[De l'authenticité des lettres]

Cela nous conduit à vérifier le caractère d'authenticité des lettres du maître. [page 8]

Les documents que nous possédions avaient certes le caractère le plus complet d'authenticité. Mais il se trouve toujours des esprits chagrins à qui les preuves historiques et morales ne suffisent pas et qui désirent une de ces preuves par le fait, irréfutables en leur brutalité. Sans nous arrêter donc à la concordance des dates, à l'exactitude des détails évoqués, notamment en ce qui concerne Saint-Martin, nous fîmes notre possible pour découvrir un acte officiel corroborant les indications contenues dans les lettres que nous possédions. À cet effet, deux actes étaient pour nous de la plus haute importance. D'abord l'acte de mariage de Martines, qui nous aurait indiqué l'âge exact et la véritable patrie du maître; puis l'acte de naissance de son fils.

Nous écrivîmes à Bordeaux, et nous devons publiquement rendre hommage à la courtoisie avec laquelle M. Duval, archiviste de la ville, voulut bien se mettre à notre entière disposition. Nous avons d'abord demandé à M. Duval de faire exécuter quelques recherches concernant l'acte de mariage. Voici la lettre qu'il nous envoya à ce sujet : [page 9]

« Bordeaux, le 4 juillet 1893.
» Monsieur,
» Conformément à votre demande, j'ai fait faire des recherches concernant l'acte de mariage de Martines de Pasquallis, passé à Bordeaux du 2 au 10 septembre 1767, d'après vos notes.
» Les répertoires pour toutes les paroisses de la ville des actes pour les catholiques, les protestants et les israélites ont été parcourus de 1750 à 1780 et n'ont fourni aucun renseignement, soit au nom de Martines, soit au nom de Pasquallis.
» Agréez, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.
» DUVAL,
» Archiviste de la ville, »

De ce côté mes efforts semblaient donc devoir demeurer infructueux. Mais Martinez annonce dans une de ses lettres la naissance et le baptême de son fils. Nous revînmes donc à la charge, fournissant à M. Duval le plus de notes possible, et le 21 juillet nous recevions la lettre suivante, qui confirme d'une façon absolue l'authenticité des documents que nous possédons. [page 10]

« Bordeaux, 31 juillet 1893.
» Monsieur,
» J'ai fait reprendre les recherches relatives à l'acte de mariage de don Martines de Pasquallis ; elles n'ont pas donné de meilleur résultat que celles faites lors de votre première lettre. Il est donc à peu près sûr que ce mariage n'a pas eu lieu à Bordeaux.
» J'ai été plus heureux pour l'acte de baptême que vous demandez et dont je vous envoie ci-après la copie littérale, en en respectant l'orthographe.
» Agréez, Monsieur, l'assurance de ma parfaite considération,
» DUVAL,
» Archiviste de la Ville »

1768 bapteme fils pasqually

« En 1768, le 20 juin a été baptisé : messire Jean Jaques Philipe Joacin Anselme de la Tour de la Case, fils légitime de sire Jaques Delivon Joacin Latour de la Case don Martinets de Pasqually et de dame Marguerite Angelique de Colas, de St Michel; Parrain : François Vissières; marraine : Catherine Roussillon. Le père a signé.
» Signé au registre : don Martines [page 11] Depasqually père; Arnaud Caprain; Canihac; Léris, vicaire.
» En marge est écrit : Baptême de messire Jean Jaques Philipe Joacim Anselme de Pasqually. »
(Archives municipales de Bordeaux, série GG, registres paroissiaux, n° 240, paroisse Ste Croix, article 980.)