Article : Kirchberger – page 28

1849 Feller t5Biographie universelle ou dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom par leur génie, leurs talents, leurs vertus, leurs erreurs ou leurs crimes
Par F.-X. DE FELLER.
Édition revue et continuée jusqu’en 1848 sous la direction de M. Ch. WEISS, conservateur de la bibliothèque de Besançon, membre de plusieurs académies,
Et de M. l’abbé BUSSON, ancien secrétaire du ministère des affaires ecclésiastiques et vicaire général honoraire de Montauban.
Tome V - Paris. - Article : Kirchberger
J. Leroux, Jouby et Cie, libraires, rue des Grands Augustins, 9 - Gaume frères, libraires, rue Cassette, 4 - Outhenin Chalandre, rue de Savoie, 5 - Lille. L. Defort, imprimeur libraire - Besançon, Outhenin Chalandre fils.

Kirchberger (Nicolas Antoine), baron de Liebisdorf, philosophe, né à Berne le 13 janvier 1739, d'une famille ancienne, fut pendant quelque temps au service de la Hollande. Au milieu même des camps, il se livra avec constance à son goût pour les lettres et les sciences philosophiques : il lut les écrits de Leibnitz et de Wolf, et conçut le plan d'un grand ouvrage dont il confia l'idée et l'exécution à son ami le conseiller Eckartshausen. En 1765 il prononça dans une réunion de jeunes bernois un discours qui fut imprimé sous ce titre : Histoire de la vertu helvétique, Bâle, in-8. Il y célèbre l'humanité des habitants de Soleure qui, pendant le siège de leur ville en 1308, par Léopold Ier, duc d'Autriche, voyant une troupe d'assiégeants tomber dans l’Ааг, par la rupture du pont, volèrent à leur secours, parvinrent à les sauver, et les renvoyèrent sans rançon. Kirchberger était en relation avec J.-J. Rousseau qui parle de lui dans ses Confessions, livre 12, ainsi qu'avec Saint-Martin et s'occupait aussi des matières obscures de la Théosophie. Il s'éleva avec force contre une secte d'illuminants, dont le chef était Fréd. Nicolaï (voy. ce nom), qui se propageait en Allemagne. C'est d'après ses avis que Zimmermann rédigea contre ces novateurs des Mémoires qui déterminèrent l'empereur Joseph II à prendre, de concert avec la cour de Berlin, des mesures capables d'arrêter le progrès de ces dangereux sectaires. Kirchberger cultiva les sciences naturelles et surtout l'agriculture ; il contribua surtout à éclairer les habitants de son pays sur l'emploi de certains procédés utiles, et propagea l'usage du gypse dans les prairies artificielles. Kirchberger parvint dans sa patrie aux charges les plus importantes. Il se délassait chaque année de ses fonctions, en allant jouir du repos, dans le sein de sa famille à Morat. Il mourut en 1800.