Calendrier perpetuel 1865Année 1865

- Aubry - Bulletin du bouquiniste
- Augé - Notice sur Hoené Wronski
- Brunet - Manuel du libraire
- Catalogue annuel de la librairie française
- Chavannes - Jean-Philippe Dutoit-Membrini
- Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique
- Jouaust - Histoire du Grand-Orient de France
- Manuel du libraire et de l'amateur de livres
- Quérard - Les supercheries littéraires dévoilées
- Landur - Recherche des principes du savoir et de l'action
- Nouvelle encyclopédie théologique : Article Martinistes

Mise à jour le 21 août 2022

1865 - Aubry - Bulletin du bouquiniste

1865 BouquinisteBulletin du bouquiniste
Publié par Auguste Aubry, libraire
7e année, 1er semestre, tome XIII
Paris, A. Aubry, libraire éditeur, rue Dauphine, 16
1863
193e numéro – 15 août 1865.

Ouvrages divers, page 421

3020. Saint-Martin. Des erreurs et de la vérité, ou les Hommes rappelés au principe universel de la science, par un philosophe inconnu (Saint-Martin). Edimbourg, 1782, in-8, cart. à la Bradel, n. rog. 6 fr.

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1865 – Augé - Notice sur Hoené Wronski

1865 Auge WronskiNotice sur Hoené Wronski

par Lazare Augé.

suivi du

Portrait de Wronski

par Mme Wronski, née S. de Montferrier
de plusieurs académies

Paris
Librairie philosophique de Ladrange
41, rue Saint-André-des-Arts
1865

Extrait, p.14-16

On croirait, après cela, que c'est dans une pareille philosophie, la moins défectueuse, que l'auteur va puiser les bases de sa Recherche des principes du Savoir et de l'Action. Non. Il reprend, en continuant sa phrase : « Si je n'étais [page 15] obligé de faire une réserve pour Jacob Boehme, dont il a su s'approprier ce qu'il a de meilleur, aussi bien que pour Swedenborg et Saint-Martin. Aussi ne saurais-je dire quelle idée originale lui appartient. » [citation de Landur dans Recherche des principes du Savoir et de l'Action, page 106].

[...] La Théosophie n'est pas, comme on pourrait l'imaginer, un système moderne, sorti d'un principe né avec Jacob Boehme, Swedenborg et Saint-Martin. Elle remonte à la création même de l'homme, alors que doué de la Démonie, c'est-à-dire de la virtualité créatrice, la liberté mise dans la créature, l'homme créé avec cette [page 16] faculté, après avoir subi, au moyen même de cette faculté, la chute de l'état d'immortalité à l'état de mortalité, s'établit, avec la tradition de cette condition primitive défaillante, en parallèle avec la Démonie pure, qui fit, à son tour, de cette tradition primitive ascendante, une tendance à la réhabilitation de la chute. De là, deux natures d'hommes, sortis du monde primitif ou plutôt de la Démonie propre à la créature, les Mauvais Esprits et les Bons Esprits de l'Écriture. - La Théosophie, par-là, trouve ainsi la condition de son existence, incessamment manifestée dans le cours du développement de l'humanité.

Pour atteindre son but, qui consiste particulièrement à ramener l'humanité au monde primitif, la Théosophie n'a d'autre principe ou moyen que de confondre systématiquement le vrai et le bien développé progressivement par les hommes de la Démonie, qui n'ont d'autre tâche, dans leur pureté, que de pouvoir tomber, par ignorance, de l'état de leur innocence propre à l'état du mal, lorsqu'il leur est présenté avec le faux simulacre du vrai ou du bien, comme savent habilement le faire les Théosophes, ou sans conscience systématique, ou par nature propre.

Donc, du côté du Principe du savoir, sur lequel porte la spéculation des réalités de l'Univers, se développe la Théosophie, qui, en partant de la Gnose et de la Cabale, sans avoir à remonter plus haut, aboutit à posséder, dans la profondeur du sentiment, faculté passive de la raison, la vision intime (mais non la connaissance, susceptible d'une transmission étrangère) du principe de la réalité du monde; prétendant, avec cette vision, se mettre en relation avec ce principe de l'Univers. – C'est ce que confirment les écrits visionnaires de Jacob Boehme, de Swedenborg et de Saint-Martin.

