L'Initiation n°5, septembre-octobre 1953
Titre : Papus et Anatole France, par Philippe Encausse
Parmi les nombreuses relations de. Papus (1865-1916), il en est une qui mérite une citation particulière. Il s’agit d’Anatole France (1844-1924) lui-même.
À une certaine période de son existence, Anatole France s’intéressa, en effet, sur le conseil de Papus, au spiritisme en particulier, et à l’occultisme en général. Dans les Aventuriers du Mystère [1927], Frédéric Boutet a relaté une importante séance spirite qui eut lieu, vers la fin du siècle dernier, rue de Trévise, en présence d’un certain nombre de personnalités connues du monde des lettres et des arts, dont Anatole France lui-même. Le médium fut lié sur une chaise avec une corde dont les extrémités furent fixées au plancher, avec de la cire sur laquelle Anatole France apposa le cachet qui pendait en breloque à sa montre.
Parmi les propagandistes que Papus cherchait à persuader (en dehors de personnalités comme Sarah Bernhard [1844-1923], Emma Calvé [1858-1942], Augusta Holmès [1847-1903] et bien d’autres représentants éminents du journalisme, des lettres, des arts et du théâtre qui parurent intéressées par ses exposés), il y avait Anatole France. Ce fut par l’intermédiaire de V.-E. Michelet [1861-1938] que Papus fit la connaissance directe du grand écrivain qui, devenu directeur d’une luxueuse revue, avait aussitôt choisi Maurice Barrès [1862-1923] et V.-E. Michelet, jeunes débutants, pour en faire ses collaborateurs. Michelet parla de Papus à France et ménagea une entrevue. « Papus, écrit-il, qui était alors à l’hôpital de la Charité l’externe du Dr Luys [1828-1897], exhiba à Anatole France toutes les expériences d’hypnose pratiquées dans le service. Puis, entraîné par Papus, France promena son infatigable curiosité vers les abords du domaine d’Hermès. Il n’alla pas bien loin, mais il en rapporta quelque chose. C’est alors que la lecture du Comte de Cabalis [Le Comte de Gabalis, dans son titre complet Le Comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences secrètes, est une satire sociale publiée anonymement en 1670. Son auteur, presque aussitôt connu, est Henri de Montfaucon, dit abbé de Villars (vers 1638-1673). Wikipédia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Comte_de_Gabalis] lui suggéra la Rôtisserie de la Reine Pédauque [1893]. Mais si cet agréable roman est d’une jolie littérature, il n’a pas la portée de celui de l'abbé de Villars.
« Dans Le Temps du 1er juin 1890, Anatole France écrivait : Cette antique maison (le Collège de France) a cela d’aimable qu’elle est ouverte à toutes les nouveautés. On y enseigne tout. Je voudrais qu’on y enseignât le reste. Je voudrais qu’on y créât une chaire de magie pour M. Papus [Le Temps, 1er juin 1890, La Vie littéraire, James Darmesteter, p. 2] (« Les Compagnons de la Hiérophanie ».)
Enfin, j'ai trouvé, dans le numéro du 15 février 1890 de la Revue illustrée, une longue chronique d’Anatole France consacrée à Papus et à son Traité élémentaire de science occulte [P. Encausse cite la dernière édition de l’époque : « Nouvelle édition, H. Dangles, Paris, 1932. » Depuis d’autres « nouvelles » éditions ont vu le jour. Citons l’édition de 1888, chez Georges Carré, Paris, Traité élémentaire de science occulte] chronique qui intéressera certainement nombre de lecteurs.



