s'élevant de grade en grade jusqu'aux connaissances les plus sublimes : prétention des éclectiques d'autrefois, tels qu'ils dominaient à Alexandrie, se composant un système de doctrines choisies ailleurs.

1835 – Heine – Œuvres – I. De l’Allemagne

1835 HeineŒuvres de Henri Heine
Par Heinrich Heine
V – De l‘Allemagne
Paris. Eugène Renduel, rue des Grands Augustins, 22
1835 - http://books.google.fr/books?id=XF8mAAAAMAAJ

Extrait, page 110

Je devrais naturellement parler aussi de Jacob Bœhm, car il a également appliqué la langue allemande à des démonstrations philosophiques. Mais je n'ai pu me décider encore à le lire, même une seule fois : je n'aime pas à me laisser duper. Je soupçonne fort les preneurs de ce mystique d'avoir voulu mystifier les gens. Quant au contenu de sa doctrine, Saint-Martin vous en a donné quelque chose en langue française ; les Anglais l'ont aussi traduit. Charles Ier avait une si grande idée de ce cordonnier philosophe, qu'il envoya tout [p.111] exprès à Gœrlitz un savant pour l'étudier. Ce savant fut plus heureux que son royal maître ; car, pendant que celui-ci perdait le chef à Whitehall par la hache de Cromwell, l'autre ne perdit à Gœrlitz que l'esprit par la théosophie de Jacob Bœhm.

1835 – Abel Hugo – France pittoresque

1835 france pittoresqueFrance pittoresque ou description pittoresque, topographique et statistique des départements et colonies de la France offrant en résumé pour chaque département et colonie […] avec des notes sur les langues, idiomes et patois, sur l'instruction publique et la bibliographie locale, sur les hommes célèbres, etc. ... accompagnée de la statistique générale de la France…
Par Abel Hugo, ancien officier d’état major, membre de plusieurs sociétés savantes et littéraires, auteur de l’Histoire de Napoléon
Tome second
Paris, chez Delloye, éditeur de la France militaire, place de la Bourse, rue des Filles Saint Thomas, 13
1835 - http://books.google.fr/books?id=hWUVAAAAQAAJ

Indre et Loire – Notes biographiques (pages 98-99)

La Touraine s'honore d'avoir produit un grand nombre d'hommes pieux dont les vertus ont été honorées de la canonisation. Elle a donné un pape à l'Église catholique, Martin IV, né à Reignac, et un roi à la France, Charles VIII, né à Amboise.

Elle a produit des illustrations dans tous les genres. On remarque parmi ses hommes de guerre plusieurs maréchaux de France, tels que les Boucicaut, les D'Erfiat, les D'Humières, les Rochefort, et des généraux, qui se sont distingués pendant les guerres de la République et de l'Empire : l'héroïque Meusnier, tué à Mayence ; le fameux Menou, général en chef en Egypte; l'habile Marescot; le général Pillet, qui nous a si vivement retracé les horreurs commises par le gouvernement anglais sur nos malheureux prisonniers, etc., etc.

— La poésie française y est représentée par Racan et par Grécourt, dont les talents et les ouvrages sont de nature si diverse. — La poésie latine, par Commire, Rapin, Quillet, etc. — L'art dramatique y compte Néricault-Destouches, un de nos premiers auteurs comiques du second ordre, et Bouilly, notre contemporain, auteur du drame de l'Abbé de l'Épée et d'une foule d'ouvrages qui ont obtenu un succès général et l'estime de tous les gens de bien. — Les personnages dont le département s'honore encore à divers titres, sont : le surintendant des finances Semblançay, dont la mémoire, juridiquement réhabilitée, avait été d'avance lavée de toute souillure par de beaux vers de Clément Marot ; le célèbre curé de Meudon, le caustique Rabelais ; le savant orientaliste Cayet ; l'illustre Descartes, homme de génie comme philosophe et comme mathématicien ; le géographe André Duchesne ; le receveur général Graslin, qui a tant contribué aux embellissements de la ville de Nantes.