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1865 - Brunet - Manuel du libraire

1865 manuel libraireManuel du libraire et de l’amateur de livres contenant :
1. Un nouveau dictionnaire bibliographique dans lesquels sont décrits les livres rares, précieux, singuliers, et aussi les ouvrages les plus estimés en tout genre, qui ont paru tant dans les langues anciennes que dans les principales langues modernes, depuis l’origine de l’imprimerie jusqu’à nos jours ; avec l’histoire des différentes éditions qui en ont été faites ; des renseignements nécessaires pour reconnaître les contrefaçons, et collationner les anciens livres. On y a joint une concordance des prix auxquels une partie de ces objets ont été portés dans les ventes publiques faites en France, en Angleterre et ailleurs, depuis près d’un siècle, ainsi que l’appréciation approximative des livres anciens qui se rencontrent fréquemment dans le commerce.
2. Une table en forme de catalogue raisonné où sont classés, selon l’ordre des matières, tous les ouvrages portés dans le Dictionnaire, et un grand nombre d’autres ouvrages utiles, mais d’un prix ordinaire, qui n’ont pas dû être placés au rang de livres ou rares ou précieux.
par Jacques-Charles Brunet, Chevalier de la Légion d’Honneur.
Cinquième édition originale entièrement refondue et augmentée d’un tiers par l’auteur.
Tome sixième
Paris, librairie de Firmin Didot frères, fils et Cie, imprimeurs de l’Institut, rue Jacob, 56
1865.

VI Opinions singulières. 2. Illuminés et autres fanatiques, page 96

2207. Des erreurs et de la vérité, par un philosophe inconnu (le marquis de Saint-Martin), avec la suite. Edimbourg (Lyon), 1782,- 2 vol. in-8.

2208. Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l’homme et l’univers (par le même). Edimbourg (Lyon), 1782, 2 vol. in-8.

2209. L’esprit des choses, par le même. Paris, 1800, 2 vol. in-8.

2210. L’homme de désir; nouvelle édition, par le même. Metz, an x (1802), 2 vol. in-8.

2211. Œuvres posthumes du même. Tours, 1807, 2 vol. in-8. —Voir le n° 14125.

— Des nombres, par L.-C. de Saint-Martin, dit le Philosophe inconnu. Œuvre posthume, suivie de l’Eclair sur l’association humaine, avec une introduction par M. Matter; ouvrages recueillis et publiés par L Schauner [sic]. Paris, Dentu, 1861, gr. in-8.

— Du mysticisme au XVIIIe siècle : Essai sur la vie et la doctrine de Saint-Martin, par E. Caro. Paris, Hachette, 1852 (réannoncé en 1854), in-8.

bouton jaune   VI Opinions singulières. 2. Illuminés et autres fanatiques, page 96

Belles-lettres. b. Poèmes sacrés, épiques, héroïques, mythologiques, chevaleresques, didactiques, descriptifs, érotiques, satiriques et badins, page 804

14125 — Le crocodile, ou la guerre du bien et du mal, arrivée sous le règne de Louis XV, poème épico-magique en 102 chants.., ouvrage posthume d’un amateur de choses cachées (le marquis de Saint-Martin). Paris, an VII (1799), in-8. Voir les nos 2207-2211.

bouton jaune    Belles-lettres. b. Poèmes sacrés, épiques, héroïques, etc., page 804

4. Épistolaires français, page 1005

18852. Correspondance inédite de L.-C. de Saint-Martin, dit le Philosophe inconnu et de Kirchberger, baron de Liebistorf, du 22 mai 1792 jusqu’au 7 nov. 1797. ouvrage recueilli et publié par L. Schauer et Alph. Chuquet, Paris, Dentu, 1862, in-8.

bouton jaune   4. Épistolaires français, page 1005

1865 - Catalogue annuel de la librairie française

1865 catalogueCatalogue annuel de la librairie française publié par C. Reinwald, libraire commissionnaire
Septième année. 1864.
C. Reinwald, 15, rue des Saints Pères.
Février 1865

Page 146

Matter Jacques.

– Le Mysticisme en France au temps de Fénelon. In-8. Didier et Cie 7fr.

– Saint Martin le philosophe inconnu, sa vie et ses écrits, son maître Martinez et leurs groupes, d’après des documents inédits. 2e édit. In-12. Didier et Cie. 3 fr. 50c.

