1855 – Lecanu - Dictionnaire des prophéties et des miracles, tome II
Article Pasqualis (Martinez), pages 516-517
PASQUALIS (Martinez), chef de la secte des Martinistes ; personnage célèbre dans son école et même dans le monde, mais dont il n'y a que le nom de bien connu. On ignore sa patrie, sa nationalité, il ne reste de lui qu'un manuscrit très peu lu. Quelques-uns l'ont cru d'origine portugaise, plusieurs ont dit qu'il était juif. Il fonda en France, en 1754, un rite cabalistico-maçonnique, dit des élus Cohens, dans lequel les adeptes s'occupaient de théurgie, et qui compta plusieurs loges, tant à Marseille qu'à Toulouse, à Bordeaux et à Paris, le grand réceptacle du bien et du mal, des erreurs et de la vérité, le point où tout ce qui n'en procède pas vient aboutir. Martinez quitta cette dernière ville en 1778 [sic pour 1772], et alla terminer l'année suivante [sic pour 1774], à Port-au-Prince, sa carrière d'évocations et de communications avec les natures invisibles.
Si peu connu personnellement, il est impossible de savoir autrement que par l'intermédiaire de ses disciples, la nature et le [page 517] résultat de ses travaux ; mais aussi, après avoir interrogé le principal d'entre eux, le non moins célèbre Saint-Martin, il reste établi que Martinez fut le jouet de communications véritablement démoniaques. « Dans l'école où j'ai passé il y a vingt-cinq ans, écrivait celui-ci en 1793 à son ami Kirchberger, les communications de tout genre étaient fréquentes ; j'en ai eu ma part comme beaucoup d'autres. Les manifestations du signe du Réparateur y étaient visibles : j'y avais été préparé par des initiations. » « Mais, ajoute-t-il, le danger de ces initiations est de livrer l'homme à des esprits violents ; et je ne puis répondre que les formes qui se communiquaient à moi, ne fussent pas des formes d'emprunt. » C'est ainsi que ceux qui cherchent la vérité en dehors de l'Évangile ou au-delà, deviennent souvent le jouet de leurs propres illusions ou de celte de l'esprit de Ténèbres, qui se transforme en ange de Lumière, pour mieux les abuser.
Saint-Martin ne s'est pas expliqué autrement sur le fond de la doctrine de son maitre. Un autre élève de Martinez, Fournier [sic pour Fournié], auteur de Ce que nous avons été, Ce que nous sommes, et Ce que nous serons (Londres 1791), semble dire qu'il professait uniquement la cabale transcendante des juifs (Voyez l'art CABALE), et qu'il possédait la clef active de cette science, en d'autres termes le secret des communications avec le monde invisible ; et jugeait de ce point de vue la nature et les opérations des êtres intellectuels, Dieu, les anges, les démons, l'âme humaine.
Nous ne voudrions pas revenir à ce sujet sur ce que nous avons dit tant de fois, qu'il n'existe aucun moyen de contraindre l'ange déchu à se communiquer aux hommes ; mais que lui seul, cependant, répond aux évocations théurgiques, nécromantiques ou de toute autre nature, lorsque de telles pratiques sont suivies d'une réponse quelconque. Ni Dieu ni les anges, en effet, ne sauraient accepter ce qui est abominable, et après Dieu et les anges lui seul reste en évidence. Au temps du paganisme, il favorisait l'emploi des moyens en rapport avec le paganisme, parce qu'il en résultait une confirmation de l'idolâtrie ; au temps du gosticisme [sic pour gnosticisme], ce qui pouvait contribuer à étendre et propager les mauvaises mœurs ; aux siècles d'une philosophie antichrétienne, il relie son action à tout ce qui doit élever de plus en plus le drapeau de cette fausse sagesse. Mais toujours et partout, c'est l'illusion ; et s'il réserve sa liberté d'agir de la manière que bon lui semble, c'est à son profit et non à celui de l'humanité.