— Le célèbre médecin Heurteloup ; le musicien Lambert, qui fit les délices de la cour de Louis XIV; l'horloger Julien Le Roy, habile mécanicien ; l’abbé de Marolles, [p.99] traducteur infatigable, grand amateur d'estampes, dont le cabinet a servi de base à la précieuse collection de la Bibliothèque royale ; l'intrépide marin Pointis, vainqueur de Carthagène ; Jenson et Plantin, imprimeurs du XVIe siècle, célèbres dans les annales de la typographie. Saint-Martin, chef de la secte des illuminés du XVIIIe siècle, longtemps caché sous le titre de Philosophe inconnu ; Beroalde de Verville, auteur du Moyen de parvenir, un des livres les mieux écrits du XVIe siècle ; le peintre Vignon, estimé au commencement du XVIIe siècle ; le baron de Breteuil, ministre des princes français à Coblentz et pendant l'émigration ; la marquise de La Ferandière, dont les poésies fugitives sont remplies de grâce et de délicatesse, etc. — Enfin, le pays qui avait produit Agnès Sorel pour Charles VII, a fourni Gabrielle d'Estrées à Henri IV et La Vallière à Louis XIV. Parmi les contemporains, outre les noms que nous avons déjà cités, nous mentionnerons encore Alfred De Vigny, auteur du beau roman de Cinq-Mars, jeune poète qu'une verve soutenue, un talent gracieux et un style pittoresque, placent à coté d'André Chénier ; Balzac, écrivain original dont les compositions philosophiques et les ouvrages d'imagination obtiennent un succès si mérité ; Chalmel, auteur d'une bonne Histoire de Touraine ; Bretonneau, médecin distingué par ses connaissances scientifiques ; G. De La Billenerie, ancien magistrat, connu par divers ouvrages de jurisprudence et par une Histoire critique des Jésuites, publiée à l'époque de leur toute puissance, et qui a obtenu un grand succès.

1835 - La France littéraire

1835 france litteraire 17La France littéraire
Tome dix-septième
Paris, bureaux de la France littéraire, rue des grands Augustins, n° 20
1835 - https://books.google.fr/books?id=RXMEAAAAQAAJ

Article : un chapitre de l’histoire des préjugés littéraires, Dante. Auguis, de la Société des Antiquaires.

Extrait, page 24

Je le demande, est-ce bien là de la poésie ? Quel traité d’anatomie, composé par Copernic, quel chapitre de Kant, quelle vision de feu saint Martin, quelle illumination de Jacob Behem [sic], quelle folie de Schwedemborg [sic], seraient plus arides, plus obscurs et plus extravagants ? Si les admirateurs du Paradis voulaient être de bonne foi, ils avoueraient que leur admiration n’est excessive que parce qu’elle est en proportion de la peine qu’ils ont eue à comprendre.

 

1835 - La France littéraire - Saint-Martin, l'Illuminé par Jules Bruneau

1835 france litteraireLa France littéraire

Tome dix-neuvième

Paris
Bureaux de la France littéraire
20, rue des Grands-Augustins

1835

Nous avons mis des titres entre crochets dans cet article qui est long. Également, lorsque des citations de Louis-Claude de Saint-Martin, nous avons donné les références des chants de l'Homme de Désir.

Nous avons ajouté à l'article de Jules Bruneau (1810-1837), quelques références pour connaître cet auteur décédé à 27 ans : Qui est Jules Bruneau, l'auteur de cet article ?

Qui est Jules Bruneau, l'auteur de cet article ?

Une première indication est donnée dans la Bibliographie de la France (13 avril 1839, p. 169) dans laquelle est mentionné :

« À la mémoire de Jules Bruneau, ses amis, 1838 »
Recueil de morceaux en prose de J. Bruneau, sans Notice sur l'auteur. Angers, impr. de Pavie, 1839, in-8.

Cette référence est reprise

- Dans La France littéraire ou dictionnaire bibliographique des savants... de Joseph Marie Quérard (1846, p. 4) :

« À la mémoire de Jules Bruneau, ses amis, 1838. » Angers, impr. De Pavie, 1844, in-8° de 144 pages.
Recueil de quelques morceaux en prose de Jules Bruneau. L'un d'eux est sur Mme Récamier. Le volume ne contient aucune notice sur J. Bruneau. »

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1835 – Marmier – Études sur Gœthe

1835 etudes sur goetheÉtudes sur Gœthe
Par Xavier Marmier
Paris chez F. G. Levault, rue de la Harpe, n° 81.
Strasbourg, même maison, rue des Juifs, n° 33.
1835 -