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1865 - Chavannes - Jean-Philippe Dutoit-Membrini

1865 DutoitJean-Philippe Dutoit-Membrini
Sa vie, son caractère et ses doctrines
Par Jules Chavannes
Lausanne. Georges Bridel éditeur
1865

Introduction. – Extrait, pages 5-6

L'homme dont nous entreprenons de retracer la vie, d'apprécier le caractère et d'exposer les doctrines théosophiques et religieuses, est assurément digne d'occuper dans l'histoire ecclésiastique de notre patrie, une place honorable. Par l'originalité de ses vues, tout comme par l'influence réelle et étendue qu'il a exercée, il mériterait d'être plus connu qu'il ne l'a été jusqu'à ce jour. « Mystique et philosophe, vaste esprit qui se développa librement dans la solitude, » tel fut, au jugement de l'un de nos historiens nationaux, le ministre vaudois Jean-Philippe Dutoit-Membrini (1). « Il était, sans contredit, nous dit un autre de nos historiens, bien au-dessus de la [6] plupart de ses compatriotes, lesquels ne s'en doutèrent pas, et se distingue des autres mystiques par des qualités peu communes chez eux, qui devraient lui avoir fait plus de réputation (2). » Ajoutons encore le témoignage de M. Vinet, qui, dans son cours d’Homilétique ou théorie de l'art de la chaire, met Dutoit-Membrini au nombre des plus excellents juges en fait de prédication, et le cite plus d'une fois, de même que dans sa Théologie pastorale (3).

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1865 - Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique

1865 dictionnaire theologieDictionnaire encyclopédique de la théologie catholique: rédigé par les plus savants professeurs et docteurs en théologie de l'Allemagne catholique moderne ...
Par Heinrich Joseph Wetzer, Benedikt Welte,
Approuvé par Sa grandeur Monseigneur l’Archevêque de Fribourg
Traduit de l’allemand par l’abbé Isidore Goschler
Tome XXIII, deuxième tirage – Sydney – Tout
Paris. Gaume frères et J. Duprey, éditeurs, 4, rue Cassette
1865

Article Théosophie, pages 345-347

Théosophie, θεοσοφία. On nomme ainsi une sorte de science ou de sagesse divine, qui n'est ni philosophique, [page 346]  ni théologique. La philosophie cherche à connaître Dieu par les procédés réguliers de la pensée, par le raisonnement, soit en concluant l'existence et les attributs de l'Absolu de ce qui est actuel, présent et abordable à la raison, c'est-à-dire de la nature, de l'esprit humain, de l'histoire, soit en développant l'idée même de Dieu et en en déduisant toute la métaphysique. La théologie, dans la même recherche, s'appuie sur la foi préalable en Dieu, foi dont l'infaillible autorité dépend de son origine même et de son universalité, et, partant de cette base, elle continue ses développements par les mêmes procédés logiques que la philosophie.

Contrairement à cette double méthode, suivie par les philosophes et les théologiens pour s'élever à la connaissance de Dieu, de tout temps des enthousiastes, des visionnaires, des fanatiques ou des mystiques, comme on voudra les appeler, méprisant l'autorité et les efforts du pur raisonnement, des simples procédés logiques, ont prétendu posséder une science de Dieu directe et immédiate, et en ont parlé à ce titre. A les en croire ils contemplent Dieu face à face, ils le connaissent en le contemplant, ou bien Dieu se fait connaître à eux immédiatement et extraordinairement, de telle sorte qu'ils n'ont ni à se préoccuper du travail fatigant de la dialectique, ni à accorder leur confiance à personne au monde. A la place des syllogismes ils substituent des assertions, ils affirment où d'autres questionnent et raisonnent. Cette manière de connaître Dieu, ou plutôt de parler de Dieu, a été nommée théosophie.

Le théosophe serait donc celui qui d'une part posséderait une science réelle de Dieu, et par conséquent serait sage en Dieu, ou du moins s'imaginerait l'être, et qui d'autre part tiendrait cette science de Dieu même, et posséderait ainsi, comme Dieu, une sagesse personnelle, c'est-à-dire, s'imaginerait la posséder. Il est très naturel qu'un homme qui se figure être en rapport immédiat avec Dieu croie en même temps sentir en lui des vertus divines et soit porté à se moquer des lois de la nature, de la logique et de l'autorité, et à agir souverainement comme Dieu même. Les théosophes sont tous plus ou moins en même temps thaumaturges, théurges. En outre très souvent la théosophie adopte la forme de la théogonie, c'est-à-dire prétend avoir l'intelligence de la nature même de Dieu, et par conséquent de son action, de sa vie et de son développement. Celui qui s'imagine être dans un commerce aussi intime avec Dieu que le théosophe peut à peine résister à la tentation de croire que Dieu se fait et se parfait tous les jours. Ainsi la théosophie fait partie de la mystique, mais seulement de la mystique non chrétienne; car le vrai mystique, le mystique chrétien, malgré tout son mysticisme, ne cesse de tenir à la foi de l'Eglise comme à la base fondamentale de toute science divine, tandis que le mystique non chrétien, dès qu'il s'occupe de Dieu, devient théosophe. C'est pourquoi il y a presque autant de théosophes que de mystiques religieux non chrétiens.

