1857 – Journal du magnétisme

1857 journal magnetismet2Journal du magnétisme par une Société de magnétiseurs et de médecins sous la direction de M. le baron [Jules] Du Potet
Tome seizième – 2e série
Bureaux : rue du Beaujolais, 5 (Palais-Royal) - 1857

Avis. Extrait, pages 7-12

D'un autre côté, l'extase, la catalepsie, le somnambulisme et leurs effets merveilleux ont existé chez les brahmes de l'Inde, chez les ascètes et les thérapeutes d'Egypte, chez les prophètes, les pythonisses, chez les oracles de la Grèce, les sybilles, les crisiaques, les énergumènes, les visionnaires, chez ces êtres si dignes d'intérêt et de pitié qu'on appelait démoniaques et possédés au moyen-âge, et qu'on livra si souvent et si barbarement au bûcher avec une tranquillité d'âme incroyable. Rechercher minutieusement ce que ces faits ont de vrai, de probable, les uns aussi bien que les autres, en faire la critique, montrer leur identité avec les phénomènes du magnétisme, les enchaîner, les exposer d'une manière claire et intéressante, telle est la tâche que nous nous imposons. Et que n'y a-t-il pas à dire à ce sujet, à partir des prophètes Elie, Elisée, s'arrêtant à Pyrrhus, roi d'Epire, à Apollonius de Thyanes et à son disciple Jean, à Dosithée et à Simon le magicien, à l'empereur Vespasien,... passant en revue les miracles de saint Clair, abbé de Vienne, de saint Germain, de saint Martin, de saint Grégoire le thaumaturge, de saint Médard [8] à Asclépiodote d'Alexandrie, passant en revue les miracles de saint Clair, abbé de Vienne, de saint Germain, de saint Martin , de saint Grégoire le thaumaturge, de saint Médard, de saint Bernard et de tant d'autres personnages, y compris Gassner et le fameux Greatreakes, lequel on vit guérir, au dix-septième siècle en Angleterre, tant de malades et d'infirmes, rien que par le simple attouchement. Combien ne fut-il pas grand aussi le nombre d'êtres doués des dons de seconde et double vue, de prévision, de pressensation, de divination, de prophétie, de pénétration des pensées, de l'étonnante faculté de découvrir les sources, les mines, les choses cachées à l'aide du pendule et de la baguette divinatoires, de voir à travers les corps opaques, de parler diverses langues sans les avoir apprises, et de la faculté non moins précieuse de ressentir sympathiquement les maladies d'autrui et d'en indiquer les remèdes, etc., etc.; combien ne fut-il pas grand aussi le nombre de ceux dont l'action magnétique développa ces facultés sur autrui. Après les fakirs de l'Inde, les prophètes hébreux, les pythonisses, les oracles de la Grèce, les sybilles, les druidesses gauloises, vinrent les ascètes de la Thébaïde, les saint Antoine, les saint Paul, les saint Arsène, les saint Macaire du désert, Montanus, Priscille et Maximille, sainte Perpétue, Albigerius, sainte Hildegarde , sainte Catherine de Sienne, sainte Gertrude et sainte Mechtilde, sa sœur, les sainte Elisabeth de Schonaw et de Spaelbeck, sainte Brigitte, sainte Marie de l'incarnation, Madeleine de Pazzi, Marguerite de Cordoue, Madeleine de la Croix, Denys Anjerrand, le dominicain Robert, Huguetin, Jeanne d'Arc, Savonarole, Brandano, l'archevêque Cartho, Torralba, Catherine de Médicis, Cardan, Grebner, Elisabeth Barton, Brocard, Nicole Aubry, Jeanne Fery, Marthe Brossier, Madeleine Bavent, les quatre possédées du diocèse de Soissons, Jacob Bœhm, Marie des Valées, Denyse Lacaille, Elisabeth deRansaing, Christine Poniatowa, Hotter, sainte Thérèse, Gaufredy, Madeleine La Palud, Gichtel, Antoinette Bourignon, Engelbrecht, Valentin André, Marie de Sains, Didyme, Louis et Simon Morin, Holzhauser, madame Guyon, [9] Khulmann , Marie d'Agreda, Petersen, Marguerite Alacoque, Jeanne des Rochers, Olivier Paulli, la bergère de Crest, Jacques Noël, Aymar, Tonnhart, Clausette, Poiret, Pinel, Anne Lée, Marie Volet, Marie Bucaille, les filles Léaupartie et leur servante, Bleton, Jeanne Royer, Catherine Cadière et le jésuite Gérard, Grisel, le comte de Saint-Germain, Swedenborg, Bulow, Cagliostro, Cazotte, Beauregard, Campetti, Claire Lenoir, Clothilde Labrousse, Elisabeth Buchon, Alexandrine Lanois, madame Houflle, les filles du charpentier Giroux de Mons, Alina d'Elder, Marie de Mœrl, madame Krudener, Werner, Prudence Bernard, Alexis, John Davis, et tous ceux que le Journal du Magnétisme , depuis qu'il existe, a fait connaître.