I – Les romans - Extrait, pages 45-47

J'arrive maintenant au dernier roman de Gœthe, à celui qui, des trois, a soulevé les plus graves débats et fait naître les critiques les plus amères, aux Wahlverwandlschaften ou Affinités électives (8). C'est aussi une idée philosophique qui forme la base de ce livre, et une idée bien profonde par sa vérité, bien poétique par les réflexions qu'elle fait naître et les résultats auxquels elle peut conduire. Gœthe pense qu'il y a des âmes apparentées l'une à l'autre, des âmes en quelque sorte prédestinées à se rencontrer de par le monde, et à vivre heureusement ou à souffrir ensemble. Lorsque ces âmes conduites par un vague instinct ou par la fatalité se rapprochent, se trouvent en présence l'une de l'autre, elles se comprennent bientôt, elles tendent à se joindre, à s'unir, à se fondre ensemble, comme les [p.46] deux gouttes d'eau dont parle si poétiquement Saint-Martin d'Amboise. Que si rien ne se place entre elles, si nulle barrière ne les arrête, la jonction est bientôt faite ; ces deux âmes, suivant leur sympathie, ne forment plus qu'un seul faisceau, et passent, appuyées l'une sur l'autre, satisfaites l'une de l'autre, au milieu de ce monde auquel elles n'ont plus rien à envier. Mais il peut arriver que des liens contractés d'avance arrêtent ces deux êtres qu'un même penchant domine ; il peut se faire que les lois de la nature et de la société les enchaînent, et alors commence le rude combat du sentiment contre les lois reçues, de la passion contre le devoir. Gœthe a voulu encore exprimer cette idée renouvelée, mais de beaucoup amplifiée depuis par les Saint-Simoniens, que deux êtres attachés d'abord l'un à l'autre par une vive sympathie et une véritable affection, en viennent au bout de quelques années à trouver du vide dans leurs relations, du mal-aise dans leurs cœurs, de la gêne dans le lien qui les réunit. Alors encore, s'il n'y a pas d'une part au moins une grande patience et une complète résignation, il doit s'ensuivre de cet état de gêne une autre lutte contre le devoir et la société; car ces deux êtres, homme et femme (bien entendu), tendent mutuellement à se dégager de leurs liens : mais le monde est là qui les regarde, les lois morales sont là qui les réprouvent et les lois sociales qui les arrêtent. Il y a effort d'un [p.47] d’un côté, il y a refoulement de l’autre, et de chaque côté la lutte s’aggrave par la résistance.

1835 – La Revue de Paris – T 21

1835 revue paris t21Revue de Paris
Nouvelle série – Année 1835
Tome vingt-unième
Paris. Au bureau de la Revue de Paris, rue des Filles Saint Thomas, 17
1835 - http://books.google.fr/books?id=jk_kXWHMgzcC

Article : Mémoires d’un comte de Lyon

Extrait, pages 97-98

… Le hasard me fit rencontrer dans ce voyage mon ex-séminariste républicain Pampelone; il avait eu connaissance de ma dignité de

… Le hasard me fit rencontrer dans ce voyage mon ex-séminariste républicain Pampelone; il avait eu connaissance de ma dignité de comte du chapitre de Lyon ; il m'aborda en continuant son rôle, et me félicitant :

— Je te fais mon compliment, me dit-il, te voilà deux fois comte ; ce n'est ma foi pas trop par le temps qui court, pour peu qu'on y tienne; sois-le encore trois ou quatre fois de plus si tu peux, je t'y engage, car le temps presse.

Ce fut lui qui me mena dans une société de ces célèbres illuminés, connus sous le nom de martinistes; j'y vis Saint-Martin leur maître, qui lui-même tenait sa prétendue science occulte du juif portugais [p.98]

Martinez de Pasquali ; j'y vis aussi Cazotte, à la fois homme d'esprit et visionnaire de conscience, à force de sensibilité et d'imagination. Pampelone feignit de vouloir se faire initier pour se moquer d'eux plus à l'aise. Les doctrines de ces illuminés n'étaient autre chose que la ridicule et sacrilège Cabale des Juifs ; seulement Saint-Martin, enchérissant sur son maître, y avait mêlé du mysticisme chrétien. Cazotte faisait école à part au milieu des martinistes; il se croyait non seulement le don des visions présentes, mais encore le don des visions à venir, le don de prophétie et le pouvoir de chasser les démons. J'ai connu depuis son fils, dont le caractère se déploya si noble et si pur auprès de l'échafaud de son père, et j'ai pu me convaincre, par les convictions qu'il lui a léguées, de ce que peut l'imagination même sur des esprits doués d'ailleurs de hautes facultés. M. Cazotte fils, qui, il y a peu d'années encore, était bibliothécaire à Versailles, croyait sincèrement, et en y alliant les sentiments les plus religieux, qu'il tenait de son père la puissance de la vision et de l'exorcisme, et sans cesse on le voyait, en vous abordant et avant de recevoir vos paroles, faire un signe de main pour éloigner de lui l'esprit impur de vos lèvres.