Les plus connus dans l'antiquité, pour ne pas remonter plus haut, sont les néoplatoniciens (1. Vоу. Néoplatoniciens) Plotin, Jamblique et Proclus, postérieurs au premier ; puis une foule de visionnaires que produisit le protestantisme (2. Voy. Fanatiques (sectes).) dès le seizième siècle, plus encore au dix-septième et au dix-huitième. Les plus anciens sont les partisans de Paracelse (3. Voy. Théophraste), qui, quoique théosophe, mourut catholique (1541, à Salzbourg). Parmi les Paracelsistes [page 347] on nomme Ad. Bodenstein (fils de Carlosladt), Wolfgang Thalhauser, Joseph Quercetanus, Joachim Tank, G. Horst, etc. (4. Voy. Arnold, Hérétiques et Histoire des Hérésies, t II, l. XVI, с. 22, n. 8.). Parmi les théosophes plus modernes on compte Valentin Weigel et ses partisans, Ægidius Gutmann (contemporain de Weigel), Jacques Bœhme et Swedenborg (5. Voy. ces noms, et Arnold, 1. c., tome II, l. XVII, с. 17-19). Dans les temps les plus récents Saint-Martin s'est fait un nom parmi les francs-maçons de France en qualité de théosophe (+ 1808) (6. Voy. Saint-Martin. Varnhagen van Ense, Extr. Biogr., Silésius et Saint-Martin, Berlin, 1833). On a aussi rangé Schelling parmi les théosophes, avec raison en ce sens que ses idées de Dieu reposent absolument sur la contemplation, mais injustement en ce qu'en somme Schelling ne s'est pas écarté des données de la raison, et qu'on ne peut lui refuser le titre et le caractère d'un vrai philosophe.

Cf. Rose-croix.

Mattès

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1865 - Jouaust - Histoire du Grand-Orient de France

1865 Histoire du Grand Orient de FranceHistoire du Grand-Orient de France
Par Achille Godefroy Jouaust
Rennes, Brisard, libraire, rue de Berlin, 2
Paris. Teissier, libraire, rue de Grenelle Saint Honoré, 37
1865

Chapitre IV – Introduction et progrès de la Franc-Maçonnerie en France - Naissance et développements des Hauts Grades – Formation de la Grande Loge de France - V. - Extrait, pages 78-79

Comme si les rêveries templières et chevaleresques, débitées sous le patronnage de l'Ecosse, n'avaient pas déjà suffisamment altéré le type si pratique et si admirable de simplicité de la Maçonnerie symbolique, l'Illuminisme y fit invasion dans le rite créé, en 1754, à Montpellier, par le juif allemand Martinès Pascalis, création remaniée ensuite tant par Saint-Martin, dit le Philosophe inconnu, que par d'autres novateurs, et qui a brillé pendant longtemps d'un vif éclat dans le Midi et à Paris sous le nom de Martinisme (1) et de Régime des Philalèthes.

Ce Rite, mélange de la Maçonnerie proprement dite, de mysticisme et de sciences occultes, a fini par s'éteindre avec la génération enthousiaste des jongleries de Cagliostro et du baquet de Mesmer. C'est aux annales générales de la Franc-maçonnerie qu'il appartient d'en [page 79] retracer les doctrines étranges. Nous ne ferons qu'y toucher en passant, quand leur histoire se mêlera à celle du Grand-Orient de France.

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1865 - Quérard - Les supercheries littéraires dévoilées

1865 Querard supercheriesLes supercheries littéraires dévoilées
Galerie des écrivains français de toute l’Europe qui se sont déguisés sous des anagrammes, des astéronymes, des cryptonymes, des initiales, des noms littéraires, des pseudonymes facétieux et bizarres, etc., découverts ou non ; des auteurs apocryphes et épuisés, des plagiaires et des éditeurs infidèles de la littérature française pendant les quatre derniers siècles. Ensemble des industriels littéraires et les lettrés qui se sont anoblis à notre époque.
Par Joseph Marie Quérard, auteur de la France littéraire.
Avec le concours de bibliothécaires et de bibliophiles français, belges, russes, suisses, etc.
Deuxième édition, entièrement refondue et améliorée et considérablement augmentée.
Tome premier, 1ère livraison.
Paris, l’Auteur, rue des Grands Augustins, n° 3
XX janvier M DCCC LXV.

Un amateur de choses cachées - Page 175

Amateur des choses cachées (Un) [le marq. Louis-Claude de SAINT-MARTIN].