A ces individualités plus ou moins célèbres, mais toutes douées de facultés étonnantes , il faut ajouter toutes celles qui surgirent dans les épidémies de possession des religieux ou religieuses de Rome, de Pise, de la Pouille et autres lieux d'Italie, des pénitents et flagellants du quatorzième siècle, dans les différentes chorées d'Allemagne, de Suède, dans les démonopathies de Brandebourg, de Hollande et d'Allemagne, de Lyon, de Nîmes, d'Auvergne, du Puy en Velay, d'Uvertet, du diocèse de Bayeux, de la paroisse de Londes, des bénédictins de Madrid, des augustines au Quesnoy, des religieuses de Louviers, des ursulines de Londun, des brigittines de Lille, des enfants de Hameln, d'Amsterdam, de l'hospice des pauvres de Lille et de Hoorn, des trembleurs du Vermandois, d'Allemagne, d'Angleterre, de l'indoustan, de la Turquie et des Cévennes, des convulsionnaires de saint Médard, du Wurtemberg, etc., etc., etc.

Combien de personnages étranges, curieux à étudier au point de vue des phénomènes magnétiques, et dont aucun traité, aucun auteur moderne n'a cependant parlé. Ces personnages, nous en avons été retrouver l'existence au milieu de la poussière des bibliothèques et des dépôts d'archives, et rien que pour les seizième et dix- septième siècles, ça a été pour nous l'objet d'une moisson que nous avons un moment pensé devoir être sans fin. Combien de faits [10] inexplorés, de documents ignorés pour l'histoire du magnétisme dans ces deux siècles ! Jamais on ne s'est autant occupé du merveilleux. C'était l'époque où on brûlait des provinces, des cantons, des localités tout entières, sous prétexte de sorcellerie, de magie : comme en Allemagne, où il périt 15,000 victimes depuis le moment de la renaissance jusqu'en 1613, et 100,000 depuis cette époque jusqu'en 1660; comme en Espagne, où l'inquisition dans ses beaux jours en fit périr un pareil nombre ; comme en Poitou, où elle en sacrifia 30,000, au dire de Bodin; comme à Corne et à Genève, où l'on en exécuta 1,000 et 500 en 1515; comme dans le pays de Labourd et en Bourgogne, où les trop célèbres démonographes Delancre et Boguet répandirent partout la terreur et l'extermination ; comme à Ruremonde et à Douai, en 1613, où les bûchers s'allumèrent jusqu'à soixante-quatre, et cinquante-quatre fois en quelques mois. Aussi il est vrai de dire que jamais il n'y eut tant de possédés,, de démoniaques, d'énergumènes, que dans ces temps de passion , dans ces temps d'agitation politique, religieuse et sociale, où la partie animique de l'homme apparut dans toute sa force, tendant à s'épancher au dehors, à montrer sa prédominance sur la matière. Aux ouvrages , aux traités, aux recueils, aux dissertations, aux mémoires, aux révélations, aux récits des Bodin, des Bekker, des Wierus, des Delancre, des saint Martin, des Paracelse, de Le Loyer, des Boguet, des Van-Helmont, des Jacob Bœhm, des Cardan, des Campanella, des Del Rio, qui parurent dans ces siècles , il faut ajouter les écrits moins connus des Agrippa, des Castro, des Postel, des Cesalpin, des Cattani, des Menghi, des Viaduna, des Hendrik Cornix, des Carenus, des Rikins, des Mouy, des Alessandro, des Van Dale, des Jacques Besson, des Jérôme Mengo, des Boulœse, des Maxwell, des Blendet, des Le Normant, des Du Bosroguer, des Castellini, des Richard, des Dupleix, des