Cet article a été reproduit à l’identique par la revue à Bruxelles :

Édition augmentée des principaux articles de la Revue des Deux Mondes
Tome IX – Septembre 1835
Bruxelles. H. Dumont, libraire éditeur.
1835 - http://books.google.fr/books?id=j3gPAAAAQAAJ

1835 – La Revue de Paris (Paris) – T 23

1835 revue paris t23Revue de Paris
Nouvelle série – Année 1835
Tome vingt-troisième
Paris. Au bureau de la Revue de Paris, rue des Filles Saint Thomas, 17
1835 - http://books.google.fr/books?id=2RAuW9lrAbAC

Article : Balzac - Le Lys dans la vallée

Extrait, page 262

… Amie intime de la duchesse de Bourbon, madame d'Uxelles faisait partie d'une société sainte dont l'âme était M. Saint-Martin, né en Touraine, et surnommé le Philosophe inconnu. Les disciples de ce philosophe pratiquaient les vertus conseillées par les hautes spéculations de l'illuminisme mystique. Cette doctrine donne la clef des mondes divins, explique l'existence par des transformations où l'homme s'achemine à de sublimes destinées, libère le devoir de sa dégradation légale, applique aux peines de la vie la douceur inaltérable du quaker, et ordonne le mépris de la souffrance en inspirant je ne sais quoi de maternel pour l'ange que nous portons au ciel. C'est le stoïcisme ayant un avenir. La prière active et l'amour pur sont les éléments de cette foi qui sort du catholicisme de l'église romaine pour rentrer dans le christianisme de l'église primitive. Mademoiselle de Lenoncourt resta néanmoins au sein de l'église apostolique à laquelle sa tante fut toujours également fidèle. Rudement éprouvée par les tourmentes révolutionnaires, la marquise d'Uxelles avait pris, dans les derniers jours de sa vie, une teinte de piété passionnée qui versa dans l'âme de son enfant chéri , la lumière de l’amour céleste et l'huile de la joie intérieure, pour employer les expressions mêmes de Saint-Martin. Madame de Mortsauf reçut plusieurs fois cet homme de paix et de vertueux savoir à Clochegourde après la mort de sa tante, chez laquelle il venait souvent. Saint-Martin surveilla de Clochegourde ses derniers livres imprimés à Tours chez Letourmy.

L’édition de Bruxelles (tome XI) va reprendre le même article : Balzac - Le Lys dans la vallée (extrait, page 316)

1835 - Revue de Paris (Bruxelles) - T XI
Revue de Paris, Édition augmentée des principaux articles de la Revue des Deux Mondes
Tome XI – Novembre 1835
Bruxelles ; H. Dumont, libraire éditeur
1835 - http://books.google.fr/books?id=qHgPAAAAQAAJ

1835 – La Revue de Paris (Paris) - T 24

1835 revue paris t24Revue de Paris
Nouvelle série – Année 1835
Tome vingt-quatrième
Paris. Au bureau de la Revue de Paris, rue des Filles Saint Thomas, 17
1835 - http://books.google.fr/books?id=XYuKJmPhbj0C

Article : – Balzac - Le Lys dans la vallée

Extrait, page 206

Elle continua, disant qu'elle avait la certitude religieuse de pouvoir aimer un frère, sans offenser ni Dieu ni les hommes ; qu'il y avait quelque douceur à faire de ce culte, une image réelle de l'amour divin, qui, selon son bon Saint-Martin, est la vie du monde. Si je ne pouvais pas être pour elle quelque chose comme son vieux confesseur, moins qu'un amant, mais plus qu'un frère, il fallait ne plus nous voir; elle saurait mourir en portant à Dieu ce surcroît de souffrances vives, supportées non sans larmes ni déchirements.