Crocodile (le), ou la Guerre du bien et du mal, arrivée sous le règne de Louis XV, poème épico-magique en cent deux chants, dans lequel il y a de longs voyages sans accidents qui soient mortels, un peu d’amour sans aucune de ses fureurs, de grandes batailles sans une goutte de lait répandu; quelques instructions sur le bonnet de Docteur, et qui, parce qu’il renferme de la prose et des vers, pourrait bien en effet n’être ni l’un ni l’autre. Ouvrage posthume d’—. Paris, de l’impr. du Cercle social, an VII (1799), in-8 de 470 p. [1320]

Saint Martin n’est mort que vers la fin de 1803.

bouton jaune   Un amateur de choses cachées


1865  - Recherche des principes du savoir et de l'action

1865 LandurPar N. Landur

Paris
À la librairie d'Amyot
8, rue de la Paix
À la librairie philosophique de Ladrange
41, rue Saint-André-des-Arts

1865

Des relations sociales, extrait pages 75-76

Celui qui comprend la valeur infinie des êtres raisonnables veut que les autres hommes soient libres et conscients, il se réjouit de leur développement spontané, s'applique à ne les contraindre ou les amoindrir en rien et ne tolère avec eux que des relations d'égalité.

Aujourd'hui, au contraire, tout comme par le passé, les hommes aiment à dominer et à gouverner. Ils se prosternent d'ailleurs assez volontiers. Ils s'entre-méprisent et se gênent constamment, sont hostiles à tout ce qui est libre et spontané, et vont jusqu'à instituer des églises et des académies pour empêcher les manifestations originales de la pensée.

Presque tout est à réformer dans les relations.

Le philosophe saint Martin, qui était un excellent homme et qui avait des tendances très élevées, se demandait comment il se fait que la morale humaine soit si parfaite et la moralité si imparfaite.

Saint Martin était dupe en cela d’une illusion qu'ont partagée bien des gens : non seulement la morale humaine est très imparfaite, mais elle n'a pas mème de fondements, et à vrai dire, elle n'existe pas.

bouton jaune  Des relations sociales, extrait pages 75-76

Des grands philosophes. 1er extrait, pages 105-106

Dans ce chapitre je ne parlerai pas des philosophes célèbres, même de ceux qui le sont à juste titre, mais seulement de deux hommes exceptionnels et fort peu connus : Hoëné Wronski et Jacob Boehme.

Wronski est mort à Paris en 1853. J'ai rencontré ses ouvrages peu de temps après cette époque et dans des circonstances que je suis porté à croire providentielles. Leur étude me fut d'un immense secours et me préserva sans doute de bien des tâtonnements. Ce n'est pas que l'influence de Wronski ait été sans inconvénients pour moi ; ce qu'il y a de vrai et de grandiose chez lui m'a d'abord caché ses défauts, je me suis laissé aller [page 106] à le croire un peu trop sur parole et à répéter d'après lui des choses dont je n'étais pas parfaitement convaincu.

Et cependant ses défauts sont grands : vanité et orgueil immenses, habitudes pompeuses et charlatanesques, préjugés aristocratiques, dureté de cœur, platitude à l'égard des grands de la terre. Tout cela l'égare et l'aveugle souvent, et pourtant il est de tous les philosophes que je connais le moins défectueux, j'ajouterais même le plus riche en vérités et le plus remarquable par ses tendances, si je n'étais obligé de faire une réserve pour Jacob Boehme.

Ce que les autres philosophes que j'ai étudiés après Wronski m'ont appris est peu de chose, et cela ne tient pas tant à la grande originalité de Wronski qu'à l'art avec lequel il a su s'approprier ce qu'il y a de meilleur dans des auteurs qu'il ne cite pas, ou auxquels il ne rend pas suffisamment justice, particulièrement Spinoza , Svedenborg [sic], Kant, Schelling, Hegel et surtout Jacob Boehme ainsi que son traducteur saint Martin. En définitive, je ne saurais dire quelle idée originale lui appartient essentiellement, car j'ai retrouvé plusieurs de celles que je lui croyais les plus personnelles dans des auteurs dont il parle avec un certain dédain ; mais nul ne va aussi droit au but que lui, nul ne sait [page 107] aussi bien distinguer les choses essentielles des choses accessoires, nul n'a autant de clarté et de précision (quand il ne cache pas volontairement sa pensée).

bouton jaune  Des grands philosophes. 1er extrait, pages 105-106

Des grands philosophes. 2e extrait, page 123

Jacob Boehme est mort en 1624. Je ne connais ses ouvrages que depuis quelques mois, je ne les ai pas encore tous lus et je ne puis certes pas dire que j'en comprenne toutes les profondeurs.

