Revue du progrès social - Nécrologie 

1834 revue progres socialRevue du progrès social
Recueil mensuel politique, philosophique et littéraire publié par M. Jules Lechevalier
Année 1834 - I
Paris, au bureau du Journal, rue de Provence, 8, et chez Bachelier, libraire, quai des Augustins, 55.

Articles : Nécrologie : Garat - Richer

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Nécrologie – Dominique-Joseph Garat (pages 118-119)

GARAT (Dominique-Joseph), né à Uslaritz, près Bayonne, mort le 9 décembre 1833. – Il fut successivement avocat au parlement, député à l'assemblée nationale, ministre de la justice et de l'intérieur, sénateur sous l'empire. – Sa carrière scientifique et littéraire le conduisit à l'Institut et à la chaire d'Entendement humain, lors de la fondation de l'école normale.

C'est particulièrement sous ce dernier rapport que nous avons à réclamer pour Garat une place distinguée parmi les contemporains. Ses travaux philosophiques sont cependant peu nombreux, et écrits dans un ordre d'idées qui paraîtrait aujourd'hui bien superficiel, soit aux philosophes de l'école psychologique, soit même aux partisans de l'idéologie physiologique et de la philosophie positive, école dont le professeur d'Entendement humain se rapproche pourtant sur les points principaux de son système. Nous aurions tort, au reste, de prendre pour un système quelques leçons brillantes prononcées à l'ancienne école normale à côté de Monge et de Laplace. Le théosophe Saint-Martin combattit énergiquement la tendance matérialiste du professeur.

Un titre fort honorable dans la carrière scientifique de Garat, c'est la part active qu'il a prise avec M. de Tracy aux travaux du Conseil d'instruction publique, pour le perfectionnement du système des écoles centrales. Nous aurons bientôt à parler des travaux de ce conseil où siégeaient Lagrange, Palissot, Ginguené, Darcet, etc. Dans sa vie politique, Garat s'est élevé à des fonctions éminentes ; [119] mais il a fallu que la révolution usât bien des capacités plus compétentes, avant d'appeler au ministère de la justice et de l'intérieur un homme que ses goûts, ses habitudes et son talent destinaient de préférence à la philosophie et surtout aux lettres. L'amitié de Condorcet et les hautes relations sociales qu'il entretint des son arrivée à Paris, contribuèrent beaucoup à l'élévation rapide de Garat; mais on reconnut toujours en lui l'homme d'esprit et de goût plutôt que l'homme d'état. Le sénat en le choisissant plusieurs fois pour interprète, lorsqu'il s'agissait de célébrer les grandes victoires du Consulat et de l'Empire, se ressouvint qu'il avait commence sa carrière par des Eloges académiques.

Voici la liste des principaux ouvrages de D.-J. Garat.

Plusieurs Eloges académiques.
Considérations sur la révolution française et sur la conjuration des puissances de l'Europe contre la liberté et contre les droits des hommes ; un Examen de la proclamation du gouvernement des Pays-Bas.
Mémoires sur la révolution, ou Exposé de ma conduite dans les affaires et dans les fonctions publiques. – Paris, an III.
Plusieurs Discours politiques.
Leçons prononcées à l'école normale et recueillies par la sténographie.
Mémoire sur la Hollande, sur sa population, son commerce, son esprit public et sur les moyens, soit de la maintenir dans son indépendance comme état, soit de lui rendre ses anciennes prospérités comme nation commerçante.
Mémoires sur le dix-huitième siècle et sur la vie de M. Suard.

Nécrologie – Edouard Richer (pages 119-120)

Richer (Edouard), né à Noirmoutier, département de la Vendée, le 12 juin 1792, mort à Nantes, le 21 janvier 1834. — C'était un de ces hommes, de conscience et d'enthousiasme qui dévouent leur vie à la recherche de la vérité.— Son père, François Richer, commandant de la garde nationale, fut tué l'année suivante, lors de la prise de cette île par l'armée de Charrette. Cette circonstance valut à l'enfant une place gratuite au Prytanée militaire établi à Saint- [120] Cyr. Ce fut dans cette école que M. Edouard Richer fit ses études. Il les acheva à Paris en 1808. A cette époque, il se retira dans son pays, où il se livra à l'étude de l'histoire naturelle et de la littérature. Sa faible santé l'ayant toujours éloigne de quelque fonction et de quelque état que ce soit, l’étude a pris tous ses instants. A la littérature ont succédé la philosophie et la religion qui l'occupèrent exclusivement jusqu'au moment de sa mort.

Les principaux ouvrages de M. Richer ont été écrits sous l'influence de la doctrine de Swedenborg. Son dernier travail, de la Nouvelle Jérusalem, doit se composer de six ou huit volumes in-8°. Cet ouvrage est encore manuscrit ; il n'en a encore été publié qu'un volume. Nous avons lieu d'espérer que M. de Tollenare, ami et collaborateur de M. Richer, ne nous laissera rien perdre des idées d'un homme dont toute la pensée était de rendre aux idées religieuses, par la science et la raison, une influence supérieure à celle qu'elles obtinrent naguère par le despotisme de la foi.