Crespet, des Duvoir, des Buisseret, des Domptius, des Taillepied, des Manescol, des Franchillon, des Villapande, des Torreblanca, des Eynatten, des Fontaine, des Gichtel, des Engelbrecht, des Andée, des [11] sainte Thérèse, des Holzhauser, des saint André, des Poiret, des Pinel, des de Saint-Pierre, des Magny, des Jacques d'Antin, des Grangeron, des de Rhodes, des Mallehranche, des Thomaseus, des Gaffarel, des Scheffer, des Menetrier, des Perreaud, etc., etc. Ces auteurs, nous les avons consultés et nous nous proposons de les consulter de nouveau avec ceux des écrivains de l'antiquité et du moyen-âge qui ont traité les mêmes matières, comme : Démocrite, Hippocrate, Aristote, Platon, Plutarque, Cicéron, Pline, Philostrate, Hermas, Athénagoras, Apulée, saint Augustin, Jamblique, Asclépiodote, Wigbode, Avicenne, Thomas de Cantimpré, Taulère, Gerson, Savonarole, sainte Hildegarde, Bacon, Cesarius, sainte Brigitte, sainte Catherine de Sienne, sainte Gertrude et sainte Mechtilde, Robert, etc. Nous n'oublierons pas de consulter aussi de nouveau, avec le même soin, tous les auteurs des dix-huitième et dix-neuvième siècles qui ont écrit ou laissé des traités, des critiques ou des mémoires sur le magnétisme, la magie, le merveilleux, les visions, les apparitions, les révélations, les guérisons surnaturelles, tels que : Brueys, Hibbert, madame Guyon, Lebrun, Swift, Elie Marion, Fontenelle , Chais , Daugis, Lambertini, Anne Lée, saint André, Carré de Montgeron, Grisel, Legendre, Lenglet du Fresnoy, Horst, Mortezinni, le comte de Saint-Germain, Cagliostro, Mesmer, d'Eslon, Formey, Tiédeman, Doppet, Walter-Scott, d'Espine, Deleuze, Petetin, Puységur, Salgues, Calmeil, De Lausanne, Schopenhauer, de Cuvilers, Bertrand, Garinet, Colin de Plancy, Hecker, Kiéser, Abercrombie, Aubin-Gauthier, du Potet, Elliotson, Pigeaire, Charpignon, Teste, Brierre de Boismont, Chardel, Chevreul, de Mirville, Agenor de Gasparin, Ferdinand Denys, Rousselle, Bersot, Capron, Gardon, Reichembach, etc., etc. C'est à l'aide de tous ces documents minutieusement consultés, à l'aide des manuscrits, certificats, attestations, que nous avons recueillis ou fait recueillir en différents lieux, que nous écrirons notre ouvrage, que nous élèverons le nouvel édifice qu'il est temps, selon nous, de consacrer à un ordre de vérités trop longtemps méconnues, dédaignées, [12] travesties ou bafouées. De notre ouvrage, nous extrairons divers chapitres relatifs aux thaumaturges, aux extatiques, aux mystiques, aux médiums, aux possédés, aux démoniaques, aux crisiaques, aux convulsionnaires les plus célèbres, ou bien des chapitres qui contiendront les épisodes les plus émouvants des différentes histoires ou procès de magie, de sorcellerie, d'exorcisme, sujets déjà si dramatiques par eux-mêmes. Une publication comme le Journal du Magnétisme ne doit pas seulement être une revue scientifique, elle a besoin encore d'être un recueil amusant pour ses lecteurs, surtout pour ses lectrices, et nous en comptons beaucoup. Des faits groupés d'une manière pittoresque, présentés avec l'intérêt du roman, n'ôtent rien à la valeur scientifique et au caractère sérieux d'une publication, du moment que ces faits sont véridiques et parfaitement authentiques.

Z. Piérart.

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