Ce qui m'a porté à les rechercher (1), c'est, en grande partie, l'estime que Hegel a pour eux. Ce grand philosophe, qui compte pour rien ou peu de chose tous ses devanciers depuis Aristote, fait une exception en faveur de Boehme.

Je les eus à peine entr'ouverts que j'y reconnus, à ma très-grande surprise, les plus sublimes beautés que j'avais admirées ailleurs. Je fus en même temps indigné de la déloyauté des philosophes qui ont copié Boehme ou qui se sont inspirés de lui et qui ne l'ont pas cité. Hegel, même, ne lui rend pas justice, car il ne dit pas combien il lui emprunte. Il lui doit ce qu'il a de meilleur, et une partie de ses non-sens et absurdités ne sont que du Boehme mal compris.

Je reconnus bientôt dans ces livres le plus profond de la doctrine exotérique et ésotérique de Wronski ainsi que le fonds commun de Svedenborg, de Schelling, de Hegel, de Schopenhauer, etc.

(1) On en a plusieurs éditions allemandes dont aucune ne se trouve dans les grandes bibliothèques de Paris. Saint Martin en a donné une traduction inachevée et émaillée de contre sens.

bouton jaune  Des grands philosophes. 2e extrait, page 123


1865 - Nouvelle encyclopédie théologique

1865 encyclopedie theologieNouvelle encyclopédie théologique
Ou deuxième série de dictionnaire sur toutes les parties de la science religieuse
Publié par M. l’abbé J.P. Migne
Tome dix-neuvième
Dictionnaire des erreurs sociales
Paris, chez J.-P. Migne, éditeur, aux ateliers catholiques, rue Thibaud, 20, au Petit Montrouge
1865

Article Martinistes, pages 616-620

MARTINISTES. Cette secte d’illuminés a fait assez de bruit, ses initiés ont pris assez de part aux événements qui ont préparé et accompagné la révolution française, pour [page 617] mériter de trouver place ici, malgré l'ennui profond qu'on éprouve à examiner des doctrines obscures, à déchiffrer une sorte d'Apocalypse dont l'auteur, qui ne visait qu'à piquer les esprits faibles et curieux, ne paraît pas s'être soucié toujours de se comprendre lui-même.

En 1775 parut le fameux livre intitulé : Des Erreurs et de la Vérité, par un philosophe inconnu. Cet auteur était un jeune homme de la Touraine, d'abord avocat, puis officier, puis élève d'un juif portugais, lequel croyait avoir trouvé, dans la cabale judaïque, une explication nouvelle de Dieu et des intelligences créées par lui. Saint-Martin, c'était le nom de l'élève, y puisa l'idée de créer une secte dont il serait chef. C'était l'époque où l'Europe, et la France en particulier, se couvrait de ces sortes d'associations ; les francs-maçons imaginaient de nouveaux grades, et instituaient des arrières-loges pour reculer ou mettre à l'abri le secret de la conjuration philosophique contre la religion et le gouvernement. Aujourd'hui que cette marche des sociétés secrètes de ce temps est parfaitement dévoilée, on peut déjà soupçonner que Saint-Martin ne s'enveloppait de tant de mystère que parce que son but était pareillement hostile aux pouvoirs établis. Le caractère particulier qui distinguait ces nouveaux collaborateurs à la grande œuvre antisociale, était un respect apparent pour les autorités religieuses et politiques, une grande douceur de mœurs, un langage mystique, pieux même, toujours analogue au degré de croyance de ceux auxquels il s'adressait, et toujours obscur pour quiconque ne paraissait pas digne de connaître le but secret de l'association ; en un mot, le voile dont cette secte se couvrait était celui d'une profonde hypocrisie.

C'est dans les œuvres du maître qu'il faut reconnaître ce but, malgré les obscurités étudiées, les périodes indéchiffrables et la nauséabonde logomachie qu'il y a prodiguées à dessein.

Voltaire écrivait à d'Alembert (22 octobre 1776) que jamais on n'imprima rien de plus obscur, de plus fou et de plus sot que ce livre Des Erreurs et de la Vérité. Plus tard, quand le mot de l'énigme lui fut révélé, Voltaire consentit à regarder les martinistes comme des collaborateurs à l'œuvre commune.

Le système religieux de Saint-Martin est un mélange de manichéisme, de panthéisme, assez mal édifié, et recrépi de cabale rabbinique, de magie, d'astrologie et de secrets de physique. Depuis que Robertson a exposé la fantasmagorie, et Mesmer le magnétisme, les loges martinistes ont perdu le don des prodiges, qui fit, dans l'origine, une partie essentielle de leurs secrètes cérémonies et qui contribua puissamment à leurs premiers succès.

« L'être premier, unique, universel, sa cause à lui-même grand tout (nous sommes dans le panthéisme), se décompose en deux grands principes, l'un bon, l'autre mauvais (nous [page 618] voilà dans le manichéisme). Le Dieu bon, quoique produit par le premier être, tient pourtant de lui-même sa puissance et toute sa valeur. Il est infiniment bon, il ne veut que le bien. Il est infiniment bon, il ne peut que le bien. Il produit un nouvel être de la même substance que lui, bon d'abord comme lui, mais qui devient infiniment méchant et ne peut que le mal. Le Dieu bon, quoique tout-puissant, ne pouvait former les corps sans les moyens du Dieu méchant. L'un agit, l'autre réagit, l'un pousse, l'autre repousse ; et de cette bataille entre le Dieu bon et le Dieu mauvais, la matière, les corps, le monde enfin est le résultat.

« Mais l'homme est plus ancien; il n'y a point d'origine qui surpasse celle de l'homme. Il existait sans corps, état bien préférable à celui où il est aujourd'hui. Il abusa de sa liberté, il s'écarta du point où le bon principe l'avait placé. Alors il se trouva enveloppé dans la région des corps ; ce fut là sa chute, après laquelle il conserva néanmoins sa dignité. Il est encore de la même essence que le Dieu bon. Car, la pensée étant simple, unique, immuable, il ne peut y avoir qu'une espèce d'êtres qui en soient susceptibles, parce que rien n'est commun parmi les êtres de diverses natures : nous verrons que si l'homme a en lui cette idée d'un être supérieur, et d'une cause active, intelligente, qui en exécute les volontés, il doit être de la même essence que cet être supérieur. »

De ce rapprochement de plusieurs passages, péniblement mais fidèlement extraits du livre de Saint-Martin, on est forcé d'induire que, suivant lui, tout être pensant, donc le Dieu grand tout, le Dieu bon, le Dieu mauvais, et l'homme lui-même, ne sont qu'une essence, c'est-à-dire une même chose. Donc l'homme est à la fois être premier, principe bon, principe mauvais, Dieu.

« L’homme, qui est sorti de Dieu bon par le chiffre 4, y retournera par le chiffre 9. Quant au Dieu mauvais, il ne peut jamais y revenir, il n'a pour lui aucun chiffre.

« On a grand tort de mener l'homme à la sagesse par le tableau effrayant des peines temporelles, dans une vie à venir.

« Il n'y a pas d'enfer, il n'y a que trois mondes temporels, trois degrés d'expiation. Et l'illuminé martiniste qui a franchi les trois degrés d'initiation, est purifié. »

Il est inutile d'observer que les secrets mystères de la secte ayant pouvoir, toute religion est superflue. Aussi les égards conservés par les martinistes pour le christianisme ne sont que le vêtement qu'on prend pour déguiser sa propre splendeur aux yeux des profanes et des ignorants.

La théorie sociale et politique des martinistes est encore plus soigneusement dissimulée. Saint-Martin donne bien à entendre qu'il possède le vrai secret de l'organisation des sociétés humaines ; mais on ne peut le connaître qu'après avoir été éprouvé et reconnu digne d'y être admis dans les initiations mystérieuses. En attendant, il proteste [page 619] de sa soumission pour l'ordre, les lois, les gouvernements existants. Il redoute les révoltes, les insurrections, ou plutôt les châtiments qu'elles entraînent. L'ordre qu'il promet ne doit s'établir que paisiblement, peu à peu, par une propagande secrète ; et la transformation aura lieu sans trouble aussitôt que la multitude se trouvera imbue des principes du martinisme. Or, quels sont ces principes ? Dès le début de 1’ouvrage, Saint-Martin prend soin de nous dire qu'il est téméraire de croire qu'on les y découvrira. Il écrit pour exciter la curiosité, pour annoncer son entreprise, mais non pour être compris.

« C'est pour avoir oublié les principes dont je traite que toutes les erreurs dévorent la terre, et que les hommes ont embrassé une variété universelle de dogmes et de systèmes. Cependant, quoique la lumière soit faite pour tous les yeux, il est encore plus certain que tous les yeux ne sont pas faits pour la voir dans tout son éclat ; et le petit nombre de ceux qui sont dépositaires des vérités que j'annonce est voué à la prudence et à la discrétion par les engagements les plus formels. Aussi me suis-je promis d'en user avec beaucoup de réserve dans cet écrit, et de m'y envelopper d'un voile que les yeux les moins ordinaires ne pourront pas toujours percer, d'autant plus que j'y parle quelquefois de toute autre chose que ce dont je parais traiter. »

Malgré ces précautions, on peut, je crois, mettre dans un jour assez clair, la doctrine politique du livre des Erreurs et de la Vérité.

On y voit d'abord que « dans l'origine première, les droits d'un homme sur un autre n'étaient pas connus, parce qu'il était hors de toute possibilité que ces droits existassent entre des êtres égaux. » (IIe partie, p. 16.)

Donc l'égalité absolue est un dogme primitif.

« Il suffit de voir l'instabilité des gouvernements, qui varient, se succèdent, dont les uns ont péri, dont les autres périssent et périront avant la fin du monde, pour juger qu'ils ne sont que l'effet des caprices des hommes et le fruit de leur imagination déréglée. »(Id., p. 34.)

Donc, il n'y a point de gouvernement légitime, et nulle autorité sociale n'a de véritable sanction.

Nous voilà en pleine théorie révolutionnaire, et l'on ne voit plus que la souveraineté du peuple, l'association des volontés, pour donner cette sanction. Saint-Martin ne pense pas ainsi.

Après avoir repoussé tout gouvernement, tout ordre social provenant de la violence ou de la conquête, quelque consacré qu'il soit par le temps, attendu que « la prescription n'est qu'une invention des hommes pour suppléer au devoir d'être justes, aux 1ois de la nature qui jamais ne se prescrivent ;» il ajoute :

« L'édifice formé sur l'association [page 620] volontaire est tout aussi imaginaire que celui de l'association forcée. (Id. s. 5.)

« Il y a impossibilité qu'il y ait jamais eu d'état social formé librement de la part de tous les individus. L'homme aurait-il le droit, de prendre un pareil engagement, serait-il raisonnable de se reposer sur ceux qui l'auraient formé ?... L'association volontaire n'est pas réellement plus juste ni plus sensée qu'elle n'est praticable, puisque par cet acte il faudrait que l'homme attachât à un autre homme un droit dont lui-même n'a pas la propriété (celui de sa liberté), celui de disposer de soi ; et, puisque, s'il transfère un droit qu'il n'a pas, il fait une convention absolument nulle, et que ni lui, ni les chefs, ni les sujets, ne peuvent faire valoir, attendu qu'elle n'a pu les lier ni les uns ni les autres. » (Id., IIe p., sect. 5.)

Ce qu'on peut induire de ces axiomes, c'est que les martinistes font table rase de tout l'ordre social existant. Reste l'homme, ou plutôt les hommes, dans un état d'égalité parfaite, mais qui n'ont pas même la liberté de s'associer entre eux. De qui dépendent-ils donc ? A qui l'autorité, car on en suppose ici une sans l'indiquer d'aucune manière, sera-t-elle attribuée ? C'est ce qu'il est impossible de découvrir dans le code dont nous parlons.

Quelques inductions tirées de passages fort obscurs et même embarrassés parfois de contradictions, portent à croire que Saint-Martin faisait de la puissance paternelle la base de son ordre social, qui se serait ainsi rapproché du système patriarcal ; mais, en ce cas, pourquoi ce mystère ? L'idée peut être impraticable, folle, jugée par quelques-uns absurde, mais elle n'est pas coupable ; et, quoi qu'on en dise, le catholicisme lui-même s'en accommoderait.

Les illuminés martinistes ont toujours opposé à la critique cette objection : « Vous ne comprenez pas. » C'est la réponse éternelle des charlatans de la philosophie ; réponse qui, à l'époque où nous sommes, ne peut être considérée que comme la plus honteuse défaite d'une ignorance qui a voulu se revêtir d'un habit de docteur pour attirer la foule. Aujourd'hui, la jeunesse même prétend à être persuadée avant d'agir. Le mal et le bien sont chaque jour mis à nu devant la foule. Il faut parler clairement, sous peine de voir la génération actuelle vous tourner le dos en mettant la main sur ses poches. L'erreur embouche ses cent mille trompettes ; la vérité, qui n'en a qu'une, doit-elle faire retraite devant ces bruits discordants ? Quel intérêt a-t-elle à se cacher ? Si vous en êtes réellement les organes, paraissez au grand jour ; c'est le seul moyen de vous faire reconnaître.

Ce que nous savons, c'est qu'aux approches de la révolution de 1789 les martinistes, s'unissant aux encyclopédistes et aux illuminés allemands, figurèrent dans toutes les scènes principales de ce grand drame politique ; ce sont eux qui, dans les phases les plus sanglantes de cette révolution, disaient [page 621] que la révolution française était le feu qui devait purifier l'univers. » Or, ce feu avait déjà consumé, avec la royauté, toutes les institutions sociales et même civiles de l'ancienne France. (Voy. Manichéisme et Illuminisme).

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